Un lapin grignotait une noix. Il devait la ramené de loin car tout les arbres aux alentours étaient carbonisés. Pas un bruit. Pas un son. Rien que le silence. Soudain, il y eut un léger frémissement. Le lapin s'arrèté de manger et leva les oreilles. Plus rien. Il resta encore une petite seconde dans cette position avant de reprendre la noix dans sa gueule. Un nouveau frémissement se fit entendre, plus fort que le précédant. Effrayé, le lapin commença à bondir loin de ce lieu maudit. Mais il n'eut pas le temps de s'éloigner.
Ébène sauta de derrière un rocher et atterit les pattes avant sur le lapin. On entendit un craquement : le lapin venait de se briser la nuque. Le sourire aux lèvres, le loup ailé grogna :

- Une mort rapide, hein ? Je préfères m'amuser un peu avec la nourriture : sinon, à quoi sert-elle ?

D'un coup de patte, le loup sombre envoya le cadavre contre la roche d'où il était sauté. Nouveau craquement. Cela signifiait que le lapin s'était cassé quelques côtes ou autre. Mais qu'importe ? Il était mort. Ébène s'amusa à rouler sa proie de chaque côté. Puis, lassé de son jeu, il mordit farouchement dans la chair et arracha un gros morceau de viande qu'il dégusta. Il finit le reste du lapin en une bouchée. Repu, il prit un des côtes de son repas et la mastiqua du fait que, quand elle sortit de sa gueule, elle était toute blanche et baveuse. Ayant fini ses jeux étranges, il se leva et s'ébroua, ce qui fit claquer ses ailes dans les airs.

Ébène aimait bien les endroits sinistre, comme celui-ci. Au-lieu de rester devant le temple de Pandore, il s'amusa à en voir l'intérieur. Tout était resté intacte, ormis quelques toiles d'araignée qui avaient été tissées par-ci par-là. Du museau il en éloigna une qui lui cachait la poignée de la porte menant au trône. Dés qu'il l'éfleura, la porte s'ouvrit dans un grincement épouvantable, à en glacer le sang.

- De mieux en mieux !

La salle du trône, elle, était dans un désordre épouvantable. Des débris jonchés au sol, comme une dizaines de cadavres canins. Oh, oh ! songea le jeune loup, j'ai bien l'impression qu'il y a eu un combat ici ! Du bout de la patte, il retourna les corps pour voir si il en reconnaissait certains. SOudain, sur le trône, il vit un cadavre de femelle. Il devina tout de suite à qui il était.

- Alors, c'est ça, les restes de la si célèbre Pandore ? Peuh !

Il cracha sur le crâne. Il jeta à-terre le corps et prit la place sur le trône. On a pas une si mauvaise vue, d'ici ! pensa-t-il, le sourire aux lèvres. Puis, il s'écria, haut et fort pour que quiconque dans les parages l'entende :

- C'est moi, Pandore ! Je ne suis plus qu'un sombre cauchemard ! Qu'un sombre cauchemard !

Ces derniers furent presque crachés.

Ébène ressortit après quelques instants. Il s'assit devant le temple et le regarda. Puis, il cacha par-terre et repartit.

Lorsque Ébène sortit du lieu maudit, il vit à une bonne dizaine de mètres de lui un loup ailé. Ses ailes ressemblaient étrangement aux siennes, tels celles des chauves-souris. Ses yeux couleur chataîgne brillaient d'une étrange façon. Était-ce de la curiosité, du dégout ou de la peur ? Le loup gris n'en savait rien. Son pelage blanc, gris et noir lui fit deviner son prénom.

- Bonjour à vous. Je suis surpris de voir quelqu’un ici, je croyais ce lieu abandonné et évité de tous.

D'un geste colèrique, le loup pareil à l'ébène rétorqua :

- A qui le dites-vous ! Je ne viens ici que pour renier cette traitresse qui a fait construire ce temple.

Il vit son interlocuteur hésiter, pour il ne savait quelle raison, puis il reprit son assurance et continua ses propos...

Mon nom est Sylver. Puis-je vous demander le vôtre? Et, en même temps, ce que vous êtes venu faire ici ?

Le jeune loup commença à éprouver de la sympathie pour l'inconnu. Un fidèle de Pandore n'aurait osé continuer la conversation ce qui prouvait que le dénommé Sylver n'aimait pas la louve. Un point commun en plus entre les deux loups ailés. Rassuré, Ébène s'assit et fit sa toilette du dos. Après son rapide nettoyage, il egarda Sylver avec une pointe de malice dans les yeux et répondit avec de se replonger dans sa toilette du dos - et que du dos ! - :

- Ébène, pour te servir.

