Ses petites devenaient grandes, elles avaient pris du poids et de la taille très vite. Elles allaient moins souvent chez Rahawk, mais Imryu n'avait pas cessé de lui apporter des petites proies en remerciement pour autant. Cependant elles allaient beaucoup plus souvent chez leur père, elle n'assistait pas aux entrainements, elle ne voulait pas voir.

Ades était mort, ça avait été un soulagement pour elle, une menace de moins qui pouvait baver sur ses enfants, un monstre en moins. Imryu avait de la peine pour la fille du vampire. Lors du rassemblement, la mère avait distingué cette lueur dans les yeux de la louvette brune, la même tristesse, le même désespoir qu'Imryu avait ressenti quand on lui avait annoncé la mort de ses parents, seulement elle, ce n'était pas en public, et ses parents n'étaient pas des monstres sanguinaires.

Maintenant que ses filles étaient un peu plus autonomes et surtout qu'elles ne créchaient plus uniquement chez elle, Imryu avait pu sortir. Elle n'avait pas quitté le chateau depuis qu'elle y était rentrée, la première fois, cela remontait si loin, presque un an... Plus les jours passaient plus elle avait honte, quand elle sortait elle devait se faire discrète. Un bon adepte devait semer la terreur mais Imryu était une trouillarde.

Ce jour là, elle alla aux puits aux voeux. la dernière fois qu'elle y était allé, sa vie venait de prendre un tournant drastique et elle n'avait alors pas encore mesuré tout l'impact que ça aurait sur son futur. En plus de perdre son oreille ici, Imryu avait perdu bien plus, beaucoup trop. Elle était lente, elle marchait doucement. Non seulement pour ne pas faire de bruit et ainsi pour ne pas alerter quelqu'un, mais aussi pour savourer. Autrefois elle aurait savouré en courant et en sautant partout, autrefois. Son moi du passé lui manquait tant.

Après une certaine marche, elle arriva finalement à destination. Elle s'arrêta au bord de la clairière, était il sûr qu'elle s'y aventure? Techniquement, non. Elle était une adepte, tout le monde voulait sa peau. Mais elle ne voyait personne.

Alors lentement elle s'avança, le puits était bien au milieu de la clairière, comme un piège à rat. Elle rampait presque pour se faire discrète. Ainsi elle avança rapidement jusqu'à arriver contre le puits. Avant de partir, elle avait enroulé le foulard de Reymsa autour de son cou, elle ne l'avait jamais quitté. Elle ne le portait pas à l'intérieur, de peur qu'une bagarre ne l'abîme. Mais elle avait un but en venant ici, et c'était pour ça qu'elle avait mis le foulard.


La légende disait qu'en jetant dans le puits quelque chose qui nous était très chers et en faisant un voeux, il y avait de fines chances qu'il ne se réalise. Imryu ne pouvait plus porter ce foulard à l'intérieur, et ses filles n'y voyaient aucun intérêt. Elle se dressa sur ses pattes arrières pour poser les pattes de devant sur le rebord du puits, puis soupira en fermant les yeux. Ce foulard, c'était tout ce qui lui restait de sa ville d'avant. Tout, c'était la seule chose que son frère lui avait laissé avant de partir.

Lentement, elle le dénoua, puis le porta au dessus du trou en le tenant entre deux crocs. Elle hésitait, mais si elle passait sa vie à hésiter, elle n'arriverait jamais à rien. Alors lentement sa gueule s'ouvrit et le foulard tomba. Elle dut se faire violence pour ne pas plonger la tête ou la patte afin de le rattraper. Elle le regarda tomber tristement, lentement, léger comme une plume, et murmura.



Alors soudain un bruit derrière elle lui fit plaquer l'oreille contre son crâne alors que son échine se dressait. Elle recula pour retomber sur ses pattes, se ratatinant au sol face à celui qui approchait. Elle avait peur.

Un loup sombre, poisseux et à l'odeur de sang sorti de nulle part. Imryu se ratatina un peu plus en ouvrant grand les yeux. Pour sûr, son heure était venu. Il avait les muscles tendus, il semblait prêt à la déchiqueter, elle ferma les yeux alors qu'il avançait, tout en pestant contre elle même, allait elle réellement se laisser tuer? abandonner ses filles?

