La période avait été sombre pour Aslan et sa famille. Alors que sa compagne était si loin de lui, la mère de cette dernière s'était doucement endormie pendant la nuit. Aslan appréciait beaucoup ses beaux parents et la mort de Cordélia l'affectait beaucoup, seulement Okazeh n'avait pas été là, était elle au courant? Jeff était venu libérer l'âme de l'ancienne, mais n'avait rien dis, Aslan l'avait simplement vu arriver, puis repartir. Aslan ne connaissait rien de la Mort. Allait-il prendre la peine de trouver Okazeh pour la prévenir? Comment devrait réagir aslan quand sa louve reviendra?

Il y avait dix jours, il avait vécu un accident terrible avec Triss, cette dernière n'avait pas été retrouvée,mais ce qu'avait vu Aslan lors de sa chute avait écarté tous les doutes. Triss était morte, et n'avait pas pu avoir une sépulture descente. le ravin dans lequel ils étaient tombés était profond et les gravas l'avaient sans doute recouverts aujourd'hui. C'était Idryss qui avait récupéré Aslan, et l'avait ramené chez le médecin. Le bêta gardait peu de souvenir de ces instants. Le corps de Triss, tordu et écrasé, hantait son esprit, il le voyait dès qu'il fermait les yeux, le loup en faisait des cauchemars.

Son entaille sur la patte avait été très profonde, laissant le muscle à vif. Cette blessure était affreuse et écartait définitivement le chemin d'alpha pour lui. Déjà qu'il était vieux, il risquait de ne jamais se remettre entièrement de cette blessure. Les médecins changeaient le bandage tous les jours même si la blessure refermée de force commençait déjà doucement à cicatriser.

Ce matin, Yoru, son filleul, avait disparu. Il ne s'était rendu près de son maitre d'apprentissage. Au vu de la situation actuelle de la famille, Aslan avait sans attendre lancé des gardes à sa recherche, dans l'espoir de vite le retrouver. l'ado ne s'alimentait plus depuis le retour du bêta malgré toutes les tentatives des médecins. Le bêta s'inquiétait également pour Deenos, il n'avait pas trouvé le courage d'aller le voir, mais savait qu'il devrait le prendre.

Depuis la mort de Triss, l'absence d'Okazeh avait été une véritable torture pour le mâle, qui devait affronter sa douleur ainsi que celle de sa famille, tout seul. Il aurait aimé qu'elle soit là. Même si elle aurait énormément souffert elle aussi, ils auraient pu être deux dans cette épreuve. Mais le bêta se montrait fort face à ses enfants, il ne pouvait se laisser aller, ils avaient déjà trop mal.


Tous les jours, le bêta attendait sa louve, son voyage ne devait durer qu'un mois mais il s'éternisait, il avait peur, il se sentait seul, mais il l'attendait en silence, presque désespéré.

La voix de sa femelle le fit bondir. Sans attendre, sans même qu'il ne se calme, où qu'il se demande si c'était bien elle, le mâle courait. Sur trois pattes il n'allait pas bien vite, mais il gardait son antérieure blessée bien callée contre lui, pas question de la poser au sol et de prendre appui dessus. Ses muscles sur cette patte fonderaient tandis que l'autre patte prendrait de l'ampleur, déséquilibrant le mâle à l'avenir. Peu importait, Aslan courrait le plus vite possible.


Il ne prenait pas la peine d'avertir ceux vers qui il fonçait, le bruit de sa course suffisait pour qu'ils s'écartent. Sans reprendre son souffle, le bêta se dirigeait vers la source: l'arène. Okazeh serait revenue via le souterrain de l'arène. Pourquoi si loin?

Rapidement, après avoir bondi au dessus d'un tronc tombé par terre, il la vit, et se figea. Il était bloqué, il ne savait plus avancer, son corps ne lui répondait plus. Sur trois pattes il la fixa alors qu'il se sentait trembler, il avait pris un coup de vieux. Ses yeux s'humidifièrent, le loup n'avait pas encore eu le droit de pleurer ses morts.

Elle courait vers lui mais Aslan restait figé. Il ne banda même pas ses muscles en prévision du choc. Heureusement Okazeh pris la bonne décision de ralentir en arrivant à sa hauteur. Quand elle fut en fasse de lui, il l'observa sous toutes ses coutures, elle allait bien. Du moins elle semblait. Ho elle n'était pas très propre et avait un peu de noeuds dans son pelage, elle avait les plumes ébouriffées, mais elle avait fait un long voyage, et elle ne semblait ni malade ni blessée.

Mais il en avait cure, qu'elle soit grise de poussière, nouée et même ébouriffée, qu'est ce qu'il s'en fichait. Elle était là, maintenant elle était là. Elle ne repartirai pas, du moins pas tout de suite. Il sentit sa truffe dans son cou et il s'assit pour la serrer contre lui. Fort, tremblant, montrant à quel point ça avait été dur pour lui. Il avait tenu, pour elle. Mais elle était rentrée maintenant, il pouvait se relacher, il pouvait enfin ne plus tenir, juste une fois.

