Lester est mort.

Trois simples mots qui emplirent le capitaine Kaporal de bonheur. Son œil valide brilla et ses babines s'étirèrent en un sourire. Il se retourna en direction de l'informateur, un air lumineux sur le visage. C'était Dukan. C'était un nouveau garde, mais on lui donnait quelques petits mots à passer au sein du clan, histoire de le mettre dans le bain et l'intégrer au mieux. Il ne connaissait pas beaucoup de monde, mais connaissant déjà l'alpha, le garde en binôme avec lui, lui avait donc permis d'annoncer la nouvelle. Dukan resta stoïque face à l'air joyeux qu'arborait son nouveau chef. Après tout, il ne connaissait pas la relation qu’entretenaient ces deux individus, mais visiblement elle était mauvaise. Quoi qu'il en soit, il poursuivit :

Par contre, Gaor est gravement blessé et y a une louve cornue ailée qui l'accompagne.

Cette nouvelle le réjouit d'autant moins. Demandant de plus amples informations, le dogue allemand ne fut en mesure que de lui dire qu'ils avaient entendu la voix d'un inconnu les appelant et que quand ils arrivèrent sur les lieux, ils n'avaient trouvé que Gaor et cette femelle dans la carriole de Lester. Il donna également le nom, écorché, du médecin chez qui ils étaient avant que Kaporal ne le laisse partir. Préoccupé par cette affaire, il essaya d'imaginer ce qui s'était passé. Gaor en avait-il eu marre de ce fichu lien au point de tuer lui-même Lester pour s'en libérer ? Si tel est le cas, alors Gaor avait pris un énorme risque et il était entre la vie et la mort. Kaporal connaissait la nature de leur lien et il savait que si l'un se blessait, l'autre l'était aussi.

Il ne partit dans la tanière du médecin qu'une heure plus tard, histoire de laisser du temps au médecin avant de débarquer pour de plus amples informations. Lorsqu'il arriva, le médecin était en train de s'occuper de l'inconnue. Gaor, lui, était allongé, toujours inconscient. Après s'être présenté à l'inconnue, ils échangèrent pour savoir ce qui s'était passé. Bien que sous le choc de tout ça, la femelle réussit à le renseigner. Cependant, quand arriva la mort de Lester, elle se sentit d'autant plus mal et elle ne lui répondit que de façon brève qu'il avait été éventré. Après cette réponse, il remercia Hadanalith pour les renseignements, lui souhaita un bon rétablissement et quitta la tanière du médecin. Quelques instants plus tard, il annonça la nouvelle au clan. Il ne rentra pas dans les détails, il leur dit simplement qu'un puma toxique les avait attaqués et qu'à la suite de ça, Lester perdit la vie. Tout comme Kaporal, certains se réjouirent de sa mort. Après tout, Kaporal n'était pas le seul ennemi de Lester, d'autres ne l'appréciaient guère. Mais bien qu'ils n'en aient rien dit, l'alpha avait pu le voir rien qu'à leur visage. Le pirate russe profita de sa mort pour rappeler à chacun que : Être l'ennemi d'un russe ne peut que vous apporter malheur. Ainsi, le second ennemi de Kaporal fut tué, cette fois-ci non pas de sa patte, mais une chose est sûre, être son ennemi vous filait un karma morbide. Quoi qu'il en soit, Kaporal fêta la mort de son ennemi le soir même en compagnie d'autres.
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Plusieurs jours passèrent. Gaor était de nouveau conscient, mais son état mental était au plus bas. Kaporal avait pu le constater en lui rendant visite chez le médecin. Il était encore alité pour ne pas qu'il se fatigue trop ou pour ne pas qu'il risque d'ouvrir une blessure. L'alpha n'avait jamais vu le loup des cavernes dans cet état. Lui tenant compagnie, il avait vu au fil de la discutions qu'il était vraiment mal. Il ne connaissait pas toute l'étendue du malheur de Gaor, car il préférait garder certaines choses pour lui, mais une chose est sûre, l'alpha savait que ce lien avec Lester l'avait usé, l'empêchant de travailler convenablement et de profiter de ses repos. De plus, il avait du servir de cobaye dans l'espoir de briser ce lien. Outre ses blessures, son état physique n'était pas en reste : il avait maigris et perdu du muscle.
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Une nuit, Kaporal n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il n'était pas assez fatigué pour ça. Une soudaine envie lui vient. Il se leva, quitta la tanière et même le campement, et partit en direction d'un lieu qu'il affectionnait particulièrement.
Alors qu'il arpentait la forêt Talaïala, la pluie commença à tomber, se transformant en orage. Les éclairs vrillèrent le ciel, la pluie tomba avec acharnement et le vent bougea les arbres d'une danse rapide et endiablée. Il continua son avancée, pas assez dérangé par l'orage pour s'arrêter. Seulement, les minutes passèrent et au bout d'un quart d'heure, l'orage se transforma en tempête. Le vent se fit plus violent et bruyant et la pluie s'abattit plus douloureusement sur son corps. Il ne pouvait plus continuer, il devait s'arrêter. Aller là-bas serait trop dangereux. Il était dans la forêt, il était donc quelque peu protégé de la tempête furieuse. À découvert sur les falaises, sans nul doute qu'il multipliera les risques d'être blessé ou tué. D'autant plus que sa vision était atténuée avec tout ça. Il trouva vite un abri au creux d'un énorme tronc d'arbre couché au sol, creusé à l'intérieur pour s'y cacher. Il s'y endormit finalement.

