Quelque part entre la terre et le ciel, la vie court, elle court sans jamais s’arrêter, sa course est effrénée, presque essoufflante, puis un jour elle s’arrête. Elle se stop nette, contre un mur qu’elle ne passera jamais. La mort est une fatalité qui réunit toutes les espèces, et à laquelle Ulfeym à tristement finie par s’accoutumer. Il sait qu’il en verra d’autres, passer subitement de vie à trépas. Avant le sommeil lui manquer parce qu’un dieu des pouvoirs l’agressait dans ses songes. Aujourd’hui Morphée le renie parce qu’il pense à ceux qu’il n’a pas connu et ne reverra jamais.

Au début il avait cru à son propre reflet dans l’eau… Mais quand il avait relevé le museau, c’est une louve, identique à lui, qu’il avait découverte. Elle était aussi élégante que lui, mais un peu moins forte et musclée. Elle était délicate, et avait le même regard, cette même lueur de douceur et de bienveillance qu’Ulfeym avait toujours eus dans le regard. Il ne s’était jamais connu aucune famille, il avait accepté l’idée d’avoir été abandonné et élever par une meute. Mais sa rencontre avec cette femelle chamboulait tout, et son cœur ne savait plus ce qu’il devait faire…

Comme un fantôme oublié, il avait erré dans le sous bois. Se fichant que le danger y rôde à chaque buisson. Il avait quitté le territoire de la Source pour les terres neutres, cela faisait quarante huit heure, peut être plus, qu’il n’était pas retourné chez lui. Sans doute par amour de la mer, de son côté sauvage et imprévisible, Ulfeym s’était dirigé vers les plages qui séparaient l’océan de la terre. Il avait continué d’avancer, se rappelant du timbre doux de la louve brune qui connaissait son nom et qui était pareille à lui… Où avait-elle était toutes ses années ? Pourquoi ne l’avait-il jamais croisé avant ?

Alors qu’il réfléchissait au sujet de l’étrangère avec qui il était si facile de le confondre, puisque lui-même s’était cru face à un miroir, il continua sa route. Puis une voix qu’il connaissait et qu’il aimait profondément l’interpela. Il releva alors son museau et aperçu Fuurin, il s’arrêta alors et s’assit dans le sable.

« Il me semble… Bonsoir Milady »

Il lui donnait se surnom de temps en temps. Il était content de la voir. Mais il voyait en elle un mal, quelque chose qui la troublait. Comme lors de leur première rencontre caché au clan de l’Eau à l’époque de son existence, bien avant la folie des guerres…

« Il me semble… Bonsoir Milady »

Elle fixe la mer, elle semble plus perdu dans ses pensées que présente à ses côtés. Ulfeym est loin d’être idiot, et il connait la femelle. Ce jour où il l’avait rencontré, elle cherchait à cachait sa peur, mais elle l’avait frapper en plein visage comme une évidence. Ce soir c’était de la peine qui semblait l’avoir mené jusqu’ici. Fuurin prit la parole et il espéra qu’elle lui dirait ce qui ne va pas. Mais elle parla de Lagherta et de ses futurs petits. Un désir d’enfants caché peut être ?

« Je savais oui… Toutes les nourrices en parlent et je les ais aidé ce matin »

Observa-t-il calmement. Tout le monde savait qu’Ulfeym mettait la main à la patte dès qu’il y avait besoin de quelque chose. En dehors des guerres et des entraînements le guerrier était très actif au cœur de la meute. C’était sa manière à lui de contribuer à la survie de sa patrie.

Détaillant la louve à ses côtés, il vit les larmes qu’elle retenait, et ce sourire qui semblait plus faux que tout le reste. Finalement elle continue de patauger dans des banalités. Avouant qu’elle aimerait bien être marraine pour chouchouter les petits d’une autre.

« Laisse l’amour et l’éducation aux parents… Mais en toute sincérité j’aimerais bien élever et chouchouter mes propres petits, mais je vis un amour à sens unique alors je n’aurai sans doute jamais de petits »

Avoua-t-il de manière très honnête. Il lui avait promis de ne jamais lui mentir. Alors il se tenait à sa promesse. A ses yeux l’affection qu’il portait à Fuurin était de l’amour. Il n’était pas assez stupide pour croire encore à de l’amitié. Il savait qu’il était amoureux, mais elle le voyait sans doute comme un simple ami, l’amour qu’il avait pour elle était donc à sens unique. Soufflant il se leva et se mit juste devant elle pour qu’elle arrête de regarder le paysage avec son faux sourire heureux.

« Tu m’as demandé de ne plus te mentir alors je vais être honnête. J’ai vu le voile de tes larmes dans tes yeux, si tu as besoin de parler je suis là pour t’écouter. Tu peux compter sur moi, alors inutile de continuer une discussion qui ne mène à rien. Que ce passe-t-il Fuurin ? Je sais que tu es mal, je le ressens… »

C’est comme si ça s’insinuait dans sa chair. Quand on aime quelqu’un on souffre de le sentir mal. C’est comme si on captait ses émotions, qu’elles nous couvraient aussi. Ulfeym n’a plus de pouvoir et n’a jamais eus le pouvoir de ressentir les émotions. Mais quand Fuurin va mal, un nœud se forme de son estomac et il s’inquiète aussitôt….

Ulfeym était capable de comprendre Fuurin maintenant, il arrivait à savoir quand elle souffrait. C’était une empathie naturelle, née de toute l’affection qu’il avait à son égard. Elle était sa protéger, il l’aimait silencieusement. Parce qu’il ne voulait pas détruire cette belle amitié en lui disant des mots qu’elle pourrait ne jamais comprendre, ou ne jamais accepté…

Il l’écouta lui dire qu’elle avait vu Jeff, aussitôt les oreilles du mâle se plaquèrent sur son crâne. Son regard se fit d’autant plus inquiet. La présence de Jeff n’était jamais de bon augure. Trinity est décédée, c’est donc cela qui chagrine autant la femelle grise. Bien sûr, c’est compréhensible, elles étaient si amies toutes les deux. Le mâle se rapproche de la louve et la blottie un peu contre lui dans une étreinte amicale et douce.

« Elle sera toujours dans ton cœur, éternellement, je sais qu’elle vivra dans ta mémoire »

Lui souffla le loup brun avec douceur. Il sentait que la femelle refusait d’admettre que c’était terminé. Que Trinity ne reviendra pas. Qu’elle n’entendra jamais plus la voix de la femelle. Qu’elle s’était tut à jamais. Que le silence et l’absence seraient les seules choses qui allaient rester de Trinity. Ulfeym ne se souvenait pas avoir perdu un proche dans sa vie. Pourtant il éprouver énormément de tristesse et de compassion pour la grise.

Il frotta doucement son museau dans l’encolure de sa belle qui ignorait encore les mots que voulait lui déclarer son cœur. Elle avait besoin de lui aujourd’hui, de l’ami et de la présence qu’il pouvait être pour elle. Frottant doucement son museau contre elle, il lui fit un tendre sourire, cherchant un moyen de lui remonter le moral.

« Tu sais Fuurin, je crois que Trinity n’aurait pas aimé te voir si malheureuse. Tu lui étais chère, et je sais qu’elle aurait souhaité que tu continues d’être heureuse. »

En même temps, qui ne voulait pas voir ses proches heureux ? Fuurin était si resplendissante quand elle était heureuse. Elle rayonnait et réchauffait l’âme d’Ulfeym. Mais là, la peine de la louve lui assombrissait le cœur et le moral.