ce rp a lien le 17 décembre irl, une semaine avant la mort de Léone

Arkorann︾

Voilà maintenant quelques semaines qu'Arko avait terminé sa formation pour devenir espion. On ne lui avait pas encore donné de mission et il rongeait son frein en attendant. À la fois excité à l'idée de partir à l'aventure, mais également un peu inquiet. Il n'avait encore jamais tué personne et il ne savait pas comment il allait le vivre. On avait beau les préparer psychologiquement à ce rôle, il ne pourrait rien anticiper avant de l'avoir vécu réellement et un léger doute subsistait en lui, était-il fait pour ça ? Et surtout ne risquait-il pas d'à nouveau perdre le contrôle sur sa malédiction dans l'excitation du combat avec l'odeur du sang plein la truffe ? Il ne pourrait pas le savoir avant le jour fatidique. Il secoua la tête chassant ses sombres pensées de son esprit. Pour le moment, il ne servait à rien de se retourner le cerveau avec toutes ses questions.

Comme à son habitude, il avait effectué son entraînement matinal, s'investissant à fond dans chaque exercice avant de partir courir. Il lui fallait au moins avaler plusieurs kilomètres par jours pour être suffisamment fatigué physiquement et contrôler son hyperactivité. Le temps était superbe en ce début d'hiver même s'il faisait relativement froid, le souffle du jeune loup créait de la buée tendit que ses longues foulées le portait à travers la forêt des rêves bleus. Il courrait à quelques centaines de mètres du fleuve hibiscus, prenant garde à toujours entendre le bruit de l'eau qui s'écoule. Il longeait ce dernier pour pouvoir à tout moment aller se désaltérer, mais surtout, il lui servait de repère géographique, sans ça, il serait encore capable de se perdre. Il faut dire que tout se ressemblait dans cette forêt et il lui était déjà arrivé de tourner en rond plusieurs heures avant de retrouver le chemin du camp. Et surtout ne risquait-il pas d'à nouveau perdre le contrôle sur sa malédiction dans l'excitation du combat avec l'odeur du sang plein la truffe ? Lui, qui ne supportait pas l'immobilité, se serait un véritable cauchemar !

Il devait bien courir depuis deux bonnes heures et décida donc de s'accorder une pause. Il commença à diriger sa course vers le fleuve et ralenti ses foulées justes avant que ce dernier n'apparaisse entre les arbres. Il rejoignit la berge en trottinant le souffle rapide puis s'aventura sur la pente pour rejoindre l'eau et se désaltérer. Évidemment, c'était sans compter sur la boue et la vase glissante. Le jeune loup se retrouve les pattes avant plongées jusqu'au coude dans l'eau glacé. Il en ressorti bien vite avec un jappement et remonta la berge tremblant de froid. Il détestait l'hiver tout était tout le temps froid ! Son mouvement brusque avait en plus tiré sur la longue cicatrice qui courant de sa mâchoire jusqu'à son épaule des deux côtés de son cou lui arrachant une grimace de douleur.

Il était bien là, essoufflé, mouillé, tremblant de froid, une grimace sur la tête au beau milieu de la forêt. Au moins personne n'avait dû assister à cette scène affligeante. Il se retourna et tomba nez à nez avec une louve. Il recula de surprise manquant de tomber sur les fesses. Il ne l'avait pas entendu arriver.

-Lavande-

L'hiver était long pour la sentinelle, qui s'ennuyait ferme. Les frontières étaient bien gardées, pas une trace d'hostilité à l'horizon. Depuis les Jeux, Lavande n'avait pas eu beaucoup de distractions pour changer son quotidien morose et pluvieux. Souvent, elle hésitait à partir en terres solitaires, explorer comme avec Ellana. Mais sa fidélité et sa droiture envers son clan l'en empêchait. Peut-être qu'il était temps pour elle de se trouver un objectif ? Quelque chose qui la ferait vibrer, qui lui donnerait envie de s'améliorer ? Ou peut-être devrait elle demander un nouveau apprenti ? Horik ne passait plus souvent la voir ces derniers temps, et finalement, le jeune loup lui manquait un peu.

