Le vent dans mon pelage était agréable, cependant il ne l’était pas plus que le désir qui m’animait. Oncle Gaor avait mit un certain temps à me laisser retourner voir mère. Elle me manquait beaucoup. Mijaw aussi d’ailleurs, même si c’est une sale tête de lard sans émotion. J’avais décidé dé me rendre là bas en volant, plutôt que d’user de mes pauvres pattes qui me faisaient encore souffrir. Du moins les articulations de mon arrières train m’étaient encore relativement douloureuses, bien que cela ne soit pas non plus handicapant.

J’avais doucement repris les entraînements, mais je faisais surtout de la remusculation, parce que j’avais énormément perdu. Bien que je n’ai jamais été une masse de muscle, j’étais cependant devenu une véritable brindille. Même ma cousine arrivait à me faire mal juste en me donnant un coup de patte. Ça en était grandement vexant, mais il fallait bien se remettre pour être sur de pouvoir affronter le monstre de dieu qui à tuer mon grand père. Planant encore un moment, j’avais lancé un regard vers la plaine que je survolé avant d’apercevoir mon père en contre bas. Je l’avais tout de suite reconnu avec ses grandes ailes étendu de chaque côté de son corps et sa silhouette blanche et grise. Je lui fis un grand signe aérien.

« COUCOU PAPA » lui hurlais-je
« Regarde où tu voles espèce de sale gosse ! » me hurla-t-il

Je mis les oreilles à l’horizontal, oulà, il était encore énervé… Sans doute m’en voulait-il encore pour ma dernière bêtise. Enfin ça n’était pas une bêtise à proprement parlé. Je l’avais suivis pour apprendre à chasser correctement puisque j’avais les bases. Mon père voulait me faire chasser une proie qui ne sois pas trop dangereuse. Mais j’en avais préféré une autre avant que mon père ne m’annonce que la bestiole que j’avais tué chassais en meute, et que j’étais autant sa nourriture qu’elle était devenu la mienne… Du coup nous avions dû fuir puis tuer suffisemment d’individus pour que la course poursuite cesse. Et comme je n’étais pas vraiment en état c’était surtout mon paternel qui avait fait le plus gros du travail…

Du coup il devait sans nul doute être encore très remonté à ce sujet. Secouant la tête je fis une petite accélération avant d’apercevoir la mer, puis le territoire où ma mère avait élu domicile. Je commençais alors à descendre, secouant mon plumage bleu et gris avant de renvoyer ma chevelure en arrière. Entrant lentement dans la caverne où j’entendais des coups de crocs violents dans un morceau de chair. Je remuais doucement la queue. L’odeur de mère se mélangeant à celle de Mijaw, dans la pénombre je ne suis pas sûr de qui était là.

« Bonjour ? » lançais-je timidement.

Dans la grotte qui sentait la mer et le sable, le canin entendit bientôt le bruit d’un ronronnement largement amplifiait par la caisse de résonnance que formait la caverne. Un sourire doux et heureux étira alors ses babines. Sa mère était donc bien là et semblait heureuse de le revoir. D’ailleurs cette joie fut rapidement traduite par l’exclamation de la silhouette féline qu’il voyait venir en sa direction. Il remua vivement et joyeusement la queue, ravi de voir à nouveau sa mère. Elle lui avait tant manqué. Soit il était grand maintenant. Mais à ses yeux rien n’était plus précieux et plus agréable que l’amour et la présence maternelle. A l’appel de son prénom il agita les oreilles et en croisant enfin son regard bicolore semblable au sien, l’ailé agita les oreilles, un sourire béant illuminant son visage.

« Oui, je vais beaucoup mieux. Pardon de t’avoir inquiété maman »

Il s’autorisa à lui faire un calin, fourrant son museau dans le pelage court et doux de sa mère. Couinant presque de joie en sentant sa présence. Il la vit repartir et baissa un peu les oreilles, ne comprenant pas ce qu’elle faisait. Mais en la voyant revenir avec de la nourriture il se laissa tomber sur les fesses et observa le reste de repas de sa daronne. Secoua sa chevelure renvoyant ses mèches en arrière.

