Couché dans les ombres depuis des heures, les yeux mis clos, mon esprit vagabondait dans toutes les directions possibles et imaginable. L'hiver frappait à nos portes et un vent qui jouait dans mes poils se moquait de nos corps agressés par le froid. Ma solitude me convenais, j'aimais à vivre seul loin des loups sans intérêt et arrogant de leur existence. Ma queue se mouvant lentement j'avais entraperçu la femelle qui arrivait. Elle semblait malheureuse et sombre dans l'âme. Penchant alors la tête je l'observais. Je la connaissais, elle était de chez moi, de la famille de mon clan, du territoire que j'aime et de la meute que je veille. J'avais sans doute déjà du entrer dans les rêveries sauvage de la femelle, mais pour l'heure se sentais surtout son désir intense de compagnie. Hésitant un moment, quand elle s'endormit je dressais les oreilles. Mais je ne pouvais pas entrer dans son sommeil preuve qu'elle ne dormait pas assez profondément et qu'elle n'avait donc pas commencé à rêver. Hésitant une seconde je me décidais à me lever avant de m'approcher lentement d'elle après avoir traversé le cours d'eau par un coin en amont où il y a moins d'eau. Je m'assis derrière elle, l'observant sommeiller avant de souffler.

" Tu déprimes ? "

Je ne connaissais pas de sentiment de tristesse profonde. Il était difficile de m'atteindre. J'étais de nature indépendante, fier, et impassible. J'ignorais donc ce que signifiais d'être malheureux. De plus la femelle était une inconnu pour moi, et mon intérêt était purement de la curiosité. Mais j'aurais oublié la femelle d'ici quelques heures, surtout si elle ne me marque pas. Les seuls à pouvoir m'arracher des sentiments sont mon père, mon frère, et Pleione, les autres ne sont que des ombres sur le chemin de mon existence sans importance.

Observant la femelle au pelage sombre ma queue balayait lentement le sol dans mon dos alors que mon regard impassible était posé sur elle. Elle semblait un peu dans les vapes à son réveille, sans doute s’approchait-elle des rêves et l’en avais-je sortie trop rapidement. Je connaissais le problème j’étais le seigneur des rêves, leur maître et leur acteur principal. Je savais que sortir d’un sommeil profond du sommeil profond peut être risqué. Ça peut donner mal au ventre, des nausées ou envoyer dans un semi sommeil pourtant éveillé. La femelle sembla rapidement méfiante comme si elle était inquiéte de ma présence, une attitude qui me troubla. Je savais Imryu craintive mais de là a être effrayé par ma seule présence, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin non plus. Pourtant elle ne semblait pas méchante et moi je ne l’étais pas forcément non plus. Je n’étais même pas sadique ou malsain. Juste un peu pervers sur les bords… Je penchais la tête en observant la louve jusqu’à entendre sa réponse et hausser un sourcil



Le mensonge pas du tout crédible de la femelle ne passait pas. Moi j’étais capable de mentir. J’étais trop inexpressif pour être compris. Mais ça n’était pas le cas de la louve. Mon regard dénué d’émotions, mon corps immobile dans une position simple. Rien ne laissait paraître le moindre sentiment, la moindre pensée. Alors qu’elle avait eut les oreilles basses et qu’elle s’était avachie comme une malheureuse à la recherche de soutient. Sa réponse était une insulte à mon intelligence et à ma capacité d’analyse. Je suis assassin, je suis adulte, je suis capable de réfléchir. Et là elle me prend clairement pour un imbécile ou alors elle vraiment peur de moi et me cache sa faible…

Tranquillement et impassiblement assit face à la femelle sombre qui se tenait en face de moi. J’écoutais sa remarque en mettant les oreilles à l’horizontale. C’est bien au moins elle est franche ça m’évite de me prendre la tête pour des raisons absurdes. La femelle est franche et me résume son caractère et sa vie en quoi ? Trois caractéristique, voilà qui est originale pour une espionne du clan du feu. Rabattant ma queue sur mes pattes j’agitais lentement les oreilles en regardant la femelle qui se tenait en face de moi et secouais lentement la tête de droite à gauche


Tu es tellement seule que tu as la connerie et la bêtise d’y songer dans tes rêves du coup je le sais… Enfin je suis peut être un peu trop cru dans mes paroles voir même méchant. Tant pis la pauvre chérie sans remettra de toute façon elle ne fait pas partir de mes proches et Pleione n’est pas là pour me dire de ne pas faire de telles remarques. Agitant les oreilles un soupir m’échappa tout de même.


