Lagherta avait raison. Depuis que ces petites boule de poil étaient nées, Tanyxoth se sentait mieux. En particulier sa petite boule d'ange, Céleste, qu'il avait prise pour filleule, l'aidait. Il n'aurai jamais pensé que cette petite aie un tel pouvoir apaisant sur lui, mais le fait était là. Si elle était encore trop petite et devait rester constamment auprès de sa mère, il voyait la petite et sa fratrie grandir si vite, c'était hallucinant.


Parfois il recroisait Eden, lui parler et passer quelques minutes avec elle faisait du bien au cerf, il n'avait pas ce sentiment de devoir se montrer particulièrement bien avec elle, à l'esprit si naturel. Bien que la louve soit brute de décoffrage, il pouvait se permettre de se détendre en sa présence.


Et pour combler tout ça, ses bois étaient très grands. Il ne saurait dire s'ils étaient plus grand que les précédents, mais le nombre de cors présent étaient déjà plus haut, et ses enfourchures promettaient d'être épaisses, il commençait déjà à perdre le velours et dessous se révélait en grande partie la texture douce mais osseuse de ses bois définitifs.

Il était allé voir son fils, et lui avait parlé longuement, comme presque tous les jours. Si Tanyxoth ne se remettait pas de sa perte, il paraissait un peu moins pathétique qu'au début. La promotion de Zephilian se déroulait bien, c'était un bon alpha, et pour l'instant Keiss faisait du bon taf aussi. Il y avait peut être un avenir radieux pour la source, finalement.


Cette fois il avait décidé de repousser son retour au camp, si d'habitude il s'arrangeait pour toujours y être avant la tombée de la nuit, même s'il ne dormait pas, cette fois ci il se laissa aller. Il alla voir les cascades. Fut une époque où il ne cessait d'être émerveillé par la nature, où il était proche de tout être et où chasser ne le rendait pas particulièrement fier. Aujourd'hui les créatures passives le fuyait comme s'il était n'importe quel loup, et la beauté de la nature le lassait.

mais la cascade... S'il ne la trouvait plus aussi superbe qu'avant, il y avait toujours quelque chose pour l'y attirer. Finalement, il se jeta dans l'eau sans demander son reste, puis fini par flotter sur le dos, le ventre à l'air, divaguant sur l'eau calme, en regardant les étoiles, maintenant tout le monde dormait, il pouvait se laisser aller un peu.

Il savourait cet instant calme et reposant. Paisible, Tanyxoth méditait de tout et de rien. Une légère brise chatouillant son ventre, les pattes étendues. Un sourire pouvait presque étirer ses babines si elles n'étaient pas déjà tirées, attirées par la gravité.

Un raclement de gorge le fit ouvrir un oeil, il ne s'attendait pas à voir quelqu'un d'autre mais après tout il était dans le clan et n'avait pas le monopole de la nuit.

Il ouvrit le deuxième en reconnaissant Léone et lui sourit en la laissant s'approcher.


Il se remit droit, et ses grands bois sortirent de l'eau en éclaboussant à côté. S'il pouvait rougir, il l'aurait fait. Il n'avait pas l'habitude de s'exhiber ainsi en présence des autres, encore moins de son alpha. Il ne dit rien et se contenta d'observer la chienne.

Il aurait pu lui demander si elle allait bien. Mais il ne le fit pas. Bien que l'akita ne laissait pas paraitre grand chose, et cachait ses profondeurs à la merveilles, le cerf pouvait se douter que non ça n'allait pas. Se douter seulement, vu qu'il n'avait jamais posé la question et qu'elle n'en parlait jamais non plus.

Alors il ne dit rien, profitant du silence pour fermer les yeux et à nouveau dresser son museau vers le ciel, écoutant paisiblement le chant de la lune. Il ignorait si Léone, en tant que chienne et non pas en tant que loup, était tout aussi attirée par le chant et la mélodie du satellite que l'était Tanyxoth ou quiconque autre. Toutefois, il ne posa pas non plus la question, c'était selon lui quelque chose d'assez intime.

Mais s'il ignorait beaucoup de réponses, il y en a une dont il était sûr: Léone avait énormément de choses en tête. Presque normal en tant qu'alpha quand on devait gérer un clan pareil, il comprenait d'autant plus la raison de sa présence ici.



Une discussion normale, entre deux personnes normales, loin des responsabilités, loin des conflits et des problèmes. Il se mit lentement à nager pour se dégourdir les pattes, en plus de se décrasser le sous poil.

