De tes rêves à mes rêves

De tes rêves à mes rêves, là où il n’y a que le vide et le froid… Ce néant glaçant que je croise avant de te trouver enfermé dans ta détresse. Je l’ai croisé plusieurs fois jusqu’à aujourd’hui et l’inquiétude ma prise. Elle m’a enlevé ma peine et ma question et a fait se lever un vent violent. Ce vent qui me pousse inexorablement vers toi. Je t’ai dis que nous étions comme un frère et une sœur, mais si nous étions plus cela te soulagerait-il ? Et moi, si seulement je pouvais retrouver la force de ne serait-ce que poser mes yeux sur lui ? Je sais que ce n’étai qu’un songe, une rêverie fugace. Mais elle était si vrai… Je n’avais besoin de rien, seulement de lui. Mais comme celui que j’avais déjà aimé, il m’a filé entre les pattes sans que je ne puisse le retenir… Maintenant je sais, pourquoi la vie est une salope, et pourquoi il faut que je la baise, avant qu’elle ne le fasse… Je suis vulgaire, je suis téméraire et je suis impétueux. Je m’exprime peu, je reste froid et distant, je suis sérieux, fier et arrogant. Mais au fond de moi se cache une douceur que même vous mes proches ignoraient encore. Je la lui réservé, mais il m’a été arraché… Inlassablement, encore et toujours mes songes retournent auprès de lui pour me tuer un peu plus…

Ma queue se mouvant lentement dans mon dos, dans un rythme presque morbide. J’avançais le museau tendu vers l’avant et le pas lourd. J’avais quitté le camp, ce lieu empli d’amour et d’hormones qui me donnaient des nausées. J’en avais eu mal au crâne, a tel point que père lui-même c’était inquiété de ma santé. Je le comprenais en même temps, j’avais l’air aussi abattu que décomposé… Mais en arrivant ici c’est toi que je vis. Caché dans les ombres de l’immense bâtisse où j’avais choisi Ware plutôt que Zal, je te regardais te nourrir maigrement. Tu me faisais de la peine, et je me surpris à éprouver ce sentiment dégoutant de pitié. Un sentiment que je chassais aussitôt avant de m’asseoir et de t’observer encore. Dans quel état t’avait-il mit ? Si je ne m’étais pas retenu j’aurais craché ma colère dans un long grognement agressif. Et dire que Pleione le suivait et l’adorait comme un petit toutou bien sage sans voir jusqu’où son arrogance et sa méchanceté pouvait aller… J’aimais incontestablement Pleione, mais je ne pouvais m’empêcher d’être déçu par l’aveuglement et l’adoration presque malsaine que je le voyais éprouver pour le loup serpent. Qu’il essaie de lui faire des petits s’ils s’entendent aussi bien….

Alors que je songeais à eux, je te vis repousser ta nourriture comme quelque chose d’immonde. J’imaginais alors ton regard se lever vers Zexal. N’attends rien de lui tendre amie. Il n’est qu’une statue figée en l’effigie d’un dieu qui ne lèvera pas le petit doigt pour toi. Tu ne peux t’en remettre qu’à toi et à tes proches… Proches que tu n’as plu, parce qu’ils t’ont tournés le dos. Tout cela parce que tu as espéré quelque chose avec lui… N’avais-tu donc pas remarqué qu’il se jouait de toi ? Soufflant, je me relevais enfin et me dirigeais lentement vers toi. Tu ne semblais pas vouloir bouger, ni même me voir. Piégé dans ton mutisme et dans ta peine don je voulais te sortir. M’arrêtant à ta haute je passais une patte au dessus de ton encolure avant de me coucher contre toi et de pousser un long soupir venu de loin dans mes entrailles.


Non jamais, crois le bien, tu es à moi, tu es ma sœur. Celle que j’avais et que l’on m’a enlevé tout comme on m’avait arraché mon frère. Monstres… Les démons sont des loups, les loups sont des démons… S’il y a une chose don je suis convaincu, et qu’on ne me fera pas dire le contraire, c’est qu’il est un démon, un démon avec l’apparence d’un loup. Un loup qui t’a volé ta joie et ton insouciance que j’aimais tant. Il ne te méritait pas Imryu. Tu mérites milles fois mieux que lui. Il est beau, mais il est juste beau à regarder… Alors que toi, tu es belle à l’extérieur, mais tu l’es également à l’intérieure… Laisse moi t’aider à te sortir la tête de l’eau… Je ne veux pas te voir t’assombrir encore… Cela me donnerait la sensation d’être un grand frère déplorable. Et de ne pas mériter ton affection ou ton amitié. Alors s’il te plais sourire, juste pour moi, rien qu’une fois…. Je fermais les paupières, t’imaginant sourire comme la première fois que nous nous étions vue. Tu étais rayonnante de lumière, alors que moi j’étais masqué par l’ombre… Aujourd’hui l’ombre t’habitais, et la mienne planait sadiquement au dessus de ma tête… tu crois que je t’ai entâché ? Pardonne moi, si c’est le cas.