Le lendemain, la tempête n'était plus. Il y avait du vent, mais il était bien moins furieux que durant la nuit. Le sol était bien entendu trempé, d’innombrables flaques d'eau et de boue jonchaient le chemin qu'emprunta Kaporal. Ses pattes furent donc bien vite mouillées, il évita tout de même la boue autant que possible. Finalement, il arriva aux falaises. Levant les yeux en entendant le bruit de l'eau tapant contre les rochers, il y vit Gaor. Sans le savoir, ils avaient emprunté le même parcours. Après tout, la tempête de cette nuit avait balayé ou affaibli toutes traces d'individus. Il s'avança vers lui et l'interpella.

L'état de Gaor était loin d'être glorieux. Dégoulinant d'eau, il était trempé jusqu'aux os. Ses pattes étaient recouvertes de boue, n'ayant pas séché à cause du climat auquel ils avaient eu droit. Son visage était fatigué, il n'avait pas dormi ou alors très peu. Avait-il passé la nuit sous cette pluie torrentielle ? Assurément, sinon, il ne serait pas comme ça. Autrement, l'alpha serait arrivé bien avant lui. Cela signifiait que Gaor était partit bien avant Kaporal cette nuit-là. Kaporal ne le vit pas trembler, mais il était clair qu'il devait avoir froid. Était-ce la mort de Lester qui l'avait autant touché ? Si tel était le cas, alors le pirate russe mentirait en disant qu'il comprendrait, car pour lui, la mort de Lester aurait dû être une bénédiction pour Gaor. Après tout ce qu'il avait dû vivre et subir à cause de ce solitaire bizarre et diablement énervant (Kaporal l'avait accepté dans le clan sur le papier, mais c'était tout, pour lui il était resté un solitaire opportuniste), c'est comme cela que l'alpha l'aurait ressenti en étant à la place de l'assassin. Il savait bien que Lester avait énervé de nombreuses fois Gaor qui l'aurait probablement chassé et avec qui il aurait probablement coupé les liens, s'il n'y avait pas eut cette connexion entre eux. Outre cette histoire avec le "scientifique", il y avait aussi toutes les choses liées à la solitaire aux bois de cerf. Ils étaient très proches, apparemment. En couple ou juste des amis, ça, il ne le savait pas. Gaor ne s'était pas absenté aussi souvent et longtemps que Nansaa avait pu le faire, mais en même temps, il avait pu comprendre qu'ils étaient souvent ensemble. De ce qu'il savait de cette affaire, pas grand chose, si ce n'est que la femelle se disait responsable de ce carnage. Sans doute qu'elle intègrera le clan par la suite, il devra voir cette éventualité avec elle.
Kaporal pris place à côté de lui, s'asseyant. Il posa les yeux sur l'horizon obscur. Bientôt, le soleil allait se lever. Seulement, au loin, le ciel était pavé de nuages sombres. Il détourna le regard vers le bas de la falaise. L'eau s'y écrasait avec violence, rien de plus normal après cette nuit de tempête. La mer allait sans doute continuer de se déchainer ainsi et d'autant plus au fil de la journée, car les gros nuages gris de l'océan n'annonçaient rien de bon.