« Pardon mère mais, je n’ai guère faim »

Il avait bien vu son regard critique et son œil inquiet. C’est vrai qu’il était encore très maigre il n’y avait pas qu’elle qui le pensait. Son père ainsi qu’oncle Gaor et même Sheatan le lui avaient fait remarquer. En entendant sa remarque il gloussa, retenant un rire. C’est vrai que le clan avait des façons fort étrange de protéger. Il avait bien conscience que Gaor cherchait à se protéger des espions ou des traitres à la solde d’Akui, mais si Akui avait pu entrer sans problème dans le clan, alors il ne voyait pas pourquoi un de ses sbires en serait incapable. Mais il ne fit pas la remarque à sa mère qui devait être suffisamment inquiète de savoir ses petits loin d’elle. Cependant cet accident n’avait rien à voir avec le clan ou même avec Akui. Celui-ci était complètement de son ressort et de sa responsabilité.

« Le clan n’y est pour rien dans mon accident, on ne m’avait pas prévenu du danger de cette partie du territoire, mais j’y suis allé moi-même en échappant à la surveillance de ma mentor. »

Il avait eut besoin de l’expliquer calmement au moins qu’elle sache la véritable raison de son accident. Même si ce n’était pas ça qui l’avait mené ici mais bien le seul et unique désir de revoir sa petite maman chérie.

J’aimais beaucoup entendre son ronronnement, un son que j’étais parfaitement incapable de produire d’ailleurs. Ça en était très désagréable parce que c’était une preuve de bonheur et d’affection que j’appréciais particulièrement d’entendre.

Puis elle posa sur moi son regard de ; c’est moi qui décide. Sauf qu’il ne marchait plus sur moi. J’étais adulte et capable de prendre mes décisions moi-même. J’avais mangé en partant et je n’avais pas terminé ma digestion, j’avais l’estomac encore plein, et je ne pouvais pas manger plus que la quantité que mon corps pouvait supporter. Elle aura beau me l’ordonner je n’avalerais rien avant plusieurs heures.

« Mère je n’ai pas faim, j’ai mangé en partant j’ai le ventre encore plein »

C’était la dernière fois que j’échangerais sur le sujet. Si elle insistait tant pis pour elle je risquais fort d’ignorer sa demande. Si père était une véritable tête de mûle ainsi que ma mère, élevé entre eux deux, j’avais aussi un caractère particulièrement entêté. Quand j’avais décidé de quelque chose, il était très rare que je cède à une demande différente.

Observant bien qu’elle n’avait pas confiance en le clan de l’eau et qu’elle considérerait celui-ci responsable de mon accident jusqu’à la fin de ses jours, je ne fis pas d’autres remarques. Je lui avais expliquer la problématique et le circonstance, à elle de juger cela comme elle le veut avec son regard obtus et déjà tout fait sur la question. L’entendant alors parlé de père et de mes sœurs je m’assis calmement et ramenais ma queue contre mes pattes.

« Saladem est en train de devenir messagère ou sentinelle, si je ne fais pas d’erreur, je ne sais pu vraiment. Elle c’est beaucoup occupé de moi pendant ma convalescence, bien plus que je n’aurais pu le croire, ce qui m’a beaucoup surpris. Mais bon il semble que ma pestouille de sœur tienne à nous malgré ce que l’on crois. Quand à Nephtys elle suit les entraînements que Gaor le lui a prévu et elle tente de devenir une louve forte et importante, si j’ai bien compris elle souhaiterait devenir Bêta ou Alpha un jour. Une utopie que je trouve presque ridicule… Quand à père il s’occupe des entraînements de Salade, et des miens. Je me suis excusé auprès de lui pour mon comportement insupportable d’ailleurs. Il va bien et pense souvent à venir te voir, mais je crois qu’il n’en a pas trop eus l’occasion à cause de la venue d’Akui et des derniers incidents. Sinon il se porte bien, quoi qu’un peu fatigué à mon sens »

J’avais été effectivement surpris du travail de Saladem dans ma guérison et également de la présence très fugace de Nephtys. Elle avait été là mais… en pointillé si je peux dire. Mais elle avait tout de même était présente ma sœur chérie. En fait je n’étais pas venu ici pour lui parler de la famille, mais pour lui dire quelque chose et aussi pour voir comme elle allait elle, et aussi mon frère Mijaw.

« Mère, je ne suis pas venue te voir pour servir de messager ou de journal de famille. Je suis venu te voir pour prendre de nouvelles de toi et de mon frère, mais aussi pour te dire que je vais mieux, et te faire par d’une décision que j’ai prise. »

Celle-ci risquait de ne pas lui plaire du tout. Bien au contraire, elle risquait même de se mettre en colère contre le clan et peut être bien d’en vouloir à Gaor et à sa Bêta au pelage blanc qui m’avait permis de savoir ce que je voulais. Mais il fallait quand même que je lui dise. Je ne pouvais pas me taire et faire croire que je reviendrais souvent… parce que ce n’était plus le cas.