Sur un mystique escalier nuageux se mouvait lentement un animal au pelage majoritairement noir. Une marche après l'autre sans se presser, le loup venimeux se rendait d'un pas tranquille mais régulier en direction du palais lumineux. Lorsqu'il eut fini son ascension, il jeta un bref regard derrière lui et resta ainsi quelques minutes à fixer le vide d'un regard vague, laissant échapper quelques nuages chauds de sa gueule en raison de la fraîcheur matinale. Un frisson le parcourut lorsque le vent fit danser sa fourrure sous les pâles rayons de l'aube naissante. De ce même pas d'une lenteur cadencée il se dirigea en direction de l'immense bâtisse divine, observant distraitement les diverses sculptures et plantations colorés qui décorait magnifiquement les jardins. Lorsque l'Atheris fut face à l'immense entrée du palais, il leva les yeux vers les nombreuses sculptures qui ornaient l'entrées et ralentit, quelque peu impressionné et époustoufler par de tels détails sur une construction aussi imposante, la gueule entre-ouverte d'une certaine admiration. Après cette courte pause; le jeune mâle reprit sa route et pénétra à l'intérieur du palais.
Noxic observait toujours les ornements intérieurs tandis qu'il continuait sa progression, gardant ce même regard quelque peu impressionné et charmé par ce soucis du détail qui rendait chaque sculpture à la fois unique et magnifique. Il s'arrêtait parfois pour poser une réflexion intérieure sur certaines peintures qui habillait les murs de marbres avant de reprendre sa route. Sur son crâne, ses oreilles pivotait distraitement à l'entente de petits bruits tels que des courants d'airs, des battements d'ailes ou encore les bruits de pas de certains religieux ayant déjà quitté leur torpeur journalière. Plus jeune, il était déjà venu ici à plusieurs reprises, en compagnie de Nietzsche la plupart du temps.

L'Atheris parvint finalement à la salle principale du palais lumineux et son regard se posa instinctivement sur la divine statue de la Déesse Éléonore. Quelque peu hésitant, il s'avança finalement, les oreilles droites malgré la timidité apparente de ses pas. Il décida de s'arrêter au milieu de la salle d'où il pouvait observer la statue de la déesse de la justice dans sa totalité. Le mâle noir s'assit et enroula sa queue autour de ses antérieurs sans un bruit et sans cesser de fixer la déesse de pierre. Le regard du jeune loup était neutre et vide et n'affichait pas une once de défis ou encore de mépris envers ces Dieux qui le rendait si sceptique. Bien que son éducation fut faite de manière à ce qu'il ait foi dans les dieux de ces terres qui avaient accueillit son espèce ainsi qu'envers certains de leurs anciens Dieux, Noxic avait toujours été sceptique et très peu apte à croire en eux.
La statut quant à elle semblait avoir ancré son regard sur le jeune héritier. Ce dernier n'arrivait pas à définir l'expression déroutante qu'elle affichait à son égard.

Éléonore. Déesse de la Justice.. Aux yeux de Noxic, il n'y avait aucune justice en ce monde, sinon pourquoi l'image que son père donne de lui serait-elle encore intacte ? Par moment l'héritier avait l'impression d'être le seul être qui n'était pas manipulable par ce maître des ombres dissimuler sous le visage d'un saint. Nietzsche lui avait enseigner à comprendre la subtilité des menaces dissimulées derrière de belles paroles et à deviner les intentions d'autres personnes en projetant mentalement plusieurs possibilités de futurs.. Mais lui il était imprévisible et avait très souvent un coup d'avance sur Nox. Et sur tout les autres..
Le seul moyen d'affronter son père était sur le plan mental si il ne désirait pas afficher leur petite lutte imaginaire aux yeux de tous et pourtant le loup venimeux s'en sentait actuellement incapable; d'autant plus qu'on lui avait coller le bâtard de Nietzsche dans les pattes depuis peu et qu'il se devait de le surveiller en permanence puisqu'il était condamné à le supporter lors de certaines missions et entraînements.. Il était hors de question qu'il donne à cet assassin ridicule une occasion de le tuer ou de donner à Najah de quoi le manipuler indirectement.

De la paranoïa, diriez-vous ? Eh bien, il n'existe aucune folie qui ne soit justifiée et mieux vaut être parano et vivant qu'inconscient et mort. Le jeune mâle laissa échapper un soupir distrait, pensant être seul à ses réflexions, le regard vague.