Léone ne répondit pas, faisant simplement un geste du museau. Tanyxoth n'en demanda pas plus, de toute façon ils n'étaient ni l'un ni l'autre de ceux qui aimaient parler pour ne rien dire. Comme pour approuver sa pensée, Léone alla droit au but. Tanyxoth cessa de nager en dressant ses oreilles vers elle. Il ne répondit pas tout de suite, méditant la réponse mais surtout la question. Toutefois ce n'était pas à lui de les poser, il demanderai son reste plus tard, pour l'instant l'alpha lui avait demandé quelque chose et il allait y répondre. Et Léone étaient de celles à qui il pouvait dire la vérité.



S'il allait mieux, ses cernes devaient encore être visible, il détourna la tête pour ne pas qu'elles les voie, soudain peu fier de l'apparence qu'il tenait devant elle. Il soupira profondément en baissant la tête, elle n'allait certainement pas accepter le fait que son bêta agisse ainsi. Au moins, la qualité de son travail n'en pâtissait pas, du moins pas encore, ce qui pouvait éviter qu'elle ne s'énerve trop. Après tout il n'avait que pour but de la soulager dans ses tâches. S'il essayait de se faire discret, il n'ignorait pas les effets de ce régime sur son corps.

Il tourna la tête vers l'akita.

Elle baissa le museau et sembla tout autant réfléchir que lui au début. Finalement quand elle se redressa, un air triste qui fit dresser les oreilles du cerf avait remplacé l'humeur sur son visage.

Il se doutait bien que ça n'allait pas, et elle ne faisait que confirmer ses doutes. Toutefois il n'avait jamais pensé que ce fut si loin. Elle vivait un calvaire affreux, ayant elle même mi fin à la vie de son être aimé, et ne le montrait pas, le supportait comme elle pouvait et continuait d'assurer son rôle. Tanyxoth se sentit soudain ridicule, se lamenter comme ça n'arrangerait pas la situation et pourtant il s'était laissé dépérir comme un idiot.

L'alpha s'interrompi et baissa la tête, Tanyxoth devina qu'elle ne savait aller plus loin. Il la regarda un instant, tentant de la décrypter. Finalement il s'approcha d'elle et souleva son museau avec le sien avant de plonger ses yeux dans le regard de l'Akita.



Il redressa à nouveau son museau vers le ciel, illustrant sa pensée. Il ne regardait pas les étoiles, mais ceux qu'il aimait et qui y étaient.



Comme pour illustrer sa pensée, une violente bourrasque souffla, le faisant fermer les yeux pour ne pas y chopper de la poussière. Il n'était pas doué pour rassurer les autres, ni pour se rassurer soi même, Tanyxoth était quelqu'un qui guérissait les autres par sa présence silencieuse, mais dans son état actuel même ça il ne savait plus très bien le faire.

Il replongea son regard dans celui de la louve, parfois arracher le pansement faisait trop mal, mais il fallait le faire.


S'il pensait constamment à son fils, il avait aussi porté le deuil de son alpha. Bien entendu, cela avait été plus facile pour lui, qui ne nourrissait pas de si grande relation avec elle. Il avait eut énormément d'amitié pour la guerrière grise et comme n'importe quel louveteau à son âge, l'avait plus qu'admiré dans sa tendre jeunesse.

Il décida de se taire, laissant Léone poursuivre si elle le souhaitait, ou se taire si elle le désirait. S'il avait bien appris une chose, c'était qu'il ne fallait jamais forcer la douleur à sortir. Il n'y avait que Léone pour décider de ça, si elle le voulait ou non. Alors pour lui apporter un soutien silencieux, il s'approcha d'elle lentement et nagea à ses côtés.

Léone commençait à céder, Tanyxoth aurait pu paniquer mais il se conteint. Il n'avait jamais réellement vu l'alpha s'exprimer ouvertement, mais n'avait pas escompté qu'elle le fasse maintenant et si vite. Il ne voulait pas la mettre mal à l'aise, juste parler, il se sentit soudain coupable.

Mais Léone se mit à parler, alors Tanyxoth ne bougea pas, lui portant une oreille attentive, celle dont elle avait tant besoin sans vouloir l'admettre. Son coeur se serra, il n'imaginait pas que la relation entre l'alpha et sa prédécesseure fut si grande, et comprit d'autant plus le mal qui la rongeait. Sa voix s'était brisée, elle secoua la tête comme pour se reprendre, avant de poursuivre. Il ne voyait d'elle aucune parcelle de son visage, caché par ses cheveux d'or. Il devinait seulement son état en voyant les goutes tomber dans l'eau.

