Ulfeym avait prit l’habitude d’aller voir Fuurin le temps qu’elle se remette de ses émotions et qu’elle reprenne un peu plus goût à la vie. Il l’avait vu chaque matin en lui amenant de quoi manger pour être sur qu’elle se nourrisse. Mais le loup avait le cœur gros, l’esprit très occupé, et il se mettait lentement à perdre le moral sans réel raison. Il se sentait juste fatigué… Ses visites à Fuurin s’étaient faites de plus en plus courtes. Il savait que Lagherta venait la voir ensuite, et se disait souvent qu’il dérangeait. Il ne parlait pas beaucoup non plus, et c’était même parfois demandé à quoi lui servait le fait de parler s’il n’y avait rien à dire…

Il se mettait de plus en plus souvent à l’écart pour observer les loups de la meute. Dans sa mémoire quelques vagues souvenirs des siens revenaient de temps à autres le hanter. Mais sa plus grande préoccupation était son sosie… La veille un loup était venu le voir en lui demandant des comptes, lui demandant pourquoi il était allé sur le territoire ennemi alors qu’il n’en était rien… Si son double commencé à lui causé des problèmes ça n’allait pas le faire… Il s’était mit en tête de traquer l’individu, mais une fois qu’il l’aurait trouvé, il fera quoi ? Après tout ce sosie l’avait conduit à Fuurin… Il baissa les oreilles. La nuit avait bien commencé et il avait décidé de s’éloigner du campement pour se détendre et se changer l’esprit.

Incapable de dormir, il se sentait comme un naufragé qui ne sait plus trop où il en est. Il savait pourtant que ce n’était pas à lui de souffrir. Lagherta avait vu un de ses enfants disparaître sans laissé de trace, et sa douce et tendre Fuurin avait perdu sa meilleure amie dont elle ne parvenait pas à se défaire du fantôme… Il secoua la tête et s’enfonça au galop dans les bois, essayant d’oublier la totalité des choses qui le traversaient. Mais ses pattes commencèrent à lui tirer, des douleurs effroyables lui parcouraient les muscles, et sa gorge se rétractée sous un sentiment incontrôlé. Finalement il se prit les pattes dans une racine, roula sur plusieurs mètres, et se releva lentement, secouant son pelage avant de s’asseoir, baissant la tête, il laissa sa longue chevelure cacher son visage et souffla longuement calmant son souffle qui se transformait en une élégante buée blanche.

Le hululement d’une chouette le surpris. Il tourna vivement la tête vers l’oiseau qui s’envolait, le suivant du regard, un sourire étrange s’éfilochant sur ses babines. Il entendit bientôt des pas, une odeur familière, celle de la viande également. Il mit les oreilles en arrière, faisant dos à la femelle grise, il rabattit sa queue sur ses pattes et dressa lentement les oreilles quand elle lui adressa quelques mots.

« Hum… Et toi ? Tu chassais ? »

Demanda-t-il calmement à cause de l’odeur forte du sang et du lapin que transportait la louve. Il se demandait pourquoi elle était là. Chasser de nuit n’était pas simple. De plus il voyait mal Fuurin le suivre dans la nuit, ce n’était pas son genre… Elle devait sans doute être plus préoccupée par Lagherta et la disparition de son neveux. Continuant de lui faire dos, il se décida à lui lancer un regard de trois quart par-dessus son épaule. Observant la belle louve qui avait enfin reprit un peu de force et semblait moins moralement morte qu’avant. Cela lui faisait plaisir au fond…

Ulfeym observait la louve, délicate, redevenue robuste élégante et belle, bien qu’elle ai toujours eus cette beauté extrême aux yeux d’Ulfeym. Pas forcément très penchée sur les chaleurs, malgré la présence de celle-ci, le guerrier brun parvenait à faire fit des choses inattendues qui lui parcourait le corps. Il vit la femelle approcher d’un pas svelte et gracieux, admirant ses courbes. Il ferma les yeux pour chasser l’image de la louve maigre et détruite qui lui venait souvent. Il l’entendit se mettre à ses côtés, lui disant que la proie était cadeau, et qu’elle l’avait chassé seule.

