La louve allait mieux depuis le passage de Faubaru. Elle admettait lentement que son père était parti, et dans la foulée, elle le voyait de moins en moins. Il faudrait qu'elle parle, un jour, à un médecin de ces hallucinations, ça n'était pas normal. mais arriverait-elle seulement à le décrire?

Des douleurs, comme des pics, survenaient depuis queluqes jours dans sa patte avant. Elle avait mis du temps à faire le lien, mais c'était cette patte là que Nils avait percé de ses griffes. Pourquoi avait elle mal maintenant? Alors que pendant plusieurs jours, semaines, la douleur avait disparue? Elle savait sa patte cicatrisée pourtant.

Un jappement lointain tira Urielle de ses pensées. Elle revenait de sa journée de travail et retournait lentement s'enfoncer dans les plantes. Mais ce jappement n'était pas normal. C'était un petit qui l'avait poussé, et Urielle ne reconnaissait pas cette voix.

Elle accéléra le pas, les plantes n'avaient pas encore couverts sa fourrure de branches et d'épines, et depuis que Faubaru l'avait aidé à se nettoyer, Urielle faisait plus attention. Mais plus elle marchait, plus elle se dirigeait vers le fleuve et son inquiétude grandit. Le courant pouvait être fort à cette partie là du cours d'eau, si le petit était tombé dedans... Elle accéléra encore.

Elle déboucha sur la berge, mais plus aucun son que l'eau qui s'écoulait lentement ne perçait le silence du lieu. Elle fut en un sens rassurée, le courant n'était pas fort.

Promenant son regard aux alentours, elle vit cependant une boule de poil, allongée au sol, qui ne bougeait plus. La panique ne tarda pas à la reprendre et elle couina avant de se précipiter vers la boule de poil, ralentissant tout près de lui en gémissant.

Guettant un souffle, le petit semblait simplement.. endormit. elle approcha sa truffe de lui et se mit à le renifler. Il était trempé du fleuve, mais il sentait le solitaire. S'il avait bu de l'eau de L'Hibiscus, cela expliquait sans doute son état léthargique. Elle redressa la tête pour regarder au loin. De l'autre côté du fleuve, c'était les terres solitaires, et un peu plus loin s'étendait le désert. Peut être que sa mère le cherchait... Mais même en tendant l'oreille, elle ne vit rien, personne.

Elle reporta son attention sur le jeune louveteau, faisant bouger lentement sa tête de son museau, essayant de le réveiller en gémissant. La louve était inquiète, un peu trop pour un louveteau solitaire, mais elle était comme ça Urielle.

Un gloussement raisonna du torax du petit et Urielle releva la tête, alerte, avant de comprendre qu'il s'agissait là d'un rire, et un sourire effleura les babines d'Urielle.

Elle s'abaissa à nouveau vers lui tandis qu'il s'agitait, et il ouvrit les yeux. Urielle plongea dedans comme on plongeait dans un lac d'eau douce. Ce petit paraissait si...

Sa sensation fut confirmée quand il se mit à parler, d'une voix enfantine, en dedolinnant la tête. Urielle jappa et secoua la queue avant de lui sourire encore. Non, elle n'était pas perdue, mais lui si.
Le petit se serra contre la passe épaisse de la caverne et Urielle ne sut même pas comment réagir, alors elle fit ce qu'elle faisait de mieux, elle rendit au petit son calin.

Il était toujours trempé et maintenant, Urielle était mouillée aussi, mais tant pis. Elle finit par se redresser et regarder à nouveau alentour avant de pencher la tête vers le petit dont elle ignorait le nom. Elle couina la tête penchée, le regard plein de questions. Etait-il seul? Où était sa mère? D'où venait-il? Comment s'appelait-il?

Mais elle ignorait si le louveteau savait lire, et ne pouvait poser aucune des questions qui lui passaient par la tête. Il ne lui restait qu'à espérer que son langage corporel était suffisant pour le petit perdu.