Le couché du soleil nimbait le ciel d’une lueur orangée et de minuscules étoiles qui étincelaient de tout leur éclat argenté apparaissaient déjà sur la toison crépusculaire. Aucuns nuages à l’horizon, rien qu’une boule de feu aux flammes rouges et dorée qui se cachait à moitié derrière la cime des plus petits arbres en teintant la terre de ses couleurs ardentes. Mon pelage roux et jaune baigné par le soir et ses myriades de tons pastel et pamplemousses semblait s’embraser même dans la semi-obscurité des bois. Je filais entre les troncs sinueux dont les ombres dessinés d’étranges silhouettes tordue sur le sol. Le duvet blanc de mon ventre frôlait l’humus froid et humide de la forêt alors que mes coussinets le foulaient à vive allure. Un feu intense me brûlait la gorge et je fonçais droit vers la rivière à la roche, fourrure et truffe au vent alors que mon esprit vagabondait parmi les esprits de la nature. J’entendis finalement le grondement sourd et précipité des flots déchaînés s’écrasant sans pitié sur la dent de granit qui tranchait le courant. Je ralentis là où les arbres cessaient de pousser et je dressais l’oreille en ouvrant grand l’œil. Des loups. Roulé en boule derrière un touffu buisson épineux, j’arrivais à apercevoir des parcelles de pelage et leurs pattes de loup. J’arrivais aussi à nettement entendre leur conversation et je reconnus la voix de notre Alpha, malgré que le second loup me restait inconnu. Je serrais les mâchoires en fronçant le front avant de m’aventurer au-delà du couvert rassurant des grands chênes et pins, la mine soucieuse et le cœur peu rassuré.

« Qui es-tu inconnu ?» Grondais-je avec nonchalance.

Les muscles contractés, je rampais tout contre l’herbe mouillée et tendre en foudroyant l’étranger d’un regard mauvais. Mes yeux roses scintillaient d’une étincelle vive et le déclin flamboyant du soleil s’y reflétait en oscillant telle une flammèche vacillant dans la brise.