J’avais laissé Kaporal parti quand il l’avait voulu avant d’entâmer une petite sieste. Je dois avouer que j’étais encore fatigué, et puis surtout j’avais mal partout. Mais alors que je commençais à m’assoupir j’entendis un pas lourd et un souffle court avec une odeur de roche et de terre. Gaor… Gaor a été informé de mon retour, et en vue de son caractère il se sera sans doute fait un sang d’encre pour moi. Bon, je le comprends, j’avoue, s’il avait disparu 17 jours je me serais fais du soucis aussi et j’aurais retourner Elémenloups pour le retrouver mort, ou vif. Vif de préférence, mais quand même. Et si je l’avais retrouvé mort j’aurais chercher la cause de son décès pour le venger et passer ma tristesse et ma colère. Mais bon, il n’était pas mort, et moi non plus. J’étais un peu fatigué quand même. J’avais besoin de sommeil et pas trop envie de redire ce que j’avais dis à Kaporal, c’était déjà assez éprouvant comme ça.

Et puis, je n’arrivais pas à me remettre de ce que j’avais appris. Comment… Comment mon père avait-il pu me faire ça ? Si j’avais des enfants je n’étais même pas sur de pouvoir les gronder convenablement quand ils font des bêtises. Alors les frapper ? Rien que d’y pensais j’en avais des frissons. Les yeux clos, mes ailes repliés et mon museau tourné vers le fond de ma tanière, je ne déniais pas encore regarder mon frère. J’agitais néanmoins les oreilles, dans un espèce de salut pas très claire. Je savais qu’il était là, il fallait donc que je lui assure que je l’avais remarqué, c’était le minimum. Mais voyant qu’il ne semblait pas vouloir simplement s’assurer que j’étais vivant et qu’il restait là, je finis par ouvrir les yeux. Mes iris fatiguées furent tout d’abord agresser par la lumière diffuse du jour. Mais après quelques secondes d’adaptations je pu redresser la tête et la tourner de trois quart vers le mâle tricolore qui se tenait à l’entrée. Mes oreilles se placèrent naturellement à l’horizontale. J’avais pas le moral, je ne comptais pas faire croire le contraire.


Comment l’aborder alors que j’avais disparu 17 jours… Que j’étais un noble du clan du feu… Un dragon… Que j’avais comaté dans un caveau et discuté avec.. Jeff est mort ? Peut être bien qui sait… Avant de prendre deux jours à rentré chez moi pour finalement arriver le pelage couvert de sang et le ventre tellement amaigrit qu’on peut compter mes côtes juste en me regardant. Et en plus, après début de nettoyage, j’ai finis par reconnaitre ma propre odeur sur le sang. En fait je pense que c’est mon sang de dragon. Ce qui d’ailleurs n’a aucune logique… Pourquoi mon sang de dragon est rouge carmin alors que mon sang de loup et vert acide ? C’est quoi ce bazar… Enfin, bref, la vérité est là, je sais pas comment aborder Gaor, et j’arrive pas à le regarder dans les yeux… D’ailleurs, j’ai le museau incliné et le regard qui se balade sur un mur crépi de tâche vertes… De la mousse, et un peu de sang…

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Je regarde le marcassin il est alléchant mais la vérité c’est que je n’ai pas faim. Mon ventre gargouille mais la vision de la nourriture me révulse. Je crois que je n’ai rien mangé depuis trop longtemps. Raison de plus pour pas engloutir un truc aussi gros… En fait Gaor le sait pas encore mais il veut me faire avoir une indigestion. Un petit sourire apparu sur mes babines avant que je n’entende sa remarque, concluait par une question des plus troublantes. Gné ? Un dragon… Vert ? Moi ? Je me retourne et l’observe un moment, une oreille dressée l’autre à l’horizontal.



J’espère vraiment que c’est de l’humour, et si c’est une blague elle est de très mauvais goût. Je me recouche alors comme l’espèce de déprimé que je suis avant de sentir mon frère me lécher pour enlever le sang. Je le sens presque sur moi et le repousse d’un petit coup d’aile gentil. Merci Gaor mais tu as toujours pesé deux fois mon poids, et là avec mon état à mon avis notre différence de masse c’est encore accrue. Je me redressais alors pour m’asseoir avant de lancer un regard au marcassin qu’il avait apporté.



Je soupirais un peu et attraper une cuisse avant de me coucher en sphinx et de commencer à manger. Je savais que Gaor ne serait pas dérangé par mon attitude familière et mes manières de gros barbares quand je mange. Il y était habitué après tout. Et puis s’il voulait partir il le pouvait, moi je ne le retenait pas. Bien sur, j’appréciais sa présence, mais j’étais mal à l’aise. Je ne savais pas trop comment lui parlais après autant d’absences. Je fermais les yeux après une bouchée.