Elle avait une journée de repos pour y réfléchir, aussi, la sentinelle partit marcher dès l'aube. Pour une fois, le ciel était bleu et le soleil resplendissant. La louve aux longs cheveux, qu'elle avait noué derrière sa tête à l'aide de son foulard, s'était mit alors à courir, pour l'aider à réfléchir. Les Jeux lui avait donné une satisfaction qu'elle n'aurait pas pu imaginer, et la faisait réfléchir : devait-elle changer de voie pour devenir guerrière ? Mais cela voudrait dire perdre la liberté qu'elle avait avec son rang, et aussi ... quitter Joshua. Les sourcils froncés, elle prit un air renfrogné. S'était-elle attaché à ce stupide loup ?

Alors qu'elle courait tranquillement à travers les terres, elle entendit un clapotis doux : le fleuve hibiscus n'était pas loin. Elle ralentit jusqu'à se mettre à marcher : elle pourrait y faire un tour, l'eau pourpre du fleuve avait tendance à calmer ses nerfs, sans bien sûr qu'elle n'ait à y goûter. Alors qu'elle bifurquait vers la rivière, elle se retrouva nez à nez avec un de ses congénères, qui visiblement avait décidé de faire trempette. Elle dressa légèrement les oreilles : Il faisait bien froid pour un bain, et il était bien téméraire de se baigner dans l'eau tourbillonnante, réputée pour faire perdre l'esprit. Elle s'écarta, pour le laisser sortir, avant de lui lancer d'une voix curieuse :

Drôle de saison pour faire trempette, et drôle de choix d'endroit ...

Gardant un visage neutre, elle jaugea néanmoins le mâle en face d'elle. Elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà vu, mais il y avait quelque chose de curieux à son propos : deux cicatrices bien moches qui s'étendaient de ses commissures jusqu'à son poitrail ... Si c'était une blessure de combat, il avait du morfler. Peut-être qu'il avait cherché à alléger ses souffrance en utilisant les propriétés de l'eau pourpres ? Lavande pencha la tête pour regarder le fleuve qui s'écoulait toujours, lent, dangereux. Puis, elle ajouta :

J'espère que tu as demandé aux médecins avant de faire ta baignade. Trop en prendre pourrait être catastrophique.

Arkorann︾

Arko essaya de reprendre contenance devant la louve inconnue qui se tenait devant lui en adoptant un air le plus naturel possible. Il se secoua un peu pour essayer de chasser l'eau au était entré dans sa fourrure puis s'assis en face d'elle en affichant son habituel sourire qui dévoilait ses très nombreuses dents. Elle lui lança curieuse.

Drôle de saison pour faire trempette, et drôle de choix d'endroit ...

elle s'arrêta pour le jauger puis ajouta

J'espère que tu as demandé aux médecins avant de faire ta baignade. Trop en prendre pourrait être catastrophique.

Arko afficha un air étonné, de quoi, parlait-elle ? Il s'attendait à ce qu'elle se moque de lui ou qu'elle ait peur. C'est une réaction à laquelle il s'était habitué, il c'était fait une raison, de toute façon il lui été impossible de changer son apparence. Mais là, cette louve avait à peine tiqué sur son physique et ses longues cicatrices, ce n'était vraiment pas courant. En plus de ça elle s'adressait à lui comme à un loup normal et semblait même un peu inquiète de la raison pour laquelle il sortait du fleuve. D'ailleurs, le jeune assassin ne comprenait vraiment pas pourquoi de l'eau n'avait jamais tué personne. Il n'était venue que très rarement dans le secteur et toujours seul personne n'avait eux l'occasion de lui apprendre les propriétés particulières de cette eau. Sans trop réfléchir, il lui posa la première question qui lui venait à l'esprit

Pourquoi aurais-je besoin de l'avis d'un médecin pour boire de l'eau ?

Tout en parlant, il commençait à se dandiner sur place, il se releva même, décidément l'immobilité n'était vraiment pas son fort. En plus de ça son corps été toujours parcouru de frisson régulier, l'eau était vraiment gelé et ce n'est pas avec cette météo qu'il allait sécher en restant immobile.

