-Aymeric-

La pluie de l'automne battait le sol détrempé en un bruissement qui aurait pu être apaisant, s'il n'avait pas été constant depuis quelques jours. L'eau de la terre dégorgeait rendait difficile la vie du clan du Désert, qui pourtant avait migré vers le lac pour se rapprocher d'un point d'eau. Chaque jour, le chasseur devait faire face à de nouvelles difficultés : comment trouver les plantes dont les médecins avaient besoin avec toute cette flotte ? Comment traquer une biche alors que sa truffe était humide depuis plusieurs jours ? Comment se sécher le soir en rentrant dans la tanière ?

Et puis, il y avait les trajets jusqu'à la prairie. Aymeric avait commencé à les espacer conscient que le clan avait besoin de lui ici aussi. Mais ne plus voir ses deux filles, ne plus pouvoir donner de nouvelles à Eris (et Savdar, même s'il faisait semblant de ne pas s'y intérresser) le rongeait. De leur côtés, ils avaient migré depuis les montagnes en fusion pour se mettre en sécurité. Cependant, le chasseur savait que la prairie pouvait être extrêmement dangereuse, surtout lorsqu'on la connaissait mal. ALors, il s'efforçait de voler, parfois sous la pluie battante comme aujourd'hui, pour rendre visite à ses filles, à Irina, Jarksobann et Mira.

Le trajet fut long et éreintant, et c'est épuisé qu'Aymeric atterrit de l'autre côté de la faille, dans le camp improvisé du Désert au Nord. Le poil complètement trempé, il se mit à chercher du regard une silhouette connue, son éternel baluchon sur le dos. C'est celle de Jarksobann son ami loup dragon qu'il vit en premier, et vers qui il se dirigea. S'abritant sous une feuille immense, il lui lança :

Jarksobann !

Jarksobann✹

Toute la vie de Jarksobann avait été boulversé par les évènements. Ses habitudes, ses amis, son mode de vie, plus rien n'était comme avant depuis la faille. Lui qui avait grandit dans une vie de clan bien rangé et organisé ou il savait quel était son rôle et sa place, tout ça avait été balayé en l'espace de quelques semaines. Il était totalement perdu. Seulement il ne pouvait pas se permettre de s'effondrer le maitre mot actuellement était la survit. Et les dieux savait à quel point c'était difficile. Jarks était coincé dans les montagne du néant au nord de la faille avec une petit minorité de membre du clan, sans ressources et dans des terres très peu hospitalière déserté par une bonne parti du gibier. Pour couronner le tout il y avait avec lui les deux jeune fille de son meilleur ami qu'il lui avait promis de protéger coûte que coûte.

Le loup dragon faisait tous son possible chassant, explorant les terres afin de trouver le meilleur abri. Il était exténué. Il avait également parcouru la faille de long en large espérant y trouver une brèche, un passage mais elle était trop large. Jarks n'avait jamais autant maudit ces deux foutu ailes incapable de soulever son poids sur de longue distance.
Il avait énormément maigrit n'hésitant pas à se priver pour que les deux petites louves ne manque de rien, après tout il pouvait encaissé et peut-être ainsi arriverait-il un jour à traverser. Car malgré sa promesse à Aymeric quelque chose d'encore plus important travaillait le loup dragon nuit et jour:
Vipérine. Peu avant l'apparition de la faille lui et la jeune louve s'était accouplé et il savait de source sur qu'elle attendait une portée ! Des petits loups, ses petits loups qui allaient naitre dans ce carnages !
Personne n'était au courant, il n'avait pas osé en parler même à Aya mais il était rongé par l'inquiétude. Lui qui avait tellement espéré cet instant il était bloqué à des kilomètres de ses petits, il ne pouvait rien faire pour eux, pour les protéger.

Parfois il passait la journée complète à courir dans la montagne pour trouver une solution sans que rien ne semble possible pour remédier à la situation. Toute cette pression allait avoir raison de sa santé mental mais il faisait son possible pour tenir le coup.