Le temps passait sans que le jeune Atheris ne bouge, son regard ne se détachant pas de la divine statue, vide de toute émotion comme si son âme elle-même s'était absentée le temps de ses réflexions. Seules ses oreilles bougeaient par moment au rythme des passages des quelques religieux qui voulaient se recueillir au pied de la statue. Par ailleurs, le doux bruit de la pluie s'était peu à peu installer, terminant sa course céleste sur le toit immaculé du palais et accompagnant délicatement le flux de pensées du mâle d'ébène.
Un bruit de pas plus présent - plus lourd et maladroit, retint alors son attention, faisant tiqué son oreille à plusieurs reprises. Le loup en question s'était approché de lui. Son physique n'en trahit rien mais cela l'agaça au plus haut point que quelqu'un vienne le coller jusque dans cet endroit. D'un mouvement vif, il déroula sa queue et balaya le sol afin qu'elle passe de sa droite à sa gauche, imposant ainsi un espace requis minimum entre lui et son indésirable interlocuteur. D'un même mouvement, il se redressa et se releva lentement, maudissant intérieurement ses articulations engourdie suite à sa longue immobilité. Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour que son intérêt pour la statue de la déesse Éléonore s'évapore, préférant attendre la fin de l'averse à l'extérieur plutôt que de partager son espace avec..

« Imryu ? » Laissa-t'il échapper avec une pointe de surprise, haussant un sourcil.

Son expression - à l'exception de cette légère et soudaine surprise - était totalement neutre et ne trahissait nullement ses désagréables pensées quant à la venue cet élément perturbateur qu'elle fut l'espace d'un instant.
Il haussa alors les deux sourcils et lui jeta un regard malicieux tandis qu'un sourire charmeur se dessinait sur son visage.

« Que viens-tu faire ici ? » Demanda-t'il avec légèreté tandis qu'il passait à côté d'elle, l'invitant à le suivre d'un mouvement de queue tandis qu'il se dirigeait vers les jardins extérieurs, prévoyant de rester vers l'abri qu'offrait l'entrée. Ils seraient plus tranquilles là-bas, bien qu'il n'apprécie pas le froid.

C'est en passant devant un couloir qu'il s'arrêta puis pivota afin de changer de direction. Lors de sa première venue en ce lieu, il était aller visiter un grand espace culturel composé de plusieurs petites salles où étaient exposés diverses œuvres aussi vieilles que le temps lui-même. Ce serait indéniablement plus agréable d'attendre la fin de l'averse ici où ils n'auraient pas à craindre le froid mordant de l'hivers.
Certes, ils auraient pu restés dans le tribunal mais - bien qu'il ne soit pas superstitieux - il ne préférait pas se risquer à humilier les dieux en se foutant ouvertement de leur gueule de par le fait qu'il joue avec les sentiments innocents d'Imryu. Après tout, qui est-il pour contester l'existence de ces entités divines ?

Noxic fit mine de prêter aux paroles d'Imryu une oreille attentive en inclinant cette dernière dans la direction de la jolie demoiselle. Son sourire s'élargit lorsqu'elle expliqua qu'elle ne souhaitait pas le déranger et - ignorant la cruelle vérité - Nox jeta à sa douce un regard en coin, léger, toujours avec cette étincelle charmeuse et malicieuse. Néanmoins, le beau mâle ne répondit pas et laissa planer le doute; laissant ainsi la femelle libre de le désirer à sa guise, lui qui n'était qu'une insaisissable illusions pour ces dames.

Lorsqu'ils furent arrivés dans l'une des pièce que Noxic affectionnait le plus suite à l'histoire et l'émotion que véhiculait la plupart des œuvres présentes, l'Atheris laissa la demoiselle à ses observations et parti s'allonger près d'un mur de la pièce d'où il pouvait entre-apercevoir une entrée menant à l'extérieur afin de pouvoir observer la pluie sans en ressentir le froid. La température du palais était tout particulièrement agréable en cette fraîche journée d'hivers.
Néanmoins, le jeune loup n'avait pas prêter attention à ces diverses œuvres qui l'entourait et son regard s'était distraitement perdu dans la contemplation du monde extérieur. Sa fenêtre de vue n'était pas bien large mais elle lui suffisait, de plus il pouvait d'ici sentir l'odeur agréable des pins mêlés à quelques fleurs résistantes à la venue de l'hivers.
Après avoir regarder l'extérieur quelques minutes, son attention se porta de nouveau sur sa compagne temporaire. Toujours souriant, il l'observait sans un bruit avec un regard qui pourrait presque se confondre avec de la bienveillance. Eh oui mesdames, plus le temps passait et plus l'héritier devenait Maître dans l'art de prétendre faire ce que vous espérez de lui..

