Ce rp se passent aux souterrains de l'eau

-Fuurin-

Fuurin n'en pouvait plus. Ça faisait au moins 4 jours qu'elle n'était pas sortie du souterrain, sur ordre de son alpha. Les lieux n'étaient pas encore surs, et elle ne pouvait pas aller chasser. Elle avait passé les premiers jours écroulée sur le sol, morose. Puis avait erré en quête de réconfort, ou du moins de quelque chose pour la sortir du cercle vicieux dans lequel elle était tombée. Mais rien. Tout ici lui rappelait les terribles évènements qui s'étaient produits il y a quelques jours, depuis les loups brulés à vif jusqu'aux louveteaux qui pleuraient dans leur sommeil.

Elle tournait donc comme un loup en cage. Ses pattes la démangeait d'aller courir, mais elle était coincée dans les souterrains qui sentait les herbes entêtantes, l'urine, le sang. Elle était coincée avec ses cauchemars et les hurlements de Pyrrha qui résonnaient encore dans son crâne.

Ce soir là, elle ne dormait pas, comme beaucoup d'autres. Les médecins s'affairaient encore à soigner les blessés, se relayant pour avoir quelques heures de sommeil. Certains dormaient à poings fermés, les nourrices réconfortaient les petits angoissés par l'attente. Fuurin s'était alors approchée de l'entrée du souterrain. C'était un de ses endroits favoris, car même si elle ne pouvait ni voir le ciel, ni la lune, elle pouvait sentir de temps en temps l'air frais extérieur s'engouffrer dans la cavité, et courir le long de sa colonne.

Arrivée à la limite autorisée par Gaor, elle s'allongea lourdement sur le sol et prit une grande inspiration lasse. Elle avait hâte de rejoindre sa tanière et de pouvoir enfin avoir une nuit complète de sommeil. Elle avait hâte de pouvoir courir de nouveau, de pouvoir s'entrainer de nouveau. Elle avait hâte de pouvoir faire quelque chose contre Médée, contre Akui. Elle posa la tête sur ses pattes et ferma les yeux, dans un léger tintement de grelots.

Soudain, Fuurin entendit un très léger bruit à côté d'elle. Elle sursauta violemment, son coeur faisant un bond dans sa poitrine, avant de se rendre compte que ce n'était qu'un loup allongé sur sa couche. Ce dernier ne semblait pas dormir non plus. Fuurin distingua dans le noir la chevelure sombre et le poil rouge d'Ulfeym. Elle lui lança alors d'une voix faible, pour éviter de réveiller ceux qui dormaient :

"Oh, désolée, je ne t'avais pas vu. J'espère que je ne t'ai pas réveillé."

-Fuurin-

Le loup rouge avait souris lorsque Fuurin avait sursauté, mais sans méchanceté aucune. Elle lui rendit son sourire, malgré ses yeux fatigués et inquiets. Le danger passé, elle laissa son coeur se calmer, et s'assit calmement, laissant ses yeux divaguer vers la sortie du souterrain. Elle sentait le léger courant d'air qui en sortait caresser son museau, et soupira. Ulfeym lui répondit doucement, ne cassant pas le silence lourd qui pesait dans le souterrain :

« Non, ne t’en fais pas Fuurin. Comment vas-tu toi ? »

Fuurin hésita. Elle n'aimait habituellement pas se plaindre, surtout étant donné ce qui était arrivé aux autres. Cependant, les derniers évènements l'avaient bien remuée. Elle avait passé ses derniers jours à aider, ou auprès de proches, sa mère, son père, Trinity, et avait du ravaler les sentiments tumultueux qui menaçaient à tout moment de surgir. L'atmosphère lourde et silencieuse qui régnait à présent était propice à sa lassitude. Est-ce qu'elle allait bien ? Elle n'en savait rien. Mais elle réalisa qu'elle avait besoin que quelqu'un lui demande.