-Lavande-

Le loup en face ne perdit pas de temps avant de lui répondre :

Pourquoi aurais-je besoin de l'avis d'un médecin pour boire de l'eau ?

Lavande le dévisagea une fraction de seconde. Elle n'avait pas l'impression qu'il mentait, d'ailleurs pourquoi le ferait-il, à part pour se payer sa tête ? Non, il avait plutôt l'air jeune et ignorant, c'était possible que personne ne lui ai parlé du fleuve ... D'un rapide coup d'oeil, elle regarda de nouveau les longues cicatrices qui courraient le long de ses joues et de son cou. Peut-être aussi qu'il était là pour les soulager, le froid empirant souvent ces blessures là, qui sait. La louve aux longs cheveux les rejeta derrière elle avant de répondre :

L'eau du fleuve est une sorte de poison. Elle peut calmer les douleurs en petite quantité, mais te rend amorphe et donne des hallucinations en grande. Tu ferai mieux de sortir, enfin ce n'est qu'un conseil.

Après tout, certains loups venaient ici pour se droguer d'eux-même, pour oublier leurs soucis, pour calmer des douleurs, ou encore se calmer tout simplement. Lavande était de ceux qui jugeaient sévèrement tous ceux s'adonnant aux excès de l'eau rouge, lorsque ce n'était pas demandé par les médecins, et encore. Elle releva ses iris cerclées d'or vers le jeune loup rouge et bleu. Elle ne connaissait même pas son nom, mais il avait lui aussi un regard effrayant. Un léger sourire effleura ses babines alors qu'elle demanda spontanément, curieuse :

Au fait, quel est ton nom ?

Arkorann︾

La louve en face le fixa pendant quelques secondes comme si ce qu'il venait de dire était totalement absurde, elle sembla réfléchir un instant puis elle lui répondit.

L'eau du fleuve est une sorte de poison. Elle peut calmer les douleurs en petite quantité, mais te rend amorphe et donne des hallucinations en grande. Tu ferais mieux de sortir, enfin ce n'est qu'un conseil.

Arko tourna sont regard vers l'eau rouge. Comment de l'eau pouvait avoir de telles propriétés ? La louve avait vivement éveillé sa curiosité avec son explication. Ainsi, cette eau pourrait le soulager ? Mais était-ce aussi risqué que ce que la femelle voulait bien lui faire croire ? Le jeune loup avait plutôt tendance à foncer dans le tas et à se faire son avis sur les choses par l'expérience. Il engagea quelques pas en direction de l'eau bien décidé à en prendre une lampé pour voir ce qu'elle faisait réellement, mais la voie de l'inconnue interrompit son action.

Au fait, quel est ton nom ?

Il s'immobilisa et la regarda à nouveau de ses yeux si particulier et souvent intimidant, elle avait un léger sourire aux lèvres. Se moquait-elle de lui ? Le jeune assassin en avait tellement l'habitude que cette conclusion lui semblait toujours évidente, on le jugeait souvent sur son apparence sans chercher à savoir qui il était réellement et il avait fini par adapter son comportement afin de se protéger. Il lui répondit d'une voie un peu sèche dévoilant ses très nombreuse dents dans un sourire narquois.

Je m'appelle Arkorann, espion de la source.

Il marqua une pause avant d'ajouter avec une légère courbette.

Pour vous servir.

Si elle se moquait de lui il était normal qu'il en face autant, de toute façon peut lui important de ce que cette louve inconnue pouvait bien penser de lui.

-Lavande-

Le mâle porta de nouveau son regard sur l'eau rouge sombre qui s'écoulait lentement entre les rochers, dont le calme tranchait avec la dangerosité. Puis, il fit un pas, puis un autre, vers le fleuve. Lavande leva un sourcil. Il était stupide ou quoi ? Elle venait de lui dire de ne pas s'y baigner. Mais il s'arrêta, avant de rediriger lentement son regard vers elle, un drôle de sourire sur les babines.

Je m'appelle Arkorann, espion de la source. Pour vous servir.

