La suite du voyage avait été éprouvante, la marche s'était bien passée et nous avions eu la chance de ne faire la rencontre d'aucun adepte, cependant Verd avait ses chaleurs, et je devais avouer ne pas y être insensible. Malgré ça je faisais de mon mieux pour me contenir, ce n'était pas le moment de céder à des pulsions, elle le savait certainement.

Nous avions enfin quitté le désert pour nous aventurer dans une pleine énorme. Je savais que nous nous rapprochions dangereusement des adeptes, j'étais tendu, et stressé. J'avais envie de Verd et cette frustration empirait mon état, j'étais devenu irascible. La pleine était douces aux pattes, ça aidait à me calmer, je marchais près de ma louve, en la fixant parfois, plein de frissons.

Son comportement avait changé et je mettais ça sous le coup des chaleurs, les premières que je subissais.. Jamais je ne m'étais imaginé que ça soit si dur. Quand elle se mettait à me frôler, j'étais pris de frissons violents. Alors que nous marchions et que je me concentrais autant sur mes pulsions que sur le paysage, je la vis me dépasser et je relevais la tête brutalement. Elle me tira la langue et se mit à sourire, puis à courir. Je la regardais, perplexe, puis je souris, et je galopais à sa poursuite.

Elle courait vers le puits, et malgré son avance je la rattrapais facilement grâce à notre différence de taille. Je sautais sur elle et la plaquais le dos à terre. Je passais alors mon museau dans son cou près de son oreille, des frissons parcouraient mon corps, j'effleurai sa peau, en descendant doucement. Je retenais ma respiration, j'étais tendu, j'avais envie d'elle.

Malgré tout je reculais en secouant la tête, me frustrant terriblement, je la regardais et m'assis.


je souris malgré la frustration intense qui m'emplissais le corps, je ne pouvais pas lui en vouloir, moi même j'avais failli succomber à son charme destructeur. Je me relevais en me secouant pour me débarrasser de ces pensées, et je dirigeai mon regard vers le puits, qu'allait-elle oublier aujourd'hui?

Je m'étais assis et je faisais de mon mieux pour me calmer, me contrôler. J'allais me lever pour me diriger vers le puits.


Je fus interrompu par une violente force qui me fit tomber. j'écarquillais les yeux et je vis Verd sur moi. Nous ne pouvions nous autoriser à de pareils jeux, mais j'avais du mal à me contrôler. Je ris, sans faire attention à ma discrétion. Mon rire m'étonna tant que je me tut instantanément les yeux rond. Il avait été fort et clair, je n'avait jamais ris comme ça.

Verd était sur moi, je la serrais contre moi et je me mis à lécher son visage lentement, sa truffe, ses oreilles, son museau, ses joues, son poitrail. Mes frissons reprirent de plus belle, ma frustration tomba d'un coup, il n'y avait qu'un moyen de me soulager mais il impliquait beaucoup trop de choses, et nous ne pouvions pas être si inconscients. Je fermais les yeux, je ne pouvais que m'imaginer un monde où je pourrais me laisser aller. Un jour peut être aurais-je le droit.

Verd se frottait contre moi et je sentais sa respiration. L'envie furieuse grandissait en moi, elle bouillait. Je me retournais pour être à nouveau au dessus d'elle, dominant. Je lui mordillais les oreilles sans doute un peu fort. Je respirais vite et bruyamment, mon envie était telle qu'elle pouvait presque se voir physiquement.

Sa voix était si douce à mes oreilles, un aphrodisiaque m'excitant encore plus. Je plantais mes yeux brûlants dans les siens, pressant mon corps contre le sien.


Puis je me figeais. Deux bons suffirent à m'éloigner. Je me secouais et entrepris de me lecher pour faire disparaître toute trace d'envie. Mes sourcils se froncerent et je la regardais.



Je me levai et tournai le dos à la louve, signifiant mon désaccord malgré l'envie et la frustration qui me perçaient la peau. Je commençais à avancer lentement. Je ne pouvais pas non plus la laisser seule et la mettre en danger, en plein jour à découvert. C'était dangereux, tout autant que ce qu'elle tentait de me faire faire.