Elle avait laissé le silence s'installer quelques secondes le temps de sa réflexion. Elle reprit donc la parole, hésitante. Elle savait qu'elle n'aurait pas la force de mentir, mais comment le dire ?

"Je ... les derniers temps ont été plutôt difficiles."

Elle laissa encore une pause. Elle avait du mal à dire ce qu'elle avait sur le coeur car elle avait du mal à comprendre ses sentiments. Elle fixa de nouveau l'entrée du tunnel. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Elle était du genre à utiliser sa tête, et pas son coeur, lorsqu'elle agissait. Mais là, c'était différent. Elle ne pouvait pas agir.

"Je crois que j'ai peur. Je suis terrifiée. Tu n'as pas peur toi ? Qu'il revienne alors qu'on est ici ?"

Elle ferma les yeux, laissant l'émotion la submerger. La poitrine serrée, elle répondit d'un murmure presque suppliant.

"Je ne veux pas mourir ici"

-Fuurin-

L'ombre avait totalement engloutit la silhouette de Ulfeym alors que Fuurin parlait. Cependant, le loup à la longue chevelure avait quitté son poste de garde de l'entrée pour venir donner un coup de museau à Fuurin. Cette dernière n'était pas plus tactile qu'une autre, mais elle accepta le contact avec soulagement. Lorsqu'il vint se blottir contre elle, elle sentit sa chaleur l'envelopper avec soulagement. Elle pensa à sa mère, qui était probablement en train de réconforter des louveteaux perdus, et à son père, en train de chasser. Elle pensa à Trinity, prostrée sous sa corniche, les reins cramés. Elle pensa à Pyrrha. Elle sentit une larme amère couler sur son museau.


Ulfeym frotta son museau contre le mien pour me réconforter. Son courage m'impressionnait. Il avait un an de plus que moi seulement, pourtant j'avais l'impression d'être un louveteau tremblant de peur devant les grands méchants loups. Je ne pouvait pas continuer, il fallait que je me ressaisisse. Le loup rouge me regarda dans les yeux avant de me dire :

« Je sais pas si cela peut t’aider à te rassurer, mais tu ne mouras pas entre ses murs, et moi je te protégerais. C’est mon rôle après tout, je suis soldat, il faut bien que je serve à vous protéger quand même, non ? »

Fuurin sentit son coeur se teinter d'une lueur d'espoir. C'était ce qui lui manquait depuis plusieurs jours : l'espoir. Elle repensa à ce que lu avait dit Pyrrha, lors de leur dernière intervue. Il y avait un moyen de vaincre Akui. Elle ne pouvait rien faire, mais en attendant, ils devaient rester soudés, et se protéger les uns les autres. Ulfeym le faisait naturellement. Elle se blotti encore un peu contre le grand loup, comme elle le faisait contre sa mère les soirs ou elle le pouvait. Elle s'en voulait de craquer comme ça, et se promit de se relever.

"C'est vrai. Notre force, c'est la meute. Je te protègerai aussi, même si je doute que ça soit très efficace ..."

Comme pour lui donner tord, ses grelots résonnèrent d'un tintement cristallin. Son corps se détendait et se réchauffait, et elle laissa passer quelques minutes comme ça, dans le noir. Son esprit reprenait peu à peu sa vigueur, et son cœur espoir. Elle avait toujours peur, mais elle au moins, elle ne se sentait plus seule.

"Merci. L’atmosphère de cet endroit me pèse vraiment. Je ne suis pas assez courageuse ..."

-Fuurin-

Un éclat de lumière avait brièvement illuminé le visage d'Ulfeym, qui dévisageait la louve grise avec bienveillance. Elle lui sourit alors qu'il agitait ses oreilles en lui répondant, la rassurant encore. Fuurin prit une grande inspiration pour chasser les dernières pensées noires qui la tourmentait. Elle eut un petit sourire absent en pensant qu'habituellement, c'était elle qui réconfortait les autres, c'était la base de son pouvoir. Mais ce soir, c'était à Ulfeym qu'incombait ce rôle. Lorsqu'elle avait parlé de son courage, il s'était relevé.

