J'étais furieux. Verd était rentrée et m'avais raconté tout ce qui s'était passé un peu plus tôt. Si elle ne me l'avais pas interdit, j'aurai éventré tous ceux qui lui faisaient du mal, et Sarkava ne faisait pas exception à la règle. Mais Sarkava était une peste, un poison du clan et je ne pouvais simplement me contenter d'aller lui cracher ma rage à la gueule. C'était trop simple. Ça allait lui plaire. Alors j'ai prévenu Verd que je ne ferai gouter l'air frais à aucun boyaux aujourd'hui, et je suis parti.

J'avais d'abord fais en sorte de me calmer, faisant comme si l'entrainement s'était mal passé. Mon poil s'était lentement dégonflé et quand je su que c'était le bon moment, je partis à la recherche de la louve.

Il faisait nuit, et la lune était pleine. On pouvait entendre les hurlements, les chants qui étaient dédiés à l'astre. Après une longue marche qui me détendait les nerfs, j’aperçus enfin la louve que je cherchais. je m'approchais doucement, sans pour autant cacher ma présence.



Sarkava était assise et avait levé la truffe vers la lune. Je m'arrêtais un instant, la laissant tranquille, puis je m'approchais et m'assis à côté d'elle, relativement proche de son corps, pour imiter sa position. Je ne dis rien, mais je soupirais. Cependant tout dans mon attitude se voulait rassurante, montrant que je ne voulais pas être hostile. J'avais les oreilles droites, mon écharpe flottait au vent, et je fixais la lune.

Elle était gênée, c'était parfait. Je l'entendais reposer son poid d'une patte sur l'autre, remuer dans tous les sens. Elle ne disait encore rien mais je savais que je l'intimidait. Bien. Je gardais ma posture calme et ma respiration lente. Le silence s'installa, je la laisserai commencer, je n'ouvrirai pas les hostilités.

Finalement elle leva les yeux vers moi. Je hochais la tête à son "bonsoir". A la fin de sa question, je ne répondis pas, le silence s'installa à nouveau, puis finalement, je baissais les yeux et plantais mon regard dans le sien.


Puis il soupira et ferma les yeux. Tout n'était que pure comédie, et jamais il ne se serai douté avoir un quelconque talent en la matière, mais pour l'instant elle marchait. J'ouvris à nouveau les yeux, mon regard avait changé, il se voulait soulagé, rassuré.



Je relevais les yeux vers la nuit, soupirant à nouveau. Ma queue se mouva lentement dans mon dos.


Je tournais vers elle un regard étrange, maintenant, l'envouter, je penchais la tête.


Je relevais les yeux au ciel, marquant une hésitation. La ligne était jetée, le poisson se rapprochait du hameçon.

le bloc de glace ??? Elle était vraiment impertinente, je fis un profond soupir, cachant la longue respiration destinée à me calmer. Elle était étonnée par mes dires, elle tombait si bien dans le panneau...

Il y en avait une autre? non, il n'y avait qu'elle, et il n'y aurait personne d'autre. Mais pour que mon plan fonctionne, oui il y en avait une autre. Et je voulais être suffisament vague pour que l'ambiguité de la chose perturbe l'espionne. Je sentais que le moment véridique venait. Mais il n'était pas encore temps.


Du coin de l'oeil, je voyais qu'elle avait changé, elle semblait plus détendue. J'eut un rire nerveux.

Les... Les autres ne m'intéressent pas.

Les autres, j'avais pris soin de dire les autres, et de ne pas dire les femelles en général. Si Sarkava était un rien futée, elle comprendrai que je ne l'incluais pas là dedans. Elle prenait une allure souple et élégante, bien féminisée. Elle s'était rapprochée. Encore un peu et nous nous toucherions. Et là, je pourrai faire ce qu'il faut, mais d'abord il fallait qu'elle s'enlise dans le piège. Le poisson mordait au hameçon, maintenant il fallait remonter la ligne.