Tu as passé toute la nuit ici ? Le médecin ne va pas être content.

Il avait tout de même posé la question, plus pour commencer une certaine discussion que pour valider sa théorie qu'il savait de toute façon exacte. Certes, le médecin allait sans doute sermonner Gaor pour son comportement, mais Kaporal le comprenait, c'était pas un reproche. C'était difficile de rester alité quand on pense être suffisamment en forme pour bouger. Et puis, cela aurait étonné l'alpha de le voir encore dans le campement après tous ces jours. L'assassin avait au moins tenu jusque-là.

Tandis qu'ils étaient là, côté à côté à regarder la mer et l'océan, Kaporal ne se doutait pas un seul instant que dans leur dos, se trouvait une solitaire, les épiant, bien planquée dans un trou de fortune entre une pile de rochers.

Les deux mâles restaient côte à côte, observant l'horizon, écoutant la mer se fracassait contre la falaise. L'odeur salée de la mer se mélangeait à celle humide des alentours, mais aussi, la forte odeur de pelage mouillé de Gaor. Le vent plutôt froid, venant de l'océan, faisait danser leurs poils. Kaporal eut un frisson. Pour l'instant, aucun des deux ne parla.

Ne faisant pas attention à ce qui se passait autour de lui, il n'entendit pas la pierre rouler. Il entendit cependant des pas précipités, mais pourtant, l'assassin était à côté de lui. Quand il commença à tourner la tête pour observer ses arrières, il vit du coin de l’œil Gaor s'y précipitait. Il eut juste le temps de se lever et de se retourner complètement, que Gaor était déjà sur l'inconnu, l'acculant contre les rochers. Il observa l'individu quelques instants puis s'approcha d'eux. Son odeur ne lui parvenait pas à cause du mauvais sens du vent. Une chose est sûre, cette personne n'est pas de leur clan. De couleur noir et rouge, l'inconnu faisait probablement partie du clan du Feu. Que fichait un Feu ici ? Était-ce un espion ? Peut-être bien, cette option était à considérer. L'inconnu s'échappa, Kaporal tout proche à ce moment, lui barra la route et lui grogna dessus. Il remarqua alors ses ailes et la moitié de son visage masqué. S'il s'envolait, c'était fini pour eux. Ils devaient impérativement le chopper avant ça. Il ne nota pas d'odeur particulière sur l'individu. Mais était-ce parce qu'il est solitaire ou à cause de toute cette tempête ? Plusieurs odeurs se mélangeait sur lui. Après quelques instant à rester immobile, l'inconnu fit finalement demi-tour, s'échappant encore. Kaporal galopa à sa suite en lui hurlant de s'arrêter. La nature leur donna un coup de patte, puisque le loup ailé trébucha et se rétama par terre. Gaor et Kaporal étant trop prêts, l'individu qui se révéla être une femelle, se mit en position de soumission : sur le dos, offrant son ventre. Elle était cernée par les deux mâles.

Identifie toi.

Un ordre simple et clair, que Kaporal lâcha de sa voix forte. Il était tout proche d'elle, la fixant de son unique œil bleu.

La louve ailée baissa le regard et se recroquevilla, de nouveau un signe de soumission. Elle se mit à gesticuler, de gêne sans doute. Elle était dans une position délicate et malaisante. Il essaya de distinguer son odeur, mais vraiment, il avait du mal. Les signes de la vieillesse commençaient-ils à venir ? Identifier quelqu'un avec ces gênes olfactives de boue, d'humus, de pluie, d'humidité et de sel marin mélangés, c'était dur. Était-ce son odorat qui commençait à baisser ou simplement la situation ? Lui qui faisait chier son escadron pour qu'ils distinguent parfaitement les odeurs claniques et autres, le voilà dans l’embarrât. Il n'avait pas envie de se mettre à la renifler pour mieux sentir, mais en tout cas, il ne distinguait pas de clan. L'odeur d'un clan était forte. Humant encore un peu l'air, il parvint à la conclusion de la solitaire. En parlant d'elle, il reporta son attention sur elle, l'individu. Stressée et apeurée, elle répondit :

je... On m'appelle Liessen Idril... Je.. Je voulais juste me protéger de la pluie !

