-Okazeh-

Si le début de la grossesse de la noble avait été chaotique, tout s'était calmé lorsque son ventre s'était arrondi. Ses hormones s'étaient enfin calmées, et elle avait pu profiter de sa grossesse pleinement, avec Aslan aux petits soins pour elle. La seule ombre sur le tableau fut l'attaque des adeptes, mais en dehors du stress conséquent qu'elle avait engendré, Okazeh fut rayonnante. Assez vite, son ventre l'encombra assez pour qu'elle passe la majorité de son temps dans sa caverne, à dormir, mais ses sorties qu'elle continuait de faire la rendait plus heureuse que jamais. Elle avait recueilli les conseils de sa mère et de sa belle mère quant à la mise à bas et à l'éducation des petits, mais la fin de son terme approchait encore beaucoup trop vite à son gout. Une légère appréhension perdurait quant à la mise à bas, mais les louves avaient fait ça pendant des millénaires sans problèmes, alors pourquoi pas elle ? Elle avait néanmoins hâte de rencontrer ses petits qu'elle avait chéri pendant de si longues semaines. Cela promettait d'être une grande aventure.

Aujourd'hui était une belle journée. Okazeh s'était levée tôt, comme depuis que son ventre gonflé l’empêchait de dormir correctement la nuit. Elle avait passé un peu de temps à somnoler, jusqu'à ce qu'Aslan la quitte pour commencer son travail. Elle avait laissé le soleil se lever, puis était allé s'allonger devant la tanière pour profiter de la chaleur. Peut-être qu'elle ferait une petite promenade après, si cela ne lui donnait pas de contractions. Elle posa la tête sur ses pattes, puis s’endormi de nouveau.

La louve ailée fut tirée de son sommeil par une contraction. Elle grogna, mais se s'inquiétait pas plus que ça : ces dernières lui arrivaient de plus en plus souvent, et n'étaient en général pas douloureuse. Elle ferma les yeux, mais une deuxième contraction, plus douloureuse lui fit lever la tête. Elle serra les dents, et tenta de bouger, ce qui accentua la douleur. Son coeur se mit à battre plus vite : est-ce que c'était l'heure ?

Son corps lui donna vite la réponse alors qu'elle sentit sa poche placentaire se briser. La respiration légèrement hachée, les contractions se rapprochaient. Okazeh lança un bref cri d'alerte, appelant le très bientôt père de ses louveteaux en espérant qu'il serait à proximité. Il voulait assister à l'évènement, et Okazeh se sentirai plus rassurée de ne pas être seule. Elle se releva, ignorant la douleur, et se réfugia à l'intérieur de la caverne ou il faisait plus chaud. Ses contractions se faisaient de plus en plus rapides et douloureuse, aussi elle se concentra sur sa respiration comme on lui avait enseigné. Le coeur battant, elle devait se convaincre que tout se passerait bien.

-Okazeh-

Il ne passa pas beaucoup de temps avant que la noble voit l'entrée de la tanière s'obscurcir, et qu'elle sentit avec soulagement l'odeur d'Aslan lui chatouiller les narines. Il déposa une proie au fond de la tanière, puis vint se placer dans son dos.

La louve sentait toujours les contractions, de plus en plus douloureuse, et elle essayait tant bien que mal de contrôler sa respiration. Elle savait que tant qu'elle n'avait pas envie de pousser, cela n'était pas nécessaire, aussi elle attendait. Elle répondit en haletant un peu :

"Oui, ça va, ça va aller"

Avant de se reconcentrer sur son corps. Les contractions étaient régulières, et la douleur semblait se stabiliser. Cependant, le temps passait et la louve ne sentait pas les petits sortir. La noble commençait à s'épuiser, rapidement, et sa gorge s'asséchait alors que les contractions continuaient, ne donnant lieu à rien. Okazeh ne paniquait pas, mais commençait réellement à s'inquiéter : elle ne pourrait pas tenir très longtemps à ce rythme là, il fallait que les petits sortent !

Enfin, après un temps qui lui sembla être une éternité, une contraction plus violent la fit grogner, et elle sentit enfin son corps se contracter. La douleur se fit plus intense, faisant grogner la louve en travail. Elle poussa de toute ses forces, accompagnant ses contractions. Elle sentait des décharges d'hormones se répandre dans ses veines, l'adrénaline accompagnant son accouchement comme une fidèle amie, atténuant la douleur. Mais les petits ne sortaient pas.


