Le vent soufflait un soupir sur la plaine entrainant dans son souffle les longues herbes jaunit par la ferveur du soleil. Hasuo contemplait ce monde mordoré que le vent faisait onduler dans un délicat mouvement en emportant avec lui un bouquet parfumé qui lui picota les narines. Au loin, dans l’ombre d’un bosquet, se dessinait les silhouettes mouvantes des cerfs qui, dès les premières brumes, avaient commencer à entonner leurs champs d’amour qui raisonner à travers les forêts. Le grand cerf, couronner de les grands bois aux andouillers tranchants, tendit une touffe d’herbe grasse à une biche qui, d’avoir surprise, esquissa un mouvement de recul avant d’apprécier le présent.

Hasuo détourna le regard et se leva pour laisser aller ses proies à leur romance. Bientôt, une troupe de chasse s’approcherait du troupeau et prendrait de court les amoureux qu’il séparait dans la douleur et le sang par la mort de l’un des amants. Il ne se sentait pas coupable de cela, au contraire, sa mort d’une biche permettrait au clan de vivre convenablement pendant trois ou même quatre jours. Dont que ses pauvres cœurs profitent de leurs derniers moments ensemble en croquant la vie à pleines dents comme ils l’avaient toujours fait. Cela serait bénéfique pour tout le monde.

Sur le sentier qui menait aux lianes mouvantes, Hasuo laissa son regard améthyste se promener sur la prairie où il profitait des dernières fleurs qui mouchetait le paysage de couleur vive avant que celle-ci ne fane aux profites d’un automne rougeoyant et d’un hiver blanc glaciale. Marchant distraitement avec à sa gauche des ranger de buissons cuivrés ce n’est qu’au dernier moment où il remarqua qu’une connaissance lui arrivait d’en face.

- Svalrog. - Le salua-t-il d'une voix neutre.

Hasuo esquissa un sourire devant la constatation du loup-dragon. Il était vrai que, normalement, ce n’était pas non plus un endroit où Hasuo irait se perdre, mais le noble savait apprécier les belles choses et cet endroit, en plus d’être une excellente zone de chasse, avait été bénit par la déesse de beauté. Il lui arrivait de voir se refléter sur les feuilles d’un vert tendre des motifs irisés qu’il jugeait magnifique et le ciel se parer de milles couleurs à l’aube comme au crépuscule, les vêtements d’automne que portait les arbres étaient à l’image de toilettes que les dames porteraient pour se rendre à un bal. Toute plus somptueuse les unes que les autres, elles annonçaient l’approche de l’hiver d’une manière si délectable que le loup des neiges appréciait venir leurs rendre visites.

- En effet, mais vous n’êtes pas sans savoir que l’automne est bien entamé et que, de se fait, le clan est en effervescence. Comme chaque année, il faut se préparer à la venu de l’hiver, cependant … cette année je ne serais pas bêta, mais oracle comme Moon l’a voulu.

Le noble prenait son temps pour parler. Détachant soigneusement ses mots des uns et des autres, il donnait une impression de tranquillité relative, d’une sérénité palpable, tout en accentuant cet aspect de grandeur qui avait toujours été sien. D’un ton posé, il continua :

- Chaque nuit me rappelle à Moon. Je sens qu’il m’appelle, qu’il souhaite me parler, alors je me dois de me reposer durant la journée pour pouvoir être à son entière disposition durant la nuit, mais comme vous vous en doutez cela m’est difficile si je reste près du clan en ce moment.

L’affreux souvenir des morveux qui avait faillit faire s’écrouler sa tanière sur lui manqua de lui faire hérisser le poil, mais il en fallait plus pour le décontenancer.

Même si son élégant visage ne démontra rien Hasuo tiqua à la remarque du guerrier-dragon. Voyons, cela était évident qu’il était en colère suite à la nomination de Zéphilian, il faudrait être un idiot pour ne pas s’en apercevoir ou être complètement niais pour se dire qu’il aurait aussi facilement accepter sa position.
Cependant, le prince de glace devait se montrer subtile autant que sournois s’il désirait faire accepter les sages paroles de son dieu à ses frères et sœurs claniques, car tout le monde n’était pas d’une grande piété, comme l’avait souligné Cirice, et on contesterait ses paroles s’il se montrait irritable et impoli.
L’Oracle hocha tranquillement le museau, donnant raison à Svalrog.

- Il est vrai que le poste d’Alpha m’aurait convenu, cependant il faut se plier à la volonté des dieux, Svalrog. La voix de Moon m’a donné un but, m’a permis de passer outre mes ressentiments et ma propre vanité en me montrant la voie que je dois suivre.

Il tendit la patte vers les bois sur sa droite montrant un chemin qui n’existait pas dans un geste théâtral qui suggérait aux plus imaginatifs la route que le dieu lunaire lui avait indiquée. Ramenant sa patte contre son torse, il continua d’une voix mielleuse :

- Cela peut vous paraitre étrange, mais si le dieu Moon m’a appelé je me devais absolument de répondre à son appel.

Puis, comme si la brise lui soufflait quelque chose aux oreilles, une idée lui vint.

