Verd était curieuse. Elle avait débuté son entrainement avec Tanyxoth et elle avait appris qu'il avait un petit protégé. La louveteau ne pouvait s’empêcher d'être un peu jalouse de se louveteau. En plus, ils avaient à peu près le même age. Il venait d'un autre endroit, peut-être pas d'un autre clan. La louveteau était très curieuse. S'il venait de loin, il pourrait très bien lui parler de son pays. Il devait être un loup intéressant pour être protégé par le loup cerf.

Verd s'était bien entrainé ces derniers jours. Elle était fatiguée et avait eut le droit à un jour de repos. Elle allait en profiter pour en apprendre un peu plus sur ce fameux loup. Avant de le rencontrer directement, elle avait décidé e le suivre discrètement. Enfin, Verd n'était pas très discrète mais elle l’observait de loin. Elle essayait de récupérer un peu plus d'informations sur ce loup. Elle savait déjà son prénom. Elle aimait bien ce nom, c'était un peu comme celui de son frère. Mais évidemment Rahawk resterait toujours le plus fort.

Verd récupéra une proie puis décida de le partager avec le louveteau. D'un pas décidé, elle traversa une bonne partie du camp pour s'approcher de la tanière de louveteau. Elle se posa devant lui avec la bête dans la gueule. Elle lui faisait un sourire, puis voyant que le temps s'étirait et créait un malaise, elle finit par déposer la proie au pied du louveteau. Ils avaient le même âge mais il était déjà plus grand qu'elle.

-Pardon, euh.

Elle secoua la tête puis reprit la parole :

-Je m’appelle Verd !

Puis la louveteau désigna la carcasse de la tête et continua :

-Ça fait un peu beaucoup pour moi toute seule, on partage ?

J'étais sorti de la tanière. Père n'était pas là alors je suis sorti vagabonder. Je n'approchais personne, désirant rester seul, mais surtout que je ne connaissais personne et que tous me paraissaient dangereux. Je m'étais assis comme à mon habitude, à la lisière des plantes mouvantes, face à ce tronc étrange que nous devions emprunter pour aller vers les tanières. Il faisait beau malgré la saison. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faisait chaud. J'avais un peu froid, alors j'enroulais ma queue fine mais néanmoins réchauffante autour de mes pattes, et enfonçais la tête dans mon écharpe.

Une légère vapeur se dégageait de ma truffe qui me piquait à cause du froid. Je parcourrais du regard l'intégralité du campement. Au fond, le tas de nourritures embaumait l'air. Mon ventre grogna mais je ne me résignais pas à me lever pour aller me servir. Cela paraissait encore trop idyllique pour moi. Pouvoir aller chercher sa nourriture sans avoir dû la mériter au préalable ? Quand j'avais expliqué cela à Père, il avait ris, mais je n'avais pas compris pourquoi.

Ici et là, des petits groupes s'étaient formés, chahutant ou s'entrainant. Mais je ne voyais pas Père. Où était-il ? Il ne me semblait pas l'avoir entendu se lever, ni même se coucher. Seul parmi ces inconnus, je ne me sentais pas à l'aise. Ces petits groupes n'étaient pas silencieux, un chahut chaleureux avait envahi le camp, ici des rire, là des cris, rien de malheureux. Je n'étais toujours pas habitué à cette ambiance et mon oreille droite se plaqua contre mon crâne. Je ne devais pas faire de bruit, au risque de me faire frapper.

Je secouais la tête, je devais arrêter de penser comme ça. Père m'avait bien répété que j'étais en sécurité, et que Père étant ce qu'il était, personne de bien-pensant n'oserai s'en prendre à moi. Mon regard fut attiré par un éclat vert. Une loupiote s’approchait de moi. Je l’avais déjà vu, Père s’occupait personnellement de son entrainement. J’avais déjà observé une de leurs séances, il fallait avouer que c’était impressionnant, et un peu effrayant. Cette louve donc à l’aspect si doux s’approcha avec une bête dans la gueule, dodelinant de la tête l’air satisfaite.