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De tes rêves à mes rêves

Je savais fort bien que tu m’avais reconnu. Mon odeur était atypique, le mouvement de mon pas était tout aussi unique puisqu’il était toujours lent et détendue, peu importe la situation. L’indifférence était une muraille infranchissable qui me protégerait toujours contre les mauvais coups du sort. Je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas dépérir, je ne voulais pas souffrir pour un autre, surtout un autre qui n’en avait que faire. Je comprenais ta douleur, je savais qu’elle était si grande qu’elle te bouffait entièrement. Mais tu devais comprendre, qu’avoir la tête courbée pour un autre n’était pas la solution. Il fallait que tu te redresse et que tu vives, et j’étais prêt à tout pour t’y aider.

Quand tu fus bien installé contre moi tu articulas mon prénom. Cela me fit battre un peu de la queue, heureux de t’entendre. Mais ta voix était enrouée et triste, et j’eus l’impression qu’elle allait se briser dans un flot de larmes. Je me mis à te lécher le museau et les oreilles pour te détendre et te faire du bien. Je savais combien tu avais besoin d’affection, et c’était aussi mon cas. Tu étais tellement importante pour moi, tu ne pouvais même pas imaginer combien tu m’étais précieuse.



Contrairement à toi malheureuse, je savais ce qu’étais Noxic. J’avais vu Pleione et Noxic grandir de loin, mais il ne s’était jamais caché de ses conquêtes. Le souci étant alors que Noxic voulait une louve atypique et puissante pour avoir une descendance, et encore, l’idée même d’une descendance ne lui effleurait sans doute jamais l’esprit. Il n’était pas fait pour être père, ni même pour avoir une amante. C’était un loup qui aimait être apprécié mais qui se fichait des autres. Il nous casait tous dans des cases, et le seul à avoir le d’importance était le dragon rose. Dragon qui sans le savoir m’avait un peu plus détruit…

Je mis les oreilles à l’horizontal à cette pensée. Il n’y a pas à dire je droit être maudit, et toi aussi. J’espère chère amie que je ne t’ai pas donné ma malédiction. Quelle honte sinon. J’étais bien le pire des frères pour m’occuper de toi alors que je n’étais pas encore capable de m’occuper de moi-même. Moi aussi je souffrais, même contrairement à toi, je savais comment faire pour n’en rien montrer. Quand ton regard triste, doux et malheureux s’éleva vers le ciel, mes oreilles se mirent à l’horizontal. Quelles sombres pensées traversaient encore ton esprit ? Comment pouvais-je les chasser loin de toi ? Que faire pour te voir aller mieux ? Je soupirais longuement, j’étais en détresse face à ta peine. Je n’avais ni les armes pour la combattre, ni les connaissances pour la détruire, et j’en étais désolé.

Mais ta tête retomba mollement sur le sol après deux interrogations. Mes oreilles en arrière, je tournais la tête vers toi, inquiet par ton état. Je te donnais un coup de museau avant d’essuyer tes larmes avec une douceur qui n’appartenait qu’à moi et qui n’était que pour toi. Tu étais un peu une privilégiée car tu me voyais sous un jour que personne n’avait vu encore. Mais cela ne me dérangeais pas, tu le méritais.


Ma voix fantomatique c’était adoucis juste pour toi. Je ne voulais pas te blesser je voulais te venir en aide mais je ne savais comme m’y prendre. Je me sentais prisonnier de ta douceur et de ta fragilité. J’avais peur de te briser d’avantage, de te faire du mal. Je ne voulais pas te voir souffrir, je voulais te voir heureuse et vive comme autre fois. Je voulais que tu joues comme avant, que tu souries aussi, mais que tu sois un peu plus fière qu’autre fois. Oh si tu avais un peu plus de force et de panache je pourrais bien tomber sous tes charmes. Alors finalement, reste juste comme tu es, tu es déjà parfaite, et ce n’est pas à moi que tu dois faire la cours. Enfin, je crois…

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De tes rêves à mes rêves

Couché prêt de toi, ta détresse et ta douleur palpable dans l’air ambiant, je détestais la situation. Si j’en avais le cran et la bêtise je te mordrais pour te faire réagir. L’instinct de survie inconscient au fond de l’âme est parfois si fort qu’il peut sauver l’individu le plus en détresse. Mais je ne veut pas te blesser, cela ne me fait guère envie. Où était partie ta vérité ? Pourrais-tu seulement entendre la mienne ? L’accepter et l’écouter comme quelque chose d’évident. Les évidences sous son ton museau chère et tendre amie, mais tu leurs tournes le dos et les fuis comme si jamais elles n’avaient été là. Et moi seul jamais je ne serais capable de te sortir de là. Il faut que tu fasses une part du travail aussi… Mais vu ce que tu es devenue, en es-tu seulement capable chère amie ? Tu pleures tu laisses tes larmes fuir avec ta peine, moi je n’ai jamais su faire, j’ai pourtant tellement d’êtres à pleurer. Si seulement tu savais, si seulement je te l’avais dis, si seulement j’en avais parlé un jour…


Te mettant dans mon sens, je croisais ton regard vitreux et emprunt de peine. Il t’avait tué. Et je le maudissais pour cela. Je n’étais pas dans l’esprit de vengeance, mais je ne serais pas contre l’idée de le voir souffrir autant que toi. Pourquoi t’avait-il fait un tel affront au juste ? Moi-même je n’étais pas capable de le comprendre. Soufflant longuement quand j’entendis ta question je soulevais lentement les paupières avant de te regarder. Mon museau se leva vers le ciel alors que le vent venait s’amuser dans nos sombres fourrures.