Il se releva, s'étira, bailla même un peu puis se secoua, les ailes pendantes. Après sa démarche - sans gène, j'ose ajouter -, il s'assit bien droit devant Sylver, les ailes proprement pliées, puis commenca l'examen précis du nouveau-venu. Son nom correspondait parfaitement à son pelage, son regard était un peu au-délà du présent, il avait des grosses ailes sombres, une taille un peu plus colossale et de très longues canînes qui dépassé de ses babines. Ayant identifié son interlocuteur, il en fit le résultat :

- Ainsi, ton nom a été choisi par rapport à ton pelage, non ? Est-ce vraiment ta famille - ou tes proches - qui l'ont choisi ? Franchement, tu as l'air dans la lune... sans vouloir te vexer, bien sûr ! Jolies ailes ! Et puis, tu as des pattes qui pourraient tuer d'un coup un lapin... comme celui que j'ai mangé, par exemple !

Soudain, Ébène se leva, s'approcha de Sylver très très près et souleva sa babine : les canînes faisaient bien dix bon centimètres ! Pris de terreur, le jeune loup sombre fit un bond en arrière et se reposa doucement sur le sol, amortissant la chute avec ses ailes. Méfiant, il lâcha :

- Ainsi, tu es un vampire ! Dois-je avoir peur que tu me morde ?

Défiant, le loup tourna autour du présumé vampire à une dizaine de mètres, puis s'arrêta pour conclure :

- Non... je ne le crois pas. Tu n'as pas l'air d'un idiot de vampire... Content de faire ta connaissance.

Il se rapprocha de Sylver, de nouveau, et lui fit une léchouille amicale sur l'oreille. Ensuite, il se retourna en balayant le museau du vampire et, malicieux, le regard crépitant, Ébène secoua ses ailes blanches et écarlates pour les ouvrir et s'exclama :

- Une p'tite balade en ce lieu maudit, ça te dit ?

« Et je suis du genre à réfléchir beaucoup à ce que je dis, avant de le dire. Je ne suis pas dans la lune, je reste conscient de ce qui m’entoure. Seulement, j’aime prendre mon temps, analyser toutes les options et possibilités, et je déteste me précipiter. »

Honteux, Ébène se tut et suivit en silence Sylver qui était déjà à l'entrée du temple. Ils marchèrent ainsi dans toutes les allées du manoir de glace. Bizarrement, ce n'est que cette fois-ci que Ébène se gela les pattes. Énervé, il déplia les ailes et les secoua violemment, ce qui provoqua la chute d'un stalactique qui manqua de peu la queue du jeune loup.

- Zut ! maugréa-t-il, furieux, 'Faut vraiment avoir de drôles d'idées pour construire ce temple en glace !

Et se fut en grommelant qu'il rejoignit Sylver, qui l'attendait un peu plus loin. Quelle impression devait-il lui faire ? Celle d'un jeune loup idiot et effronté ? Il repoussa cette idée. Ah non ! Il n'avait pas besoin de s'attirer la colère d'une personne en plus !
Soudain, il se rappela de la réponse du grand mâle ailé : « Puisque, comme tu l’as remarqué, je suis un vampire, et je suis aussi mort. » Mort ? Brrr ! Cela faisait froid dans le dos ! Mais comment pouvait-il être mort et vivant ? Mais... Le loup sombre ferma les yeux, pour mieux fouiller dans sa mémoire, jusqu'à ce qu'il retrouve la personne qui avait le pouvoir de rescussiter les morts, qui n'était autre que...

- Pandore !

Ébène rouvrit brusquement les yeux. Ainsi, Sylver c'était fait rescussiter par Pandore ! Il n'y avait pas d'autres solutions ! Mais alors, comment se faisait-il que ce-dernier n'était pas un fidèle de Pandora ? Il ne pouvait pas se retenir de poser cette question. Sa curiosité l'en empêcher. Se hâtant de rattraper Sylver, Ébène l'interpella et lui demanda :

- Ça ne peut être que Pandore qui t'as fait revivre, n'est-ce pas ? Mais explique-moi pourquoi tu n'en ai pas heureux et tu n'es donc pas devenu un fidèle de Pandore ?

Piqué dans sa curisoité, il ne put s'empêcher de rajouter :

- Et qu'est-ce que cela fait d'être un vampire et tuer pour se nourrir ?