Impassible, je la regardais déposer ce lapin près de moi, puis sourire. Je ne le lui rendis pas. Qu’attentait-elle de moi ? Elle bégaya des excuses. Quoi ? Elle ne savait donc pas se décider ? pourquoi demandait-elle pardon maintenant ? Elle secoua la tête et se présenta.

Verd… Un prénom simple, je n’allais pas l’oublier de sitôt. Elle baissa le regard vers la carcasse et par reflexe je suivais ce qu’elle désignait. Puis je penchais imperceptiblement la tête.

Partager ?

Je n’avais pas appris ce principe, qu’est-ce que cela signifiait ? Avant mon arrivée ici, les parents nous forçaient à nous battre pour mériter un lambeau de chair, et il n’y avait qu’un seul vainqueur. Non, vraiment, je ne comprenais pas.

Ragnar n'avait pas l'air bien réveillé. Il resta un moment sans rien dire. Il finit par regarder la carcasse et répondant simplement "partager ?". La louveteau était un peu surprise. Vraiment, c'était pas commun d'avoir aussi peu de réaction. Il connaissait ce mot ? Non vraiment, la louveteau se posait des questions. Mais bon, ça devait être quelqu'un de bien pour que Tanyxoth le prenne sous son ail.

Elle poussa du museau la proie et continua :

-On en mange chacun un morceau et chacun à sa faim. Tout le monde est content et en plus, on ne gâche rien.

Elle repensa à sa mère. Elle ne supportait pas que l'on gâche de la nourriture. Ystrelle pouvait être terrifiante quand elle se mettait en colère. La louveteau se coucha en face de lui, bien décidé à faire connaissance, puis demanda :

-Et toi ton prénom c'est quoi ?

Ça ne servait peut-être à rien d'expliquer qu'elle s'était renseigné sur lui avant de venir le voir....

Je dressais une oreille en l'écoutant. C'était un moyen de ne pas gaspiller. Si c'était ainsi que partager menait, je ne devrai pas y voir de problème. Verd poussa la proie vers moi et je la regardais faire, un peu anxieux. Était-ce un piège? Risquais-je quelque chose à me servir? Elle se coucha face à moi et je la regardais faire, perplexe.

Alors, très lentement, je me penchais, saisis du bout de mes petits crocs de louveteau un morceau de la patte, en arrachais un lambeau, repoussais du museau le reste de la proie vers elle, posa mon lambeau par terre et le mâcha très lentement pour en retirer le plus de gout possible. Mon coeur battait malgré moi de stress, et si quelqu'un était derrière moi pour me frapper?

Je me levais et fis mine de faire un tour sur moi même pour mieux m'asseoir, j'en profitais pour vérifier que personne n'était derrière moi. Alors je déglutis, avalant le petit bout de lambeau.

Ragnar

Je fixais encore une fois la proie. J'avais encore faim. En effet mon ventre émis un bruit sonore et vibrant. Un peu gêné, les oreilles à l'horizontale, je détournais le regard de la jeune louve qui me regardais toujours. Alors très lentement. Plus lentement encore que la première fois, je m'approchais, et quand je fus suffisamment proche, je chipais un deuxième lambeau en un éclair et repris ma place tout aussi vite. Je fis cependant attention à la manger proprement et lentement, comme l'autre. Puis je déglutis encore et la fixais.

A toi.

Je la fixais sans bouger, je ne prendrai plus un seul morceau tant qu'elle n'aura pas mangé un peu.

Le louveteau avait l'air terriblement angoissé. En fait, il se comportait comme une proie qui sait que le chasseur n'est pas loin. Cette comparaison mettait mal à l'aise la louveteau. Ca voulait dire que Ragnar avait été chassé ? Ils avaient le même age, il n'avait pas vécu la guerre... Peut-être que c'était un peu comme lorsque Verd se faisait poursuivre par Yorg. Dans ces moments là, elle avait très peur et esseyait de s'échapper ou de sa cacher. Mais quand elle était au camp, elle se savait en sécurité alors elle n'avait plus peur. Peut-être que Ragnar avait peur des autres loups ? Ce comportement de défense intriguait la louveteau autant qu'il l'attristait. Quelque chose de terrible avait dû lui arriver pour réagir de cette façon.