Mais ses pensées s'interrompirent. La louve de la rivière de la roche...? elle leva les yeux et fixa le sol. Elle y trainait tellement souvent, avant. Cette époque semblait être pour elle une autre vie, pas la sienne. La louve de la rivière de la roche... peut être qu'il confondait, elle squattait souvent la rivière mais elle n'était pas la seule et n'allait jamais loin. Elle leva ses yeux humides vers le loup sombre qui s'était rapproché. Elle plissa alors les yeux et pencha lentement la tête. Sa tête ne lui revenait pas. Lui disait il ça uniquement pour jouir de l'espoir qu'il lui donnait? Après avoir cotoyé ce monstre d'Ades, elle ne doutait plus de rien, tout était possible.

Mais alors un détail attira son attention... Ses griffes jaunes... Si Imryu ne s'était pas arraché les griffes, les siennes seraient dorées, héritage de son père. La seule foit qu'elle avait vu un autre loup c'était à la rivière de la roche.


Sa voix était rouillée, le nom de la juge lui fit mal, comme un poignard dans le coeur. Kelekt... Autrefois elles étaient du même clan, et maintenant elles étaient ennemies, parce que la louve noire avait été trop stupide. Son oreille tomba et elle baissa la tête pour fixer à nouveau le sol. Elle se sentait si seule...

Toujours ratatinée contre la pierre du puits aux vœux, elle ne cherchait pas à fuir, ni à se justifier. S'il avait été agressif au début, c'est parce qu'il savait de quel bord elle était maintenant.


Elle ne savait pas ce qu'elle espérait en disant ça. Voulait elle mourir? Elle ne savait pas, mourir, c'était abandonner ses filles à un destin sans elle, c'était faire comme sa mère avant elle, c'était lâche. Mais vivre? pouvait on appeler sa vie une vie? elle était seule, son ainée lui faisait la gueule parce qu'elle voulait sortir et toutes deux étaient de si bon adeptes... Elle n'avait personne à qui tenir, même Kyu, elle savait au fond d'elle que le destin du petit loup blanc et le sien se verraient séparés un jour, personne qui ne tenait à elle. Elle était si seule, petite souris dans l'antre des chats, et qui priait de ne pas se faire démasquer. Voulait elle mourir? Peut être.

Le nom de la juge sembla avoir autant d'effet sur lui que sur elle. Elle se relacha, c'était bien lui, le solitaire de la rivière. La question de la louve sembla... perturber ? agacer? le loup noir. Elle ne savait pas, comme beaucoup d'autre choses elle avait perdu la facilité de lire les émotions sur les visages des autres. Il soupira, elle ne bougea pas.

Il se détendit alors. Du moins, Imryu vit les muscles sous la fourrure du mâle se dégonfler un peu, qu'allait il faire? elle ne comprenait pas. N'importe qui de sain aurait envie de la tuer, elle était une pourriture d'adepte, une soumise, une .... Elle n'avait pas de mots.

Finalement il répondit à la négative et la louve cassée leva la tête vers lui, mais elle n'aimait pas ce qu'il disait. Mais comment aurait il pu savoir? Imryu n'avait été qu'un papillon qui s'était coincé dans une toile d'araignée, trop aveuglée par sa beauté pour ne pas voir le danger qui y résidait.
Elle secoua mollement et lentement la tête, mais cela semblait fort énergique comparé à sa posture.

Je ne suis pas une fanatique! Encore moins un assassin... C'est odieux de prendre plaisir à tuer... Je n'ai jamais tué que les proies que je chassais pour me nourrir...

Il avança alors et elle se tut. Mais il n'allait pas vers elle, il allait vers ce qu'il y avait derrière elle. Elle ne bougea pas, évitant tout geste brusque, elle ne voulait pas qu'il la croie, elle voulait juste qu'il ne la prenne pas pour ces... pour ces monstres. Des fanatiques, elle en côtoyait tous les jours, et elle devait faire semblant pour survivre, mais Akui était un dieu, elle était sûre qu'il avait déjà repéré son petit manège, et se demandait chaque jour pourquoi il ne l'avait pas encore éliminé de son château.