Je sais que je suis dur et pas forcément agréable, mais je ne suis pas mauvais non plus. Si je l’étais je n’aurais pas un frère que je protégerais au péril de ma vie. Et je ne penserais pas à celui que j’ai eus par le passé mais que la vie m’a enlevé de manière violente et sadique. Me couchant en sphinx je laissais à la femelle le loisir de me répondre ou de me arracher les tympans par de la colère que je lui comprendrais.

Ecoutant la femelle, restant assit, immobile et impassible, je me surpris à lever les yeux au ciel. Une rare preuve de ma lassitude. Je la trouvais soudain plus stupide et arrogante que jamais. Et surtout bien imbu d’elle-même pour croire qu’elle trouvera LA personne qu’il lui faut comme si ça allait lui tomber tout cuit dans le bec. Il fallait être réaliste, dans ce monde sans queue ni tête pour avoir une chose il fallait la vouloir, la désirer et agir en conséquence. Je me couchais en sphinx puis sur le flanc en écoutant la louve qui se croyait fier de ce qu’elle disait.


J’étais claire au moins, je trouvais cela absurde. Qu’elle bêtise pousse un loup qui s’isole a vivre en meute ? Pourquoi ne vie-t-il donc pas en solitaire puisqu’il agit déjà comme tel à l’intérieur du groupe ? Pour moi ça n’a pas de sens logique, pour moi c’est quelque chose d’aberrant et de fou. Je ne suis pas très social mais je ne suis pas non plus reclus comme elle. Tiens, en voilà un surnom qui me plait et qui lui sied à merveille… La Recluse. Ramenant ma queue contre mon corps j’allongeais ma tête sur la roche.



Je détestais mon univers, je méprisais mon espèce, je la trouvais risible, arrogante et inutile. Je ne trouvais pas d’intérêt à tous ces loups que je pouvais rencontrer. Ils me permettaient de grandir, d’évoluer, mais ils ne m’apportaient rien de plus et leur existence aussi courte que la mienne ne me faisais ni chaud ni froid. Soit j’étais triste de perdre mon frère et je serais touché de perdre Ryryk. Mais même avec sa mort dans la cervelle je continuerais d’avancer, parce que c’est là le meilleur moyen que j’ai trouvé d’honorer mes morts.

M’agressais était bien la l’idée la plus stupide qui avait traversé l’esprit de la femelle durant les dernières années. Je l’avais laissé filer ma queue fouettant l’air je calculais rapidement son itinéraire avant de sauter du rocher et de passer dans les fourrés et les ombres. Au détour de la rivière je bondis des ombres et sauté sur la femelle pour la plaquer brusquement au sol. La maintenant à terre sur le dos j’approchais mon museau du sien en grognant.



J’étais orphelin, j’avais été abandonné quelques part par une louve de l’air pace que je n’avais pas d’aile et que je lui faisais honte. Je m’étais moi-même mutilé dans l’espoir de mourir de mes blessures avant d’être recueillis et éduqué par Jarodin qui m’avait tout apprit. Je remerciais chaque jour le mâle pour ce qu’il avait fait pour moi en ne me plaignant jamais et en supportant toutes ses idées et toutes ses demandes. Je protéger la meute en me débarrassant de ses ennemis et je courbais l’échine quand Zal faisait des choses que je trouvais ignoble. Je protégeais et aider n’importe lequel des loups du feu quand je le pouvais. Imryu n’avait pas le droit de juger de ma personne, elle ne me connait pas ! Je ne la jugeais pas, je me contentais de la conseiller, je suis nul avec les mots mais je ne suis pas idiot, je ne me permettrais jamais de dire tout haut ce que je pense.

Je lui grognais après une seconde fois avant de me retirer de sur elle. Redressant la tête et secouant mon épais pelage noir en renvoyant ma mèche bleuté. Je posais mon regard ambré sur la femelle alors que j'avais encore les crocs légèrement dévoilés.



