Il devait être aux environs de 16h, lorsque je revins au clan. Je repensais à ce sanglier qui m'avait filé entre les pattes, ce qui me rendait d'humeur maussade. J'avais quelques gibiers sur le dos, et deux dans la gueule, que je ramenais au camp. Comme d'habitude, en tant que chasseuse, je faisais une tournée pour distribuer les vivres. Je passais d'abord chez l'Alpha, puis chez les bêtas. J'allais voir les nobles, et ensuite, je faisais les rangs de l'armée, puis les louveteaux. Moins prioritaires, j'allais ensuite donner de la viande aux secondaires tels que les oracles, médecins etc. Si jamais il restait de la viande (souvent les plus mauvais morceaux), ils étaient pour les omégas, les rejetés du clan. 

J'étais désormais à la hauteur des tanières des médecins et autre. Après être passée chez Lester, je passai la tête dans une tanière que je ne connaissais pas. J'avais eu vent de l'arrivée d'un Oracle chez nous depuis un peu plus d'un mois et demi, mais jamais je n'avais encore franchit le seuil de son territoire privé. Je me contentais toujours de donner toute la viande chez Lester, qui redistribuait de bon cœur pour me faire gagner du temps, ou bien je balançais le morceau devant chez lui. 

Je pouvais apercevoir dans la pénombre le loup, assez grand mais taillé finement, teinté grisâtre comme le ciel aujourd'hui. Il semblait méditer ou autre. Je penchai la tête en fronçant les sourcils, et m'avançai vers lui.

"Tiens, voici ta ration de viande".

Je l'avais peut-être dérangé, mais je n'avais pas que ça à faire. Frosbite m'était déjà tombé dessus parce que je ne vérifiais pas qui avait eu sa dose ou non, donc autant commencer avec le nouveau. Il est vrai que parfois, certains malins prenait la part d'un autre quand j'avais le dos tourné, mais ça n'arrivait pas souvent, et il y avait toujours des vivres en réserve. 

J'attendais désormais que l'inconnu se tourne.

Après mon installation au sein du clan, je n'ai rencontré que très peu de monde, préférant errer aux alentours du camp sans jamais m'en éloigner, méditer dans ma tanière, ou travailler sur mes illusions, qui se renforcent de jour en jour, alors que mon imagination s'épanouit de plus en plus.

Personne ne m'avais vraiment adressé la parole jusqu'à présent, et cela ne me dérangeais pas plus que ça, cela me permit de m'habituer à ma nouvelle condition, de trouver une conduite à adopter, et d'enfin me sentir chez moi.
Jusqu'à présent je ne prenais que des repas léger que venait me porter sans bruit un loup, nommé Lester il me semble, puisque je ne me dépensais que très peu.
Mais aujourd'hui, contrairement à d'habitude, mon état méditatif me permit d'entendre arriver quelqu'un, cette personne, je l'ai entendu, n'était pas Lester, et puis il était trop tôt pour que ce soit lui d'ailleurs.
Je restais donc immobile mais attentif, attendant de voir ce qui allait se passer, puisque je n'avais eu jusqu'à présent aucune visite, autant s'y préparer.

C'est alors que j'entendis: "Tiens, voici ta ration de viande"

Quelle surprise pour moi ! Une autre personne est venue me porter mon repas, et cette personne m'a adressé la parole ! Ravi que l'on me montre un tant soit peu d'intérêt, bien que je n'ai rien fait pour jusqu'à présent, je pris le temps de réintégrer pleinement mon corps physique avant de me retourner lentement, un léger sourire au coin des babines, en disant:

-"Bonjour à toi, il est rare que je reçoive de la visite depuis que je suis ici, en fait, il n'est jamais arrivé que quelqu'un m'adresse la parole, en venant me voir de plus, alors... merci bien"

En disant cela je l'observais avec une curiosité candide, puisqu'il s'agissait de la première louve que je voyais de si près, et de ce fait j'étais légèrement surpris par le nombre de couleur qui l'ornait, ainsi que par sa carrure: Elle était plus grande que moi ! On voyait bien qu'elle avait une importante force physique, et pourtant elle ne m'intimidait pas, au contraire, j'étais légèrement fasciné par ses traits, bien qu'espérant que cela ne se verrait pas trop, il ne manquerait plus que je fasse fuir la seule louve à m'avoir parlé !

L'intéressé parut surpris d'avoir une visite. Alors que j'allais partir et finir ma corvée de distribution, il se tourna vers moi avec un petit sourire en coin, et m'adressa la parole.