Mais tuer... Elle pensa à Saël, et à Emyel, elle n'avait pas réussi à les sauver, deux petits anges partis trop tôt, deux petits louveteaux dont elle avait livré les cadavres à ce monstre fidèle à rahawk. Aucun jour ne passait sans qu'elle ne pense à eux. Pouvait on la traiter d'assassin de n'avoir pas réussi à donner la vie à ces deux petits? pouvait on la traiter d'assassin d'avoir donné leurs corps en en-cas à ce monstre de némesis? Pourquoi le loup noir ne la tuait pas? S'il pensait ainsi, pourquoi ne se disait il pas qu'elle pouvait faire semblant et lui sauter dessus à tout moment?

Elle avait un pouvoir, et lui non, ça suffisait pour le combattre et gagner, certes son pouvoir était inutile en combat, mais lui ne le savait pas, il savait juste qu'elle en avait un. Elle ramena ses queues sous elle, en posture de soumission, alors qu'il s'approchait en la fixant. Elle ne voulait pas qu'il la mêle à ces monstres, elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle puisse essayer de le tuer...

Il ne la croyait pas, ça ne l'étonnait pas. Qui aurait envie de croire une adepte? elle puait le dieu malsain et la moisissure de son chateau. Tarée, oui sans doute qu'elle l'était, elle baissa la tête et la posa sur ses pattes. S'il ne la croyait pas, pourquoi ne la mettait il pas hors d'état de nuire? Elle soupira d'un soupir emplis de tristesse. Même ici personne ne la croyait. Elle espérait que quelqu'un un jour vienne, l'aide, la sauve, l'aime peut être, parce qu'elle était incapable de le faire elle même.

Tout le monde lui disait que si elle le voulait elle n'avait qu'à le faire, mais elle ne pouvait pas, c'était si simple pour eux. Même lui, blessé, ne voulait pas comprendre. Il était un solitaire, elle était seule. Il était seul mais il n'était pas abandonné, elle si. Par choix diront certains, elle l'a mérité diront d'autres. Sans doute oui, elle a cherché tout ça en un sens, elle a aimé la mauvaise personne et tout s'est enchainé en s'acharnant sur elle. Peut être que la louve s'était voilé la face dès le début, peut être que tout était de sa faute, elle avait tout mérité, tout provoqué. Avait elle un but ici?

"ils étaient les prochains". Ils y étaient déjà passé, le clan du désert avait été attaqué il y avait déjà deux mois de ça. Que restait-il de sa maison? Qui vivait dans sa tanière à présent? Elle ferma les yeux forts et ne retint pas ses larmes. Mais pleura en silence, seule l'odeur acre et salée de l'eau des yeux pouvait trahir son état moral. Elle avait appris à ne pas faire de bruit, pour ses filles, pour sauver sa peau là bas.

Mais ça non plus, elle savait qu'il n'allait pas le croire. Tout le monde pouvait faire semblant de pleurer. Mais elle ne chercha pas à se faire comprendre, tout ce qui restait d'elle était un corps détruit et sans âme, elle ne cherchait plus grand chose, elle voulait juste que tout redevienne comme avant, comme avant Akui, comme avant Noxic. Que ses parents soient là avec elle, qu'elle puisse toujours jouer dans les plumes de son père, qu'elle puisse toujours rêver de voir voler sa mère. Quand tout allait bien et que tout était heureux.


Mais elle était là, ratatinée aux pieds du puits, en sanglots silencieux, ne tremblant même pas. Et il y avait ce solitaire près d'elle, qui avait vécu beaucoup de choses mais qui ne comprenait rien. Elle ne lui en voulait pas, elle aurait sans doute fait pareil. Elle, elle n'était qu'un bout de peau déchiré, pourquoi mériterai-elle de l'attention? Pour quelles raisons pouvait on faire confiance à quelque chose dans cet état? S'il y avait un après, que ferait elle? Quand ses filles seront grandes et qu'elles partiront, elles verront le monstre qu'elle est, elles lui tourneront le dos, et Imryu se retrouvera seule, encore et toujours. Alors elle était là, et elle pleurait, parce qu'elle n'était plus rien qu'un corps sans âme.

