La petite louve n'avait pu aller retrouver Gaor dès son rétablissement. Quand elle disait à Edwin qu'ils devaient partir, le petit autiste se mettait à se recroqueviller, se balançait et gémissait de plus en plus fort. Seulement le temps pressait, ils devaient faire vite. Sygrid avait appris qu'un ordre non exécuté assez rapidement était mal, et là ça faisait trop longtemps.

Il s'était passé un truc au camp, avec la borgne alpha et la chienne, mais Sygrid n'avait pas suivit, elle s'en fichait. Elle avait pris une décision et c'était aujourd'hui qu'ils partaient. Qu'elle le veuille ou non le boulet devait les accompagner. Elle entra dans leur tanière et s'approcha du boulet.


Comme elle s'y attendait, ce dernier se recroquevilla instantanément, elle soupira. Cette fois elle n'attendrait pas qu'il se calme. Elle le saisit par la peau du cou pour le trainer dehors. Il était si maigre et frêle, les entrainements de la petite louve lui avaient procuré assez de force pour tirer l'infirme. Heureusement, ce dernier se calma très vite et Sygrid pu le lâcher, il la suivrait à présent. Il ne connaissait rien de dehors, juste Mère, Père et la petite louve. Changer d'espace le déstabilisait. La petite louve ne comprenait pas pourquoi son frère était si bête, on ne pouvait pas expliquer à un enfant ce qu'était l'autisme.

Dehors, Sygrid se demandait tout le trajet quoi faire pour que sa mère ne regrette pas l'ordre qu'elle lui avait donné à elle et à l'infirme. Ils devaient se rendre chez Gaor. Gaor c'était le grand frère, le grand, très grand frère. Il était alpha, Sygrid devait donc rester polie, ne pas faire tâche à son éducation. Bien que le grand mâle avait été la honte de la famille, et soit devenu alpha de ces déchets immigrés, il restait alpha, il était du même sang et de la même chair que la petite louve. Elle ne comprenait pas bien les enjeux mais elle savait que Gaor connaissait ses parents tout aussi bien qu'elle, voir mieux. De plus , elle ne pourrait pas rendre sa mère fière si elle se montrait horrible avec son grand frère.


Elle dirigea la petite troupe qu'elle était avec son petit frère vers ce qu'elle savait être, au vu des odeurs, la tanière du nouvel alpha. Elle passa une tête à l'intérieur, discrètement, mais il n'y avait personne. Elle soupira, agacée.



D'ordinaire dans un environnement inconnu, un jeune loup étiat soit inquiet soit curieux et voulait aller vagabonder partout. Seulement Edwin n'était pas un louveteau normal, si elle ignorait son problème elle avait deviné qu'il n'était pas ordinaire. Elle s'assit à côté de la tanière tandis que le petit loup infirme s'allongeait à côté d'elle.

La petite louve ignorait que le mâle qu'était son grand frère avait une compagne, ainsi qu'une fille adoptive, tout ce qu'elle savait de lui, c'était ce que son père lui avait raconté. Sa mère ne lui avait pas dis grand chose, mais si Gaor était comme père l'avait décrit, pourquoi mère leur ordonnerait d'aller là bas? Sygrid pouvait comprendre pour elle, mais pour le petit infirme qui représentait un trésor aux yeux de sa mère, elle comprenait moins. Plus le temps avait passé plus Sygrid s'était dit que son père n'avait pas forcément raison sur tout. Si Sygrid se fiait encore beaucoup à ce que son père lui avait appris, ce dernier n'était plus là maintenant et l'avait abandonné, elle ne pouvait pas attendre qu'il lui donne conseil.

Sygrid tâchait de rester digne, elle se tenait droite, elle n'était pas n'importe qui. Elle leva les yeux au ciel tandis qu'Edwin s'allongeait un peu mieux, lui non plus n'était pas n'importe qui, mais le savait il? Sygrid n'aimait pas attendre, elle avait appris depuis toute petite à avoir tout dans l'instant, ou à se battre pour l'avoir. Seulement là elle ne pouvait ni se battre ni l'avoir dans l'instant. Elle soupira, faisant relever quelques mèches qu'elle avait dans les yeux.


Après un moment qui lui semblait interminable, elle distingua le loup manchot qui devait être son frère, accompagné de quelqu'un de fort rond. Si le loup à côté de son frère n'était pas si clair, Sygrid aurait pu croire que c'était sa mère. Finalement elle distingua Widys et une grimace de déception l'envahis, ce n'était qu'elle. Une médecin Oshur.

