Cela fait une poignée de jour que lui et les membres de son espèce vivent dans le château du Crépuscule. La quarantaine du clan du Désert devait être officiellement terminée et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils s'aperçoivent que plus aucun atheris viperae ne passent dans le campement, les montagnes ou s'aventurent dans le désert. Peut-être que des gardes ont déjà signalé leur disparition. Peut-être que Ware et Aslan pensent qu'ils ont quitté le pays, repartant chez eux pour de bons. Si tel est le cas, alors ça risque de leur faire drôle en les voyant lors d'une troisième potentielle offensive. Néanmoins, Najah ne comptait pas déjà s'en prendre au clan du Désert. Ils devaient d'abord se faire oublier et ne pas montrer signe de vie aux sentinelles pour leur faire croire qu'ils ne sont vraiment plus là. Il serait bien de voir du côté du clan de la Source, pour évaluer leurs défenses et leurs individus.

Une voix forte et grave, bien que féminine, atteint ses oreilles. Il s’avança vers la rambarde et vit en contre-bas deux individus : une femelle rouge à neuf queues qu'il identifia comme cette fameuse Médée que les Démonia avaient mentionné comme cavalière Guerre, et un loup blanc chétif à la patte d'os. Ce fait l'intrigua, bien plus que l'orbe noire tournant autour de la cavalière.

Mais ta démarche boiteuse me divertissait quand je t’apercevais dans les couloirs. Soit un bon petit et remet moi cet objet.

Du haut du pallier de l'étage, Najah observa la scène en silence. Visiblement, cette femelle aimait beaucoup martyriser les autres, les plus faibles. C'était une rapide conclusion, mais si elle le fait avec lui, alors elle le fait avec d'autres. Sa victime n'était pas de ces adeptes forts qu'il avait croisé. Du moins physiquement, peut-être compense-t-il par un pouvoir puissant et dans ce cas, ce serait divertissant de voir la Guerre se faire avoir. L'être chétif resta en posture de soumission, sans bouger. Cela n'allait probablement pas suffire à faire partir la femelle. Elle ne cherchait pas la soumission. Elle avait un autre but. Il recula et se recroquevilla encore, mais contre toute attente, le faible s'opposa à sa brute.

Je l'ai fabriqué moi-même, ça m'appartient ! Akui ne te laissera pas faire !

Alors cette patte d'os est sa création ? Intéressant. Avant que cela ne dégénère, Najah descendit l'escalier pour les rejoindre. Tout en descendant marche par marche, il adressa à l'intention de Médée :

Allons mademoiselle, pourquoi lui enlever son aide ? Tous adeptes doivent être capables de servir au mieux Akui. Le priver de sa prothèse pourrait considérablement nuire à sa capacité à servir et agir au nom de notre dieu.

Posant les pattes sur le rez-de-chaussée, il continua d'avancer et se plaça tout à côté du loup blanc. Il coula son regard sur la prothèse et la façon dont elle fut attachée. C'était vraiment intéressant. La seule fois où il vit une prothèse, ce fut grâce à la défunte Nietzsche. En signe de soutient, il arqua sa queue reptilienne autour de lui, comme un semblant de protection. Najah faisait face à la cavalière avec lui. Il n'avait pas peur d'elle, il paraissait sûr de lui.

Nous partageons le même but, pourquoi ne pas plutôt admirer sa prouesse pour avoir dépasser sa condition ? Sa fabrication montre bien qu'il est apte à s'adapter et à résoudre une problématique. Quelqu'un d'autre pourrait avoir besoin de ses talents. Qui sait ce qui peut arriver.

Comme pour tester la solidité, il passa une griffe sous l'un des cordages et tira vers lui de quelques millimètres. Il sentit la tension, preuve que les fils étaient bien tendus. Il ne souhaitait pas casser le fils, il arrêta donc après ce petit test et reposa sa patte au sol. Reconnaissant la structure des os, il demanda pour être bien sûr :

Ce sont des os canins ?