Après quelques instants, elle se leva enfin et nous pumes reprendre notre marche vers le puits. Je l'avais entendu gronder de frustration, mon envie d'elle ne diminuait pas et il s'en était fallu de peu pour que je craque. Toutefois je savais que tôt où tard elle allait me remercier. Elle ne pouvait pas assumer une grossesse et cette quête. Nous aurions tout le loisir d'assouvir nos pulsions quand tout ira mieux.

De même, je n'excluais pas la possibilité qu'elle m'oublie, et je la voyais mal élever des petits qu'elle ne se souvenait pas avoir conçu, ni avec qui. Je deviendrais un monstre l'ayant violée. Cette pensée provoqua un haut le cœur en moi.


Au bout de quelques minute le puits fut en vue et il ne fallu que très peu de temps pour être à côté. Je baissai la tête dans le trou mais je ne voyait rien, tout était noir. Je tournais alors la tête vers Verd. Je n'aimais pas qu'elle se tienne si loin de moi. Je me rapprochais d'elle.



Sa vision l'avais menée jusqu'ici, et nous y étions. Nous ne pouvions pas être plus proche de la source, à moins de plonger dans le trou. Je me positionnais près d'elle comme à mon habitude quand je la protégeais.

Tandis qu'elle s'installait pour utiliser son pouvoir, je l'observais. Elle avait encore changé de comportement, elle semblait, honteuse? Aucune idée, je n'étais pas doué pour décrypter les émotions de quelqu'un d'autre. Je l'observais se coucher et me rapprochais d'elle pour la protéger de mon corps.
Elle mit du temps à se plonger dans son pouvoir, elle ferma alors les yeux et il ne me restait plus qu'à attendre. Ce fut court, elle se réveilla, mais elle ne sursautais pas. Je m'écarquais en levant un sourcils, qu'avait-elle vu? avait elle seulement vu quelque chose? J'écoutais attentivement.

Un couple jeter quelque chose... Beaucoup de sang, une aura divine, une fleur d'amiria. Sans doute aucun je pouvais affirmer que l'aura divine appartenait à la déesse de la fertilité, devrions nous donc retourner chez nous pour voir? Verd avait déjà observé tout le territoire du clan de la terre, et elle n'avait rien trouvé. Donc ce n'était pas ça la solution, mais quoi alors?

Je la fixais alors et je retroussais mes babines en grondant.


Elle sacrifiait déjà tant d'elle, je refusais qu'en plus elle se mutile. Je la fixais, ma colère grondant en moi, c'était injuste qu'on lui demande ça, elle allait tout perdre, les dieux ne faisaient rien pour l'aider, pourquoi étaient-ils si silencieux! D'un autre côté donner quelque chose au puits était sans doute l'unique moyen d'avoir plus de renseignement. Je me maudit d'avoir laissé mon écharpe à Lagherta, donné au puits elle aurait été une offrande parfaite.

Je ne répondis rien d'autre, réfléchissant. Que pourrais-je donner pour lui éviter cet acte? C'était à mon tour de donner de moi, elle en faisait déjà beaucoup, sans doute trop. Je pouvais donner l'une de mes gemmes, mais j'ignorais si elles pouvaient se régénérer, et ma puissance au combat serait diminuée par deux le temps que je sois certain de la réponse. Je m'observais sous toutes mes coutures, le rêve parlait de sang.

Je regardais Verd, est-ce que son pouvoir allait-il mieux fonctionner si le sacrifice venait de moi? Si j'étais clair dans mon souhait, certainement. Je hochais la tête, c'était mon tour de donner de moi.


Je m'avançais vers le puits, et fermais les yeux en prenant une grande respiration. Alors je levais ma patte droite, et d'un geste violent je me griffais la joue. Mes griffes étaient longues, aiguisées, ma patte lourde. De larges sillons se creusèrent dans ma joue, j'avais choisi l'endroit car il ne m'empêcherai pas de marcher ni de la protéger. La douleur me fit gronder, Je fermais les yeux et penchais la tête dans le vide, laissant le sang y tomber à flot.