La peur l'envahissait à tel point qu'elle en tremblait. L'attaque fulgurante de Gaor était sans doute la raison de cette incroyable montée de stresse. Bien que le fait qu'elle ait peur d'eux soit une bonne chose, c'était également mauvais. Dans un élan de panique, elle pourrait se relever d'un coup et l'attaquer pour pouvoir s'échapper. Ils ne la connaissaient pas, alors c'était envisageable. Kaporal se déplaça à côté d'elle, faisant un quart de cercle pour lui laisser un peu plus d'espace. Il lui intima de se relever et répondit :

Je vois... Tu t'es fait prendre par la tempête cette nuit ?

Il l'imaginait bien, voler en quête de nourriture ou simplement pour rentrer chez elle et se faire assaillir par la forte pluie et les vents violents. Peut-être même que les vents l'avaient poussé de la plage jusqu'ici où elle avait réussi à se poser. Ainsi, il ne pouvait pas lui en tenir rigueur si c'était bel et bien la vérité. Elle s'était faite piéger sans moyens de repartir.

Déstresse, nous ne te feront aucun mal, sauf si tu nous en donnes une bonne raison. Gaor n'a fais que son travail. Tu es sur nos terres après tout.

Il se décala encore un peu, pour s'asseoir sur l'herbe mouillée. Liessen Idril devait avant tout avoir de l'espace et se remettre de tout ça. Ils devaient discuter sur des bases plus posées. Cependant, elle sera facilement rattrapable si jamais elle décide de filer.

Je t'ai d'abord prise pour une espionne... Je suis Kaporal.

Il scruta la moindre de sa réaction. Il l'accusait indirectement d'être une espionne, néanmoins, une espionne ne serait pas aussi stressée par une prise sur le fait. Au contraire, elle garderait le plus possible son calme pour ne pas griller sa couverture. Alors, à moins qu'elle soit une nouvelle clanique, fraichement espionne et que ce soit l'une de ses premières missions, elle serait mauvaise dans son rôle. Mais il en douta fortement. Ça ne pouvait pas être possible.

Il observa Gaor du coin de l’œil. Son état était bien plus préoccupant qu'il ne l'aurait imaginé. Il était toujours aussi vif dans ses réactions, mais plus aussi imposant et fort. Le coup que la solitaire lui avait placé, l'avait fait reculer de plusieurs mètres. Si cette racine n'avait pas été sur le passage, la louve ailée leur aurait filé entre les pattes. Gaor devait absolument se reprendre pour son propre bien être, mais aussi pour sa sécurité ou celle d’autrui. En tant que tel, il ne pouvait plus assurer son rôle convenablement. Kaporal comptait bien le lui dire, mais il n'allait pas le faire en face d'elle. Sinon, il décrédibiliserait Gaor devant une inconnue et lui mettrait probablement la honte.

Gaor avait besoin de rentrer pour se laver, se sécher et se reposer. Et passer chez un médecin pour avoir quelque chose lui calmant l'esprit aussi... Il était trop tourmenté et son apparence ne reflétait pas bien le clan de l'Eau. Il en renvoyait une mauvaise image. La solitaire pourrait penser que le clan est malade. De plus, avec Kaporal a côté de lui, disons que ça faisait une bonne paire... On ne va pas se mentir, Kaporal et son apparence de vétéran de guerre, Gaor et son apparence de malade dépressif, ça formait une image peu flatteuse pour la louve ailée...

En vérité, de base je ne cherchais pas à fuir la pluie. Je cherchais autre chose de bien plus complexe.... Mais l'averse a été plus violente que prévu, je n'ai pas eu le choix. Excusez moi Kaporal, j'ignorais que ces terres étaient vôtres. Je ne connais pas les limites des territoires.

