Il fallait mesurer les risques. Ici, sur les pentes rocheuses amenant à des gouffres sans fin, il semblait difficile de garder une mine réjouie. La glace fondait à toute allure et on savait d’instinct qu’un seul faux pas été fatal à celui qui venait ici pour s’amuser. Pourtant l’ombre avait gardé un rictus amer figé entre ses babines sombres. L’idée de choir dans le néant n’était pas pour lui déplaire, entendre son instinct lui hurler de quitter cette voie était d’autant plus jouissif. Pourtant, il restait égal à lui-même, nerveux, psychotique et désespérément narquois.

La mi- saison lui permettait de franchir les frontières entre les différents clans sans courir trop de risque. Bien trop occupé à fricoter les uns avec les autres, les autres êtres de ce monde ne prêtaient guère attention à lui. Non. Il n’avait pas peur de vous croiser au détour d’un chemin, mais il préférait la tranquillité au tumulte. Il voguait seul, sans attache, sans famille et donc sans regret. Si le monde s’était écroulé, il resterait debout hors d’atteinte, ou bien trop atteint pour pouvoir en avoir conscience. Ainsi, il continuait sa venue insoupçonnable sur la terre du feu.

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