-Okazeh-

Le jour s'était levé, et un rayon était venu réchauffer les poils d'Okazeh alors qu'elle dormait encore. Elle plissa les yeux, avant de s'éveiller, la tête dans le pâté. La noble s'étira calmement. Elle n'avait pas l'habitude de dormir aussi longtemps, mais ce matin était un jour plutôt particulier. Au vu de la légère sensation dans son ventre et des odeurs légères venant du campement, les chaleurs avaient commencées. L'ailée bailla, avant de se rouler sur le dos. Aslan était parti, ce qui la désappointait. Aujourd'hui, plus que tout autre jour, elle aurait aimé dormir contre lui et profiter de sa chaleur. Non pas qu'elle en était tombée amoureuse, mais les nuits étaient moins solitaires avec un autre loup. Elle avait l'impression de retrouver la chaleur de la caverne de ses parents, lorsqu'elle se blottissait contre ses frères et sa mère.

La noble secoua la tête avant de se lever. La journée allait être longue, les prochains jours même. Avec l'arrivée des chaleurs, mâles comme femelles s'échauffaient et des bagarres pouvaient éclater. Son devoir de beta était de calmer les tensions, et elle allait s'y tenir. Cependant, elle avait aussi un autre devoir, si on pouvait appeler ça comme ça ...

Okazeh huma l'air, les odeurs musquées du campement lui chatouillèrent les narines. Parmi elle, elle sentit l'odeur du beta. Elle se mit en route tranquillement. Elle ne tenait pas particulièrement à le suivre, il avait ses occupations, mais ses pas la menaient naturellement le long de sa piste. Elle traversa le campement, fronçant occasionnellement le museau. Les odeurs des autre femelles l'avaient toujours dérangées, bien qu'elle avait appris à faire avec.

Ses pas la menèrent le long de la rivière de la roche. Un peu excentrée du campement, les odeurs étaient moins fortes. Okazeh s'assit au bord de l'eau, emplissant ses poumons de l'air frais qui s'y trouvait. Elle regarda son reflet dans les bouillonnement de la rivière. Pour une fois, elle se sentait belle. Les chaleurs avaient toujours rendu ses hormones confuses, mais pour une fois elle n'aurait pas à les taire. Elle sourit à son reflet alors que l'odeur à peine perceptible d'Aslan lui parvenait aux narines.

Elle se leva et avança doucement vers l'origine de l'odeur. Ses pensées avaient arrêté de fourmiller dans sa tête, elle faisait pour une fois confiance à ses tripes. Après quelques minutes de marche lente, elle aperçut la silhouette du beta, perchée sur un rocher. Elle s'arrêta, et se tourna vers l'eau ,lui montrant son flanc. Elle plongea sa patte dans l'eau, le froid lui mordant la peau malgré son pelage épais, et se passa de l'eau fraiche sur le visage. Elle savait qu'Aslan pouvait la voir, mais elle restait à l’extrémité de son champ de vision. Elle avait envie de se faire désirer.

-Okazeh-

La louve ailée releva vivement la tête au jappement d'Aslan. Le mêla était toujours perché sur son rocher, le poil brillant et le torse gonflé. Elle laissa son regard glisser sur toute sa silhouette, sur ses muscles qui se dessinaient sous son poil d'hier, sur sa longue chevelure noire, sur le délicat mélange des couleurs de son pelage. Finalement elle planta son regard dans le sien. Même de loin elle pouvait percevoir l'ardeur des yeux d'émeraude du beta. La noble avait un sourire qui ne quittait pas ses babines. Elle savait que tout ceci n'était que le résultat des hormones qui à chaque saisons prenaient les loups comme une folie passagère. Mais elle s'y abandonnait pour une fois avec délice. Malgré les quelques flocons qui flottaient dans l'air, et son poil légèrement humidifié par l'eau de la rivière glacée, elle sentait son corps bouillir. Elle se demanda un instant si Aslan n'était pas en train d'utiliser son pouvoir sur elle, même si sa raison la poussait à penser qu'il ne s'agissait que de ses pulsions les plus primaires, mais les plus belles. La pulsion de vie, donnée par Amiria elle-même.

Okazeh quitta les rives de la rivière, remontant lentement vers le rocher sur lequel se trouvait Aslan. Elle profitait de chaque instant, car elle savait que ça ne se produirait pas avant longtemps. Elle eut une pensée fugace, comme quoi si son cœur avait été impliqué, la situation aurait été encore plus appréciable. Mais malheureusement ce n'était pas le cas. Néanmoins, elle savourait la situation. Il n'y avait plus que les deux loups, et le jeu qui s'installait entre eux. Elle s'avançait toujours, mimant un calme qui ne reflétait pas ce qui se passait dans son corps. Après tout, elle restait noble jusqu'au bout des griffes, et son éducation lui ordonnait la pudeur.

Elle hésitait à invectiver le loup à la crinière, mais ne voulait pas briser le silence et la tension qui régnait sur les lieux. Elle hésitait, la tête légèrement penchée, alors qu'elle se rapprochait lentement. En tout cas, elle n'allait certainement pas monter sur ce rocher.

-Okazeh-

La beta pouvait voir dans les yeux d'Aslan que l'attente était longue, très longue. Le temps semblait passer très lentement dans l'intensité du moment. Le mâle avait inspiré profondément, gonflant ses poumons, faisant voleter sa crinière. Il l'avait détaillée comme elle le détaillait. Okazeh prenait la situation comme un jeu, un jeu ou il n'y avait pas de perdant. Elle jouait de sa démarche, de son corps, fascinée des effets que cela avait. Le beta sauta agilement de son promontoire, et elle pu sentir son odeur de plus près. Il s'était lavé dans la rivière, et elle sentait la fraicheur dans le souffle qui lui parvint.

Les deux loups avaient entamé une ronde, une danse lente, toujours dans le silence. Le jeu de regard se faisait intense. La louve se rapprochait peu à peu, comme attirée par l'odeur envoutante du beta devant elle. Elle frôlait son pelage, le croisant, puis s'éloignant de nouveau, jouant de jouant de sa propre frustration et de celle d'Aslan. Son cœur battait profondément dans sa poitrine, aussi fort qu'après un effort intense, mais lentement. Son corps se refusait encore à la fin de ce jeu divertissant, mes ses yeux avaient déjà dit oui mille fois.

-Okazeh-

Les deux loups étaient de plus en plus près, se dévorant des yeux, jusqu'à ce que leur deux truffes se touchent. Okazeh se figea, il lui semblait que le monde tout entier s'était arrêté de tourner. Aslan ferma les yeux, pressant légèrement sa truffe contre la sienne. Elle ferma aussi les paupières, imprimant le moment à tout jamais dans sa mémoire. Elle sentit le mâle glisser à côté d'elle, créant des milliers de frissons le long de sa peau. Les yeux toujours fermés, elle le laissa faire, profitant de l'instant qui déterminerait de son avenir.

Après un moment, Aslan retourna à ses côté, et lui lécha l'oreille. Le souffle court , elle se colla contre lui, laissant les battements de son cœur s'apaiser peu à peu. Elle se sentait calme à présent, comme si ses hormones s'étaient définitivement calmées. Ses pensées étaient confuses, mais elle sentait le poids de l'avenir reposer sur son ventre, comme une promesse. Elle lécha la truffe du mâle, et lui sourit. Elle savait qu'elle devrait retourner à ses occupations de beta, mais elle voulait rester encore un peu contre lui. Elle regarda le futur papa, et fut submergée par le bonheur. Car même en guerre, la vie continuait à se battre, et même contre Akui, l'avenir persévérait. Et elle avait confiance.