Mais quand il rouvrit les yeux, Fuurin mordit dans la nourriture et commença à manger. Ainsi donc ce n’était pas pour lui mais pour elle ? Ou il n’avait rien comprit ou très mal entendu. Il l’observa se remplir l’estomac, satisfait qu’elle mange sans qu’il n’ai besoin de lui apporter quelque chose ou de surveiller qu’elle s’alimente. C’était rassurant pour lui qui s’inquiéter énormément pour elle, même si le lapin était entrain de disparaître à grand coup de dents.

« J’espère que ton cadeau à bon goût »

Lui fit-il remarqué avec un peu d’humour et d’ironie. Il était de toute façon trop occupé à réfléchir pour s’offusqué de ce qu’elle était entrain de faire. Il n’avait d’ailleurs même pas perçu le regard qu’elle lui portait. Il vit son oreille s’agiter et à sa question lui lança un regard. Ce qui le préoccupait hein ? Elle en premier lieu… Son sosie en second… Et la disparition du petit de Lagherta en troisième.

Il y avait aussi qu’il avait de plus en plus de rêves étranges… Comme des bribes du passés qu’il ne comprenait pas. Il secoua son épaisse crinière noire et sa chevelure, renvoyant les mèches les plus longues en arrières pour dégager son visage. Il tourna ses beaux yeux verts en direction de Fuurin.

« Je vais bien Fuurin, et rassuré aussi que tu ailles mieux. »

La louve l’avait réellement inquiété, et il craignait toujours qu’elle rechute. Il se releva et s’étira, observant la forêt des rêves bleues, que la lune rendait fantômatique et légèrement inquiétante. De quoi faire peur aux petits un soir d’Halloween…

Ufleym observait en grande partie la forêt, complètement distrait, si ce n’est totalement à l’Ouest. La présence de la femelle prêt de lui était agréable, mais il n’arrivait pas à en profiter. Le ferma les paupières avant d’entendre Fuurin s’indigner. Riant à ses paroles, il rouvrit les yeux pour tourner son regard doux vers elle.

« Cependant tu es bien partie pour »

Remarqua-t-il toujours d’un ton taquin et amusé à la fois. Il n’en voulait pas à Fuurin de toute façon ça lui faisait plaisir de la voir manger. Et puis qu’elle soit venue à sa rencontre était tout aussi agréable au fond. Car cela prouvait au mâle qu’il avait une certaine importance pour la femelle, aussi infime cette importance soit-elle.

Après lui avoir répondu sur son état, il la vit tourner la tête comme si elle était blessée dans son orgueil. Il haussa vaguement un sourcil en la détaillant. La voyant se coucher dans la terre et la pelouse. Elle le regardait, comme il le faisait. Il se demanda une seconde à quoi elle pouvait bien songer. Mais la question ne lui échappa pas. De toute façon il était trop distrait pour vraiment se concentrer sur cette réponse. Finalement elle posa une question qui lui fit dresser les oreilles. Il étira un sourire amusé.

« Non, la femelle dont je suis amoureux m’obsède, mais ne me tracasse pu. »

Il parlait d’elle. Fuurin l’obsédait, mais il n’était pu aussi inquiet pour elle, car elle semblait aller vraiment mieux. Alors à quoi bon s’inquiéter si elle n’en avait pas besoin. Maintenant il se devait d’être présent pour elle. D’être là quand elle avait besoin de lui ,et de ne plus la laisser s’éloigner. Que ce soit physiquement ou moralement d’ailleurs. Il agita les oreilles et tourna la tête vers elle.

« Tu es jalouse ? »

Se moqua-t-il en s’approchant d’elle lui donnant un petit coup de museau amical dans la truffe. Elle n’avait pas à être jalouse. Elle était la seule dans son cœur et dans sa tête. Les autres femelles n’étaient que des fantômes de passages dont il se souvenait à peine. Mais il ne se sentait pas de lui dire une chose pareil. Elle risquerait de se moquer.