Elle s'était fait prendre par l'averse, contrainte de se poser et rester ici, comme il le pensait. La dernière phrase indiqua à Kaporal qu'elle ne devait pas être native du pays. Elle était sans doute une étrangère arrivée il y a peu, du moins n'étant pas ici depuis assez longtemps pour connaître toutes les limites des clans. Bon en soit, ce n'était pas très grave ce coup-ci. Ils étaient aux falaises. Ce n'est pas comme s'ils l'avaient trouvé dans la forêt, proche du campement.

J'ai perdu la mémoire et je parcoure le pays autant que possible en quête de mes souvenirs, ça fait trois ans maintenant que j'ai tout perdu, tout ce que je sais ,c'est que j'ai une fille, qui m'attend quelque part si elle n'est pas morte déjà. Mais je ne me fais pas d'illusions... Alors je me contente de vivre.

C'est problématique en effet... Malheureusement pour elle, ni lui, ni Gaor ne pourraient l'aider à retrouver un brin de souvenirs ni sa fille. Par contre, trois ans qu'elle erre dans le pays à la recherche de sa fille perdue et elle ne connaît pas les limites des clans ? Elle est pas très précautionneuse celle-là... Pensa en suivant le loup russe.

Vu tes couleurs. Ta fille pourrait être du clan du Feu et toi aussi à la base.

C'était une information comme une autre, une piste comme une autre. Peut-être avait-elle déjà cherché là-bas, mais c'est ce qui est naturellement venu à Kaporal comme réponse. Maintenant, si elle n'y avait toujours pas songé après trois ans, eh bien, peut-être qu'il l'avait aidé... Il passa outre les ailes, car après tout, il y avait des ailés dans ce clan également. Ce qui le marquait surtout, c'était son pelage typique de ce clan.

Spoiler:

Merci pour l'info, vous êtes le premier à m'en faire part. j'ignore pourquoi ça n'as pas sauté aux yeux des autres avant.

Pff, sont-ils tous stupides ? En 3 ans, était-il vraiment le seul à lui avoir fait part de cette piste ? Si tel est le cas, et qu'elle ne le dit pas simplement pour le remercier ou le froisser parce qu'elle a déjà eu cette information, alors c'est vraiment désolant. Elle n'était pas du tout tombé sur les bonnes personnes jusqu'ici. A qui avait-elle demandé au juste ? Ça crevait pourtant les yeux qu'elle pouvait avoir du sang de loup du Feu ! Enfin...

Elle étira ses ailes, les bougeant un peu. Ensuite, sans qu'ils ne s'adressent d'autres mots, elle bondit en hauteur pour s'envoler. Kaporal la regarda partir en direction du nord, là où se situe le clan du Feu. Maintenant que ce problème est réglé, il fallait rentrer.

Gaor, on rentre.

Il n'eut pas de réponse et tourna la tête. L'assassin n'était plus à ses côtés, mais au bord de la falaise. La tête baissé, il avait sans doute les yeux rivés dans le vide. Kaporal courut vers lui et s'arrêta juste derrière lui.

Gaor, ne fait pas cette connerie ! Viens, on rentre. J'ai encore besoin de toi.

Il lui attrapa la queue et tira, à la fois pour le sortir de ses pensées noires et pour que son corps ait un déclic pour qu'il bouge. Il ne devait pas avancer, mais plutôt reculer. Il garda sa queue entre ses crocs. Il n'avait pas envie de le lâcher tant qu'il ne serait pas assez éloigné du précipice. Il tira de nouveau, cette fois-ci plus fort, les faisant glisser un peu en arrière à cause de l'herbe mouillée. Si Gaor plongé, Kaporal sera sans doute entraîné avec. Il avait de la force, mais avec le sol glissant et le poids mort de Gaor, il ne pourrait sans doute pas le remonter. Si Gaor était vraiment déterminé à en finir, alors il courrait un risque. Heureusement, l'assassin sembla se ressaisir et recula de lui-même. Il bafouilla une excuse, Kaporal le lâcha et ils rentrèrent ensemble au campement.