Il agrémenta ses paroles d'une courbette. Lavande plissa légèrement les yeux. Elle pouvait reconnaître une provocation quand elle en voyait une, et le sourire dentelé de cet espion ne lui plaisait aucunement. Elle était convaincue d'avoir entendu le nom d'Arkorann quelque part, mais étant sentinelle, elle passait souvent à côté de certaines informations. Peut-être était-il le fils d'une noble lignée, ce qui expliquerait son comportement narquois. La sentinelle ne se laissa pas intimider par son petit jeu, et répondit sèchement :

Ne joue pas à ça avec moi. Je n'irai pas repêcher ton joli minois lorsque tu te seras noyé.

Elle restait cordiale mais une menace planait dans sa voix. Il n'y avait rien de plus agaçant qu'un petit jeune se croyant au dessus de tout, et Lavande se connaissait : elle sortait facilement de ses gonds lorsqu'on la provoquait. Au moins, cela entretenait une certaine réputation qui malheureusement n'était pas assez forte pour qu'on la laisse tranquille durant ses chaleurs. Parfois, elle enviait les louves comme Ellana ou Cynthia, dont la carrure dissuadait plus facilement à première vue.

Arkorann︾

La louve sembla quelque peu irritée par le comportement de l'espion et il entendit la menace qui planait dans sa voix quand elle lui répondit.

Ne joue pas à ça avec moi. Je n'irai pas repêcher ton joli minois lorsque tu te seras noyé.

Arko la dévisagea avant d'éclater de rire toute dents dehors, il en avait presque les larmes aux yeux. Entre deux hoquets, il arriva à articuler.

AHAHAH Par ce que.... HAHA tu crois sérieusement ... que j'ai besoin...de ton aide... de quelque façon que ce soit ? Haha

Il s'arrêta de rire d'un seul coup fixant la louve d'un regard froid tout en réfléchissant.

Elle était bien marrante cette sentinelle comme si le jeune espion n'était pas capable de se débrouiller seul ! Il l'avait toujours été. De toute façon, la plupart des autres loups étaient rebutés par son apparence et n'osaient même pas l'approcher. De ce fait il avait lui-même pris l'habitude de rester à distance ce qui pouvait d'ailleurs expliquer son manque de connaissance sur le fleuve, il n'avait personne à qui parler et passait ses journées à s'entraîner à l'écart des autres.
C'était plus un moyen de protection qu'un réel choix de sa part et d'ailleurs le comportement qu'il adoptait actuellement était encore une fois un moyen de rebuter la louve pour qu'elle s'en aille et lui foute la paix.
Au final, il avait pris cette solitude pour acquis et faisait tout son possible pour la conserver sans chercher à savoir s'il pouvait en être autrement avec certains loups. Ce comportement arrogant faisait partie de lui, c'était en quelque sorte une carapace qui servait à énerver les autres pour qu'il l'évite à l'avenir.

Au fond de lui, cette situation le rendait triste, mais c'était comme ça, après tout, il était un montre et un monstre n'avait pas d'amis.

La tristesse se lu quelques instants sur son visage, mais il se ressaisit bien vite affichant à nouveau son sourire arrogant et provocateur.

-Lavande-

Le mâle la regarda un instant sans qu'elle ne puisse déterminer les pensées qui le traversait. Finalement, elle n'eut pas à se languir trop longtemps pour savoir ce qu'il pensait d'elle : il ouvrit sa gueule énorme, vallonnée de canines à n'en plus finir, et explosa d'un rire tonitruent. Lavande serra les crocs, sentant les dernières bribes de contrôles, seuls rempart contre sa colère, s'étioler. Ce petit jeune pensait qu'il était au dessus de tout, avec sa gueule pleine de crocs et ses yeux étranges ?