C'étais vrai après tout, elle avait jugé et dis des mots que je n'avais ni dis ni pensais. Je la trouve ridicule c'est tout. Mais elle est ridicule dans ses jugements et ses attitudes, je n'ai jamais rien dis pour le reste.

Alors que je m’étais reculé pour la laisser parler je penchais la tête en l’entendant s’excuser et fut un peu surpris. Elle ne m’avait pas fait mal même si je n’avais pas apprécié son acte de me mordre comme ça alors que je me remettais encore de mes blessures passées. Ma queue se mouvant lentement dans mon dos j’avais masqué mes belles canines derrière mes babines et écoutais la femelle. En sentant sa patte je reculais et m’en défis d’un mouvement de tête avant de m’asseoir sur les fesses et de pointer les oreilles



Rabattant ma queue sur mes pattes je l’observais d’un œil surpris. C’était la première fois qu’on me disais une chose pareille. Je secouais alors lentement la tête en entendant ses dernières paroles et relevais ensuite mon regard ambré sur elle.


Je faisais là référence à ce qu’elle venait de faire en partant énervée comme si elle me fuyait alors que de toute façon elle m’aurait croisé à son retour au campement. Comme elle le disait j’avais beaucoup à donner et je prenais peu. Je n’avais jamais été manipulateur ou sadique. J’étais sarcastique et moqueur mais ça s’arrêtais là. Impassible et froid mais pas mauvais pour un sous. J’étais plutôt associal et indifférent parce que je ne voulais plus souffrir du déchirement de voir un être disparaître …



J’avais avoué ça d’une petite voix en mettant mes belles oreilles à l’horizontale. Son image m’avait rappelé mon demi frère quand il s’est fait gronder par père. Et cette même image m’avait toujours renvoyé le souvenir doux de mon jumeau après que nous nous soyons disputez. J’avais parfois l’espoir de retrouver son caractère bien trop noble et trop gentil en un autre individu, mais je l’avais perdu à jamais et personne ne le remplacerais. Ni Noxic, ni Pleione, ni Jarodin, ni Ryryk n’étaient au courant que j’avais eus un frère de sang. Il n’y avait que moi, et ma folle de mère…

Observant la femelle d’un œil aussi inexpressif que blasé, je me demandais comment j’en étais arrivé là. Pourquoi je lui parlais été une chose qui m’échappait complètement. Je la connaissais à peine, je l’avais de temps à autres aperçu de loin, seule, mais je ne savais pas vraiment qui elle était. Je ne savais aucun de ses traits de caractère, et je n’arrivais clairement pas à saisir son comportement. Un comportement que j’avais déjà vu tanguer entre adulte et enfant. Je me demandais d’ailleurs souvent comment elle avait pu en arriver là. Avait-elle une double personnalité ou était-elle juste comme ça ?

L’écoutant alors je dressais les oreilles avant de les agiter tout en gardant le silence. Mon visage n’exprimant pas un traitre sentiment après ses mots. Je me surpris pourtant à éprouver autant de peine que de pitié pour la femelle. Ainsi la meute l’avait laissé se débrouiller seule ? Alors les loups ne valent vraiment pas mieux les uns que les autres… Je suis bien content que Jarodin ait croisé ma route, que serais-je devenu sans lui pour m’éduquer ?


Oui, personne ne la félicitera. Les loups sont égoïstes au possible. Ils sont indépendants. Et surtout ils pensent que certaines choses sont normales. Et donc féliciter un autre individu pour une normalité leur paraît absurde. Personnellement ça me semble logique de féliciter ou d’encourager un autre loup quand celui fait des choses qui nous semble remarquable, non pas à notre niveau, mais au sien. Mais avant il faut connaître un peu la personne.

Puis elle me toucha la patte et s’enfuit en me disant que j’étais un chat. Je m’assis sur les fesses, penchant la tête et haussant un sourcil. A la fois surpris et dubitatif. Je n’avais jamais appris à jouer à ce jeu. Les jeux de Ryryk et de Noxic sont disons… plus violents… Ou plus dangereux peut être. Alors j’observais la femelle qui se mettait en position de jeu mais ne réagissais toujours pas.