Cette louve n'était pas claire d'esprit, il le savait. Néanmoins, en se présentant à elle de façon calme et avec des paroles de sens, il espérait pouvoir la faire dévier de son but actuel. Ses paroles étaient lucides et il avait raison. Seulement, elle ne semblait pas d'accord avec lui et visiblement elle n'appréciait pas qu'il se place en défenseur. Aurait-elle été calmée s'il s'était dirigé dans son sens ? Il en doutait. Après tout, il a à faire à un cas.

Najah ne s'était pas méfié de la boule, à aucun instant. Il préférait être sur ses gardes concernant la louve à neuf queues. Malheureusement, il aurait du aussi se méfier de l'orbe en lévitation paraissant inoffensive, car lorsqu'il s’intéressa au loup blanc, quittant directement des yeux la louve, quelqu'un chose vint le frapper fortement. Le choc le fit reculer de deux pas. L'orbe suivit le mouvement de recul, brûlant la joue droite de son visage. Le loup-serpent agita frénétiquement la queue et cria férocement face à cette douleur de chaire se faisant brûler. Son œil était fermé, par automatisme il l'avait fermé dès le choc. Il recula encore tendit qu'elle se mit à hurler. La douleur de la brûlure ne put lui indiquer si sa mâchoire en avait prit un coup ou pas. Ses membres tremblèrent face à ce traumatisme soudain. La folle n'en avait pas finit. Tandis qu'il avait la tête basse, se remettant du choc de cet affront, elle continua de hurler tout en lui projetant des petits tirs de flamme qui lui brûlèrent instantanément les poils et la peau. Ces flammes n'étaient pas normales. Il releva la tête au premier tir. C'est alors qu'il vit la forme de la louve ou plutôt de l'orbe et il comprit bien mieux. Il serra les mâchoires à chaque tirs, s'empêchant d'émettre le moindre sons témoignant de la douleur. Cette folle avait une entité de feu ! Quelle idée de donner du feu à une louve pareille !

LEÇON N°1 : UN ADEPTE N’INTERROMPT PAS UN CAVALIER ! LEÇON N°2 : UN ADEPTE SE SOUMET AUX CAVALIERS ! LEÇON N°3 : UN ADEPTE N’INTERFÈRE PAS AVEC UN CAVALIER ! ET T’AS DE LA CHANCE QUE J’AI PAS LE DROIT DE TE TUER !

Voilà ce qu'elle avait dit en lui tirant dessus. Tsk ! Ces lois ne valent rien ! Le titre de cavalier ne donne rien, si ce n'est gonfler l’égo de certains, comme elle. Et de faire rager certains autres pour qu'ils se dépassent en se détachant du lot. Najah n'était pas un vulgaire adepte. Il était au-dessus des adeptes classiques, faisant partie des plus puissants !
Najah se remettait de ce qu'il venait de se passer, respirant profondément et le plus calmement possible, évitant de se crisper, restant le plus détendu possible pour ne pas attiser les douleurs. Pendant ce temps, la folle pyromane bonne à enfermer chez Le Bourreau s'attaqua au loup blanc qui cria lorsqu'elle tira pour lui arracher la patte (note pour Eny : comme tu as dis que ce serait douloureux, je présume qu'il crie, sinon je modifierai). Il se fichait bien pas mal du sort qu'elle lui infligeait. Ainsi, il resta à sa place, continua son travail sur lui-même. Dommage qu'il ne puisse se mordre lui-même la joue avec ses canines. Il se serait anesthésié légèrement pour ne plus sentir la douleur ou du moins, beaucoup l'atténuer.

Habitue-toi à ta nouvelle position, le nouveau. Si t’étais un noble avant. Ici tu n’es rien d’autre qu’un pion. Dit-elle en s'en allant une fois son objectif terminé.