AHAHAH Par ce que.... HAHA tu crois sérieusement ... que j'ai besoin...de ton aide... de quelque façon que ce soit ? Haha

La sentinelle écarta légèrement les yeux, sentant la colère gonfler son poil. L'insolent osait lui répondre ? Toute politesse avait quitta la langue de Lavande, qui se délia sous l'effet de son emportement. Le mâle pensait se débrouiller tout seul ? Il n'avait pas besoin des autres, pas besoin de conseils, pas besoin d'aide, alors pourquoi restait-il ici, hein, si ce n'est pour s'alourdir d'une tripotée d'autres loups inutiles ? Lavande en était presque blessée dans son orgueil d'ancienne solitaire : nombreux étaient les jeunes coqs qui se pensaient meilleurs que le clan entiers, mais bien peu survivraient en solitaires, à vrai dire. Le mâle en face cessa bientôt de rire, mais continua d'arborer son sourire narquois. Laissant sa langue se délier, la sentinelle répondit, tranchante :

"Tu penses que tu es meilleur que tous, tant que tu n'as même pas besoin de conseils ? Un idiot borné comme toi ne tiendrait pas une journée en terres solitaires, alors soit reconnaissant des informations qu'on te donne, ferme la et dit merci, espèce de crétin orgueilleux ! "

La queue de la louve violette fouettait l'air derrière elle. Elle avait vaguement conscience d'avoir dépassé les bornes et d'avoir réagit de manière disproportionnée, mais sa colère l'aveuglait. Et surtout, comment rester composée face à ce sourire infernal ?

Arkorann︾

Arko regarda le poil de la louve se gonfler. Visiblement elle ne savait pas garder son sang froid face à la provocation et après on disait que la sagesse grandissait avec l'âge, voilà qui le faisait bien rire.
Elle lui répondit d'un ton tranchant.

Tu penses que tu es meilleur que tous, tant que tu n'as même pas besoin de conseils ? Un idiot borné comme toi ne tiendrait pas une journée en terres solitaires, alors soit reconnaissant des informations qu'on te donne, ferme la et dit merci, espèce de crétin orgueilleux !

Arko se figea en lui lançant un regard noir, en plus, elle se permettait de l'insulter et de lui dire qu'il était un incapable. Lui, il n'avait rien demander, c'est elle qui était venue l'emmerder pendant qu'il prenait sa pause tranquille. Il répliqua de plus en plus énervé.

Tu ne me connais pas ! Tu ne sais rien de mon histoire ni de mon passé alors comment peux-tu te permettre de me juger comme ça ! Je t'ai rien demandé alors casse-toi et fout moi la paix !

Arko sentait la colère monter de plus en plus au point qu'un signal d'alerte s'activa dans son cerveau, il fallait absolument qu'il se calme, ses muscles étaient trop tendu, son cœur battait trop vite dans ses tempes si ça continuait comme ça, il allait perdre le contrôle. Cette idiote en face ne savait pas à quoi elle s'exposait et Arko lui en voulait à mort de l'avoir poussé à se mettre dans cet état. Elle l'avait énervé, mais ce n'est pas pour autant qu'il voulait laisser le monstre prendre le dessus et la déchiqueter, il ne voulait surtout pas revivre ça. Elle ne devait pas être au courant il fallait qu'il l'avertisse avant qu'il soit trop tard si non il ne contrôlerait plus rien ! Il sera les dents le corps tendu à l'extrême ça se voyait qu'il luttait de toutes ses forces pour refouler la bête, la panique se lisait dans son regard. Il fixa la louve complètement affolé avant de lui hurler.

Barre-toi ! Je risque de ne pas réussir à me contrôler et si le monstre prend le dessus, tu vas mourir !!!

Ses griffes étaient encrées dans le sol, ses muscles devenaient douloureux, le sang battait dans sa tête et sa vision se brouillait, il était à deux doigts de la crise, il ne savait pas s'il pourrait se retenir cette fois.

-Lavande-

Le ton monta encore d'un cran entre les deux loups. L'atmosphère était lourde et aussi tendue que la peau d'un lapin bien gras à la sortie du printemps. Lavande pouvait voir les muscles du mâle tressaillirent, et elle se demandait s'il allait tenter sa chance et l'attaquer. Lavande était bien plus expérimentée que lui, et ne doutait pas un seul instant qu'elle pourrait le maîtriser malgré son apparence plus frêle. Arkorann répliqua, grondant :

Tu ne me connais pas ! Tu ne sais rien de mon histoire ni de mon passé alors comment peux-tu te permettre de me juger comme ça ! Je t'ai rien demandé alors casse-toi et fout moi la paix !