Prostrée comme elle l'était, elle n'entendait pas ce que souhaitait le mâle solitaire. De toute façon elle ne voulait pas savoir. Mais il soupira, elle se crispa. Allait il passer à l'acte? elle avait toujours les yeux fermé, elle ne voulait pas les ouvrir, elle avait peur. Elle sursauta quand il lui parla.

Non. La vérité en face elle l'avait tous les jours. Quand elle avait vu Noxic presque en train de chevaucher cette catin. Quand ses petits étaient morts. Quand elle se faisait harponner et insulter dans les couloirs, quand elle se réveillait face aux murs froids. Quand plus rien ne lui faisait plus envie que de se jeter dans le vide. Quand sa mère l'avait frappé et s'était enfuie. Quand elle avait retrouvé sa mère et l'avait laissé mourir. Quand elle se réveillait chaque jour les yeux fixés sur ce masque qu'elle lui avait pris et accroché au mur. Quand sa fille l'invectivait et la brisait rien qu'en la regardant, montrant à quel point elle lui faisait honte. Quand arkadius venait chercher les petites et en profitait pour lui cracher dessus. Quand Reymsa a été retrouvé mort et vidé de son sang. Quand elle avait promis à Hadanalith de la revoir et qu'elle l'avait revu, dans un cristal géant, en guise de décoration de plafond.

Pourquoi lui ferait elle croire qu'elle n'a jamais eu la vérité en face? Il se coucha lourdement devant elle, elle sursauta à nouveau. Elle ne comprenait pas l'attitude du solitaire. Qu'il ne veuille pas la tuer, OK, chacun son trip, mais de là à vouloir rester avec elle... Elle le fixa, les yeux humides, les joues trempées, le corps parcouru de soubresauts.

Alors elle lui demanda comment elle avait fait. Comment elle avait fait? c 'était simple, elle avait fait des choses pathétiques. Elle détourna la tête, gênée à en mourir, les yeux las, les traits tirés, elle avait pris dix ans en restant une année avec Akui.


Sa voix avait été entrecoupée par les sanglots, par les soubresauts. Mais elle ne se lachait pas.Pourquoi se lacherait elle? il ne la croirait pas de toute façon.

La peur laissait lentement place à l'intrigue alors que le solitaire était toujours couché devant elle. Il soupira, elle soupira également. Elle décida alors que sa position ratatinée contre le mur du puits était fort inconfortable. Elle se laissa aller un peu contre la pierre froide, appuyée dessus. Alors elle posa sa tête sur ses pattes. Elle eut un rire nerveux.

Tout le monde lui disait la même chose, tout le monde pensait connaitre sa vie mieux qu'elle. S'il y avait eu un moyen, elle aurait déjà tenté, mais elle était à la merci d'un dieu! Essayer c'était mourir, elle ne pouvait qu'attendre que ça se calme. Elle se battait oui, pour survivre et pour ne pas être tuée. C'était le mieux qu'elle pouvait faire pour l'instant.


C'est tout ce qu'elle répondit à cette phrase déjà prononcée beaucoup trop souvent. Tout venait à point à qui savait attendre, si elle commençait trop tôt,elle se ferait tuer. Alors elle faisait tout en silence, du moins ce qu'elle pouvait faire. Depuis qu'elle aidait Kyu à installer ses pièges, elle savait précisément où ils étaient, et comment faire pour les désamorcer. Tout n'était qu'échec, mais quand il y aura une réussite,et que ça la libérera, tous ces échecs n'auront pas été vains.

Elle ferma les yeux et détourna la tête.


Elle soupira, ne disant rien. Si ça se trouve, là bas ils ne savaient même plus son nom. Puis au bout d'un moment, elle redressa la tête et fixa le solitaire. Son regard était désespéré. On ne pouvait plus rien pour elle car elle ne pourrait plus se réfugier nulle part. Si Akui était vaincu et qu'il ne s'était pas encore débarrassé d'elle, elle serait traquée par les clans, elle savait qu'elle vivrait pour toujours cachée. Elle ne l'avait pas encore avalé et ne l'accepterai sans doute jamais, mais lui il avait encore de l'espoir.


