Heyla patrouillait autour des frontières de la Forêt Talaïala. Secrètement, elle espérait revoir Volk, ou, au moins, Snowball. Elle n'avait pas l'habitude de surveiller ce coin, mais la raison en volait pourtant bien la peine.
Cela faisait, justement, déjà une heure que Heyla attendait, tapie dans une alcôve de la montagne du camp du clan. Enfin, elle vit un loup arrivait et ses ailes papillonnèrent d'elles-même. Bon Dieu des Elemenloups, c'était Volk ! Son Volk ! D'une joie imperceptible, elle bondit sur lui et lui lécha le visage. Ah,il lui avait tellement manqué !
- Salut mon Volk ! dit-elle joyeusement.
Puis, elle remarqua l'air soucieux qui barrait son front. Inquiète et regrettant son geste trop impulsif, elle lui demanda, sincère :
- Tout va bien ? J'espère que tu n'as pas de problèmes...

Heyla écouta son beau Volk avec attention. Elle ne lui en voulait pas de ne pas pouvoir tout lui dire, à cause de leurs clans respectifs.
- J'espère que tu arriveras à résoudre ton problème. dit-elle avec compréhension.
La sentinelle du Clan de l'Air n'aimait pas voir Volk triste, elle essaya alors de lui rendre le sourire en lui communiquant sa joie de le revoir.
- Oui, je vais bien. Mais tu me manquais...
Heyla lui fit une léchouille sur le museau pour exprimer sa gratitude.
- Encore merci de m'avoir sauvé la vie dans le Château!
La jeune louve frissonna en repensant au monstre de sable.

Heyla sourit aux paroles de Volk. D'abord elle l'observa, elle admira son épais pelage noir, craignit son oeil éborgné tout en en étant subjuguée. Alors elle dit, doucement :
- Mais tu sais, si j'y suis arrivé, c'est parce que tu étais là pour m'encourager...
Heyla sentit le rouge montait à ses joues et son pouvoir commença à s'activer, les illuminant faiblement. Un peu gênée, elle tourna sa tête vers les montagnes qui s'étalaient paisiblement derrière elle. Et si, Volk ne l'aimait pas autant qu'elle?

-Allons Heyla, ne tourne pas la tête, le fait que tu sois lumineuse ne te rend que plus élégante.
Heyla fut emplie d'un sentiment égale à la béatitude en entendant le compliment de son ami. Si un autre loup, quelconque à ses yeux, lui avait dit cela, elle aurait été restée quelque peu indifférente. Un sourire, un remerciement, voilà tout. mais venant de Volk...
Décidant de jouer sur le même pied que le bêta du Clan de l'Eau, elle dit d'un air charmeur :
- Allons Volk, ne te blâme pas, le fait que tu sois taciturne ne te rend que plus attirant...
Petit clin d'oeil malicieux.
Puis, elle écouta la proposition de Volk. Elle fut d’abord réjouie de cette idée car elle n'avait pas mangé depuis le soir suivant, les tours de garde étant renforcés depuis l’évènement du Château du Crépuscule. Mais une pensée voila bientôt son air joyeux.
- J'aimerais bien, mais... Je ne peux pas chassée sur ton territoire, ni toi sur le mien. Déjà que ma présence ici peut provoquer des soupçons...
Elle secoua la tête, dépitée. Pourquoi les clans étaient si sévères entre eux ? Le moindre écart et c'était une bataille.

Le contact de leurs de museaux se touchant troubla Heyla, qui ne s'y attendait pas. Mais elle apprécia cela, cela la réchauffait, la rassurait. C'est alors qu'elle entendit une phrase qui résumait tout, tout ce qu'elle pensait en ce moment.
-Je t'aime Heyla.
Les poils de la louve se hérissèrent de joie. Elle déposa un petit baiser sur la truffe toute humide de celui qu'elle aimait et répondit en murmurant :
- Moi aussi, Volk.

Court, mais suffisant ?