Ébène écouta les paroles de Sylver. Il les écouta toutes, attentif. Quand Sylver eut fini de raconter sa " résurrection ", le jeune loup se sentit tout penaud. Sa vie à lui semblait être d'un clame, tout à coup ! Il se tentit misérable : pauver Sylver ! Lui, il a une triste vie ! On ne pas pas en dire autant avec la sienne ! Être vampire sans le vouloir, tuer de folie, sans rien comprendre après, n'est-ce pas une horrible nouvelle vie ? Sylver ne regrettait-il pas son ancienne ? Ou sa mort ? Franchement, depuis qu'Ébène se trouvait aux cotés du vampire, il se sentait fort intimidé !
Ce dernier l'invita à le suire, et notre loup acquiesça. Puis, il répondit à la question du loup aux ailes de chauves-souris - il ne voulait pas rester en reste, question histoire ! - :

- Je suis né fils unique, dans une famille solitaire. Ma mère était douce et soumise. Je l'aimais beaucoup. Elle m'a élevé avec tendresse et amour. Ce n'était pas le cas de mon père ; ce fumier ne faisait que forcer sa mère à l'aimer, à se moquer d'elle, et de moi ! Il n'arrêtait pas de nous harceler, nous vivions dans son ombre, tels des misérables ! Je me retenez de le mordre, mais à chaque petite insulte ou moins grave encore, c'était un violent coup de patte dans l'arrière-train ! Il fréquentait des loups de mauvaise compagnie. Un jour, il invita ses prétendus " amis " à venir manger chez nous. Il avait forcé ma pauvre mère de chasser toute la journée, pour faire un bon festin avec ses invités. Épuisée de sa dure journée, elle avait rapporté de quoi se régaler ! Mais nous, nous n'eurent que les os, sans le moindre bout de viande dessus et déjà mastiqués, bien sûr ! La colère montait en moi. Plus tard, dans le soirée, mon père, ivre de bêtises, se moqua de ma mère et moi, plus violent que d'ahbitude ! Il osa même maltraité ma mère, qui se laissa faire ! Mais, moi, je ne le fis pas ; je sauta sur mon père et le morda au cou ! Ah, je m'en rappelles encore, de ses cris de douleur... Ses maudits amis se prêtèrent au " jeu " : ils sautèrent à leur tour sur moi. Je me débattait comme une furie. Je les ai tous eu ; sauf un. Et juste après que je tua mon lâche de père en lui brisant le crâne, le misérable lanca une rumeur horrible sur nous, que je ne souhaite pas citer ; ma mère et moi durent fuir... Peu de temps après, elle mourut. Mais je la garderais toujours dans mon coeur.

Ébène soupira bruyamment et laissa couler les larmes qui perlaient ses yeux. Vraiment, son ancienne vie ne lui plaisait pas ! Ce n'était pas son véritable caractère. Normalement, il pouvait se trouver très affecteux et serviable, comme quand il s'occupait de sa vieille mère par exemple... mais ça, c'était avant. Maintenant est un autre jour, une autre époque... Tant de choses se sont passées depuis : la guerre, la fin de la guerre... Bref, beaucoup de choses. Le sombre loup se tourna alors vers Sylver, les yeux brillants d'une nouvelle colère.

- Mais je n'ai pas laissé ce combat dans l'oubli. Vois cette dent pleine de sang. C'est celle de mon père. Je la garde en trophée de ce... de mon combat. Je la garde aussi pour me rappeler toute la haine que j'ai envers lui et en mémoire de ma chère mère. Elle, au moins, a fini dans des jours plutôt heureux.

Le loup aux ailes blanches finit cette phrase sur un ton sarcastique. Il essuya ses larmes de colère d'un coup de patte. Il planta son regard dans celui de Sylver avec solennelité. Après cela, il se râcla la gorge et termina son récit avec :

Mais tu vois, mon histoire est bien moins intérressante que la tienne. Ça n'empêche que nous avons une similitude dans nos deux vies : nous sommes tout les deux maudits à jamais.

Les paroles de Sylver résonnèrent dans la tête d'Ébène. Bien qu'il fut qualifié par" loup intelligent ", son esprit était en ce moment bien embrouillé. Plein de pensées tourbillonnaient dans sa tête et il se sentait perdu. Néanmoins, il comprit le sens des paroles du grand loup ailé. Il plongea ses yeux dans ceux de ce-dernier et il sourire timide apparut sur la gueule d'Ébène. Oui, il avait bien comprit ce que disait Sylver.

- Ta proposition est tentante, je l'accepte sans précédent. Viens-tu ?