Regardant le ciel je pensais à toi. Je crois que jamais je ne t’avais trouvé aussi belle et désirable. Serait-ce ta fragilité qui te rendait si belle à mes yeux ? Pouvais-je seulement te le dire ? En avais-je le droit ? M’en donnais-tu l’autorisation ? Je ne désirais pas te blesser… Ce n’étais ni un désir, ni un but. Au contraire je voulais te relever. Réfléchissant à la suite de ta question un sourire effleura mes babines alors que je te lançais un regard doux et plein de tendresses. Te donnant un coup de langue sur la joue, je soufflais longuement avant de glisser mon museau sous le tient.


Me relevant lentement je me défis de toi et secouais mon épais et soyeux pelage noir. Contrairement à toi qui montrais ta peine, moi je bridais la mienne, si bien que tu n’avais pas vu dans quel gouffre j’étais tombé… Le savais-tu ? Que j’avais su tomber amoureux avant de me sentir lointain, désoeuvré et perdu…. Il était si beau, si désirable… mais à la fois si loin et inaccessible. Une fois debout je me rassis calmement et tournais mon regard vers toi. Toi et moi avions le même regard, la même couleur y brillait. Mais chez toi la peine étincelait de milles feux, alors que mon regard à moi était vide et creux depuis des années. Je sais que tu ne l’ignores, mais j’ai déjà tout perdu avant même de trouver quoi que ce soit…

Je soufflais longuement en observant le reflet de mes yeux dans les tiens. Que vois-tu en me regardant ? Moi je ne vois qu’en moi un loup fugace et aussi étrange que la fumée qui fuit au loin. Mon regard te quittant pour retourner vers le ciel, je me dressais lentement sur mes pattes arrières et poussais un long hurlement. Peut être m’accompagnera-tu, et peut être cela te fera-t-il du bien. Je l’espérais en tout cas. Quand mon hurlement s’arrêta, je reposais mes pattes au sol et te lançais un regard. Toi et moi étions si semblables et si proches, en avais-tu seulement conscience ? Ou le découvrirais-tu quand je ne serais plus de ce monde ? Aujourd’hui je te vois, mais hier je ne te voyais pas et je souffrais comme un porc qu’on a tenté de tuer… tout ça parce que je suis allé trop loin trop longtemps et que mon esprit n’a pas aimé le retour à mon corps. Bien sur tu ne le sais pas, et tu ne le seras jamais. Si je peux lire en toi comme dans un livre ouvert, toi tu ne vois de moi qu’une couche d’ombre couverte de fumée où une silhouette floue se découpe timidement… Oh Imryu, j’aimerais tant, que tu apprennes à me connaître mieux… Toi et moi pourrions être tellement plus heureux, si seulement nous étions plus proches…

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De tes rêves à mes rêves

Tu n’avais pas répondu à ma question, mais ton regard m’avais suffis. Je savais qu’il n’y avait que lui. Lui et lui seul habitait ton âme et occupait tes pensées. Il t’avait noyé sous des paroles doucereuses et une attitude de mâle parfait. Il me donnait la nausée, l’envie de le battre, de le mordre, de le blessé. Mais si je faisais cela, jamais tu ne me le pardonnerais. Je ne te comprenais pas vraiment, et je n’avais pas envie de te comprendre d’avantage. Finalement, la lumière revint dans tes yeux, et l’espoir avec lui. Je te regardais te relever, et te secouer, tu me posas deux questions consécutives et un soupir me prit. Je ne pouvais te retenir même si c’est ce que je désirais. Je savais que tu devais aller voir, que tu devais te le prouver et être au fond du gouffre pour enfin passer à autre chose. Je m’assis alors et regardais le ciel, lui demandant silencieusement d’être clément avec toi. Puis je reposais mon regard sur toi et rabattit ma queue sur mes pattes.



Je me relevais et te tournais le dos, m’éloignant en direction de la statue où vivait ce si petit loup qui était aussi si étrange. Te lançant un regard de trois quart je m’arrêtais et fit un mouvement de tête en ta direction. Puis levais mon regard vers la sortie.



Je ne voulais pas que tu ailles là bas, j’avais peur de ce qui t’arriverait ensuite, de l’état dans lequel je te découvrirais… Je m’inquiétais pour toi, je n’avais jamais été aussi inquiet pour quelqu’un. Je ne crois pas en tout cas. Si pour mon frère une fois, je l’avais cherché sans relâche jusqu’à comprendre que je ne le retrouverais pas. Mais toi, si je pouvais te retrouver, t’aider et te sauver de la peine, alors je ferais tout ce qui en mon pouvoir pour y parvenir. Compte sur moi… ma chère Imryu.
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