En voyant que sa belle s’était mise à trembler à son contact, Ulfeym avait instinctivement reculer, détourner la tête, et mit les oreilles à l’horizontal. Elle ne devait sans doute pas apprécier son contact. Ou pas comme avant… Cela lui fit un peu de peine, il sentit son ventre et son poitrail le faire souffrir. Comment pouvait-il lui dire qu’il l’aimait alors qu’il avait la sensation que sa présence était une source de stress pour elle ? Un soupir profond lui échappa.

Il l’entendit dire qu’elle était juste curieuse et hocha vaguement la tête en s’asseyant à côté d’elle. Il ne savait pas trop comment s’y prendre avec elle. Se trouvant très maladroit et incertain de surcroit. Il remua lentement sa queue avant de voir qu’elle avait détournée la tête. Il ferma les yeux en l’écoutant, il n’en parle jamais c’est vrai. Mais il a la langue plombée en ce qui la concernait, ne trouvant pas qu’il est un loup assez bien pour elle.

« C’est que je ne pense pas être digne d’elle… ça ne sert à rien d’en parler… »

Il secoua la tête, étira son corps et lança un regard à la louve, il avait le sentiment de lui avoir gâché un moment qui aurait pu être agréable. Il hésita avant de la regarder une seconde et de regarder ensuite la forêt dont la luminosité mystérieuse lui faisait du bien.

« Et puis il n’y a pas que ça qui me tracasse. Il y a aussi la louve qui m’a permise de te retrouver. Elle me ressemble en tout point, comme si nous étions frère et sœur, mais depuis que je t’ai retrouvé, je ne l’ai plus aperçu du tout… je me demande si c’était un mirage. »

Peut être qu’il devient fou, ou qu’il est somnambule et était bien allé sur d’autre territoire la nuit ? Il ne savait pas vraiment et ça lui perturbé l’esprit. Il voulait comprendre tout cela, mais ne savais clairement pas comment s’y prendre ou s’en sortir. Il y avait aussi le fait que quand il pensait à la femelle il se sentait nostalgique et triste.

Ulfeym ne voulait pas embêter la femelle, elle avait d’autres problèmes à gérer. Il n’était pas le seul souci. Mais quand il lui parla de la louve qui lui était similaire il se prit un coup de langue sur la truffe. Ecarquillant les yeux, il lança un regard déboussolé à la jeune femelle, battant des paupières avant de s’asseoir, tombant littéralement sur le cul. Il n’arrivait pas à réalisé qu’elle venait de lui montrer une marque d’affection. C’était tellement déroutant qu’il détourna la tête en essayant de ne pas trop rougir.

A sa question ses oreilles pivotèrent en direction de la femelle, il les agita une seconde avant de remuer lentement la queue pour la rabattre contre son corps. Il observa la femelle avant d’observer l’horizon et de rouler doucement des épaules comme si il les haussait.

« A chaque fois que je m’égarais elle apparaissait, comme j’étais curieux je la suivais, et la dernière fois que je l’ai suivi, je suis arrivé vers toi… »

Répondit-il. Il avait été tellement soulagé ce jour là. C’était comme une délivrance. Il agita les oreilles avant de regarder Fuurin, elle était tellement belle qu’il pourrait l’admirer pendant des heures et des heures. Finalement le mâle se releva, étira ses pattes, et lança un petit coup d’œil à la louve.

« On devrait rentrer, on en reparlera un autre jour »

Remarqua-t-il, en réalité il était fatigué, il se faisait tard, et il avait envie de dormir. De se blottir dans le fond de sa tanière. Même si il allait y être seul et triste, il avait vraiment envie de se reposer… Il espérait juste qu’un jour, il pourrait dormir dans la tanière de Fuurin, blotti contre elle…