La journée était froide mais belle. Le soleil brillait et malgré le froid, il parvenait à me réchauffer quelque peu, enfin, tout au moins à ce que je n'aie pas trop froid. Ces derniers jours, il y avait eu du vent, mais il semblait s'être calmé, ne restait qu'une fine et légère petite brise. Aujourd'hui, j'avais congé. Je ne prenais pas souvent congé, au contraire même, j'étais plutôt celle qui remplaçait ses camarades quand elles souhaitent prendre congés. Mais là, je n'avais pas le choix. Ajourd'hui, j'ai 2ans, tout pile. Je viens d'obtenir mon grade de Nourrice et même si j'avoue que j'aurais préféré passé cette journée avec les loupiots, mes camarades de rang ne m'avaient pas laissé le choix. "Aujourd'hui, - m'ont-elle dit - c'est ta dernière journée de libre avant longtemps, alors profite-en bien et reviens nous demain en pleine forme, prête à affronter les petites terreurs de la meute." Alors me voilà, marchant tranquillement dans la neige, laissant mes pattes guider le tempo de mon avancée et me conduire là où bon leur semblera.

Je débouche donc dans cette prairie où tout est immense, même les papillons et autres insectes. Puisant au fond de moi, j'active mon pouvoir et laisse les plumes de mes épaules pousser pour devenir des grandes ailes roses aux extrémités brun foncé. Je les étends une fois, puis deux, puis bas deux-trois fois de celle-ci pour retrouver le mouvement famillier avant d'enfin, me sentir prête. Et poussant sur mes pattes, je bondis, mes ailes, rapidement, prennent le relais et je m'élève dans le ciel. Un papillon me rejoins et je décide de voler un peu avec lui, suivant ses figures et volètements aléatoires. Je me surprends à me demandé à quoi pense un papillon lorsqu'il vole ? Moi, je me sens plus libre que jamais, comme si le monde n'avait pas de frontières, comme si je pourrais le parcourir d'un coup d'aile, sans jamais rencontrer d'hostilité parce que je ne suis pas chez moi. Après tout, le ciel appartient à ceux qui savent voler, qui qu'ils soient... Enfin, je crois...

Alors que je vole, le papillon s'en va buttiner une fleur géante non loin de là, m'abandonnant. Mais bientôt c'est une corbeau qui vient me rejoindre. Les corbeaux sont joueurs, je le sais bien et c'est sans surprise que celui-ci m'invite dans un jeu-concours de vol. Je le suis, imitant ses figures et autres prouesses, avec agilité, même s'il est bien plus à l'aise que moi. Nous volons ainsi un long moment, d'autres corbeaux sont venus se joindre à notre concours de vol. Mais mes muscles commencent à me faire mal, et si je veux être capable de m'occuper des trésors de la meute demain, il me faut donc redescendre et désactiver mon pouvoir.

J'entame donc des cercles en plantant, descendant toujours plus. Puis, avec légèreté, je me pose dans la neige et fermant les yeux, je désactive petit à petit mon pouvoir. Mes ailes se résorbent peu à peu, redevenant des plumes sur mes épaules qui continuent de diminuer de taille jusqu'à reprendre leur taille initiale. Puis, j'ouvre les yeux, et je le vois, là, en face de moi... Comment se fait-il que je ne l'ai pas remarqué en atterrissant ? Je reconnais le bêta de la meute, malgré le fait que je ne lui ai encore jamais parlé... Après tout, je ne suis qu'une louvette qui vient tout juste d'avoir son rang définitif...

Lorsque je le saluais, le bêta de ma meute se leva pour en faire autant. Un instant, avant qu'il ne prenne la parole, une interrogation passa dans ses yeux. Puis, me saluant, il me demanda si j'étais bien nourrice, comme il le pensais. Je lui offris un franc sourire et lui répondit d'une voix douce :



Je souris à cette pensée qui me revenait en mémoire. Certes, nourrice était un travail, mais pour moi, c'était une passion, et m'occuper des trésors de la meute n'était pas une corvée, bien au contraire, c'était un plaisir que je chérissais, et un honneur également. Cela signifiait quand même que les parents de la meute me faisait confiance totale pour veiller sur la chair de leur chair.



Je m'assois tranquillement dans la neige, ma fourrure d'hiver étant parfaitement adaptée à la neige et les plus de mon derrière étant imperméable, je ne me retrouverais pas avec le derrière trempé de neige fondue.