Au bout de quelques minutes, haletante, elle commença à paniquer. Elle ne pouvait pas le faire, elle usait toutes ses forces et cela ne servait à rien ! Elle lâcha un gémissement alors qu'elle se laissait submergée par la douleur, des larmes coulant sur ses joues. Entre ses dents serrées, elle chuchota, espérant qu'Aslan l'entende :

"Aslan je ... je ne peux pas, je n'y arrive pas ..."

Elle émit un sanglot, suivi d'un haut le coeur alors qu'une énième contraction violentait ses entrailles. Elle se détestait de ne pas pouvoir mettre au monde ces petits qu'elle avait tant attendu, de décevoir le mâle si attentionné qui attendait auprès d'elle. Elle voulait ces petites boules de poil, elle les voulait près d'elle, mais elle était incapable de les mettre au monde, et son incompétence leur vaudrait peut-être la vie. Elle sanglota de plus belle, incapable de se reprendre, et gémit.

"Aide moi, je t'en supplie ..."

-Okazeh-

La femelle était en sueur, prête à abandonner. Elle qui n'avait jamais fuit devant le danger, même en face de sa plus grande peur, était au bout. Elle n'accompagnait plus les contractions, les subissant seulement. Mais Okazeh n'était pas seule. Ses oreilles sifflaient, mais elle arriva tout de même à percevoir les paroles d'Aslan. Des paroles d'encouragement, de réconfort. Elle pouvait le faire, il avait confiance en elle. Son calme redonna du courage à la mère en travail épuisée qu'elle était.

Le mâle se leva, avant de lui transmettre de la chaleur reconfortante. Elle qui était trembla te et transpirant, la chaleur la calma. Il se mit à masser son ventre, provoquant de nouvelles douleurs. Okazeh grogna de nouveau, mais ses sanglots incontrôlables s'arrêtèrent. Elle attendit la nouvelle contraction, et poussa de toutes ses forces. Toujours rien. Mais elle ne perdit pas courage, pas cette fois. Il n'y avait qu'une seule manière de sne sortir,et c'était de donner la vie. Elle haleta, puis se remit à pousser, de toute ses forces.

Finalement, enfin, après toutes ses souffrances, elle sentit un petit corps glisser. Elle se pencha, le saisit et l'amena immédiatement près d'elle en le lechant, laissant son instinct maternel prendre totalement le dessus. Son cœur battait à tout rompre, et le travail n'était pas terminé. Mais voir ce petit bout de chou posé tout contre elle, encore mouillé de sang et de liquide corporel, la rendait la plus heureuse du monde. Elle lui donna des coups de langues vigoureux alors que son corps la rappelait à l'ordre. Elle se remit à pousser d'une force nouvelle : maintenant que le premier était la, les autres ne devraient plus tarder. Selon les docteurs, elle devait mettre bas deux autres louveteaux.

Le second fut également difficile, et elle faillit défaillir de fatigue. Mais après quelques contractions, elle réussi à expulser ce deuxième louveteau. Elle le prit et le posa tout contre le premier, tout contre son corps. Et avant même d'avoir pu reprendre son souffle, elle expulsa le troisième et dernier louveteau.

Enfin, après ce qui lui avait parut être des heures, elle sentir son corps s'apaiser. Elle lechait les louveteaux comme si c'était une question de vie ou de mort, laissant son instinct prendre le dessus . Elle protégerait ces petites vie au prix de la sienne s'il le fallait, les garderai près d'elle aussi longtemps qu'il le faudrait. Après plusieurs longues minutes, elle reprit ses esprits. Elle avait faim, et très soif. Elle commença à regarder un peu mieux ses petits : ils se semblaient pas avoir de malformations, ce qui la soulagez grandement. Le premier louveteau, qui lui avait donné tant de mal, était une femelle déjà costaude et ailée. Le deuxième était un petit mâle un peu gras, avec de petites ailes également. La troisième était une femelle, plus petite mais tout aussi vigoureuse. Okazeh eut un sourire doux. C'était ses enfants. Elle leva la tête vers Aslan, les larmes aux yeux. C'était également les siens, et ils étaient magnifiques, en bonne santé. C'était le plus beau jour de sa vie.

-Okazeh-

Okazeh avait à présent une respiration plus calme. Elle savait que son corps en avait pâti, mais les hormones dégagées par la mise bas lui faisait le meilleur des anti douleurs. Elle avait un sourire presque béat, émerveillé, en regardant les trois petits loups qu'elle venait de mettre au monde. Elle sentait leur chaleur, tout contre son ventre, elle les sentait têter le premier lait qui leur donnerait leurs forces. Elle avait également conscience qu'à présent, elle ne pourrait plus sortir de la tanière avant un bon bout de temps, mais peu l'importait. Elle ne voulait qu'une chose, c'était de rester avec ses petits.

