Un par un, ses Cavaliers s’étaient approchés. Ades, Mort, était comblé. Il allait pouvoir tuer librement et c’était tout ce que ce solitaire attendait. Il obéirait à n’importe quoi tant qu’il pouvait tuer, même si Akui lui avait promettre de ramener ceux qui souhaitaient rejoindre ses rangs en vie et sans trop les amocher. Le regard carnassier de ce solitaire faisait déjà peur aux fidèles qui tremblaient devant lui. Que serait-ce alors, quand il utiliserait le fabuleux pouvoir que le Dieu blanc lui avait donné ? Ce serait ce qu’il avait dit : la Mort.
Rahawk, Famine, manifestait son dégoût pour ses adeptes autant mentalement que physiquement. Il s’était tenu en marge, loin des autres, une expression de profond rejet sur le visage. Comme il était amusant. Il aurait fui depuis bien longtemps si il n’était pas figurativement enchaîné dans ces murs. Quand Akui parla de se répandre sur la région, il avait eu ce demi-espoir de pouvoir voir sa famille. Le Dieu blanc avait eu un plaisir immense à réduire cette étincelle en poussière. Son bourreau serait confiné ici et obligé de torturer des loups de tout horizons, jusqu’à ce qu’il en perde la raison si il le fallait. Ho, il pensa au jour où le Dieu des éléments chuterait. Quel imbécile de penser à une chose pareille. Personne ne pouvait le vaincre. Il était omniprésent, omnipotent, possédait tous les pouvoirs. Il était invincible.
Midéro, Peste, avisa de sa situation. Finalement, elle était plutôt contente d’avoir ce statut supérieur. Elle aimait cet état et Akui le savait depuis Pandore. Il savait que cette mortelle aimait être respectée et se faire respecter. Elle jeta un regard à Médée, avec qui elle semblait avoir une vieille amitié qui datait de l’époque de Pandore. Au moins ces deux-là allaient bien s’entendre.
Médée, Guerre, était folle de joie. Elle avait hâte de régler ses comptes avec sa famille. Ce passage à l’action était une sorte de délivrance pour elle. Akui le savait, la mortelle tournait en rond depuis des jours, attendant avec une certaine impatience l’annonce que le Dieu blanc avait fait un peu plus tôt. Mais quelque chose d’autre traversa l’esprit de cette mortelle au mental instable. Elle voulait rappeler à Rahawk la menace qui pesait sur les siens. C’était intéressant, même si Akui se doutait de l’issue d’une telle provocation. Guerre approcha de Famine, qui s’était placé à l’écart des trois autres Cavaliers par dégoût une fois encore, et lui murmura des mots lourds de sens.
Comme Akui s’y attendait, Famine s’offusqua, sa fourrure se gonfla et grogna avant d’atteindre Guerre à la joue d’une patte. Cette dernière tenta de reculer par reflex, mais Famine était trop près d’elle. Le dieu des éléments résolut de stopper ce conflit sur le champ. Le cours du temps se distordit, le reste de la foule, y comprit Mort et Peste, ne se rendirent compte de rien de ce qui allait suivre.
Guerre et Famine étaient tout deux immobilisés pour l’instant, se regardant avec émotion l’un l’autre. Ils étaient de véritables enfants, quoique Famine un peu plus. Les deux s’élevèrent légèrement pour être au niveau du regard froid d’Akui qui passa de l’un à l’autre, se faisant plus polaire pour Famine.

« Cessez ce conflit dans l’instant ou ça ira mal pour vous, surtout toi, Famine. »

La griffure sur la joue de Médée disparut, soignée en un instant. Le dieu des éléments observa plus intensément Famine et sa voix résonna dans la tête du mortel.

« Pour ta gouverne, je me dois de corriger ce que Guerre a dit. Ta famille n’est pas protégée par notre marché. J’ai seulement promis de ne pas révéler ce que tu avais infligé à Yorg en échange de la coopération totale d’un membre de la famille. En étant ici, tu ne fais que protéger tes sœurs et toi de la justice des clans, pas de la véhémence de mes adeptes. Souviens t’en à l’avenir et répète-le plusieurs fois par jour si ce n’est pas assez clair. »

Tournant son attention sur les deux Cavaliers, il ajouta sur un ton plus égal.

« J’ai besoin que mes quatre Cavaliers s’accordent, alors pas de bagarres entre vous ou c’est moi qui vous arrêterai. Dans la mesure du possible, Guerre, ne va pas déranger Famine dans les cachots à moins que je te le demande, ce sera plus simple. »

Les deux furent de nouveaux capables de bouger, mais lévitaient toujours. Il les reposa au sol, face à la foule, comme si rien ne s’était produit. Le cours du temps revint à la normale et Akui lança d’un voix puissante et enthousiaste.

« L’assemblée est levée, vous pouvez disposer, mes chers adeptes. Vous pouvez à présent faire ce que bon vous semblera aux autres clans. »

Le Dieu des éléments afficha un large sourire avant de disparaître dans un courant d’air. Il avait toujours un œil sur Guerre et Famine, au cas où ils recommenceraient à se battre.