« Bien sur que si tu es courageuse. Tu ne le sais juste pas encore. »

C'est vrai que vu comme ça, il n'avait pas tord. Les derniers évènements avaient précipité Fuurin dans une tornade dont elle ne pouvait pas sortir la tête. Pourtant elle avait continué à essayer, malgré tout, à aider les médecins et les nourrices dans la mesure du possible. Elle n'avait pas fait mieux que d'autres, mais elle avait fait ce qu'elle pouvait. Fuurin leva la tête vers Ulfeym, qui baillait. Il devait lui aussi être fatigué, éprouvé par l'attaque et sa surveillance continue de la sortie.

« Si tu as besoin de parler ou de te détendre un peu vient me trouver, je serai toujours là. »

Fuurin acquiesça. Elle voulait lui rendre la pareil, même si Ulfeym ne semblait pas en avoir particulièrement besoin.

« Je te retourne l'offre, si jamais tu as besoin d'une oreille attentive ... »

Elle laissa passer quelques secondes, la tête baissée, avant de relever les yeux. Elle se sentait pleine de gratitude envers le grand loup qui l'avait réconforté.

« Merci beaucoup Ulfeym, d'avoir été là. »

La louve grise surprit le regard inquiet du guerrier. Elle réalisé soudain qu'elle avait été là longtemps, et qu'il avait un rôle à accomplir. Elle se releva, épuisée. La discussion l'avait lessivée.

« Je ne t'embête pas plus longtemps, ma mère doit m'attendre. »

Elle hésita une seconde, tournant la tête. Elle avait envie de le revoir, une fois que le clan serait sorti de ces fichus souterrains. Dans une atmosphère un peu plus joyeuse, dehors dans la forêt, ou n'importe ou. Elle n'avait pas envie de partir sans lui dire, mais était soudainement prise de timidité.

-Fuurin-

Ulfeym avait posé ses yeux doux et bienveillant sur elle. Elle sentit une chaleur l'envahir, comme si elle était blottie sous une montagne de plume. Elle se sentait bien mieux. Le loup aux poils rouge avait su la réconforter, comme il le faisait probablement avec tous les membres de la meute. Fuurin pensa soudainement à Pyrrha, à sa dernière discussion avec elle. Elle comprenait maintenant : même les loups faibles avaient une utilité dans la meute. Même si Ulfeym était loin d'être faible, aujourd'hui il avait joué son rôle en la réconfortant. Fuurin se fit alors la promesse d'en faire autant pour tous les loups dans le besoin de sa meute. Elle serait utile.

« Alors je viendrais te voir si un jour je suis dans le besoin »

Fuurin acquiesa, souriante. Elle en serait ravie.
Lorsqu'elle remercia le loup, il semblait gêné. Peut-être estimait-il que ce n'était que son devoir ? Néanmoins, elle ne regretta pas. Il méritait des remerciements en bonne et due forme.

« Heu … et bien de rien… J’allais pas te laisser la mine toute sombre quand même . Et bien à bientôt Fuurin et surtout prend soin de toi hein ?!»

La louve grise lui sourit de tout son coeur. Elle s'était à présent éloignée de lui, mais elle sentait toujours sa chaleur dans sa poitrine, comme une petite lumière d'espoir qui lui chauffait le torse, le cœur, l’œsophage. Elle fit quelques pas dans la direction de sa tanière provisoire, toujours en proie à son hésitation, puis se retourna. Au diable sa gène, on n'avait qu'une seule vie, et elle voulait revoir Ulfeym ! Elle ajouta, d'une voix un peu rauque, un sourire nerveux aux lèvres :

"Dis, on pourrait se revoir un jour ? Quand on sera sorti des souterrains. Pour une chasse, quelque chose comme ça ...."