Il finit par se poser puis attraper un bout de chaire. Très intrigué, la louveteau s'était mise à l’arrêt, le regardant un peu fixement. La louveteau prit aussi un morceau de chaire. En fait, Ragnar mangeait calmement et proprement pour son age. C'était pas comme Rahwak... Et Verd trouvait ça très agréable. Elle n'avait pas besoin que quelqu'un parle tout le temps.

Il avait le ventre qui gargouillait. Il avait faim, beaucoup plus que Verd. Même si la louveteau suivait un entrainement difficile, elle n'avait pas une faim énorme. La louveteau n'avait jamais souffert de la faim. Elle mangeait parce qu’elle devait le faire et qu'elle avait un petit faim... Mais c'était presque par principe.

Le louveteau lui demanda de prendre une part et Verd le fit avec un sourire. Elle attrapa un bon bout de viande, appréciant la saveur de celle-ci. Elle serait bien incapable de chasser une telle bête. Elle posa son regard sur le louveteau, vérifiant que lui aussi mangé puis continua à s'alimenter. Verd resta le reste du repas dans la silence, appréciant juste l'instant. Le silence était parfois le meilleur des compagnons.

Puis quand elle eut assez mangé, elle s’arrêta. Verd avait un petit estomac. Il restait encore un bon bout de la carcasse. La louveteau la poussa de la patte vers Ragnar.

-Je n'ai plus faim. Tu peux finir si tu as envie, mais ne te force pas.

Puis la louveteau posa sa tête à sur ses pattes avant. Elle était en position de sphinx, la tête légèrement sur la côté. Elle avait pleins de questions à lui poser, mais la louveteau avait bien compris que Ragnar avait peur. Elle ajouta simplement :

-Tu peux prendre ton temps... Ici, il n'y a pas de prédateurs pour nous.

Elle se pencha et mangea à son tour. J'attendis qu'elle aie fini, assis tranquille comme une statue. Alors elle s'arrêta et poussa vers moi la carcasse.


Cependant je fis un écart à la politesse et commençais déjà le nettoyage de la carcasse, ma faim prenant le dessus. J'avais les oreilles droites et je la fixais, silencieusement. Le silence se prolongea, un peu malaisant. Elle se coucha alors et recommença à parler. Je l'écoutais, me désintéressant totalement de la carcasse de toute façon presque propre. Je me léchais entre deux crocs pour enlever un bout de nerf coincé. Puis, ses paroles me détendant un petit peu, j'adoptais la même posture qu'elle.

Excuse moi. C'est encore difficile pour moi ce mode de vie.

Avoir été battu les 6 premiers mois de ma vie n'aidaient pas à la sociabilité. Même cette petite phrase, j'avais eu du mal à la sortir. La tête à côté de mes patte, je la fixais, un peu hypnotisé par le reflet de la lumière dans ses diamants. Les éclats verts se reflétaient sur son pelage gris et sur le sol, j'en était émerveillé. Mais rien n'en paraissait de l'extérieur. je gardais mon visage impassible habituel. Mais peut-être mes yeux pétillaient ils? Je ne sais pas. En tout cas maintenant, j'étais détendu. Bon pas autant qu'avec Père, mais c’était déjà ça.

Quand elle poussa la carcasse, le louveteau lui demanda de nouveau si elle était certaine de ne pas en vouloir de nouveau. Elle lui assura qu'elle avait finis, puis il se mit à dévorer le reste de viande. Il avait l'air d'avoir faim. Il prenait du plaisir à manger. Quand il termina, il se posa lui aussi. Ragnar avait l'air de se détendre un peu.


Excuse moi. C'est encore difficile pour moi ce mode de vie.

Il avait le visage fermé, mais les yeux pétillants. Le louveteau avait l'air d'être bien. Verd était satisfaite. Il parlait que c'était encore difficile pour lui comme mode de vie... Parce qu’il ne vivait pas en meute avant ? On avait toujours expliqué à Verd que vivre en tant que solitaire était difficile. Il fallait survivre... Verd avait bien conscience que vu comme elle était une bonne chasseuse, elle aurait eut du mal à s'alimenter. Vivre au dehors du cercle protecteur de la meute n'était pas imaginable pour la louveteau. Elle était né dans le clan de la terre, elle y vivrai et elle y mourrai. Elle ne partirai jamais de ce clan.