Ne sachant que faire d'autre, je regardais les alentours. J'avais bien envie de laisser courir mon regard sur les détails de ce beau spécimen lupin qui se trouvait en face de moi, mais mes parents m'avaient toujours appris que dévisager les autres individus ne se faisait pas. Ce n'était pas correct, poli et certains d'entres-eux pouvaient rapidement se sentir mal à l'aise... Alors regardant partout sauf lui, à part quelques coups d'œil rapides, je tentait de ne pas laisser mon regard s'accrocher à lui, car je savais dores et déjà que j'aurais toutes les peines du mondes à l'en décrocher ensuite. J'avais souvent aperçut le bêta, de loin, c'est pourquoi, je savais qu'il était relativement canon, mais je ne l'avais jamais vu de près. Je ne lui avais même jamais adressé à la parole. Il me tira de mes pensées en prenant la parole pour me souhaiter la bienvenue dans la vie active de la meute. Je lui souris et inclinait la tête en signe de remerciement. Puis, après un nouveau moment de silence, il reprit la parole :



Je soucis à nouveau à cette réflexion. J'imaginais sans peine qu'il devait effectivement être sollicités très souvent. J'osais également imaginer combien ses moments de répits devaient être brefs et rares. Alors même si mon travail me passionnait, je pouvais aisément comprendre son envie et sa joie de pouvoir se camouflé dans la neige pour pouvoir trouver parfois, un peu de paix.



Je ne savais pas vraiment quel autre sujet de discussion lancer. Je devais bien m'avouer que me retrouver en face d'un loup qu'on avait passé mon enfance à mettre sur un piédestal, ce n'était pas facile de briser la glace...

Il sembla à nouveau se perdre dans les limbes de ses pensées. Je penchais la tête légérement sur le coté, mais ne posait pas de question. Le rôle de bêta devait probablement être une préocupation de tous les instants. Et, moi, une simple nourrice, qui étais-je pour lui poser des questions indiscrètes ? Il n'avait même aucune obligation de rester ici avec moi. Après tout, il avait sûrement fort à faire ailleurs. Néanmoins, il ne semblait pas être ce genre de loup qui se croient suppérieurs parce qu'ils ont un poste plus gradé. Au contraire, même, à ce qu'il me semblait. Mais, il était vrai que je ne le connais que bien peu, voir pas du tout... Il revint à lui, et je réalisais que je le regardais toujours la tête penchée sur le coté. J'avais gardé certaines de mes mimiques de louveteaux, car souvent, c'est plus efficace pour s'entendre avec ceux-ci. Car même si j'étais chargé de veiller sur eux, je ne voulais pas m'imposer en tant qu'adulte, mais plutôt en tant qu'amie, avec qui parler, jouer et se confier, si le besoin était.



Je lui souris et hoche la tête avant de répondre avec de la joie dans les yeux :



La glace était certes un petit peu brisée, mais ma timidité était toujours présente et je n'osais pas lancer un sujet de conversation peut-être plus personnel. Puis, après un moment à regarder les nuages, je me sentis poussé des ailes, peut-être même un peu trop, et de but en blanc, je lui lançais :



Aussitôt, je ferme la gueule et n'ose plus poser mon regard sur lui. Les ailes étaient vraiment trop grandes, et j'aurais pas du écouter la petite voix dans ma tête. Si les loups avaient la capacité de rougir, autant dire que je serais une charmante louve rose, totalement écarlate. J'avais envie de me creuser un trou et de m'y enterrer, tellement j'ai honte. Mes oreilles étaient couchées sur le cotés, mes yeux fixés au sol, et mon museau pointé vers le bas, attitude typique du louveteau prit en flagrant déli... Et j'étais déjà prête à me soumettre s'il montrait le moindre signe dans ce sens là...

Dhalia

Rencontre avec le bêta...

Alors que j'étais totalement mortifiée que cette question ait pu franchir mes babines, Mes Dieux, mais c'est pas possible d'être aussi cruche. J'étais déjà plus que prête à me soumettre, lorsque je le vis ouvrir de grands yeux ronds, se mit à gronder, redressa éa queue, prenant une position de dominance. Aussitôt je me jetais sur le dos et offrait mon ventre et ma gorge, sans retenue. Sa voix froide se fit entendre :



Mais rien d'autre ne vint, pas de coup, pas de gueule qui se referme sur mon museau en guise de punission. Je rouvris les yeux et apperçut le ciel au dessus de moi. Je tournais la tête à la recherche du Bêta de la meute et le vit en train de s'éloigner. Devais-je lui courir après pour m'excuser et lui montrer ma soumission ? J'en avais envie, après tout, je suis clairement sortie de mon rang en lui posant une telle question. Mais quelque chose me dis également qu'il valait peut-être mieux obéir à ses ordres et c'est donc penaude que je me relevais et que je pris le chemin du camp, la queue et la tête basse, honteuse.