Quand Gaor fut assez près, Sygrid se leva puis baissa poliment la tête, simple protocole, aucune envie particulière ne l'habitait quand au respect des règles et de la hiérarchie. Gaor était peut-être son frère, il était alpha, comme elle ne connnaissait de lui ni d'ève ni d'adam, c'était le principal.


La petite louve baissa la tête, elle ignorait ce qu'était devenu sa mère et bien que Sygrid n'aimait pas la faiblesse qui l'habitait, c'était sa mère, l'unique étreinte qu'elles avaient échangés lui avait fait tant de bien, aujourd'hui sa mère lui manquait plus qu'elle ne l'aurai cru. Elle décida de dire la vérité.



Elle leva un regard vers Gaor. De près, il était impressionnant, il transpirait le vécu, il ne devait pas s'être ennuyé pendant sa désertion. Elle jeta un regard à la louve qui l'accompagnait. Widys était plus grosse que dans ses souvenirs, certainement pleine. Sygrid n'ignorait pas que l'alpha avait une compagne, ainsi donc c'était Widys. Désormais Sygrid devait être polie avec elle aussi, malgré l'infériorité de sa race. Elle tourna la tête vers Widys et hocha la tête aussi pour la saluer.


Elle ne prononça pas son nom, ça la frustrait déjà assez de ne pouvoir remettre cette piètre louve à sa place, de la voir se tenir devant elle, qui plus est pleine de son frère. Non pas qu'elle était jalouse, elle ignorait l'existence même de Gaor jusqu'à il y a peu et elle ne le connaissait pas non plus. Mais de fil en aiguille les petits bâtards qui naitront seront ses neveux et nièces, si elle ne se contrôlait pas si bien, elle serait parcourue de frissons de dégout.

Sygrid ne l'avait pas vu venir. La gifle fut monumentale, touchant profondément l'égo de la petite louve. Elle ne bougea pas, gardant la tête tournée sur le côté après avoir accusé le coup. Elle ne dit rien, ne réagit pas, fixant le sol de ses yeux ronds, ne comprenant pas. Sygrid était intouchable, et pourtant cette vulgaire chienne l'avait giflé. Heureusement elle ne sentait aucune entaille dans sa peau, mais son visage brûlait, elle était sûre qu'on aurait pu voir la marque de la patte de l'engrossée sur sa joue.

Elle respira profondément, elle devait faire bonne figure, elle devait se calmer. Malgré ça elle sentit sa fourrure se gonfler alors qu'Edwin commençait une crise. Malgré ça sa respiration s'accéléra, mais elle ne disait rien, elle n'y croyait pas, comment c'était possible? Elle recula un peu. Elle n'était pas habituée à recevoir des coups. Certes, Père la corrigeait de temps en temps, mais uniquement quand elle avait fait une erreur, seulement là où était l'erreur? Elle était venue, avait répondu à toutes les questions, avait sagement attendu en dehors de la caverne, et avait même dis bonjour à cette vulgaire Oshur. Elle regarda son frère, l'incompréhension sur le visage, mais lui ne semblait pas du tout affecté par ce geste. Sygrid était sa soeur, et il s'en fichait qu'elle soit battue!


Elle sursauta quand l'Oshur lui adressa à nouveau la parole. Sygrid ne répondit pas, Mère avait donné un ordre, cette louve engrossée n'avait aucun pouvoir supérieur face à l'ordre de Mère. Seulement son propre sang n'était pas de son côté. Elle vit Gaor hurler pour appeler quelqu'un. Puis il se tourna vers elle après avoir repoussé l'oshur qui avait osé lever la patte sur elle.

Elle comprit directement. Gaor ne voulait pas d'elle. Personne ne voulait d'elle. Il avait vu la petite louve et son frère dégénéré et avait une fois de plus tourné le dos à sa famille. La petite louve ne pu retenir ses oreilles de tomber. Elle était si fatiguée, exténuée, après avoir vu Mère partir et ne pas revenir, après avoir tenté encore et encore de tirer le petit frère de là, après avoir attendu ici elle ne savait combien de temps, après avoir supporté que le dégénéré s'approche d'elle et la touche. Elle ne demandait pas grand chose, elle n'avait jamais eu de vrai famille et encore une fois, sa famille lui tournait le dos. Son père lui avait tourné le dos, ne s'occupant même plus de l'entrainer. Sa mère aussi, en ne l'ayant jamais aimée, puis en étant parti sans revenir, lui laissant ce dégénéré sur les pattes. Et maintenant qu'elle n'avait plus le droit de rentrer chez elle, elle était chassée du seul endroit où elle savait où aller, et pour aller où? Chez un vulgaire subalterne??