Je tournais la tête vers elle et la fixais dans les yeux, faisant mine de m'y perdre. Ma gueule s'entrouvrit légèrement, Verd me passerai un savon en rentrant, mais je m'en fichais.

Sarkava.. Je...

Je déglutit, la fixant toujours. Dommage qu'elle soit belle, au moins cela facilitait le travail

Je m'étais tu, je devinais le doute sur le visage de Sarkava. Je ne la regardais pas, ce n'était pas difficile. Je ne pensais qu'au moment où j'aurai les crocs finement posés contre sa peau. Elle ne tremblait pas mais je pouvais sentir une tension, peu importe ce qu'elle pouvait penser, elle tombait relativement bien dans mon piège. Je n'étais pas fait pour manipuler les autres, et je trouvais généralement ces mêmes pratiques repoussantes, mais comment aurait je pu faire autrement? Cette pauvre fille le méritait, et si la vengeance ne me guidait pas, il était temps qu'elle sache où elle mettait les pattes, et à qui il ne fallait pas chercher malheur.

Elle s'approcha, et je fis preuve d'un sang froid à toute épreuve pour ne pas que mon échine se dresse. Elle prononça mon nom, je ferai en sorte qu'elle le craigne. Elle approcha son visage, et je tournais le mien vers elle, nos museaux se touchaient presque, elle était si calme. A aucun moment elle ne se doutait du plan qui m'avait poussé à la voir. Mais elle le saurait, ce n'était qu'une question de seconde.

Mon visage se faisait doux, Il n'y avait que Verd pour comprendre que cet air romantique était faux, mais Sarkava ne pouvait pas le savoir, comment pourrait elle le savoir?

Je rapprochais ma truffe de la sienne, lentement, alors que mon museau frôla le sien et que mes yeux étaient plantés dans les siens. Alors, après cette approche sensuelle, je me redressais lentement et repris ma position droite, ne la quittant pas des yeux. Je m'assurais de ne pas perdre son attention.

Alors, après quelques secondes de silence, de battement où je ne bougeais pas, ma pupille se rétracta soudain, mes sourcils se froncèrent plus fort que jamais, mes babines se retroussèrent,exhibant mes crocs et particulièrement mes canines extrêmement longues. Dans le même mouvement, les gemmes de mes épaules se détachèrent et alors que mon hostilité ne s'affichait guère depuis plus d'une seconde, elles vinrent frapper Sarkava au ventre et au flanc. Je sautais alors sur elle, la saisissant au cou, mordant assez fort pour la paralyser, pas assez fort pour la tuer, mon but était qu'elle s'en souvienne.

Ainsi je la maitrisais au sol, la tenant fermement et maintenant mes gemmes proches, tourbillonnant de manière menaçante autour d'elle. Je lâchais alors son cou, y plaçais ma large patte pour la maintenir, lui faisant sentir la finesse de mes griffes. De mes yeux luisant de colère et de rage, je la fixais, sans plus aucune once de sympathie, mon pelage et ma gorge vibrant de colère. J'approchais ensuite mes crocs exhibés près de son museau, le frôlant de mes dents. mes yeux toujours planté dans les siens, ma voix vibrante de haine.


La queue dressées, les oreilles pointées vers l'avant, j'affirmais ainsi ma dominance. Je la fixais encore quelques secondes, la laissant imprimer ces mots dans sa ridicule tête, puis je fis revenir mes gemmes, qui après une feinte d'à nouveau frapper, vinrent se loger dans mes épaules. Je me redressais, ne retirant ma patte qu'au dernier moment.

Alors seulement, je grognais une dernière fois sur elle, et fit demi tour. Je n'aimais pas ce que je venais de faire, mais elle allait vite apprendre que je tenais ma parole. Je m'éloignais vers le camp, pour y retrouver Verd dans notre tanière.