Il posa sur la cavalière son œil droit brillant. Son échine se hérissa et ses oreilles pointèrent vers l'avant. Elle, elle venait de passer sur sa liste noire ! Elle allait le regretter ! Sa queue frappa violemment le sol. Elle OSAIT lui bruler le visage et lui dictait une conduite, cette salope ! Najah n'est pas un pion. Ce sont les autres les pions ! Malgré les douleurs, il prit sur lui et avec tout ce booste d'adrénaline généré à cause de la douleur et son énervement, il fonça sur elle. Il faisait probablement une superbe connerie, mais il ne répondait plus de rien en ce moment. S'il manquait son coup, clairement il en ressortirait avec des blessures plus graves, mais il n'y pensait même pas, trop aveuglé par son envie sauvage de lui montrer qui il est. Il n'est peut-être pas un cavalier comme madame la folle, mais il reste un honorable individu et bien plus qu'elle qui a perdu sa noblesse, son rang et ses origines en se faisait bannir et déshériter de la famille Démonia. (61/100) Alors qu'il venait de réduire la distance entre eux, elle se retourna et là, c'est le drame.

Alors qu'il freina lorsqu'elle se retourna, il se prit l'orbe brulante de l'autre côté de son visage. Le choc le fit une fois de plus reculer et ce fut au tour de sa joue droite de brûler. De nouveau, l'orbe prit sa forme d'entité de feu.

Aurai-je froisser Monsieur le noble en le remettant à sa place de sous-fifre ? Il va te falloir une seconde leçon.

Sous-fifre... IL N’ÉTAIT PAS UN SOUS-FIFRE ! Il grogna avec hargne, montrant les crocs. Les muscles de ses pattes bandèrent. Elle lui envoya de nouveaux trois tires de flammes. Il avait la furieuse envie de lui attraper la gorge et de l'ouvrir sauvagement, mais il ne pouvait pas. À défaut, il arrivait très bien à imaginer : son visage maculé du sang de la louve giclant de sa plaie mortelle et ce corps inerte à ses pattes. Ensuite, il récupérerait sa peau pour en faire un tapis où pisser.

Ça te suffira ou t’en veux encore, le nouveau ?

Il ne dit rien, mais il insultait la cavalière férocement de tous les noms, l'assassinant encore et encore. Il ne bougea pas de sa place. Il garda son attitude féroce, la fixant intensément, ne changea pas d'un poil. Il aurait pu user de son pouvoir sur elle, mais il savait très bien que ça n'allait rien apporter de bon. Elle était trop folle pour qu'il s'y risque. Il n'allait pas se soumettre. Najah ne se soumet pas, ou alors c'est de la pure comédie. Quoiqu'il en soit, il ne s'était jamais totalement et véritablement soumis à Ware, ni à un autre. Il n'allait certainement pas se soumettre à cette tarée. Qu'elle le brûle sur place jusqu'à ce qu'il ne soit qu'un tas de cendres si ça lui chante, mais il ne baissera pas l'échine face à elle ! Même pour la comédie, pour sauver sa peau, il ne le fera pas !

Il ne pouvait pas gagner, il le savait. Elle l'avait bien trop dans le viseur à présent pour qu'il retente quoique ce soit. Alors, frustré et terriblement en colère, il se tourna vers la porte d'entrée et avança d'un pas puis d'un autre, ayant du mal à avancer à cause des douleurs des brûlures à ses membres. Mais il n'émit aucuns sons et avança, se montrant solide et fier. Il n'allait pas s'écrouler devant cette connasse. Il sortit de la battisse et partie en quête d'Anjah. Il avait besoin d'elle et de ses soins. Rapidement, de toutes urgences ! Il avait aussi pris une décision. Une décision qu'il aurait dû conclure depuis longtemps : quitter ce maudit pays et ne plus jamais en entendre parler ! Furieusement, il appela la louve. Ses sujets allaient en baver pour le reste de la journée...