Le regard tranchant de la sentinelle resta fixé dans celui du mâle, chacun cherchant à faire ployer l'autre du regard. Elle n'avait fait que lui donner un conseil, et maintenant il continuait de lui manquer de respect ? Cela n'allait pas attiser la colère de la louve, qui sentit sa gueule s'emplir d'un gout acide. Cependant, avant qu'elle ne réponde, elle décela un changement d'émotion dans l'attitude d'Arkorann : il écarquilla les yeux, sa colère se teintant d'affolement :

Barre-toi ! Je risque de ne pas réussir à me contrôler et si le monstre prend le dessus, tu vas mourir !!!

Lavande sentait toujours sa colère gronder, et son égo la titiller : s'il pensait pouvoir la tuer comme ça, alors c'était bien mal la connaître ! La sentinelle savait se défendre. Mais le grand mâle avait l'air de bel et bien le croire, ce qui ne fit qu'accentuer l'impression qu'avait Lavande qu'il se moquait d'elle. La louve fouetta l'air de sa queue, refusant de se laisser impressionner. Cependant, elle n'avait pas envie de se battre contre lui s'il avait aussi peur. Elle laissa son instinct la guider, et sentit son pouvoir, qu'elle avait longtemps laissé de côté, la titiller. Oui ... Elle pourrait l'utiliser, pour le charmer, le faire ployer sans avoir à utiliser la force. Lavande était habituellement plutôt réticente à l'utiliser, mais ce jeune à la cervelle molle l'avait assez énervée pour qu'elle soit séduite par la solution de facilité. Sans y réfléchir plus longtemps, elle laissa la chaleur de son pouvoir l'englober, brûlante et vibrant sans émettre aucun son. Elle était néanmoins rouillée, et sentit que son activation était seulement faite par à-coups, rendus plus instables à cause de sa colère. Le regard perçant, le corps tendu, elle répondit d'une voix calme bien que quelque peu sinistre :

Je pense qu'aucun de nous deux désire se battre, n'est-ce pas ? Tu ferai mieux d'arrêter tes menaces.

Arkorann︾

Arko était tendu comme un arc tous ses muscles le faisait souffrir. Ceux de son cou ressortait encore plus contracté à l'extreme comme pour empêcher cette foutu gueule béante de s'ouvrir. Il sentait que son cerveau vrillait, sa respiration était saccadée à cause de la panique, il était en pleine crise d'angoisse ce qui n'aidait pas du tout à la concentration. Tous ses sens étaient comme anesthésié, il voyait flou et entendait les sons comme s'il était sous l'eau. Pourtant, il sentait que la louve en face ne bougeait pas, elle ne semblait pas du tout vouloir prendre la fuite. Mais que cherchait-elle, elle avait quoi dans la tête n'importe quel loup avec un bon instinct aurait du sentir le danger, pourquoi ne fuyait-elle pas ?
La réponse ne se fit pas attendre, il l'entendit lui dire d'une voie sinistre qui semblait venir de très loin.

Je pense qu'aucun de nous deux désire se battre, n'est-ce pas ? Tu ferais mieux d'arrêter tes menaces.

Elle espérait encore pouvoir le raisonner ? Si seulement cela était possible Arko l'aurait écouté avec la plus grande joie, mais dans l'état actuel des choses, il n'est plus capable de réfléchir rationnellement. (dés de contrôle 55) Pourtant, un sentiment étrange l'envahit pendant quelques secondes et il retrouva un semblant de calme juste assez longtemps pour comprendre dans quelle situation catastrophique il se trouvait. Il n'avait pas la moindre idée de l'origine de ce sentiment, mais ça leur avait probablement sauvé la vie à tous les deux.
Ce simple petit moment de répit lui permis de prendre une décision, il n'y avait qu'une chose à faire.

Il se retourna, bondit vers le fleuve et se jeta dedans sans réfléchir d'avantage. L'eau froide se glissa dans sa fourrure caressant sa peau de sa fraîcheur mordante. Arko retrouve d'un seul coup la raison. Il réalisa ou il se trouvait, il avait bondi bien plus loin qu'il le pensait dans l'eau agitée et le courant commençait à l'emporter. Il commença à nager de toutes ses forces, mais ses muscles étaient atrocement douloureux et il avait tout le mal du monde à rejoindre la berge (dés de réussite 76) son regard se teinta à nouveau de panique et il chercha la louve du regard s'éloignant de plus en plus emporté par les flots malgré ses efforts.

