Voilà maintenant presque une semaine que la grande bataille s'était déroulée en ce lieu. Les conséquences de ce combat pouvaient clairement se voir. Il n'avait pas plu depuis, par conséquent le sol n'avait put être purifié. La terre était teintée du sang des divers adversaires, et ce, à plusieurs endroits. Dans le ciel, les vautours et autres rapaces tournoyaient. Dans les arbres, les corbeaux faisaient raisonner leur chant macabre. Sans doute pour louer ce festin. Jonchés sur le sol, les cadavres des Ultimate que les Élémenloupiens n'avaient pas pris la peine de ramasser. A quoi bon ? C'était les ennemis, ils s'étaient approprié des terres, s'étaient incrustés sans scrupule et fait régner leurs lois ici. Ils ne méritaient pas que l'on s'occupe de leur carcasse. Les charognards étaient là pour ça après tout, c'était les nettoyeurs de l'ombre. Et puis, au moins, ces parasites servaient à quelque chose maintenant.

Dans ce paysage effrayant, une ombre s'agitait. Elle se mouvait parmi les arbres, les rasant parfois. Elle bougeait à travers la forêt, pas le moins du monde horrifiée par ce spectacle. Puis, cette ombre sortie du bois, s'aventurant sur la clairière où les tanières étaient. Là, une louve remplaça cette fameuse ombre. Son pelage était fait de teintes de rouge, allant si bien avec la poussière ensanglantée sur laquelle elle devait marcher. Sur sa tête se dressaient des cornes pointues. Ses yeux orange, soulignés par ce que l'on pourrait imaginer être des griffes, transpercés l'air, accentués par ses pupilles en fente donnant un côté démoniaque à son regard déjà froid. Son dos était marqué de ce que l'on pourrait apparenter à une colonne vertébrale. Son antérieur gauche était accessoirisé par un crâne, un véritable crâne. Et à son postérieur droit, elle portait un bracelet fait d'os. L'impression de l'être surnaturel qu'elle dégageait était accentuée par ses trois queues. L'ensemble de cette louve pouvait lui valoir la qualification de démone.

Elle scruta le tableau macabre qui s'offrait à elle. Ses yeux fixèrent sans la moindre hésitation l'horreur de la guerre. Un bruit de chaire qu'on arrache lui fit bouger l'oreille droite et sa tête se tourna machinalement vers ce bruit. Son regard s'arrêta sur la scène découverte : un corbeau posé sur un cadavre de loup. Le corbeau en question, noir comme le néant, se délectait de son repas qui n'était même pas entamé par d'autres. Deux autres s'immiscèrent dans ce festin. Idryss ne détourna pas les yeux. Cela ne lui faisait rien. Après tout, les loups tuent bien pour se nourrir, de la même façon, ensuite. Elle continua de les regarder, cette fois-ci le regard dans le vide, puis repris sa marche une fois son esprit revenu.

Elle posa l'une de ses pattes dans du sang, encore, mais cette fois-ci, il était frais. Elle s'arrêta, baissa le regard vers sa patte écrasant la petite flaque, leva celle-ci et constata que ses coussinets étaient rouges. Idryss tourna la tête vers le corps sans vie se trouvant à même pas un mètre et s'y approcha. Elle l'observa. C'était un mâle, costaud, surement était-il guerrier. Elle reconnut aisément l'odeur des Ultimate. Sur ses gardes, elle poussa l'inconnu de sa patte, marquant par ailleurs son empreinte sur lui avec le sang. Celui-ci ne bougea pas. Elle le poussa derechef tout en ajoutant un Hey assez fort. Toujours rien. Mort fut son constat, Mort des crocs plantés dans la gorge s'ajouta-t-elle. Le sang coulant légèrement des trous causés par les dit crocs, le mâle avait été fraichement tué. Il avait plusieurs blessures sur lui, il aurait put aisément mourir de ces blessures mais quelqu'un en avait décidé autrement. Et qui que ce soit, il devait encore être dans les parages.

Un bruit la fit se redresser brusquement, elle se tourna rapidement vers l'origine de ce bruit. Elle était aux aguets. Cependant, elle ne savait pas pourquoi elle avait eut cette réaction. C'est vrai, si c'était la personne qui avait tué ce loup, il était forcément de son côté. Quoique, y a toujours des fous dans le monde..., se dit-elle. Les odeurs diverses qui l'entouraient l'empêchées d'identifier l'individu. Néanmoins elle se détendit un peu et lâcha :

Hey ! Montre toi. Je sais qu'il y a quelqu'un...

