Comme venu de nulle part, un éternuement brisa le rythme régulier des grillons, grenouilles et autres habitants des marais. Horace émergea des buissons, remuant la truffe, et posa un regard placide autour de lui. L'air était saturé d'humidité, ça tombait bien, il avait soif. Depuis qu'il avait vu cet oiseau dans les terres plus sèches, il n'avait pas modifié son cap, et regarda avec une molle curiosité l'endroit où il avait atterri.

De son pas traînant, accusant la fatigue du voyage, le jeune loup s'approcha d'un plan d'eau pour s'y désaltérer, faisant fi des moucherons et moustiques qui bourdonnaient autour de ses oreilles. Ses longues mèches bleues trempèrent elles aussi dans l'eau stagnante, et se collèrent à ses joues lorsqu'il releva enfin la tête, menton dégoulinant. Étouffant un bâillement, Horace porta ses yeux sur son environnement immédiat, pour le moment a priori vide de toute autre présence. Hm, qu'était-il censé faire, à présent ?

Inspiré par sa précédente expérience, qui l'avait finalement conduit à ce point d'eau bienvenu, le solitaire s'assit, soulageant ses pattes raides, et ne bougea plus. Observant distraitement le vol des papillons autour de sa tête, il attendit que quelque chose arrive... n'importe quoi.

Alors que le ballet des papillons avait fait lever le museau d'Horace, jusqu'à pencher loin la tête en arrière, il fut ramené à la réalité par un dialecte rude et chantant. Une lueur de surprise dans ses prunelles bleues, il ramena son chef à sa position normale, et détailla le nouvel arrivant. Son interlocuteur avait une apparence assez folklorique, ses couleurs plurent beaucoup au solitaire, qui s'absorba quelques instants dans son observation, avant que la deuxième question du nouveau venu ne le fasse tilter. Venait-il de dire "caverne" ?

« Ah ! »

Fut tout ce qu'il trouva à dire dans un premier temps, déconcerté par le flot de paroles incomprises qu'il avait reçu dans ses oreilles. Il se raccrocha à sa perception première et tenta une question sur les cavernes, espérant que l'autre ne se formalise pas de son éventuelle impolitesse.

« Vous connaissez les cavernes ? Vous savez où ils sont ? »

Plus qu'à espérer maintenant que la réponse soit un minimum intelligible, sinon Horace devrait le faire répéter plusieurs fois. Ses prunelles éteintes aperçurent alors une fleur qui trônait fièrement sur le sommet du crâne de son aîné, et sa vision insolite ranima le regard du jeune loup, qui regarda ensuite autour de lui.

« Et, euh, c'est quoi cet endroit ? »

Le placide solitaire suivit du regard le vieux qui marchait autour de lui, tâchant avec un certain malaise de saisir quelque chose à son baragouinage. Si tout le monde parlait comme ça par ici, il n'était pas au bout de ses peines... Sa mère aurait pu lui en parler, il aurait au moins été préparé. Si l'autre semblait au courant de la situation des cavernes, il n'avait pas l'air non plus disposé à en dire plus à Horace, l'auscultant sous tous les angles avec une sorte de méfiance revêche...

« Ah, le marais tas machis, d'accord, d'accord... »

Conciliant, le bleu hocha la tête comme un louveteau poli apprenant sa leçon, mais le dialecte rude et l'attitude de son compatriote le gênant, il se trémoussa sur son arrière-train.

« Ben comme je vous ai dit... En fait je cherche les cavernes. Heu... ma mère était parmi eux. Et puis on est partis. Et là... bah, je dois les retrouver. »

Le crème haussa les épaules, ne sachant quoi ajouter. Il craignait que donner trop de détails n'ennuie plus le vieux, et qu'il finisse par le chasser... C'était trop bête d'avoir potentiellement une piste pour rejoindre les cavernes et de laisser passer sa chance.

« Désolé de vous déranger dans votre marais machis, monsieur... Heu, vous me disiez, les cavernes sont par où ? »