-"Bonjour à toi, il est rare que je reçoive de la visite depuis que je suis ici, en fait, il n'est jamais arrivé que quelqu'un m'adresse la parole, en venant me voir de plus, alors... merci bien"

Son regard pétillait presque de curiosité, je crois que je l'intriguais. Il est vrai que du haut de mes pattes, j'avais l'air impressionnante, surtout que je n'étais pas coiffée. Je penchai ma tête en arquant un sourcil, face à l'individu gris. D'ailleurs, je pouvais désormais remarquer quelques tâches sombres sur son pelage. J'hésitais à m'en aller, mais je me voyais mal l'ignorer et repartir sans lui répondre.

"Bonjour. Je suis Hybisse, la chasseuse du clan. C'est moi qui m'occupe de nourrir toutes les gueules ici. Je ne suis pas venue avant car je n'avais pas le temps".

J'essayais de me justifier un minimum, car il est vrai que depuis tout le temps passé, j'aurais du le croiser. 

"Ne me remercie pas pour ça. Si tu veux parler, je te conseille de sortir d'ici... Les autres sont plutôt du genre extérieur que rester cloîtrés dans leur tanières".


Je continuais de le regarder, afin de détailler plus son pelage. Il avait en particulier sa face coupée en deux par une marque noire sur l’œil gauche, avec une cicatrice au dessous qui m'intriguait fortement. Je me demandais bien d'où elle venait, celle là. 

Après mes paroles, la louve pencha la tête sur le côté, d'un air aussi surpris que moi par sa visite. Était-ce mes paroles qui la surprenait ? Le fait qu'elle ait été remerciée ? Ou alors n'avais-je pas suffisamment réussi à masquer mon intérêt ?
J'eus rapidement la réponse à cette question puisqu'elle me dit:

"Bonjour. Je suis Hybisse, la chasseuse du clan. C'est moi qui m'occupe de nourrir toutes les gueules ici. Je ne suis pas venue avant car je n'avais pas le temps".

"Ne me remercie pas pour ça. Si tu veux parler, je te conseille de sortir d'ici... Les autres sont plutôt du genre extérieur que rester cloîtrés dans leur tanières".

A présent c'était à son tour de m'observer attentivement, je le voyais à ses yeux qui allaient de haut en bas, de gauche à droite, et un intérêt soudain s'alluma dans son regard quand celui-ci se posa sur ma tête, sans doute attiré par ma cicatrice, du moins je le supposais, j'étais quant à moi attiré par l'étrange symbole qu'elle avait au coin de l’œil, qui brillait comme un arc-en-ciel.

Je trouvais assez intriguant qu'une louve imposant autant de force et d'assurance se voit obligée de se justifier de ne pas m'avoir croisé jusqu'à présent, et cela accrut mon intérêt pour elle, ça et le fait qu'elle ne veuille pas de mes remerciements, je ne pensais pas qu'elle ait réellement compris ce sur quoi ils portaient.
Cependant je ne savais pas vraiment quoi penser de son conseil: voulait-elle dire que si je sortais plus souvent je pourrais étoffer cette conversation avec elle ? Ou bien était-ce seulement un conseil d'ordre général ? Il est vrai que c'est la première fois que l'on me porte un certain intérêt, et que j'aurais également beaucoup de questions à lui poser. Tout cela s'enchaînait dans ma tête à une vitesse folle, et trouvant mon temps de réponse un peu long, je répondis:

"Eh bien enchanté Hybisse, je suis Hazeler. Tu n'es pas obligée de te justifier tu sais, je comprend tout à fait que ta fonction ne te laisse pas toujours le temps de passer de tanière en tanière, l'important étant que tu ais fini par le faire aujourd'hui !"
Et, après une légère hésitation, j'ajoutais "Je ne te remerciais pas nécessairement pour la viande, mais plutôt pour avoir engagé la conversation, et ainsi de m'avoir tiré de ma routine, qui est en train de me changer peu à peu en ermite ! Je vais sans doute suivre ton conseil, il serait temps que j'aille faire un peu d'exercice, et que je me familiarise un peu plus avec le clan, en tout cas je suis ravi que la chasseuse que tu es m’aie accordé un peu de son temps"

Avec le ton légèrement espiègle de ma dernière phrase et le sourire que je n'avais pu réprimer, je craignais d'en avoir un peu trop dit, et qu'elle pense mon intérêt déplacé, après tout, on venait de se rencontrer ? Mais elle m'avait fourni deux choses dont je manquais cruellement sans m'en rendre compte: un lien avec l'extérieur, et une motivation: ma curiosité envers elle, et par extension, envers la vie du clan.