Elle s'écarta et il libéra difficilement son emprise. Elle avait les yeux embués mais rayonnait. Aslan passa une patte sur sa joue. Elle était là. Puis elle remarqua sa blessure, fronça les sourcils et Aslan se sentit coupable tel un enfant. Enfin elle posa la question qu'il redoutait. La patte qui caressait la joue d'Okazeh retomba lentement au sol et le bêta baissa la tête, ses yeux gonflant, il n'avait pas encore pu pleurer la mort de sa meilleure amie.


Son visage devint sombre.

Il sentit comme de l'extérieur Okazeh poser sa tête sur son épaule, il ne bougeait pas. Il tremblait presque en voyant le sol sous ses pattes, hallucinant qu'il s'effondrait à nouveau sous lui. Ses yeux trempé finirent par déborder et lentement, une larme puis d'autres coulèrent sur sa joue, tombant sur le crâne de sa louve. Sa voix était basse, presque un murmure.



Il se tut un long moment puis pris une grande inspiration saccadée.


S'il pleurait il ne pouvait fermer les yeux, hanté par l'image de Triss, tordue au sol, baignant dans son sang. S'il la voyait les yeux ouverts il n'osait les fermer de peur de voir pire encore.


La gorge serrée, il sentit sa patte blesser le brûler à en mourir, les souvenirs étaient si douloureux qu'ils se manifestaient physiquement. Ses muscles se contractèrent sous la souffrance tendis que ses griffes se plantaient dans le sol. Lui aussi avait failli mourir ce jour là et ne devait sa survie qu'à la roche à laquelle il s'est tenu, se rendant sans doute infirme à vie. Mais s'en rendait-il seulement compte, aujourd'hui alors qu'il ne réalisait toujours pas la mort de sa meilleure amie?

Pouvait il imaginer mourrir après elle? Il n'avait jamais envisagé de voir le camp sans elle, de ne pas l'entendre rire en fond sonore, de ne pas l'entendre rouspéter l'un des petits qu'elle gardait, ou de parler racontant une histoire. Jamais il n'avait supposé que cela finirait ainsi, il avait toujours pensé mourir avant ses proches, il avait frôlé la mort plusieurs fois déjà de par son rang, et pourtant rien ne le ferai rendre son tablier. Sauf que sa meilleure amie depuis toujours était morte avant lui.

Il tremblait de plus en plus mais la pression qu'exercait Okazeh sur lui suffisait à ne pas le faire faillir. Il sentait qu'elle faillissait, elle aussi. Au prix d'un effort incroyable, il passa ses propres pattes dont celle qui lui brûlait, autour d'elle, pour la serrer à son tour. Ils seraient un pilier l'un pour l'autre, car rien n'allait ces derniers jours. Aslan pleurait pour de bon mais en silence, sans sangloter. Il posa sa tête sur celle de sa compagne en fermant les yeux et serrant fort les paupières. Triss était morte, ainsi que Cordélia. Et Yoru avait disparu... Tant de mauvaises nouvelles, tant de deuil, tant de détresse. La paix régnait sur le pays pourtant tout semblait s'enfoncer dans le malheur. Pourquoi fallait-il que cela arrive? Certes, Cordélia avait vécu et s'était tranquillement endormie, mais Triss... Quelle mort violente... Aslan hoqueta et serra Okazeh plus fort contre lui.


Il souffrait, en lui un torrent de lave le brûlait de part en part, Aslan avait réalisé à quel point il était facile de voir son monde s'effondrer, et il avait peur qu'Okazeh ne revienne jamais. Chaque jour la distance avait creusé un trou en lui mais depuis dix jour c'était insupportable, il avait eu peur, il avait craint.

Le temps fuyait, il était précieux. Aslan avait pris le fameux coup de vieux qui le menaçait et son museau devenait peu à peu plus blanc. Déjà des poils clairs parsemaient son chanfrein alors qu'avant qu'Okazeh ne s'en aille, il avait encore sa superbe. Il vieillissait, et maintenant il avait peur.

Contre elle, il se permit de se laisser aller, il n'en aurait bientôt plus le droit. Puis lentement ils se détachèrent. Ils devaient rentrer. Comme il s'en doutait Okazeh souhaitait revoir leurs enfants.

Ces trois là étaient adultes maintenant, assez grand pour comprendre la douleur que leurs parents ressentaient, mais cela n'empêchait pas Aslan de tenter de faire un minimum bonne figure. Il passa ses pattes sur son visage pour éliminer les traces de larmes. Il faudrai encore un petit temps à ses yeux pour dégonfler mais cela devrai déjà être mieux. Mais Okazeh voulait tous les revoir, neveux compris... Aslan la regarda.


Il mit de la fermeté dans ses paroles, il y croyait. Un autre drame ne pouvait se produire à nouveau, les gardes retrouveraient et ramèneraient son neveu.