S'étant levé, il se dirigeait vers la sortie du temple de glace. Maudit soit-il, ce temple ! Ce n'était que monument rengorgeant les mauvais souvenirs et les meurtres. Le jeune loup ne souhaitait pas resté en ces lieux si horribles. Les quitter au plus vite lui serait une source de soulagement. Bref, il sortit de cet endroit glacial. Déjà un vent doux venait le réchauffait. Il huma l'air d'un grand coup. Des grains de poussière vinrent lui chatouiller les narines. Le jour se levait et déjà l'aube pointée le bout de son nez. Ébène sourit : il aimait ce moment-là, lorsque le soleil faisait son entrée, timidement, éclairant les terres et chauffant les corps... Le loup sombre s'assit. Son regard se promena sur le paysage, qui était hautement sinistre. La mort était partout : même l'herbe n'osait pousser qu'à une distance respectable de ce sol maudit. Seuls quelques arbres tortueux défiaient encore la terre sèche. Le palais de glace brillait devant les éclats lumineux et son aspect devint presque féérique. Dommage qu'il avait un horrible passé...

- Sylver. N'as-tu jamais pensé que nous vivons dans une ère peu enviable ? Nous venons de finir une guerre désastreuse, les terres sont dévastées, la peur et l'angoisse harcèlent nos nuits et la mort entrave nos cœurs... N'aurions-nous dû pas vivre avant ? Lorsque l'harmonie et l'amour nous unissaient ? Que nos différences n'étaient guère importantes ? Que nos esprits rengorgeaient de joie ? N'as-tu pas l'impression d'avoir perdu la joie dans la guerre, ou dans notre vie, tout simplement ? Que tout est morne, maintenant ? Il suffit de regarder autour de nous pour le deviner. Ainsi, nous avons laissé la paix pour la guerre, l'amour pour l'horreur ? Non... je ne comprend pas. Éclaire-moi, Sylver.
S'il te plait.

- Je sais que ce que tu dis est la vérité, car toi-même en a vécu les compétences. Mais je ne peux pas admettre qu'elle peut créer des liens, cette guerre. Si cela se trouve, les " alphas ", comme vous dites, n'ont créés que des tissus de mensonges pour se venger de quelqu'un, ou quelque chose. Souvent, la bataille éclate à cause d'un conflit entre deux louveteaux de clans différents. Les parents s'en mêlent, puis toute la meute, pour finir à dévaster tout notre monde !
Ébène s'arrêta, soupira et continua.
- Je suis désolé de me mettre en colère. Je ne sais rien de la guerre. Je n'ai vécu qu'éloignait d'elle, pour me protégeait. Je vais donc d'arrêter de broyer le noir... qui sait, peut-être que j'y arriverais ! Mais pour cela... parlons... d'autres choses... Pouvons-nous quitter ce lieu ? Je ne m'y sens plus très à l'aise, tout à coup...
Un coup d'œil encourageant, lançait le loup sombre à Sylver. Puis, il regarda le ciel. Chargé soudainement de gros nuages de pluie. Un vent balaya la poussière qui trainer au sol (très nombreuses, si je puis le dire !). Le paysage désolé avait remplacé celui empli d'espoir. Les arbres aux branches crochus se penchaient, menaçants, vers le sol poussiéreux. Au-loin, des montagnes abruptes écorchaient un peu plus la vision de cette terre. Ébène secoua la tête, dépité : même si la vie était bien meilleure qu'avant, certaines traces ne pouvaient être effacées. Cet endroit était en première place. Le loup couleur de suie regarda le temple de glace qui se trouvait désormais derrière lui : imposant, il régnait en maître sur le paysage désolé. Ébène déploya ses ailes aux couleurs de la pureté et du sang et s'envola.
Il aimait beaucoup voler. Le vent lui fouettait le visage avec douceur et vivacité, c'était comme un drôle de caresse ! Et puis, il voyait toutes les terres défilaient sous ses pieds, c'était si excitant ! Il avait l'impression d'être le Maître du Monde ! Cette impression de liberté lui changeait les idées et quand il retournait au sol, plus tard, il avait toujours les idées claires.
Quand il redescendit, il savait ce qu'il allait dire à son nouveau " mentor ". Il le dit, un peu tremblant mais confiant et déterminé :
- Mon cher Sylver, laisse-moi encore un petit peu de temps, pour m'habituer à cette nouvelle " vie ". Je te propose de venir dans deux petits nuits seul, pour apprécier ma liberté. A l'aube du troisième jour, je reviendrais

. Je te le promets. Je te propose que nous nous retrouvons... aux Cachots Abandonnés, dans le territoire du feu ? Qu'en penses-tu ?