Je restais penché sur le puits, je sentait le sang qui coulait, je ne l'entendait pas atterrir mais je devinais les goutes épaisses. C'était une position très délicate, car il serait difficile pour moi de la protéger, ainsi installer, mais s'il le fallait, alors je le faisais. Maintenant que j'avais fini, elle devrai être en train d'utiliser son pouvoir, mes yeux déjà fermés se serrèrent, j'espérais que tout ça n'avait pas servi à rien, car je venais certainement de me défigurer à vie.

J'étais resté tout ce temps les yeux fermés au dessus du puits. Les blessures étaient profondes mais le sang commençait déjà à sécher. Quand j'entendis Verd bouger à nouveau, j'ouvris les yeux. Je n'avais rien sentit, ni vu aucune lumière à travers mes paupières fermées. Je soupirai en reculant du puits.


Je passais une patte sur mon visage pour essuyer le sang qui me bouchait la vue. Le pelage de ma patte devint rouge, mais au moins j'y voyais et malgré la brûlure, je n'étais pas privé de mes mouvements. Je tournais ma tête vers Verd avant de m'avancer vers elle, je ne dis rien, je m'assis, je la regardais.


J'avais collé mes pattes l'une contre l'autre et je tenais ma tête basse. J'avais honte de lui avoir infligé un spectacle pareil, mais je n'avais pas eu d'autre choix, j'espérais qu'elle me pardonne. Je commençais à lui réciter les questions, deux fois son pouvoir avait été utilisé, et je n'avais pas demandé. Je la fixais tout le long des questions, qui elle était , d'ou venait elle, avait elle des frères et des soeurs, qui, qui étaient ses parents, quel âge avait elle, pourquoi elle était ici, qui étais-je. Mon cœur battait à tout rompre, son odeur enivrante m'envoutait, me perdait. Je bégayais dans mes réponses.

Je détournais la tête, si j'en avais été capable, j'aurai rougit. De toute façon le sang sur ma face me rougissait déjà assez. J'avais le regard fuyant, je me levais et fit les cents pas en l'écoutant, nous devions savoir où aller.

Verd ne répondait pas, elle s'installa lentement à côté de moi et se mit à nettoyer ma joue. Je souris en fermant les yeux et en posant ma tête sur sa patte. Je respirais profondément, m'imprégnant de son odeur. Mon coeur se mit à battre fort à nouveau mais à cause de la douleur et des événements, je réussis à me contrôler avec un certain brio. Elle recula alors et j'ouvris les yeux avec regret, mais je l'oubliais bien vite alors qu'elle secouait sa douce chevelure. Je me levais pour la suivre alors qu'elle se dirigeait vers le puits.

Je hochais la tête silencieusement. C'était probable. Si la pierre n'y était pas alors nous étions perdus, où aller ensuite? Jusqu'ici nous avancions, comme dans une chasse aux trésors, chaque indice nous menait à un autre indice et tôt ou tard nous aurions le résultat de l'énigme, mais si nous n'avions plus rien... Les dieux étaient compliqués, les indices qu'ils envoyaient étaient sujet à interprétation, comment savoir avant qu'il ne soit trop tard que celle choisie était fausse? Il n'y avait pas de temps à perdre.

Verd revint s'asseoir contre moi et je posais ma tête sur son épaule, tout cela était bien compliqué, je soupirais. Finalement son idée me parut logique, je me levais et la regardais.



Faire demi tour pour rejoindre l'épicentre du clan du désert, en longeant le fleuve et en passant près de la prairie du monde était certainement moins dangereux, mais il rallongeait de trop longtemps notre voyage, et aujourd'hui chaque jour était important, nous devions couper court. Je la regardais, debout, dès qu'elle se lèverai pour partir, je me lèverai aussi.