-Lavande-

Le regard fixé dans celui du mâle, Lavande ne ployait pas. Elle ne ploierait pas, pas face à un petit jeune aussi stupide non. Mais alors qu'elle pensait que le mâle arrêterait de faire l'idiot, ou l'attaquerait, il fit volte face et se jeta dans le fleuve. La sentinelle resta là, à voir s silhouette emportée par le courant du fleuve sans savoir quoi en penser. Il était .... vraiment stupide ? Elle souffla du museau avant de faire volte face. Elle avait d'autres choses à faire, dediou !

-Yara-

Lejeune Yara avait bien grandi. Les entrainements avaient fait leur œuvre sur la génétique du mâle, et il avait poussé comme un bambou, long et fin. Il était encore jeune, mais déjà il dépassait maman, autant en longueur qu'en largeur. Cela ne le rendait pas meilleur en combat, au contraire : malgré les entraînements d'Heimdall, le vampire chef d'armée, il continuait à avoir du mal en combat. Il avait un instinct très développé, ce qui l'aidait beaucoup lors des combats, mais avait beaucoup de mal à diriger son corps qui avait grandi trop vite. Et bien sûr, il était toujours celui à qui on devait réexpliquer les exercices, et tout ce qui était un peu trop compliqué était pour lui impossible. Ragnar s'en arrachait parfois les cheveux, mais Yara lui ne voyait pas trop le problème. Il était heureux en entraînement, même s'il préférait largement faire des siestes au soleil.

Ce jour la, il se baladait tranquillement à la recherche d'un arbre assez élevé pour grimper. Ses pas le guidèrent vers le fleuve Hibiscus. Il était joli, tout rouge, mais il savait qu'il y avait quelque chose de spécial à ce sujet. Evidemment, il était incapable de se rappeler quoi, mais il se souvenait que sa maman lui en avait parlé plusieurs fois. Il marcha lentement, remontant le courant tout en regardant autour de lui à la recherche d'une branche, lorsqu'il entendit un grand éclat d'eau. Il leva la tête avant d'apercevoir une forme lupine au milieu du fleuve, visiblement en train d'avoir du mal à nager. Le jeune mâle ne réfléchit pas trop, et bondit dans l'eau.

Le courant n'était pas fort près des berges, mais au centre du fleuve, il s'intensifiait. Yara commença à dériver, ses pattes battant l'eau pour le maintenir hors des flots.Il finit par arriver près du loup qui peinait à maintenant la tête hors de l'eau, et le saisit au cou, comme une mère l'aurait fait à ses petits. Puis, sans perdre son calme, il nagea jusqu'à la berge, sa tête se faisant parfois submerger à cause du poids de l'autre loup. Il réussi néanmoins à tirer l'autre loup hors de l'eau, au prix d'une bonne partie de son énergie, et rejoignit en pataugeant la berge. Il posa son fardeau au sol, et toussa, un gout sucré dans la gueule. Haletant, il s'assit à même la flotte, la langue tirée et la tête qui tournait. Il coula un regard à l'autre loup, sans rien dire, profitant seulement de l'instant pour se reposer. Il allait survivre ?

Arkorann︾

Arko se faisait emporter par le courant totalement impuissant, l'ensemble de son corps était douloureux et il n'arrivait pas à nager peinant de plus en plus à attraper une bouffée d'air. Sa vision se troubla, il allait mourir comme ça ?
Sa tête tournait et ses pattes tétanisées refusaient de continuer à bouger. Pourtant, il sentit soudain une mâchoire se refermer sur son échine. L'autre louve, s'était-elle finalement résolue à l'aider ? Il se sentit tirer hors de l'eau et se retrouva couché sur la terre ferme, inerte. Les yeux à demi-clos, il mit quelques secondes à réaliser qu'il était tiré d'affaire. Il fut pris d'une soudaine quinte de toux évacuant toute l'eau qui s'était insinué dans ses poumons, la gorge brûlante, les oreilles battantes, il reprenait peu à peu contact avec la réalité respirant bruyamment. Ses membres étaient toujours douloureux, il resta donc sur le flanc essayant de se remettre tant bien que mal de ses deux mésaventures très éprouvantes pour son jeune corps.
Il regagnait un peu en lucidité et leva le regard vers la louve. Qu'elle ne fut pas sa surprise d'y voir à la place un jeune loup tigré qu'il ne connaissait pas. Lui aussi reprenait son souffle, il lui avait probablement sauvé la vie.