Noxic s'amusait du comportement si joyeux et innocent qu'avait Imryu et trouvait cela quelque peu distrayant et agréable de l'observer. Elle avait un tempérament plutôt calme et timide et de ce fait la plupart des jeunes de leur âge n'avait jamais vraiment essayer de se lier plus intimement avec elle.. Et malheureusement pour la belle demoiselle, elle s'était fait prendre au piège par la douce et suave étreinte de l'Atheris et il lui faudrait bien du recul pour réussir à s'en défaire.
La louve se retourna alors vers le beau mâle et il ne fallut que quelques instants pour que le regard de la belle ne change, passant de l'admiration à une sorte de mélancolie qu'avait les âmes égarées. Noxic ne bougea pas, l'interrogeant simplement du regard, sans un mot. Elle semblait perdue, craintive et secoua la tête sûrement plus pour chasser ses propres idées que pour balayer la question muette du loup venimeux. Au plus grand plaisir du frileux qu'était Nox, elle vint s'installer près de lui. Pas assez pour que leurs fourrures s'entre-mêles, mais ça ne saurait tarder..
Les yeux ambrés de la jeune espionne parcoururent de nouveau la silhouette de l'Atheris. Ce dernier l'observait toujours de ce même regard s'apparentant à de la bienveillance sans dire un mot, attendant patiemment qu'elle se décide elle-même à prendre la parole. Lorsqu'elle finit par détourner son regard de l'assassin, ce dernier se remit alors à observer la pluie incessante qui faisait rage à l'extérieur, écoutant avec plaisir le délicat bruit de la pluie s'écrasant contre le toit marbré du palais.

« Dis... » Commença-t'elle avec hésitation tandis qu'il reporta son attention sur elle. « As tu quelqu'un.. dans ta vie? »

Le sourire de monsieur s'élargit à l'entente de cette question. C'est tellement simple.. Il n'eut toutefois pas le temps de lui répondre avant qu'elle ne reprenne la parole. Son impatience apparente l'amusa quelque peu et il la laissa parler sans la couper.

« Non... Oublie ma question, elle est idiote... »

A ces mots, elle se leva et partie s'asseoir plus loin avec une mine pitoyablement triste.

« Oui.. » Commença-t'il d'une voix mielleuse.

A son tour, Noxic se leva et s'approcha d'elle à pas feutrés. Il se plaça légèrement sur le côté d'Imryu et posa doucement une de ses pattes sur ses épaules afin de la faire basculer gentiment sur le dos. Lorsqu'elle fut allongée sur le sol, il reposa son antérieur de l'autre côté d'elle, l'empêchant de partir en se plaçant à moitié au-dessus de la louve. Il planta alors ses yeux d'émeraudes dans ceux de sa naïve compagne l'espace de quelques secondes avant de passer le bout de son museau dans la fourrure de son cou, remontant lentement vers son oreille.

« Si bien-sûr tu veux de moi.. » Murmura-t'il d'une voix suave avec une légère intonation hésitante pour ajouter une pointe de réalisme dans ses paroles enjôleuses.

Comme à son habitude, Noxic observait avec délice et amusement les diverses réactions que provoquait son comportement vis-à-vis de ses semblables sans pour autant faire tomber le masque illusoire qu'il portait précieusement. Il constata à grande joie mais ceci dit sans étonnement que son petit manège avait bel et bien fait son effet auprès de la demoiselle. Il pouvait aisément sentir divers sentiments se bousculer dans le cœur de la belle si bien que celui-ci ne savait plus les contenir ni même comment les gérer. Malgré les quelques centimètres de distances entre le mâle d'ébène et sa conquête, ce dernier pouvait entendre le cœur de l'espionne cogner contre sa poitrine et ne put s'empêcher de se demander, l'espace de quelques secondes, ce que cela procurait. A vrai dire, la seule chose qui pouvait faire battre le cœur de l'Atheris était une toute autre forme de désir qu'il aimerait par ailleurs faire découvrir à sa jolie compagne, une envie purement charnelle qui ne s'approchait en rien de ce que ressentait Imryu à ce moment là mais qui - sans l'ombre d'un doute - pourrait bien la rendre accroc.

« Mais... Noxic, je ne suis pas une atheris... Est-ce seulement possible? »

Décidément, la naïve petite chose qui le regardait avec tant d'espoir était bien trop facilement manipulable.. Noxic espérait au moins qu'elle veuille bien s'abandonner à lui avant la fin de l'averse glacée qui s’abattait dehors. Après tout il n'y aurait personne pour les déranger ici..
Plantant son regard doux et tendre - du moins, d'un point de vue extérieur - dans celui de Imryu, il prit la parole sans faillir ni même trahir à quel point celles-ci sonnaient fausses dans le cœur de pierre de l'héritier.

« Peu importe les convenances. Il n'y a que toi que je désire, Imryu. »

La regardant droit dans les yeux, il attendit patiemment sa réaction sans bouger, ne désirant pas paraître trop pressant et ne souhaitant pas aller trop vite pour elle.