Verd allait ouvrir la bouche pour lui demander de parler de son ancienne vie, mais ce n'était pas une bonne idée. Le pouvoir de Verd lui avait renforcé son empathie. Elle savait que c'était difficile de parler de quelque chose quand on avait encore mal. Le mieux c'était que lui même aborde le sujet. Mais plus tard, il ne devait pas lui faire confiance.

La louveteau lui demande simplement :

-C'est Tanyxoth qui s'occupe de toi ?

Le silence dura encore un petit moment, durant lequel je ne cessait d'être hypnotisé par ses joyaux. Puis je décidais de l'observer plus entièrement, cachant mon museau dans mon écharpe. Elle était splendide. Un visage encore marqué par les rondeurs de l'enfance, mais du moins fin et aux lignes harmonieuses. Je me pris à me demander de quoi j'avais l'air. Je n'avais que 7 mois, je ne devait encore rien avoir de beau et de fin. Malgré ma minceur encore présente due à ma sous alimentation passée. Je regardais ma patte épaisse. Les griffes commençaient à se solidifier, mais elles étaient encore pâles et ne devaient pas trancher grand chose. Je redirigeais mon regard vers elle. Je la savais plus âgée, surtout que ça se voyait.

Alors elle fit mine d'ouvrir la bouche mais sembla se raviser. A la place de ce qu'elle allait sans doute lui demander, elle lui posa une question simple. Je levais la tête pour lui répondre, délogeant ma truffe de l'écharpe.

Oui, Père m'a sauvé la vie et il n'y a qu'à lui que je fais confiance.

Je la regardais puis réfléchis. Et si cela la blessait? Je penchais la tête en la regardant, guettant une reaction. Finalement j'ajoutais timidement.

Enfin, pour l'instant.

Voilà, là elle ne pouvait pas se dire que je méprisais le monde entier, parce que c'était faux. Je ne voulais pas paraître méfiant mais je n'y pouvais rien. Encore avait elle de la chance, elle serait venue vers moi deux semaine plus tôt et j'aurai fuit en lui grognant à la figure.

Toutefois je me sentais apaisé en sa présence. Elle n'étais pas encore adulte et semblait ne pas pouvoir faire le mal volontairement, je ne risquais rien avec elle. Et au fond de moi j'espérais qu'elle ne devienne pas une adulte sanguinaire assoiffée de violence, et qu'elle reste au contraire cet être si doux que je venais déjà de voir en elle.

Il ne devait pas être à l'aise puisque Ragnar se cachait dans son écharpe. Mais ses yeux disait qu'il était heureux. Verd ne savait pas du tout quoi penser, mais elle était contente. Il finit par sortir sa gueule de l'écharpe pour lui répondre.

Oui, Père m'a sauvé la vie et il n'y a qu'à lui que je fais confiance.

Il hésita une seconde, puis continua :

Enfin, pour l'instant.

Verd répondit immédiatement :

-Ha parce que tu le considère comme ton Papa ?

Elle avait parlé un peu trop vite. Plus vite que ses pensées en tout cas, elle ne voulait pas le blesser. Elle se releva, gênée que sa pointe jalousie ressorte aussi facilement. Elle tourna la tête sur le côté puis reprit d'une voix calme.

-Excuse-moi, c'est juste que...

Et là la louveteau a tel point son sentiment de jalousie était idiot. Elle avait un père, une mère, un frère et une sœur. Tanyxoth était quelqu'un qui l'entrainait. Verd avait tout et Ragnar rien. Cette idée l'a frappa. Elle était ridicule avec ses sentiments. C'était pathétique, vraiment nul. Ce n'était pas comme ça que ses parents l'avaient élevés. Elle continua d'une voix neutre.

-Je suis idiote.

Puis elle secoua la tête puis reprit :

-Tanyxoth est vraiment quelqu'un de bien.

