GAOR

Gaor avait retrouvé sa famille depuis un moment maintenant, ses douleurs étaient moins vives, notamment grace aux bons soins de Widys. Il avait renoncé à son pèlerinage dès la première statue. Il pensait cependant que c'était la déesse Eden, la première sur son chemin, qui lui avait suggéré de rentrer, car sa place était ici, auprès des siens. Depuis il passait ses journées entre le coin des nourrices, où il racontait parfois des histoires aux louveteaux, les tanières des anciens, où il s'assurait qu'ils ne manquaient de rien, et la tanière de Widys. Il allait parfois passer l'après-midi au soleil avec Gothic, quand il n'allait pas observer les entraînements de ses enfants.

Laïda était de moins en moins présente au camp, elle avait choisi de se réorienter vers un poste de sentinelle, lui permettant d'explorer plus de territoires, satisfaisant ainsi sa curiosité dévorante. Balder faisait sa vie, et Gladys passait beaucoup de temps avec la jeune Shaya, la fille du nouvel alpha. Quant à Urielle, eh bien c'était son petit soleil. Quoi qu'il arrive, la jeune louve était toujours joyeuse. Il était aussi heureux que son pouvoir lui permette maintenant de communiquer avec d'autres que lui.

Il pensait à la petite brune quand celle-ci arriva vers lui en sautillant. Elle faisait toujours en sorte de l'approcher par son oeil valide pour ne pas le surprendre. Elle savait que chaque sursaut lui causait des crispations douloureuses dans l'épaule. Le vieux loup était bien trop lourd pour supporter aisément une amputation de l'antérieur. Elle s'aplatit devant lui, en position de jeu, le popotin en l'air et les yeux pétillants. Son père lui répondit par son sourire tordu. Elle anima sa poussière en deux gros oeuf et le vieux loup comprit tout de suite ce qu'elle voulait.

Depuis quelques jours, des oeufs odorant renfermant de petits trésors déchaînaient les passions presque autant que les chaleurs. Gaor ne s'y était pas intéressé plus que ça, mais puisqu'Uri le lui demandait si gentiment, comment pouvait-il refuser. Et puis, peut-être trouverait-il une bricole à offrir à Widys? Il hocha la tête pour lui confirmer son accord. Mais avant qu'elle ne puisse s'emballer et se mettre à courir dans tout les sens, il s'assit sur ses postérieurs et de son antérieur restant, lui signa qu'il ne pouvait aller vite, ni loin.

GAOR

Sans surprise, sa fille partit quand mêmes en bonds et jappements. Il la suivit à son rythme, le sourire aux babines. Bien que ce ne soit pas son cas ce jour là, il n'y avait rien au monde qui remonte plus le moral que quelques minutes en compagnie d'Urielle. Elle avait un don pour toujours exprimer très clairement sa joie de vivre. Aussi l'ancien alpha ne donnait-il que peu de foi aux rumeurs qui couraient sur le fils de Gothic qui aurait tenté de la grimper.

Urielle était ravissante malgré son handicap, il n'était pas étonnant que des mâles soient intéressés et même se battent pour elle. Mais il doutait qu'elle aurait été aussi joyeuse si tout s'était passé tel que c'était décrit par les racontars.

Elle le conduisit jusqu'à l'orée des plantes mouvantes et il se mit à chercher l'odeur de ces fameux oeufs avec elle. Il était un peu rouillé, ses derniers entraînements de pistage lui semblait remonter à une autre vie. Une vie qu'il avait partagé avec Nansaa et Kaporal. Les deux avaient disparu aujourd'hui. Mais finalement les oeufs avaient une odeur très suave et particulière. Il tomba assez vite sur l'un d'eux. Il tapa du postérieur pour alerter la petite brune.

Quand il toucha l'oeuf, il se brisa et la coquille disparut comme s'il n'avait jamais existé, à l'intérieur, il y avait un petit bracelet d'or avec trois pierres entre le rouge et le rose. Il se tourna vers sa fille, toute excitée.

Maman?

Il lui demandait ainsi s'ils choisissaient de l'offrir à Widys ou si elle le souhaitait pour elle. Ce n'était évidemment pas lui qui allait arborer ce genre de quolifichets.

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Urielle jappa, c'était ainsi qu'elle disait "maman" depuis qu'elle savait japper. Son père n'avait jamais eu de difficulté à la comprendre et à communiquer avec elle, probablement parce qu'il avait très vite souffert du même handicap que sa fille. La petite louve était d'accord pour que le bijoux revienne à sa mère, le vieux guerrier lui sourit, il était sûr que Widys serait ravie. Cela faisait longtemps qu'il ne lui avait pas offert de présent. S'il avait pu chasser il lui aurait régulièrement apporté des proies. Mais aller les prendre au tas de proies manquait totalement de saveur et n'avait aucune valeur à ses yeux. Cet oeuf lui permettait enfin de montrer à sa douce l'affection qu'il lui portait.

Urielle, toujours aussi gaie, se remit en quête d'un oeuf, la queue battante. Gaor décida de la suivre, son précieux bracelet dans la gueule. Il ne souhaitait pas en chercher d'autre pour lui même, ce qu'il avait trouvé lui suffisait. Et la joie de sa fille achevait de le combler. Elle ne tarda pas à en trouver un pour elle et jappa de joie. Elle attendit qu'il puisse le voir avant de le toucher. Il se désintégra, dévoilant un collier finement ciselé. Sa fille le pris délicatement dans sa gueule pour le lui montrer fièrement.

Le coeur du géant se serra, il aurait voulu avoir ses deux pattes pour attacher le collier autour du coup de la jeune louve. Mais la vie lui avait pris sa patte, il aurait voulu lui dire combien elle était belle et qu'il était fier d'elle, mais la vie lui avait pris sa voix. Une larme perla à son oeil unique, il s'approcha de sa fille et posa son front contre le sien. Il ne pouvait pas la tenir entre ses pattes, mais Urielle savait mieux que personne comprendre son langage corporel.

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GAOR

Leur étreinte ne dura pas longtemps mais Gaor savait qu'Urielle appréciait ces calins simplifiés. Elle repartit toute frétillante, sa trouvaille dans la gueule, laissant son père et son sourire tordu la suivre à son ryhtme. Elle n'était pas plus embêtée que ça de devoir attendre pour porter son joli collier et il était d'autant plus fier de sa fille.

L'odeur des oeuf était encore assez forte ici et elle ne tarda pas à trouver deux nouveau oeufs, sa queue s'agitant frénétiquement. Quand il y réfléchissait, s'il avait pu remonter la pente, il le devait très certainement à son rayon de soleil. Widys était d'un grand soutien, mais personne ne savait éclairer ses journées autant que la petite brune.

Elle toucha les oeufs et celui qu'il pouvait voir disparut sans laisser de trace, il était vide. Mais connaissant sa fille, la déception avait dû durer moins d'une micro seconde. Elle lui dissimulait encore l'autre mais l'agitation de sa queue lui dit qu'il y avait un autre cadeau à l'intérieur. Elle se tourna vers lui pour lui apporter sa trouvaille, c'était un bracelet de force en cuir et en métal, très simple. Il lui correspondait plutôt bien. Il sourit à sa fille et s'assit sur ses postérieurs, lui tendant la patte avant pour qu'elle puisse l'y attacher.

Ils avaient trouvé un bijoux pour chacun. Aussi Gaor, tout de même un peu fatigué d'avoir marché, lui proposa d'un signe de tête de rentrer pour montrer leurs découvertes à la médecin. Elles pourraient s'attacher mutuellement leurs colliers ainsi.