- Les voix du dieu de la lune sont impénétrables, Svalrog. Je devine qu’à vos yeux les oracles et moi-même nous ne somme pas d’une grande utilité pour le clan, mais détromper vous. Nous apportons le réconfort, les histoires et servent d’oreille attentive à tout ceux qui voudrait alléger leurs consciences en leurs promettant que seul nos dieux auront vent de ce qu’ils ont fait. Cela leur permet d’aller de l’avant, surtout après les batailles et les massacres qui ont été engendrer par Akui.

Hasuo était malin et des personnalités comme Svalrog il en avait rencontré plus qu’un. Des brutes, sans trop de cervelles, qui ne pensait croyait que ce qu’il voyait. En général, c’était ce genre d’énergumènes qui mettaient en doute les ordres du bêta qu’il était parce qu’il ne le voyait jamais s’afférer à une tache quelconque alors que le simple fait de commander prenait déjà tout son temps. Devoir prouver à ce genre de loup sa valeur en mettant la main à la patte, devoir se battre verbalement avec ce type de personne pour leur faire comprendre qu’il s’occuper de quelques chose d’aussi importante qu’aller chasser une proie en groupe, c’était quelques chose d’épuisant autant qu’agaçant, mais qui avait permis à Hasuo, au fils des années, à facilement les cerner.

Fichtre. Svalrog était plus lucide que le loup blanc ne le pensait, mais il ne perdit cependant pas la face. Affichant ouvertement un air étonné, il écouta presque d’un air choquer les déclarations du loup-dragon. Venant de lui, rien ne l’étonnait, mais il priait Moon tous les jours pour ne jamais avoir à se retrouver face à un être aussi sanguinaire et belliqueux que Svalrog. Ses gars-là était son pire cauchemar. Des êtres sans foi, ni loi, qui n’auraient rien à faire des paroles qu’il tenterait de dire pour les raisonner.

Bien qu’Hasuo ne recula pas d’un pas, il recula le museau quand l’imposante tête de Svalrog s’approcha du sien. Son haleine était infame et l’idée d’un coup de crocs gratuit lui fit frémir les babines par reflexe. Le poil de son échine se hérissa également, par peur certainement, mais Hasuo l’aurait volontairement fait passer pour tout autre chose. Ce fou était entré dans son espace vital et, bien qu’il se gardait de le dire à quiconque, il le terrifiait tellement qu’un seul de ses regards lui donnait froid dans le dos à lui le prince des glaces. Le chef d’armé semblait fier de son effet, il recula et lui adressa un petit rictus. Le noble eut un petit ricanement mal à l’aise, puis il se lissa le poil d’une patte distraite avant de reprendre contenance et de lui répondre.

- Voyons, voyons, voyons… Vous vous fiez trop aux apparences mon cher Svalrog. Ce n’est pas parce que vous m’avez connu pendant des années dans un poste où il m’eut été possible d’être opportuniste et de mettre en avant ma glorieuse ascendance, cependant … il faut que vous acceptiez le fait que désormais ce n’est plus ma place. Bien que je sois certain que Moon accepterait que ses plus fidèles fervents fasse preuve d’un peu d’orgueil.

Le cas contraire l’aurait tué, surtout que sa déesse préférée représentait l’incarnation de la beauté, qu’il se plaisait à l’honorer tous les jours avec sa morning routine, et qu’elle avait été associer à Moon depuis ce qui lui paraissait la nuit des temps.

- Diantre. Ne me regardez pas avec ses yeux-là, je vous en prie ! Je suis formel en déclarant être un autre loup que celui que vous connaissez. Concéder au moins ce pouvoir à Moon, quand bien même sa parole n’est pas sainte pour vous. Il est capable de grande chose.

Le loup blanc fut déstabilisé par le puissant coup que Svalrog lui donna à l’épaule et il se rattrapa de justesse en faisant quelque pas de côté. Il tarda, en état de choc, son regard sur le chef d’armé qui lui souriait joyeuse puis son épaule où était imprimer une énorme marque de patte. Son cœur rata un battement, il crut qu’il allait mourir d’une syncope, puis il releva incrédule, sa gueule pendant ouverte, ses yeux lavande vers Svalrog qui affichait une mine drôlement joyeuse. Il ne savait pas s’il l’avait fait exprès ou non, mais il s’en fichait royalement. Il risquait d’avoir des puces ! Sacrebleu ! Moon savait où avait été trainer se bouseux plein de croute.

Il reprit son souffle quand il se rendit compte qu’il avait arrêter de respirer. Si choquer qu’il avait à peine relever que le loup c’était moquer de lui en le prénommant « princesse », Hasuo lui fit un sourire crisper avant de porter lentement sa patte à son épaule pour chasser les morceaux de terre du bout des griffes.

- Eh bien, il faut bien un dieu pour changer un loup comme moi. Vous ne croyez pas ? Je suis certain que vous penseriez comme moi si vous aviez vu Moon en rêve comme je l’ai vu.

Encore trop secouer pour faire plus de louanges, il esquissa un salut aussi bref que la politesse lui permis et se mit en marche avant même de le terminer.

- Si vous voulez bien m’excusez, je vais vous laisser à vos occupations. Vous devez avait moult chose à faire avant que la nuit ne tombe et, moi, je dois me reposer un peu avant que la lune ne se lève.

Il se détourna du loup, puis accéléra infimement le pas alors qu’une grimace éclatait sur son visage exprimant toute la répugnance qu’il avait pour Svalrog. Il lui fallait prendre un bain le plus vite possible !