Quelque part Verd était blessé. Elle n'était pas l'unique bijou pour tout le monde. Tanyxoth avait trouvé quelqu'un d'autre. Et puis, Ragnar était déjà plus grand. Il serait plus fort et un meilleur guerrier. Il serait meilleur qu'elle ...et finirait par la remplacer.

Sa réponse se fit immédiate, tout comme sa réaction. Elle était jalouse? Je ris, tout doucement. Au départ c'était roué, je n'en avait pas l'habitude. Rire était pour moi une façon d'être inconnue, mais là je n'avais pu m'en empêcher. Sans doute était-ce la première fois que je riais. Mais sa réaction était mignonne.


Je lui fis un petit sourire, ça non plus je n'en avait pas l'habitude. Mon visage n'était plus impassible et ça devait donner bizarre de l'extérieur, ma gueule devait être déformée par un rictus étrange et hylarant. Je ne savais pas encore bien sourire, je pense que mes babines se sont simplement étirées vers le haut. Enfin, l'intention était là.


A vrai dire plus le temps de la matinée passait plus je m'inquiétais et je reprenais peur. Non pas que Verd me faisait peur, j'étais serein avec elle. Mais Père n'était pas là et je ne savais pas pourquoi, où était il? Ne pas voir ses bois dépasser de la petite foule me rendait déjà nostalgique. Il ne m'avait jamais quitté si souvent, avant.
Je regardais la petite

C'est bien, si père compte pour toi. Parfois il a l'impression de ne pas être apprécié, malgré tout ce qu'il fait pour la meute.

Je me tut aussitôt. Père m'avait confié cela pour que j'aille mieux moi, mais sans doute ne voulait il pas que ça se sache. j'ai parlé trop vite, je n'aurai pas du...

Verd fut soulagé quand elle entendit Ragnar se mettre à rire. Elle était debout devant lui et il commençait à avoir un vague sourire. Il était rigolo à sourire de cette façon. Un son rauque était sorti de sa cage thoracique et il fallu une demie seconde à la louveteau pour comprendre que c'était pour rire.

Quand il reprit la parole, Verd fut soulagé d'entendre sa proposition. Ils pouvaient partager ? Vraiment ? Elle eut un grand sourire. C'était la meilleur réponse qu'il puisse faire. Partager, c'était pouvoir passer du temps avec Tanyxoth et Ragnar. C'était vraiment le mieux.

Il confirma que le loup cerf était quelqu'un de bien. Verd était entièrement d'accord. Il était gentil et brave. Il était fort aussi, mais autant que papa. Elle n'avait pas vu le loup cerf aujourd'hui.

La suite du discours de Ragnar choqua profondément la louveteau. Elle resta sans voix, les yeux ronds. Comment Tanyxoth ne pouvait pas être apprécié ? C'était un des meilleurs loups du clan. Il était important et respecté.

-Je ne comprends pas...

Est-ce que ça voulait dire que Tanyxoth n'était pas heureux ? Est-ce qu'il avait cette petite douleur constant et lancinante qui est celle de la solitude ? Verd était triste pour le loup. Elle ferma les yeux et prit une respiration :

-On va trouver une solution. Il y a forcément quelque chose à faire.

Elle laissa ses pensées divaguer. Elle repensa à la shamane du clan. La louve druidique lui avait expliqué que parfois, des loups étaient dans une très grande souffrance parce qu'ils n'arrivaient pas à avoir d'enfant. C'était pour ça que Amiria était une déesse très connu des terre, c'était celle des couples qui désespèrent. Verd posa sa réflexion à voix haute :

-Et si Tanyxoth voulait tomber amoureux pour avoir des enfants ? C'est peut-être ça qui lui donne l'impression de pas être assez aimé.

Elle était debout devant le louveteau. Verd s'était mise en mouvement, sa queue balayant d'excitation. C'était sans doute une bêtise, mais c'était pour le bien du loup cerf, alors ce n'était pas grave. Maman serait d'accord.

-Ragnar, tu dois m'aider à trouver une amoureuse à Tanyxoth !