La question me paraissait de mise. Je ne comprenais clairement pas ce qu’elle était en train de faire. Me draguait-elle ? Non elle ne sent pas cette odeur que les femelles ont quand elles viennent jouer de leur charme à mes pattes. Voulait-elle que je sois son ami ? Était-ce un moyen pour elle de créer un lien avec moi ? Ou alors elle veut que l’on s’entraîner ? Là tout de suite, je sèche sur la nature de ses intentions …

Assit confortablement sur mon délicat postérieur, j’observais la femelle. Je la comprenais, et à la fois la plaignait. Si elle n’en avait pas besoin c’est bien qu’elle n’en avait jamais entendu. Mais ça fait tellement du bien d’être félicité, moi-même qui suis très peu expressif j’aime recevoir des compliments de mes proches. Alors j’avais de la peine pour elle, ça me surprenait d’en éprouver pour une étrangère à ma vie. Mais j’en éprouvais malgré moi sans que cela ne traverse jamais la barrière de mon regard. Les oreilles pointées vers elle, je la vis se redresser et se calmer, elle m’expliqua alors son jeu et je penchais tellement la tête que mon dos se baissa et que je la mis presque à l’envers. Observant la femelle je me redressais


Je ne connaissais que des jeux pour développer mes dons naturels. La force physique, l’endurance, l’odorat, l’ouïe, l’observation. Agitant doucement ma queue je n’étais néanmoins pas contre l’idée d’apprendre un jeu qui ne servirait qu’à jouer. Ce n’était soit pas dans mes habitudes, mais j’avais envie de sortir de ce quotidien qui m’écrasait malgré moi. Alors j’observais la femelle, attentive, retenant comment elle jouer. Je suis sur que Pleione connait ce jeu vu le temps qu’il passe avec les plus jeunes. Puis elle s’approcha à nouveau et me demanda si je jouais, ou si je connaissais d’autres jeux. Je baissais légèrement la tête avant de la relever en la tournant par la même occasion.


J’aimais jouer dans les rêves des autres, malmener ceux que je n’aime pas, et calmer ceux que j’aime. Jamais personne ne comprenait comment je connaissais autant de choses alors que les autres ne s’étaient pas confiés. Oui, mais dans les rêves, ils sont beaucoup plus bavard. C’était une collecte d’information que j’aimais. Et j’aimais aussi faire mal parfois. J’ai quelque chose comme ça, de noir, de malsain et de sombre. Mais j’agitais les oreilles en reposant les yeux vers elle.


C’était vrai, je voulais bien apprendre ce jeu. Un jeu qui n’était pas là pour faire mal ou s’entraîner. Un jeu seulement fait pour se détendre qui m’était inconnu et étranger, un peu comme elle en fait.

comme tous les jeux de louveteau il développe des compétences. En fonction de comment on y joue il développe les compétences de chasse, la furtivité, l'endurance aussi, la discrétion, ça te muscles les pattes, tout bénef

c'est toujours toi le chat

Comme elle me paraissait étrange cette femelle, de plus en plus complexe et à la fois de plus en plus fascinante. Elle ne semble pas prendre mal mes remarques, ni même comprendre que j’ai des tendances sadiques et psychotique. Tant mieux me dira-t-on cela m’évitera de me fournir un ennemi inutile. Mais tout de même cette femelle, elle a quelque chose qui me dérange. Je n’arrive pas bien à lire ses désirs inconscients et ses rêves sont complètement noyés. Secouant lentement la tête j’agitais les oreilles avant de les dresser pour l’écouter. Attentif à ses mots.

Pas sur que je puisse développer autant de chose avec toi comme adversaire, tu espionne, moi assassin. J’ai besoin d’autant de caractéristiques physiques que toi pour remplir mon devoir, si ce n’est plus. Néanmoins je hochais la tête, soit, j’avais compris, et j’essaierais d’apprendre. L’idée soudaine de faire jouer Noxic à ce jeu me fit sourire. Et l’idée de l’y voir jouer avec Pleione fut encore plus frôle mais mon sourire roublard et malicieux resta le même. Chers amis le ridicule ne tue pas, et vous me suivrez dans mon délire je vous le garantis !