Bonjour cher Louve ! Que fais-tu ici ? Tu es venue mourir comme ce loup ?

A l'entende de cette voix, Idryss tourna aussitôt la tête vers sa provenance. Là, sur un rocher, elle vit une louve. Elle plissa les yeux, le soleil l'empêchant de bien distinguer qui c'était. Elle fit quelques pas sur le côté, se mettant à l'ombre d'un arbre. A ce moment, elle put voir distinctement cette personne. C'est avec surprise qu'elle reconnue sans mal Médée, sa cousine. En la voyant, la cornue fronca légèrement les sourcils.

Je me disais bien que cette voix m'était familière, cousine. Elle avait prononcé le dernier mot avec amertume. Avant de reprendre sur un ton normal : A ce que j'en déduis, c'est toi qui l'a tué. Elle mit un rapide coup d’œil sur le cadavre en question.

La juge observa Médée. Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas croisée. Elle avait changé. Déjà son pelage était salit par le sang qu'elle avait fait couler et la terre qui régnait ici. De plus, dans sa façon d'être, la démone semblait plus meurtrière et dérangée qu'avant. Et Idryss se doutait que ce n'était pas qu'une impression. La dragonne s'était légèrement mise sur ses gardes : assez pour esquiver/attaquer tout en montrant à Médée qu'elle lui faisait assez confiance pour ne pas que celle-ci l'attaque et ainsi créer un combat inutile. Néanmoins, la louve du Feu ne put s'empêcher de lancer une pic à sa cousine, sur un ton dédaigneux.

Tu es encore en vie, c'est surprenant ! Je pensais que tu te serais faite tuée comme ces idiots. Après tout, tu leur ressemble tellement.

Elle marqua une légère pause, la regardant avec un sourire narquois.

La louve descendit de son perchoir et s'avança vers elle. Par la suite, elle s'arrêta et s’essaya à une distance convenable : ni trop près ni trop loin. C'était parfait, ainsi elle pouvait observer aisément ses mouvements. La tueuse se mit à lécher le sang collant ses poils afin de le faire disparaître. La pic qu'Idryss avait lancé fit aussitôt réagir Médée qui cessa toute activité et la foudroya du regard. Nullement impressionnée, la dragonne regarda sa cousine d'un air blasé mais où une lueur amusée brillait dans ses yeux de démon.

Et toi ? T'es-tu au moins battu ? As-tu eus un compagnon depuis notre dernière rencontre ? Surement pas ! Hahaha !

Idryss lâcha un rire spontané pendant plusieurs secondes. Par la suite elle lâcha un soupir, les babines étirées par un grand sourire. Elle posa son regard orange sur sa cousine et lui dit, la voix normale, teintée d'un léger amusement :

Je ne fais pas partit des rangs d'armée. Je suis peut-être restée au camp à surveiller et rassurer, mais j'ai beaucoup contribué dans cette bataille. La guerre ne se résume pas qu'à des guerriers, tu l'ignores s'en doute mais il faut aussi des stratèges pour vaincre. Ce que n'avait pas tes compagnons. D'ailleurs la preuve : ils ne sont plus là ! Une petite pause puis elle reprit, répondant à la seconde question. A quoi bon avoir un compagnon ? Le romantisme, fleur bleu c'est pas pour moi. D'ailleurs, je n'ai pas non plus envie d'avoir des gosses. La vie de célibataire n'est-elle pas plus réjouissante ? Depuis que tu es libre de Darkness, n'es-tu pas mieux ? Tu peux faire tout ce que tu veux !

Elle n'avait pas osé parler de son premier et unique amour, elle n'était pas aussi vache. Elle savait que la mort du loup blanc l'avait profondément attristée.

Et toi, que vas-tu faire maintenant ? Reprendre ta vie en te cachant ? Espérer que les clans ne te pourchassent pas pour t'éliminer ou t'exiler de notre monde ?

Sa voix s'était faite plus calme, moins amusée. Sa voix s'était faite neutre, son sourire avait disparut, attendant une réponse sérieuse de sa cousine.