Le temps était pluvieux, comme depuis plusieurs jour et cette bouillasse constante ne l'aidait en rien. Il avait trouvé un groupe de grottes pour que le petit groupe puisse s'abriter. Mais tout était tout de suite beaucoup plus complexe à faire avec sa dense fourrure lourde de pluie, le sol glissant qui rendait les montagnes dangereuse et son odorat annihilé par toute cette eau. Il avait besoin de repos, c'est donc dans cette idée qu'il avait choisi de passer la journée dans leur camp.

Jarksobann !

La voix d'Aymeric lui fit tourner ses yeux cernée dans sa direction. Il ne l'avait même pas entendu arriver. Il lui lança un sourire fatigué, l'accueillant, tout de même très heureux de le voir

Aymeric ! Content de te voir !

Son ami aussi semblait épuisé, il était trempé, tout piteux. Jarks l'invita donc d'un signe de tête à le suivre au sec dans l'une des caverne étroite mais sèche.

-Aymeric-

Le loup à plume rejoint son ami, qui tourne une mine épuisée vers lui. Il se redresse avant de passer ses pattes autour de lui et de l'enlacer. C'était peut-être la première fois qu'Aymeric enlaçait le dragon, mais il n'y prêtait pas vraiment attention. Il en avait cruellement besoin. Après l'avoir serré quelques secondes contre lui en une embrassade fort virile, il s'écarte, gardant une patte sur l'épaule de Jarksobann :

... Je vais pas te mentir, tu as l'air épuisé. Comment ça se passe ici ?

Il était passé il y a pas si longtemps, mais les nouvelles pouvaient aller si vite. Chaque fois qu'il venait, qu'il volait, il cauchemardait qu'en arrivant, Irina vienne lui annoncer la mort de l'une de ses filles. Il avait tellement de loups qui comptaient pour lui au Nord, ne pas pouvoir les ramener du bon côté de la faille le rendait presque fou. Heureusement, ils se serraient les coudes, tous ensemble. Mais la distance était très difficile à supporter, pour tout le monde.

Jarksobann✹

Aya le rejoignit avant de l'enlacer. Jarks n'avait que très rarement ce type de contact avec un autre loup mais dans la situation actuelle elle lui faisait le plus grand bien. C'était rassurant et réconfortant de voir qu'Aymeric n'hésitait pas à faire l'allé retour régulièrement pour leurs donner des nouvelles et s'assurer qu'ils allaient tous bien. Ils se sentaient un peu moins seul au monde. Jarks se voulait rassurant

C'est pas facile mais on s'en sort, je fais de mon mieux pour veiller sur tout le monde.

Malgré ça vivre loin de tous ses proche était très éprouvant pour Jarks il voulait vraiment trouver un moyen de traverser. Ne serais-ce que pour calmer ses inquiétudes.

Mais j'aimerais tant être de l'autre côté avec vous pour pouvoir veiller sur tout le monde

Par tout le monde Jarks entendait plutôt Vipérine et ses petits qu'elle avait du avoir depuis le temps mais ça Aya l'ignorait.

-Aymeric-

Malgré sa tronche de déterré, Jarksobann prend une voix rassurante. Aymeric lui sourit, reconnaissant : il sait qu'avec lui, Mirage et Irina, ses filles sont entre de bonnes pattes. Avec les bons élémets du Nord, elles pourront au moins continuer leur enseignement, comme si tout était normal ... Ou presque. Mais l'éloignement, surtout avec Thakriss, était difficile : la jeune louve était de moins en moins proche d'Aymeric, et la situation était complexe pour le père. Il secoue un peu ses ailes, encore douloureuse du trajet, avant de s'asseoir et de détacher son baluchon. Dedans, un peu de nourriture, mais surtout des plantes ne poussant que de l'autre côté de la faille, et quelques cadeaux pour ses filles portant l'odeur de leurs parents.

Chacun son côté, on va dire, comme ça tout le monde est protégé !

Un petit clin d’œil, avant de reprendre un air sérieux.

Merci encore, Jarks, de veiller sur mes deux filles. Je ne sais pas comment te rendre la pareille.