Puis elle se tut, et Tanyxoth resta silencieux. Il pouvait comprendre en un sens. Mais son visage pris cependant toutes les teinte de l'inquiétude. Mourir seul, ça n'était pas une bonne idée. En faisant ça, elle supprimait tous ses repères, quittait son port d'attache et n'avait plus rien pour se confier. Tanyxoth baissa la tête pour être plus bas qu'elle, même si cela signifiait être à moitié dans l'eau, et il gémit. Inquiet, compatissant, il était peut être l'un des seuls assez bien placé pour comprendre sa douleur.

Lentement elle se calmait, mais le cerf resta silencieux. La chienne n'avait pas besoin de réprimande, il doutait même qu'elle aie besoin d'être consolée. Il ne bougeait simplement pas, restant présent pour elle. Finalement il s'éloigna d'elle pour pouvoir l'observer entièrement, pour qu'elle fasse de même avec lui.



Il lui sourit.


Alors il reprit sa petite nage.

Bien évidemment, la chienne avait les joues toutes humides, et ce n'était pas du à l'eau du bassin. Toutefois elle écouta attentivement le cerf, et finit par avoir un sourire las.

Gaor avait dis la même chose? ça n'étonnait que peu le bêta. S'il ne connaissait pas assez le tripède pour faire un quelconque commentaire sur sa manière d'être, il était évident qu'il se donnait à fond pour son clan et ceux qu'il aimait. Si Léone n'était pas de l'eau ni de ceux que Gaor aimait sans doute, ils étaient de pair, car maintenant l'eau et la terre n'existaient plus, au profit du clan de la source.

La chienne s'était remise à nager également, concervant une distance avec le cerf que ce dernier respecta sans rien dire. Mais après un silence, ce qu'elle ajouta fit se retourner Tanyxoth. S'il ne s'approcha pas, son regard se voila et il baissa la tête.


Il releva la tête pour la fixer, totalement sérieux. Puis il soupira, nagea encore un peu, et se laissa flotter, sans plus poser de questions.

Un petit sourire apparu sur son visage en entendant son air décontenencé. En effet, elle venait de le faire, mais Tanyxoth ne parlait pas de ce soir. Leurs vies étaient encore longues et il savait qu'elle allait avoir dur encore. Il parlait du futur, quoi qu'il se passe et où qu'il soit, il serait toujours l'oreille tendue pour son alpha.

Il hocha la tête, oui, c'était pour le mieux. Elle devait sans doute aller mieux maintenant, et si ça n'était pas le cas, et bien il serait là demain aussi. Il l'entendit vivement se rapprocher de lui, en quelques coups de patte à peine. Leur fourrure se frôla mais il ne réagit pas, il savait qu'à présent les projecteurs étaient sur lui, et il n'aimait pas ça.


Besoin de parler? Certainement, il l'avait. Il n'avait pas dis grand chose à Lagherta, rien de plus que le jour où elle lui a demandé d'être le parrain de sa fille. Il cessa de nager, il n'en avait plus la force. Il regarda son alpha et ne la quitta pas des yeux.


Il ne cessait de la fixer, et il pleurait.



Et il portait la poisse. S'il s'éclairait en présence de sa petite Céleste, il redevenait sombre et son esprit parano quand il était seul. De plus, il avait trop tendance à vouloir la chérir, alors qu'il n'était que son parrain, que sa filleule avait déjà une mère, et un père qui l'aimaient. Tanyxoth avait peur de trop en faire.

A la fin de son discours, le cerf avait baissé la tête sans plus rien dire, fatigué mais incapable de dormir, éreinté et tiraillé. Il ne bougea ni ne tressailli quand Léone vint loger sa truffe dans son encolure. Ce fut bref, mais le contact lui fit du bien. Un petit sourire triste passa sur son visage.

Elle avait raison, il lui avait sorti le beau discours du gars à l'écoute, et s'il comptait s'y tenir, il n'avait pas pensé faire de même avec elle, car "on ennuyait pas son alpha".

Puis Léone soupira et poursuivit, mentionnant Gaor. Tanyxoth reporta son attention sur elle, levant la tête. Il l'écoutait patiemment, encrant en lui le moindre de ses mots comme un leitmotiv. Il hocha la tête. Eux deux étaient la preuve vivante de ce que la chienne avançait. Ils se laissaient ronger par l'intérieur, d'une manière ou d'une autre.

Puis elle parla de Karara, et Tanyxoth sentit l'ambiance changer. Il baissa la tête à nouveau, sans rien dire. Il en avait marre de cet état, mais ne se sentait pas prêt, il n'allait pas guérir demain, il avait toujours mal. Il gémit pour exprimer sa douleur, car aucun mot ne pouvait la décrire. Il regarda l'alpha, la souffrance se ressentant dans son visage, il poussa un soupir déchirant puis murmura faiblement.