Le loup gris était en pleine réflexion; Je commençais à m'impatienter. Parfois, son regard passait sur mes symboles arc-en-ciel, et je sentais que ça l'intéressait, tout comme moi je ne pouvais m'empêcher de me poser des questions sur sa cicatrice.
Il finit enfin par répondre après au moins une bonne minute de silence :

"Eh bien enchanté Hybisse, je suis Hazeler. Tu n'es pas obligée de te justifier tu sais, je comprend tout à fait que ta fonction ne te laisse pas toujours le temps de passer de tanière en tanière, l'important étant que tu ais fini par le faire aujourd'hui !"


Il s'appelait donc Hazeler. Au moins, il était compréhensif, pas comme certains loups qui me font la morale pour un oui ou un non... 

"Je ne te remerciais pas nécessairement pour la viande, mais plutôt pour avoir engagé la conversation, et ainsi de m'avoir tiré de ma routine, qui est en train de me changer peu à peu en ermite ! Je vais sans doute suivre ton conseil, il serait temps que j'aille faire un peu d'exercice, et que je me familiarise un peu plus avec le clan, en tout cas je suis ravi que la chasseuse que tu es m’aie accordé un peu de son temps"

Il était bavard celui-là. Il conservait néanmoins un visage illuminé par la joie ou l'excitation, je ne saurais dire.
Toujours avec ma froideur habituelle, je lui répondis :

"Et bien Hazeler, tu es bavard"

Ma franchise me tuera un jour. Je posai mes fesses au sol, un peu fatiguée d'être restée debout aussi longtemps, et continua :

"Tu peux commencer par aller voir Lester. C'est un mec bien. Personnellement, je suis rarement au camp la journée, je reviens seulement lorsque j'ai assez de gibier sur le dos pour nourrir tout le monde".

J'avais omis le fait que j'étais pas très sociable et que je préférais gambader sur les terres d'EL plutôt que pourrir au camp. Mais il le devinera assez tôt. 
Je me tus, afin de le laisser éventuellement répondre, ce que je prévoyais à la vue de sa tchatche phénoménale, presque pire que la louve bourrée d'il y a quelques jours; Bien que ce soit beaucoup plus agréable avec lui. Et puis, il avait envie de gaspiller sa salive un peu, ça lui faisait plaisir, il l'avait économisé pendant si longtemps.

Après la légère impatience que lui causa mon temps de réponse, elle parut se détendre un peu, elle ne devait pas être habituée à tant de politesse apparemment, alors qu'elle était pour moi une seconde nature.

"Et bien Hazeler, tu es bavard"

Malgré son ton froid et réservé, elle s'assit, ce qui me laissa penser qu'il s'agissait d'une simple observation, et non d'un reproche, et enchaîna:

"Tu peux commencer par aller voir Lester. C'est un mec bien. Personnellement, je suis rarement au camp la journée, je reviens seulement lorsque j'ai assez de gibier sur le dos pour nourrir tout le monde".

Cela confirmait ma première impression: elle n'était pas nécessairement bavarde, mais cette discussion ne semblait pas lui déplaire pour autant, au contraire puisqu'elle attendait avec indulgence une réponse. Au vu des quelques mots qu'elle a prononcé jusqu'ici, et aussi au vu de son poste, je pouvais également en déduire qu'elle n'était pas si sociable que cela, pourtant elle avait pris le temps de parler avec moi, et de me conseiller également, elle n'était sans doute pas si froide et distante qu'elle le laissait paraître, aussi gardais-je une gentillesse non feinte lorsque je lui répondit:

"C'est que je n'ai pas eu d'occasion de l'être jusqu'à présent, j'aurais dû pourtant, puisque cette rencontre est la chose la plus intéressante que j'ai faite jusqu'à présent, hormis le peu de découverte que j'ai faite sur ce magnifique territoire."

Je me levais, et veillant bien à ne pas trop attendre pour répondre, ayant compris qu'elle était du genre à aller droit au but, ajoutais: "Je vais suivre ton conseil Hybisse, et sortir d'ici, où je vais finir par prendre racine, et essayer dans un premier temps d'aller voir Lester et de me renseigner un peu plus sur la vie au clan."