La frustration était grande, son coeur battait à tout rompre, mais elle se contrôlait, elle devait rester polie, montrer qu'elle n'était pas violente, que le seul monstre dans l'histoire était l'oshur qui avait osé la frapper. Elle baissa la tête, découragée. Si elle n'était pas si fatiguée, elle aurait riposté, elle aurait répondu, elle aurait dit que Mère avait donné un ordre. Sygrid n'aimait pas désobéir, quand ça arrivait la punition était grande ensuite. Et là elle allait devoir, parce que son frère ne voulait pas d'elle. Finalement, elle se dit que la meilleure chose à faire à présent était de laisser faire les choses, d'attendre. Elle savait se battre physiquement, mais pas mentalement. Elle avait appris à toujours avoir ce qu'elle voulait, ce genre de situation problématique, elle ne connaissait pas. Elle se trouvait dans une situation inconnue. Cela pouvait faire peur, mais Sygrid n'avait pas peur, elle voulait simplement retrouver sa vie normale, où elle n'avait pas Edwin sur le dos, où son père faisait attention à elle, où tout allait bien.

Elle releva ses yeux vers Gaor, lentement. Elle ne voulait pas être confiée à un vulgaire garde, pourquoi Gaor ne voulait pas d'elle? Elle pouvait se faire petite. Certes, elle allait difficilement supporter une oshur et sa vermine de descendance à côté, mais elle serait restée sage.


Elle se releva pour se tourner vers Edwin, toujours en train de gémir méchamment en se balançant. Elle l'enlaça dans ses pattes et lui lécha l'oreille. Elle n'aimait pas faire ça, pas le moins du monde. Ça l'horripilait et la dégoutait. D'autant plus qu'elle ne supportait pas ces gémissements de ce frère débile. Mais si elle voulait qu'il cesse, elle devait être le plus calme possible. Alors sans plus se soucier de l'oshur violente et de ce frère qui ne voulait pas d'elle, elle léchait l'oreille d'Edwin en le tenant dans ses pattes. On aurait presque pu voir Amélia à travers ces gestes.

Peu convaincue, voir même septique, elle regarda le loup reptile arriver. Seigneur! Voilà maintenant qu'elle devrait se coltiner un hybride!! Elle réussit à cacher une grimace de dégout, faites que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve! En plus de ça, Edwin ne semblait pas décidé à se calmer, ce qui n'aidait pas à l'apaisement de la jeune caverne. En furie, elle cessa ses massages, laissant son petit frère en pleine crise. Heureusement qu'elle devait faire bonne impression, elle avait furieusement envie de taper quelque chose, en particulier sur cette oshur, vermine et moins que rien à la con!

Elle releva sa tête à nouveau vers Gaor. Il disait comprendre, mensonge! Il ne comprenait rien! Il disait qu'elle et son frère seraient mieux en sécurité ailleurs, mensonge! Qui oserait s'introduire dans la tanière de l'alpha en personne! Keiss était donc le nom du loup bleu. Elle n'écouta pas un seul des compliments que faisait gaor à son égard, ce ... Keiss, était un hybride, une sous race, une sous merde. Il ne valait rien, n'était rien, et ça n'étonnait même pas Sygrid que Gaor aie choisi un bon à rien pareil comme garde. Elle laissa Gaor faire les présentations, il était hors de question qu'elle lui parle elle même. S'il était sous-fifre, alors il l'était jusqu'au bout et pas digne pour un sous d'avoir l'honneur de parler à Sygrid.

Elle sentit le poids du regard de son grand frère sur elle, elle planta ses petits yeux verts dans celui de Gaor. Rien n'aurait pu être pire, en plus elle devait participer aux entrainements de ces... nuls...

S'inquiéter? Elle devait s'inquiéter? C'était plutôt eux! Elle savait bien qu'elle devait faire bonne impression, en se comportant comme il le fallait, ou au moins à la limite, et elle comptait bien le faire, mais s'ils avaient le malheur de marcher sur ses plates bandes, rien n'était dit qu'elle se laisse faire. Devoir cotoyer ces imbéciles avait au moins un avantage: elle pourrait montrer toute la puissance du sang Cavernes aux inférieurs, les faire comprendre qui étaient les vrais combattants.