Aslan se leva, et se plaça en face d'elle en entourant les petits de sa chaleur. Il avait les yeux humides, captivé par ses nouvelles vies. Okazeh sentit son cœur gonfler de fierté et d'affection. Il bégaya :

Ho okazeh... ils sont si magnifique...

La noble sourit tendrement. Oui ils étaient magnifiques, c'était probablement les plus beaux bébés qu'elle avait jamais vu, et elle était totalement objective ! Le male se releva, lui apportant une proie qu'il avait du ramasser sur le chemin. Okazeh lui chuchota un Merci d'une voix rauque avant de s'atteler à la dégustation. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point elle avait faim, et soif. Elle dévora la proie, satisfaisant son ventre affamé, tout en écoutant Aslan :



Elle tourna la tête pour regarder la petite louve. C'était la seule qui n'avait pas d'ailes, mais déjà une jolie touffe de poils foncés sur la tête. Elle était plutôt fluette, mais ressemblait au mâle. Elle lui sourit et acquiesça. Le prénom lui allait très bien, même si ses parents l'auraient surement trouvé trop "populaire". Tant pis pour eux ! Ce n'était pas leurs petits.

"Mes parents ne vont peut-être pas apprécier, mais ça lui va très bien."

Elle eut un petit rire qui contracta ses abdos fatigués. Elle aimait déjà ce prénom qui sonnait un peu oriental. Elle lui donna un coup de langue en murmurant pour elle-même : Djama ... Lui donner un nom, c'était lui donner une identité, et lui promettre une future vie. Ces petits boudins poilus deviendront des loups à part entière, des individus. C'était presque magique. Okazeh donna un coup de langue sur la tête du petit mâle, le plus proche d'elle, et sans même réfléchir dit :

"Aymeric. Ça sonne bien non ?"

Elle comprenait à présent ce qu'Aslan lui avait expliqué. Les prénoms sonnaient naturellement lorsqu'enfin on rencontrait les louveteaux. Elle donna un deuxième coup de langue sur le dos de la petite femelle ailée. Elle avait les plumes mouillées, mais d'un bleu vif presque irisé. Okazeh sourit tendrement. Un prénom lui revint de sa mémoire, celui de son arrière grand-tante, une louve qui était restée dans les histoires familiales comme étant une louve forte et déterminée, et qui avait hissé la famille au rang de noble.

"Et Irina. Aymeric et Irina, je trouve ça bien."

Elle releva la tête, regardant le mâle dans les yeux. Il pouvait toujours proposer un autre prénom, elle serait d'accord. Pour le moment, seuls comptaient ses petits qui tétaient toujours. Ses inquiétudes s'étaient envolées, tout paraissait naturel et instinctif.

-Okazeh-

Le mâle avait les yeux humide, regardant ses petits comme un cadeau tombé du ciel. Ses émotions faisaient parfaitement écho à ce que ressentait Okazeh : de l'émerveillement, de l'étonnement et un profond, ancestral bonheur. Oui, aussi simplement que ça, ils étaient devenus parents. Maintenant que son ventre était bien rempli et que la douleur sourde de la mise bas s'atténuait, Okazeh commençait à s'assoupir lentement. Elle leva la tête, léchant le dos de ses petits doucement, pour leur apporter de la chaleur, et constata que les petits également s'étaient endormis. Elle se détendit alors, se sentant totalement en sécurité. Aslan prit la parole :


La remarque aurait du soulever des questions dans la tête d'Okazeh : peut-être Triss aurait-elle du mal à voir grandir sous son nez des petits du mâle qu'elle aimait ? Mais elle avait été une excellente cheffe d'armée, et Okazeh le respectait profondément. Si Aslan pensait que Triss ne souffrirait pas d'être la marraine, l'avoir dans les parages pour aider à l'éducation des petits était une très bonne idée. La beta hocha la tête, les yeux à moitié fermés de sommeil.

C'est une excellente idée

La fin de sa phrase fut prise par un bâillement incontrôlable. Elle sourit gentiment à Aslan avant de poser sa tête sur ses pattes. Elle s'endormit ainsi, un sourire aux babines, entre ses nouveaux-nés et le mâle qui les avaient engendrés, convaincue que pour une fois, la vie triompherai.