Puis faisant un signe de tête en direction de la viande sur son dos, je dis: "Je ne voudrais pas t'empêcher de finir ton travail en prenant trop de ton temps, mais si jamais tu as besoin d'une aide quelconque, ou si tu veux discuter de nouveau lors de tes rares passage au camp, ou encore en extérieur, tu peux revenir me voir quand tu le souhaites"

J'espérais que ma gentillesse, et les interrogations que j'avais lues sur son faciès plus tôt ferait fondre ses réticences à parler aux autres, et ainsi qu'elle reviendrait ou alors qu'on pourrait de nouveau discuter plus longuement, pourquoi pas en faisant une activité quelconque, ce qui répondrait à plusieurs de mes interrogations.
Après m'être levé, je m'étirais, laissant échapper un peu de Brume blanche de mon corps, surplus de magie que j'avais accumulé en méditant, produisant une légère ondulation de l'air autour de moi. Avant de faire quoi que ce soit d'autre, j'attendais avec un intérêt non dissimulé sa réponse.

De manière douce, il répondit :

"C'est que je n'ai pas eu d'occasion de l'être jusqu'à présent, j'aurais dû pourtant, puisque cette rencontre est la chose la plus intéressante que j'ai faite jusqu'à présent, hormis le peu de découverte que j'ai faite sur ce magnifique territoire." 


Il daigna enfin lever ses fesses du sol. Debout, il était presque à la même hauteur que moi assise.

"Je vais suivre ton conseil Hybisse, et sortir d'ici, où je vais finir par prendre racine, et essayer dans un premier temps d'aller voir Lester et de me renseigner un peu plus sur la vie au clan. Je ne voudrais pas t'empêcher de finir ton travail en prenant trop de ton temps, mais si jamais tu as besoin d'une aide quelconque, ou si tu veux discuter de nouveau lors de tes rares passage au camp, ou encore en extérieur, tu peux revenir me voir quand tu le souhaites" 

Il parlait vraiment beaucoup en si peu de temps ? Waw.
Bon, au moins il ne me retenait pas plus que ça. Je songeais éventuellement à passer de temps en temps chez lui, parce que à mon avis, il doit aimer la compagnie. Et puis sinon, Frosbite va encore me dire que je suis désagréable. 

Hazeler donc, continuait de me regarder, sans pour autant attendre quelque chose en retour. 
Il se leva et s'étira. Quelque chose de léger et blanc sorti de son corps, ce qui m'intriguait quelque peu. Comme à mon habitude, je penchai ma tête sur un côté, comme si ça pouvait m'aider à mieux comprendre. Je suppose que c'était son pouvoir, ou du moins une partie de son pouvoir. 

Afin de suivre le mouvement, je me levai, et le regardais; Il y avait quelque chose chez ce loup qui attisait ma curiosité. Je me souvins qu'il fallait que je lui réponde, et lançai une légère pique en disant :

"Merci, je n'ai pas besoin d'aide, en particulier pour ce boulot, et puis je risque de te perdre en chemin".

Je levai mon museau en haussant les sourcils, et continua :

"Tu n'as pas la carrure d'un coureur".

Je devais paraître hautaine à ses yeux. Mais je n'aimais pas tourner autour du pot pour savoir comment dire une phrase. J'allais à l'essentiel.

Je m'avançai vers la sortie, doucement, et me retournai vers lui, attendant une quelconque réponse.

Une fois mon étirement terminé, je vis Hybisse pencher la tête de côté, geste que je trouvais plutôt drôle: une curiosité si marquée associé à un tel caractère ? Je commençais à penser qu'elle tenais plus du nounours, une armoire à glace au cœur tendre, même si je ne doutais pas un seul instant de sa force, aussi bien mentale que physique.

J'étais assez content de lui donner une question de plus en quelque sorte, j'aimais assez paraître mystérieux, ce dont je n'avais aucun mal, au vu de mon pouvoir et des possibilités qu'il m'offrait.

Elle se levait après moi, et avec un léger air de défi, me lança: "Merci, je n'ai pas besoin d'aide, en particulier pour ce boulot, et puis je risque de te perdre en chemin".

Alors comme ça parce que je lui disais que je ne bougeais quasiment pas depuis mon arrivée je ne serais pas capable de tenir le coup ?
Puis elle ajouta, avec un petit air supérieur pourtant sans méchanceté: "Tu n'as pas la carrure d'un coureur".

Elle me lançait clairement un défi, mais de façon très gentille, comme si elle cherchait juste à savoir de quoi je suis capable.

Elle se tourna ensuite vers la sortie en avançant lentement, attendant une réaction de ma part, eh bien je n'allais pas la décevoir alors !
J'aimais beaucoup les défis, et de plus j'étais aussi très curieux de savoir par quel moyen elle se pensait plus rapide que moi, qui, en étant grand et élancé, étais taillé pour la vitesse, bien que n'ayant pas fait d'exercice depuis un petit moment. Je me doutais que cela devait avoir un rapport avec son pouvoir, ce qui attisait encore plus ma curiosité.