Quel élan lui prenait elle? Elle ne souhaitait la mort à personne, elle savait qu'elle avait choisi le mauvais côté dans l'histoire, et que rien n'effacerait ça. Au fond elle espérait qu'on puisse pardonner quelqu'un qui s'en voulait à ce point. Mais elle ne croyait plus à la magie, son destin était scellé. Alors il ne lui restait plus qu'à prier pour ceux qui pouvaient encore avoir une chance.

La louve se rendit compte de ses paroles, et face à la réaction du solitaire, son oreille tomba et sa mine s'assombrit. Un sourire triste apparu sur son visage quelques instants, avant de disparaitre. Elle détourna le regard pour ne plus fixer le mâle en face d'elle. Ses yeux se baissèrent.


Après tout qui était elle pour dire ça à un loup qu'elle n'avait vu que deux fois dans sa vie, et dont elle ignorait toujours le nom. Il connaissait Kelekt, peut être qu'un jour il rejoindrait le clan du feu. Euh, du désert. Et si c'était le cas, jamais elle ne le reverra. Elle n'avait pas à se mêler de la vie des autres, elle qui avait échoué à s'occuper de la sienne.

De sa patte avant elle essuya les larmes sur ses joues, secoua la tête et souleva lentement sa carcasse.



Le fait qu'elle se lève avait sans doute alerté le mâle, qui pouvait penser à une attaque. Toutefois Imryu n'était pas capable de faire du mal comme ça, surtout quand elle venait de dire à un loup de vivre. La tête basse, l'oreille basse, la queue pendant mollement derrière elle, la louve fit quelques pas sur la pleine, mais s'arrêta et tourna la tête lentement vers le mâle.


Ce n'était sans doute pas plus mal qu'elle l'ignore. Elle quitta le solitaire des yeux et se remit en route, lentement, vers sa prison de pierres. Un dieu avait les yeux sur elle, elle ne pouvait ne pas lui revenir.

Elle s'arrêta et tourna l'oreille vers l'arrière, dressant la tête. Cependant elle fixait toujours le chateau. Il s'appelait Deenos, c'était un nom facile. Sans doute le dernier qu'elle connaitrait, car elle était persuadée au fond d'elle qu'elle allait bientôt mourir. Akui pouvait se lasser n'importe quand. Il parlait d'avenir, il disait au revoir. Elle n'était pas d'accord, un au revoir n'était pas définitif, il ne fallait pas être naif pour savoir qu'elle allait mourir. Si ce n'était pas par akui, c'était par un clanique, peut être même un loup de son clan.

Fausse adepte, ça elle appréciait, mais jamais elle ne se permettrait de le dire. Que quelqu'un la désigne comme tel c'était bien, Deenos voyait et avait compris qu'elle n'était pas comme les autres dérangés du chateau. Mais si elle le disait, elle admettait ça et ça la mettait en danger. Elle baissa la tête, ne le regardant toujours pas, elle bégaya.


C'était bête, ridicule, naif, elle pourrait se pointer et le dire elle même, mais quelque chose l'en empêchait, un mur invisible la terrifiant.



Elle n'aurait pas le coeur de se défendre, pourquoi le ferait elle? De toute façon elle mourrait s'ils la trouvaient, elle était incapable de tuer et ne voulait pas blesser quelqu'un qui ne le méritait pas. De toute façon, sans ses griffes, ça restera compliqué. Elle n'attendit pas la réponse de Deenos,Elle bondit et se mit à galoper vers le chateau. Fuyant. C'était ce qu'elle faisait, elle fuyait.

Elle était arrivée apeurée, avec son foulard, le foulard de son frère. Elle repartait apeurée, sans le foulard. Si le clan se souvenait d'elle et si Deenos lui accordait cette faveur, elle savait qu'elle mourrait de leurs pattes, et qu'elle aurait reçu ce qu'elle méritait. Finalement la boucle se bouclait.