La femelle me rappela alors que c’était toujours moi le chat. Je haussais un sourcil et penchait la tête, avec l’envie fourbe de la faire courir inutilement. Restant immobile je la vis prendre de la distance et finalement je baissais la tête vers le sol. Glissant mon menton sur les feuilles, un mouvement de nuque et de pattes et me voilà sur le dos. J’observais la femelle une seconde, elle ne semblait pas comprendre et à coup sur elle s’approchera de nouveau.


Au oui ce râleur de serpent qui joue à ce jeu d’enfant. Quel amusement. Si Imryu développe l’agilité, l’endurance et d’autres choses. Je comptais développer là ma capacité à mentir, et obtenir ce que je veux des autres en les trompant. Un autre de mes jeux malsains bien malheureusement.

Je restais couché sur le dos, observant la femelle, je ne bougerais pas de là avant un très long moment. Mon truc à moi c’est l’observation, l’analyse et la manipulation avant le coup de grâce. Alors que j’observais la louve je me laissais glisser sur le flanc, la tête dans les feuilles je tendis le cou vers elle. Alors que la nuit se levait je sentais les rêves arriver, il faudra que je mette fin à ce jeu pour surveiller le sommeil de la meute. Mais la louve me posa une question si je connaissais Noxic. Je me redressais rapidement, me couchant en sphinx avant de capter son désir de ne pas être tromper. Un rêve éveillé, elle veut être proche de lui. Un sourire fin étira mes babines, finalement elle n’est pas si étrange que cela. Elle rêve que sa relation ne soit pas un mensonge et je le sens. Dressant les oreilles je croisais les pattes avant et déposais ma tête dessus en observant la louve.



Je lui aurais bien répondu que c’était le meilleur ami de mon amoureux, mais je ne me voyais pas lui dire cela. Je venais tout juste de déclarer ma flamme à Pleione et j’étais encore en repos, alors lui dire une chose pareille c’était hors de question. J’avais aussi envie de lui dire que Noxic avait peu d’attaches et qu’il était peut sincère, mais il pouvait très bien changer tout comme moi. Alors j’observais la louve faire un bond de plus en m’adressant de nouvelles paroles. Je mis les oreilles à l’horizontal.


Effectivement je travaillais mon esprit, j’étais en train de m’assurer que les plus jeunes loups du clan se soit endormis et ne cauchemarde pas. J’étais donc contraint à l’immobilité et je fermais même les yeux pour m’assurer d’autres petits détails. Oubliant un instant la femelle. Si elle me parlait mon cerveau m’en informera une fois que j’aurais ouvert les yeux de nouveau. Et si elle s’est approchée alors le jeu reprendra.

Couché en sphinx la tête déposée entre mes pattes, j’appréciais cette plénitude nouvelle qui me caressait l’âme. Je veillais calmement sur les âmes et les rêves esseulés des loups de mon clan. C’était important pour moi. Mais alors que je quittais mon travail et soulevais à nouveau les paupières je vis Imryu endormi. Penchant alors lentement la tête je l’observais une seconde, silencieux, la tête dans des réflexions sauvages et insoumises à mes idéaux. Je me demandais alors soudain à quoi rêvé la femelle et je me laissais alors happer par ses songes.

Je reconnu rapidement la jeune louvette comme étant Imryu enfant, un fin sourire éclaira mes babines. Son enfance était sans doute aussi douce et innocente que celle de n’importe quel louveteau normal. Je vis alors un père doux et bienveillant aller la chercher et s’en occuper avec tout l’amour paternel qu’un mâle puisse posséder. J’aurais aimé que mon père biologique me traite de la sorte, mais dans le clan de l’air on aime pas ceux qui n’ont pas d’ailes, surtout dans une famille noble… Je secouais alors lentement la tête avant de voir la femelle entrer. Une adulte elle aussi. Sans nulle doute la mère d’Imryu. Elle aussi s’occupa de la femelle avec douceur et tendresse, et je me mis soudain à envier la louve noir et rouge. Moi je n’avais jamais été traité de la sorte, pas même par Jarodin qui était tout juste capable de reconnaissance. Pour lui j’étais un soldat parmi les autres, je ne le blâmais pas, mais c’est vrai que ce manque d’affection me pesait parfois.