Alors, en faisant apparaître une légère Brume autour de mes pattes, en me préparant à modifier sa perception, sans pour autant lui dévoiler la façon dont fonctionnait mon pouvoir, je lui dis "Oh tu sais sans t'aider je pourrais simplement t'accompagner par simple curiosité"
(inutile de lui préciser que ma curiosité allait à son encontre, et non à ses activités, je la pensais bien allez maline pour envisager les deux possibilités)
"Mais ce serait bien impoli de ma part. quant à pouvoir te suivre..."

Je transformais alors sa réalité d'un coup de Brume, créant un double de moi-même à ma place initiale tandis que je sortais rapidement pour me retrouver derrière elle, en m'effaçant de son esprit, de sorte qu'elle pense que mon déplacement a été instantané.
Puis, dissipant mon illusion d'un coup, de la Brume voletant autour de mes pattes tels des filaments, je terminais ma phrase en disant, assez content de moi:

"je devrais pouvoir tenir la distance, même si je ne possède pas ta force physique ni ton endurance, c'est vrai"

La première partie de ma phrase étant légèrement moqueuse, j'avais ajouté ce compliment spontanément, puisque je le pensais depuis un petit moment déjà. Dans ma manœuvre, je me suis retrouvé derrière elle, à deux pas à peine, ce qui me permettait de mieux me rendre compte de sa carrure impressionnante, et aussi des couleurs merveilleuses qui ornaient son pelage. J'avais hâte de voir l'effet que mon petit tour avait produit sur elle.

"Oh tu sais sans t'aider je pourrais simplement t'accompagner par simple curiosité...Mais ce serait bien impoli de ma part. quant à pouvoir te suivre..."

D'un coup, il se téléporta à moi, et continua de jacasser, avec de la brume volant autour de lui.

"je devrais pouvoir tenir la distance, même si je ne possède pas ta force physique ni ton endurance, c'est vrai"

Je ne savais pas que c'était son pouvoir, mais grand bien lui fasse, malgré mes doutes. Il y avait quelque chose de pas net; m'enfin bref. 
Il était très proche de moi, et je le toisais de ma hauteur. 

"Non, sincèrement, je ne pense pas".

J'esquissai un sourire, dévoilant légèrement ma dentition, et sorti de sa tanière, lui me suivant de près. 

"Et concernant le fait que tu puisses m'accompagner, oublie. Je n'aime pas avoir des loups dans les pattes".


Je regardais au loin, les tanières qu'il me restait à faire, et je pensais aussi au reste de ma journée, quoi donc allais-je faire. 

"Au fait, Lester habite sur la gauche"

Je levai ma patte en direction de son antre. Je me retournai sur Hazeler, lui fit un signe de tête, et parti au galop, tête baissée. J'avais une tournée à finir.

Si elle était intrigué par mon tour de passe-passe, elle ne le montra pas, se contenant de me regarder avec ce petit air supérieur, dû à sa taille je pensais, puisque je ne voyais pas en elle une louve arrogante, même si elle était plutôt fière, ça il n'y avait aucun doute.

"Non, sincèrement, je ne pense pas".

Elle me sourit légèrement, me laissant penser qu'elle ne tenait pas à ce que je l'accompagne, mais que ma présence ne lui déplaisait pas pour autant.

"Et concernant le fait que tu puisses m'accompagner, oublie. Je n'aime pas avoir des loups dans les pattes".

Au moins, c'était clair ! Il y aurait bien un autre moyen pour moi d'assouvir ma curiosité, autre que celui-ci, il faudra juste le trouve, ou attendre qu'elle revienne d'elle même, ce qui me paraissait la meilleure option, je n'allais pas la harceler tout de même.

Elle s'apprêtait à partir, lorsqu'elle ajouta:

"Au fait, Lester habite sur la gauche"

Puis après un signe de tête poli, elle partit à toute vitesse, sans doute pour terminer sa besogne.

"Au revoir, Hybisse, et merci"

Je savais bien qu'elle ne m'entendrais pas, mais je pensais que mon regard sur sa course suffirait. Elle m'avait redonné la curiosité qui me manquait tant, et cette curiosité, qui était dirigée vers elle jusqu'à présent, se tournait maintenant vers ce Lester. Comment était-il, pour que cette louve fière et asociale le trouve sympathique ? Je décidais donc sans tarder de marcher vers la tanière de Lester, pas très éloignée de la mienne.