Et moi je sais pas du tout par où commencer les mauvaises nouvelles sachant que je ne t’ai pas parlé de mon enfance. Tu ne sais pas que Nansaa n’est pas mon prénom d’origine. Tu ignoras la part noir de mon amnésie, et le côté agressif de mon caractère, sans oublier que je suis parvenu à ne pas me souvenir de ta sœur. Je suis donc vraiment gêné, et je ne sais pas du tout comment entâmé le sujet. Comme je le disais précédemment, les relations, c’est compliquées…

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Mon frère termina de me faire la toilette. Il respirait l’inquiétude, je pouvais la sentir à plein museau. Mais il ne me demandait rien, sans doute essayait-il de ne pas me forcer à raviver des choses peu agréables. J’appréciais beaucoup le fait qu’il prenne soin de moi ainsi. Mais je n’en restais pas moins très mal à l’aise. Ma queue contre mon corps maigre, je fixais longuement Gaor tandis qu’il mangeait aussi et baissait les oreilles. Je me demandais bien ce qu’il allait imaginer, mais ne fis pas de remarque avant d’entendre la sienne et de sourire doucement. J’avais raison, Gaor a été le premier à s’inquiéter, mais Kaporal avait finis par se faire du soucis aussi. A franchement cette vie là n’est pas simple. Après avoir fini la moitié de la cuisse de marcassin je me relevais mon m’étirer, mes muscles me faisaient tous très mal comme si je m’étais battu pendant des heures. Puis je m’appuyais contre la paroi de ma tanière et observait Gaor.


Mon regard se baladait sur la tanière, évitant celui de Gaor au maximum. Si Idryss est ma sœur il suffit de ne pas être trop idiot pour comprendre que je suis originaire du clan du feu. Ma queue faisait des mouvements dans mon dos, je n’arrivais pas à rester calme, parce que je n’avais pas vraiment envie de tout répéter à Gaor. Mais je me voyais mal ne rien lui dire et lui ordonner de me laisser. Je me ne sentais pas capable de le laisser dans l’ignorance et l’inquiétude. Je baissais alors la tête, mon museau vers le sol, mes oreilles se baissant automatiquement.



Je me sentais tellement mal. J’avais envie d’en pleurer, comme tout le reste m’avait déjà fais hurler de peine. Comment pouvais-je dire aimer Mya si je n’étais pas capable de la reconnaître à cause de ma mémoire ? Gaor va s’en doute se mettre en colère à nouveau, et je vais encore me retrouver avec une espèce de distance entre nous. Je n’ai pas envie… J’ai juste envie de me reposer, et d’aller mieux et de reprendre un court de vie normale. A, non, c’est faut, je veux sa tête, à cet espèce de sale cabot qui se dit mon père biologique. Un jour j’aurais sa mort ! Je le réduirait en miette et en ferait un repas ! A son souvenir un grognement m’échappa et résonna dans toute ma tanière.


Un tortionnaire, un salaud, un fou, un monstre… Je le hais, je le maudis. Je veux l’éliminer de mes propres griffes. Je veux qu’il regrette, qu’il pleure, et qu’il me supplie. L’envie soudaine de l’abandonner dans une tanière et de la faire s’écrouler sur lui alors qu’il agonise ne traversa l’esprit. Cet espèce de monstre sans cervelle m’avait bien laissé pour moi… Alors il fallait bien que je lui rende la monnaie, non ? Je retenais un sourire sadique, mais mes yeux brillaient d’une lueur malveillante qui n’avait jamais habité mon regard avant…

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Gaor ne semblait pas tellement dérangé par le fait que je sois originaire du clan du Feu. En même temps il fallait s’en doutait, un loup dragonique ça ne pouvait pas être originaire de n’importe où. Il y avait fort peu de loup dragonique sur les terres de EL, et tous se rassemblaient en un même lieu ; Le clan du Feu. Pourquoi les dragons sont-ils attirés par la puissance de ce clan ? Désormais sont-ils également attirés par la folie furieuse qui habite l’actuel Alpha ? Je ne l’espère pas tout de même.

Mon frère m’avait écouté calmement tout en m’observant d’un regard bienveillant et inquiet. Mais contrairement à ce que j’avais cru il ne fut point en colère par mon information sur ma perte de mémoire. Au contraire il me rassura en me disant que Mya n’était sans doute pas en colère et que ça n’était guère de ma faute. Cela me fit avoir un petit sourire et ma queue fit un petit mouvement joyeux. Je ne pouvais guère dire que les paroles de mon frère ne m’avaient pas rassuré.


J’avais ensuite observé chez Gaor un regard particulièrement profond et vif comme s’il était très attentif à la suite de mes paroles. Mais également touché par ce que j’étais en train de dire sur mon père biologique. Je savais fort bien que Gaor avait eut des problèmes avec le sien qui faisait souffrir notre chère Mya. Mais je ne me doutais guère que cela appuierais notre amitié fraternel. Je l’entendis alors me répondre et hochais la tête, il avait raison. M’approchant de lui je lui donnais un coup de museau affectif avant de me recoucher pas trop loin et de bailler longuement.


J’étais beaucoup plus détendu que précédemment, je me sentais mieux. Et je me sentais aussi chez moi, parce que j’avais mon frère et mon père. Ceux que j’avais toujours aimé et reconnu comme étant les membres de ma famille malgré notre manque de gêne commun. Ils étaient de la famille que j’avais choisi, et cette famille était bien plus douce que celle que j’avais reçu à la naissance. Je ne savais alors pas encore comment montrer toute ma gratitude à Gaor et Kaporal, mais je finirais sans doute par trouver. J'en étais sur.

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