Observant la loupiote j’hésitais entre deux approches, la douce, et la violente. Puis finalement je me décidais ni pour l’une ni pour l’autre. J’aimais bien jouais avec la conscience d’autrui surtout dans les rêves. Alors je secouais mon pelage ombragé avant d’entrer dans la tanière où le père comme la mère ne me virent pas. Il n’y avait que les yeux d’Imryu qui était capable de me voir. M’approchant encore je lui donnais un coup de patte sur l’oreille avec une certaine douceur avant de disparaître sans laisser de trace



Je m’étais retrouvé assit à l’entrée de la tanière, la queue contre mes pattes j’observais la petite famille. Moi avec ma taille et mon apparence de louveteau. Dans mon dos le ciel s’était assombri, je savais que ce rêve était un jeu de son inconscience. Qu’à son réveille elle ne souviendrais que de ma présence dans celui-ci, mais que tout le reste ne serait que flou et brouillard sans formes ni paroles. Pauvre Imryu… En fait, elle me fait de la peine.

J’avais observé avec indifférence le rêve de Imryu devenir de plus en plus sombre. Cela ne me dérangeait pas, j’étais habitué aux aléas de la conscience et de l’inconscience. Ma queue se mouvant lentement dans mon dos, j’étais redevenu un adulte et j’étais debout, bien droit, observant l’ombre. Dans le noir total de l’esprit d’Imryu il n’y avait ni ciel ni sol, difficile de distinguer l’envers de l’endroit. J’étais aussi habitué à ce genre de chose, et si le rêve d’Imryu continuait sans vraiment le faire, je savais que la louve en souffrait et cela ne me plaisait guère. Alors j’avais suivi le mâle qui lui avait annoncé le décès de ses aïeux, et comme l’assassin que j’étais je suis venu prendre Imryu, du moins sa version enfant et inconsciente, pour la sortir de ses propres ombres. Mais cela me fut difficile, elle était têtue et son esprit aussi fort que le mien.

Alors finalement je la regardais, la dans l’ombre tremblante, si son apparence était celle du louveteau, moi je voyais l’adulte. Dressé sur mes quatre pattes je l’observais sévèrement les oreilles pointées vers elle. Je savais qu’Imryu se souviendrais de ma présence dans son rêve, et qu’elle se souviendrait de mes mots, j’espérais juste qu’elle ne les interpréterait pas trop mal.


J’avais parlé d’une voix dure et froide et surtout sans émotion. Son rêve avait fait de ma voix quelque chose de lointain et de fantomatique. Pourtant mon corps se trouvait juste devant elle, bien encré dans le sol noir que son esprit avait imaginé. Et alors que je parlais j’avais senti ce même sol devenir du sable un sable noir qui me chatouillait les pattes. Je levais alors la tête, au dessus de moi le ciel noir d’une nuit sans lune. Je reposais alors mes yeux sur elle, agitant les oreilles avant de lui donner un coup de museau entre les oreilles.



Suis-je devenu stupide à lui dire une chose pareille ? Ou est-ce la mon propre inconscient qui parle. Je lui donnais un coup de langue sur l’oreille avant de frotter ma joue à la sienne. Puis finalement je me redressais et fit demi tour. Peu à peu le paysage qui m’entourait se fit lumineux. Si le terrain où se trouvait Imryu était gris et noir, entre elle et moi une séparation net de lumière venait de se faire. Autour de moi se dessinèrent des arbres verdoyants, des tanières, des loups vivants. J’aperçu Pleione endormi sur un rocher et Noxic qui l’observait depuis sa tanière. Je vis aussi Ryryk qui jouait à chasse papillon dans une lumière vive du soleil alors que le ciel bleu se trouvait au dessus de ma tête. Je venais de ramener un peu de lumière dans son rêve bien noir. Alors à quelques mètres d’elle, dans ma lumière, je me tournais de trois quart vers elle et agitait les oreilles en lui souriant


C’était vrai, tout louveteaux censé préfère la lumière à l’ombre. Et je savais que si elle quittait son coin noir et qu’elle entrait dans ma lumière de rêverie alors elle pourrait se rendormir calmement, ou se réveiller avec le sourire. Et c’est ce que je souhaitais. Elle retiendra mes paroles, mes idées, mes pensées et ma présence ici, mais elle pourra aussi se dire que c’était un rêve, parce que nous avons jouer juste avant qu’elle ne s’endorme.