Je la regardais faire son cinéma. Qu'avait elle en tête? J'étais de nouveau impassible, elle parla toute seule, au fil de ses pensée, je ne répondis rien. Elle sembla alors avoir l'illumination du siècle et je levais les yeux au ciel. Lui trouver une amoureuse? Il était bien assez grand pour se la trouver lui même.


J'enfonçai ma tête dans mon écharpe sans en dire plus. C'était vrai, c'était une idée stupide. Qui croirait deux gamins, déjà, et qui dit que Père n'avait pas déjà quelqu'un? Je penchai la tête avec un air renfrogné. Franchement, qu'attendait elle de moi?

Mais d'un autre côté, Père n'était pas heureux, et si cela pouvait l'aider, alors pourquoi pas? Je soupirai en fermant les yeux.

Comment tu comptes faire, déjà?

Si au moins elle avait un plan qui tenait la route, peut-être que cela pouvait marcher. Enfin, d'abord elle me dit ce qu'elle compte faire, ensuite on vois si c'est réalisable, une chose à la fois.

Ils se connaissaient à peine et déjà le loupiot lui disait qu'il la suivrait pas. Verd prit en compte l'information. Très bien, elle se débrouillerai. De toute façon elle l'avait l'habitude. La louveteau avait appris à se débrouiller seule quand ses parents s'occuper de sa fratrie.

Le louveteau finit par lui poser la patte sur la tête. Surprise et ne sachant que faire, la louveteau resta de marbre.

En voilà un drôle de discourd pour une loupiote qui n'y connait rien. J'attend de voir ce que tu en penseras quand t'auras l'age.

Quand Ragnar enleva sa patte de la tête de Verd, elle lui lança un long regard de dédain. Il la prenait de haut. Mais ce que le louveteau n'avait pas compris c'est que cette décision était ferme et définitive. Verd avait réfléchi, et ce n'était pas un louveteau venant du trou du cul du monde qui allait lui expliquer la vie.

Ce n'est pas vrai, pas tous les loups...

Le pire c'est qu'il venait de le dire avec un triste, presque compatissant. Verd senti la colère grondait en elle. La louveteau n'était pas seulement une petite chose à protéger faible d'esprit. Elle avait un caractère et ses choix étaient réfléchis. Ses décisions n'étaient pas prises à la légère.

-Je ne demande pas de pitié.

Verd ne supportait plus que les autres loups la regardent constamment une pierre précieuse ou une pauvre chose à protéger. Elle était Verd, membre du clan de la terre, fière fille d'Ystrelle et de Gothic, futur prêtresse.

-La pitié c'est ce qu'on donne aux faibles et aux victimes. Et je n'appartiens pas à ces groupes.

Cette fois, le ton calme et tranquille de Verd était en train de disparaître. Elle ne serait plus jamais une victime. Elle ne laisserait plus personne lui faire du mal, à elle ou à sa famille. Et le premier qui voudrait abattre sa colère sur eux, elle le traquerai, le trouverai et le tuerai. Qu'importe que cela soit un solitaire, un loup du clan, un gradé ou un Dieu. Verd serait sans pitié.

Elle était debout face à lui et toute sa posture trahissait sa colère et sa douleur. Sa queue s'était mise à fouetter l'air. Verd n'était pas agressive, mais décidé. Debout face à Ragnar, elle restait plus grande que lui.

-Je ne crois pas que ça soit un loupiot comme toi qui puisse me donner des leçons. Encore moins sur le comportement que je dois avoir dans le clan.

Elle affirma de nouveau :

-Ma décision est prise de toute façon. Je ne reviendrai pas la dessus.

Verd posa de nouveau son regard vert sur le loup. Peut-être que certain ne la prenait pas comme un trophée sur patte, mais elle en avait jamais eut la confirmation. Sa famille la voyait comme un joyaux à protéger. Même eux... La beauté pouvait être une malédiction.

Ravalant sa colère, elle souffla puis ajouta calmement, tout en se préparant à partir.

-Je m'en vais prier.

Elle fit un signe de tête au louveteau, puis s'en alla. Verd était trop énervé pour poursuivre une conversation et de toute façon elle préférait la solitude. Se cachant un visage neutre, elle murmura tout doucement.

-Au moins les dieux ne me jugent pas... Pour le moment.