Puis, après quelques secondes de latences, il fit lentement demi tour pour sortir de l'eau. Il se hissa sur le bord avant de s'éloigner du point d'eau, la tête basse. Il s'assit non loin, n'ayant pas pris congé ni reçu l'autorisation, il ne pouvait s'en aller. Mais au fond de lui, il ne voulait pas partir. Ses mouvements étaient pensés pour s'éloigner de cette douleur qu'il ressentait, mais cette douleur était en lui.


La lune se reflétait sur son pelage détrempé. Sa fourrure, normalement épaisse et chatoyante, était ainsi collée contre sa peau, révélant sa maigreur affreuse.

Le cerf fixait intensément ses pattes, sentant la honte couvrir la moindre parcelle de son corps. Il entendit son alpha sortir de l'eau et le rejoindre, et plaqua les oreilles à l'idée de ce qu'elle allait découvrir. Sa réaction ne se fit d'ailleurs pas attendre, et Tanyxoth ferma fort les yeux , les sentant violemment picoter.

Fixant ses pattes, tout ce qu'il voyait de Léone était les siennes, lui montrant qu'elle s'était placée devant lui. Il n'osait plus lever le regard pour elle, rendu dans un état si ridicule qu'il ferait penser à un enfant. Bien loin de l'image de bêta doux et solide qu'il renvoie à tout le monde, bien que tout le monde sache qu'il se rongeait de l'intérieur.

Léone soupira avant de poursuivre, et bien que Tanyxoth n'avait toujours pas levé les yeux, la position de ses oreilles indiquaient malgré lui qu'il écoutait attentivement ce qu'elle lui disait. A la dernière phrase de l'Akita, il redressa vivement la tête, une expression douloureuse sur le visage. Alors l'alpha se redressa, et enserra le bêta dans une forte étreinte.


Ils avaient quoi à tous lui faire des câlins?


Mais il la laissa faire, appréciant néanmoins le contact. Il remarqua illico qu'elle avait placé ses points faible à portée du cerf. Son coeur se serra, elle lui faisait entièrement confiance. Comme pour lui montrer qu'il comprenait, il placa brièvement sa tête, logée dans le creux du coup de Léone. Cela fut court, il retira sa tête bien avant que Léone ne recule, mais il savait que ce peu de temps avait été suffisant. Elle s'éloigna, s'assit et l'observa, et Tanyxoth ne pu comprendre ce que son expression corporelle indiquait. Il resta silencieux, semblant méditer, revenir sur les paroles de la chienne.


Elle n'avait pas menti, à aucun moment il n'avait senti de mensonges. Elle était profondément seule, et s'il l'était aussi, il l'était moins.


Mais maintenant elle ne l'était plus.

Il hocha lentement la tête puis un petit sourire timide illumina son visage. Alors il se releva, bien qu'être positionné plus haut qu'elle puisse être ordinairement un affront, étant donné qu'elle était l'alpha, en cet instant il n'y accordait pas la moindre importance, car il ne voyait pas l'alpha, mais Leone.


Il s'était énormément concentré pour ne pas bégayer, avait mis toute son énergie dans cette phrase à peine murmurée. Il se rassit, puis se coucha, retrouvant sa position inférieure à celle de Léone, lui donnant accès à ses parties vulnérables, lui faisant confiance à son tour.

Léone sembla apprécier sa remarque, puisqu'elle sourit. Il la vit l'observer alors qu'il s'allongeait en dévoilant ses parties vulnérables, et ne frémis ni ne frissonna quand elle s'approcha de lui et qu'il sentit sa truffe frôler son cou. Alors seulement elle lui répondit, Tanyxoth était en confiance totale.

Finalement elle s'éloigna et il ne pu malgré ça s'empêcher d'être imperceptiblement soulagé de la voir lui rendre son espace vital. Il se redressa pour se coucher en sphynx, haletant sereinement. Il se sentait lessivé, vidé, et une sensation agréable lui parcourait le corps, était il soulagé?

Il entendit la voix lasse mais néanmoins ironique de son alpha et tourna la tête vers elle. Il la regarda puis secoua lentement la tête.


Il sècherai à la pleine lune, il se revigorerait de sa lumière, Moon veillant peut-être sur lui. Mais pour une fois il allait peut être essayer de dormir, il ne se sentait simplement plus assez en forme pour soulever sa carcasse jusqu'à chez lui. Il s'attendait à ce que Léone opine et retourne à sa tanière, il n'allait pas s'en offusquer bien qu'il appréciait sa compagnie, il n'allait pas la prier de rester, il posa sa tête sur ses pattes, prêt pour terminer la nuit.