Un mauvais pressentiment. C'est avec un mauvais pressentiment que Heyla suivit son Volk vers le lieu dit.
"Snowball ?"
Une boule se forma dans la gorge de la louve. Sa voix se brisa.
- Snowball ? murmura-t-elle, effarée.
Alors Volk commença à suivre les traces de la soeur de sang de Heyla qui n'arrivait plus à bouger tant elle était stupéfiée.
Soudain, elle en voulut à la planète entière. A Snowball, d'abord, pour avoir gâcher ce merveilleux moment d'amour et d'être jalouse de la sentinelle. Mais... jalouse de qui ? De... Volk ? Heyla refusa de croire cette idée. Elle n'avait quand même pas volé l'amour de sa meilleure amie ! Ensuite, elle en voulait à Volk. De paraître si inquiet pour la louve bleue et neige, d'être parti à sa poursuite sans attendre Heyla. En enfin, à elle-même, Heyla. Pour tout. Tout. Elle était persuadée que si Snowball était jalouse, c'était de sa faute. Si elle avait volé son amour, c'était de sa faute. Tout était de sa faute. Elle n'aurait jamais du allé au Château du Crépuscule. Elle n'aurait jamais du tomber dans le piège. Elle n'aurait jamais du charmer Volk. Elle n'aurait jamais du être charmée par Volk. Et, enfin, elle n'aurait jamais du le revoir.
Alors, toute son désespoir s'évacua. Elle suivit comme une flèche celui qu'elle aimait qui lui-même suivait une autre personne qu'elle aimait. Elle était aveuglée par les larmes qui coulaient à flots sur son museau. Ses larmes se joignirent à celle de Snowball.
Tout à coup, Heyla eut une idée. Elle repartit rapidement en arrière et prit délicatement le panier d'oseille que portait encore son amie il y a quelques minutes. Alors Heyla repartit à la poursuite de la guérisseuse et du bêta.

Heyla avait l'impression d'être épuisée. Son coeur battait la chamade. Elle avait me^me l'impression de n'éprouver plus aucun sentiment. D'être devenue un robot, une automate.
"Je vous dé..."
Le coeur de la louve se serra.
"Je vous dé..."
Cette fois-ci, ce fut sa gorge, l'empêchant de respirer. Le louvette voyait son amie, sa meilleure amie, écumait de rage, de désespoir, sentiments qu'elle comprenait si bien mais ne pouvait pourtant les imaginer maîtriser cette louve qu'elle aimait et admirait tant. Snowball... murmura-t-elle, déchirée de voir ce qu'elle voyait. Oh, elle était un monstre ! Elle avait voler l'amour de sa soeur de sang, elle lui brisait le coeur et n'en avait aucun remord ! Pourquoi... ?
Volk lui jeta u regard que Heyla accueillit avec détresse. Que se passait-il ? Que faire ? Le guérisseuse continuait sur sa lancée, lorsque soudain, son opinion sembla changer, son expression s'adoucit, mais une lueur de folie brillait au fond de ses yeux, ce qui effraya plus encore Heyla, au lieu de l'apaiser. Malgré son soulagement dans les paroles que Snowball déversa, une petite crainte restait en elle. Lorsque la louve bleue et blanche eut finie, Heyla regarda Volk qui lui lui lança un regard amoureux. La sentinelle du Clan de l'Air lui répondit avec autant de joie de possible, mais le malaise persistait. Elle s'avança vers Snowball lentement.
- Oh, Snowball, je m'excuse ! Je ne voulais vraiment pas te faire de mal... s'écria-t-elle, désolée.
Elle lui fit un câlin, lui lécha la truffe et lui dit, d'une voix cependant inquiète :
- Oh, par Éðen ! Tu as l'air exténuée ! Il faut vraiment que tu ailles te reposer ! Quant à moi, il faut que je retournes sur mes terres, si je ne veux pas me faire massacrer, dit-elle en soulignant le dernier mot pour bien montrer combien leur amour était impossible. Oui, car avant l’interruption de la louve des neiges, tout semblait possible, mais après, tous les problèmes réapparurent...