Lydia avait couru toute la nuit, alternant entre phase d'adrénalines créé par sa peur, et phases de laisser allez total où elle se roulait en boule, cachée, se sentant suivie. Elle avait quitté les tanières, un territoire de sécurité, ou elle n'avait jamais rien risqué. Elle avait tout quitté, sa mère, sa famille, son presque père d'adoption, tout, pour une vie qu'elle aurait cru meilleure. A présent Lydia revenait, la queue entre les pattes, démolie de l'intérieur.


Elle ne se posait pas de questions, comment serait elle accueillie? Aurait elle seulement le droit de remettre une patte sur le territoire de Rahawk ou serait elle considérée comme une étrangère? Rien de tout ça, elle ne pensait qu'à une chose, fuir, vite, loin, revenir là où tout allait bien, mais où rien n'ira plus, courir, rentrer.

le jour pointait à peine, le ciel était rose éclatant, elle n'avait pas compris pourquoi elle était mouillée, elle ne s'en rendait même pas compte. Était elle tombée dans une flaque? Avait-il plu? Lydia, lourde de fatigue, de peur, et de toute l'eau qui trempait son corps, sentit enfin l'odeur de Rahawk percer, indiquant qu'elle se rapprochait de son territoire.

ClopiClopant, souillée, détruite, Lydia s'avança en titubant dans le territoire du loup qui l'avait presque élevé. Elle était sale, mouillée et tremblante, la peur ne quittait pas ses entrailles, pas tant que son instinct comprendrai qu'elle était en sécurité. Elle pouvait se laisser aller aux derniers instincts de survie, s'enfoncer et devenir une bête, qui tenterait de mordre, de blesser, de tuer quiconque osait encore la toucher, il aurait fallu un long mois pour que la timide Lydia en arrive à ce point, mais elle n'en était pas loin.

La louve titubait toujours, elle n'avait envie de rien, et n'avançait que par l'incitation de son instinct le plus refoulé. Elle ne pensait plus, était agare, perdue, elle aurait pu se retrouver dans la mauvaise direction, et s'enfoncer ainsi dans un clan, ou dans un territoire ennemi qui mettraient fin à sa vie d'errance, de peur, de douleur.

Mais elle avançait, elle sentait sans le sentir que c'était la dernière chose qu'elle pouvait faire, elle ignorait l'issue de son chemin, elle avançait c'est tout, sans plus avoir de force pour courir.

L'odeur de son sauveur se faisait de plus en plus puissante, forte, mais elle ne se sentait pas soulagée, ni même en danger, elle était presque vide.


Quand elle fut assez proche pour deviner que la silhouette assise qu'elle voyait depuis quelques minutes était Rahawk, elle s'arrêta, et rampa vers lui. Guidée par elle ne savait pas quoi, c'était de toute façon la seule chose à faire. Déjà réduite à l'idée de simple objet de divertissement, elle n'avait pas de dignité à ranger en se soumettant face à lui.


Une fois assez proche, elle cessa de ramper, et glissa sur le côté, puis sur le dos, dévoilant un peu plus des mauvais traitements qu'elle aie pu subir. Mais il s'en fichait, elle en était sûre. Puis elle s'en fichait aussi, à vrai dire elle n'y pensait pas.


elle articulait avec faiblesse, sans réelle précision. Parlait-elle seulement assez fort pour qu'il l'entende? Parlait elle seulement?

La colère qui émanait du loup glaça le sang de Lydia plus encore qu'il ne l'était déjà. Pétrifiée, ventre à l'air, elle respirait vite et de manière sacadée. Sursautant au moindre mot que le mâle prononçait, sa fureur plantant des lames brûlantes en elle. Elle ferma les yeux, la gorge serrée.


Elle déglutit, rendant ses phrases les plus courtes possibles, incapable de dire plus, brisée comme une bête. Allait elle révéler la ressemblance entre lui et son second agresseur? pas le temps de réfléchir, ses mots couraient déjà vers ses lèvres pour en finir le plus vite possible.



Des larmes silencieuses coulaient à présent que ses blessures redevenaient vives en elle. Se remémorant les douleurs de sa captivité. Non, Lydia ne s'était pas soumise, jamais soumise, mais ce mâle avait au bout d'un long mois, brisé toute volonté en elle, anéanti toute parcelle de vie, Lydia s'était débattue, aussi sauvagement qu'elle avait pu, et puis elle avait été brisée.

Elle déglutit, balbutiant des excuses, mêlant les mots tel que "mère" ou "famille" parfois "peur" et un tas d'autres mots sortaient, mais son regard s'était perdu, il ne restait plus rien de la Lydia du passé.