Arko essaya tant bien que mal de parler, mais aucun son ne voulaient sortir de sa gorge brûlante, il se contenta donc d'observer l'inconnu qui le surplombait incapable de faire quoi que ce soit. Il se sentait tellement impuissant, vulnérable, cette position le terrorisait et son cerveau embrouillé lui laçait des signaux d'alerte. Rester aussi impuissant aux pattes d'un mâle inconnu était vraiment dangereux. Et s'il s'attaquait à lui ?
Arko n'était plus capable de réfléchir convenablement, plus capable de se relever, sa raison le quittait, seul son instinct réagissait et ce dernier lui hurlait qu'il était en danger. Il se recroquevilla sur lui-même, impuissant attendant le coup fatal.

-Yara-

L'autre loup semblait à bout de souffle. Sa fourrure était imbibée d'eau, et il respirait étrangement. Il se recroquevilla, et une alerte sonna dans la tête de Yara : les loups n'étaient pas forcément très bon nageurs. Lui-même n'aimait pas nager, surtout dans l'eau froide, mais il avait bien senti que celui-là était en danger. Il avait surement respiré trop d'eau, c'était surement mauvais pour lui ! Lentement, le mâle rayé se leva et s'approcha de l'autre qui lui tournait le dos. Consciencieusement, il se mit à lui lécher le pelage. Recroquevillé comme ça, il ne pouvait pas accéder à son torse ni à son cou, et ne pouvait pas le masser pour en faire sortir l'eau s'il y avait besoin.

Mais l'autre loup n'opposa pas une grande résistance. Alors Yara passa sa tête poilue sous l'aisselle du mâle pour lui lécher la poitrine, assez fort, comme une mère le ferait avec ses petits. Il était appliqué, remontant le long du cou en séchant avec application le pelage mouillé du mâle. Il avait à peine remarqué les cicatrices qui déchiraient les commissures du mâle, mais évitait d'instinct de les toucher, d'abord parce qu'elle n'avaient pas besoin d'être séchée, ensuite parce qu'il ne voulait pas faire de mal à l'autre. Il gronda doucement, espérant faire revenir l'autre à ses esprits. Le goût sucré de l'eau transformait le mâle entier en bonbon.

Arkorann︾

Arko était toujours replié sur lui-même tandis que l'autre mâle approchait, mais à sa grande surprise, il le sentit lui lécher consciencieusement la fourrure. Chose à laquelle il ne s'attendait vraiment pas, personne d'autre que sa mère ne lui avait jamais fait ça et cette action aussi anodine fut-elle eux le don de calmer et de rassurer le loup. Il se laissa faire profitant de ce geste qui détendait ses muscles douloureux et séchait sa fourrure trempée. De toute façon, il n'était pas vraiment capable de l'éviter même s'il avait pu. L'autre loup glissa sa tête sous sa patte et commença à lui lécher la poitrine une peu plus forte. Arko toussa expulsant le reste d'eau qu'il avait dans les poumons, il reprenait son souffle tandis que l'autre commençait à remonter vers sa gorge. L'espion avait bien compris que l'autre ne lui voulait pas de mal, mais cette zone restait très sensible chez lui, bien trop proche de ses cicatrices. (dés contrôle 46) Il se déroba doucement à l'action de l'autre loup en rampant puis une fois qu'un bon métre les séparait il essaya de se relever les pattes tremblantes (dés réussite 57) il se retrouve dans un équilibre précaire les 4 patte écartées pour maintenir tant bien que mal son équilibre elles pouvaient se dérober d'une seconde à l'autre. Il relava un peu la tête observant l'autre loup avant de lui dire d'une voix rauque et difficile.

Merci... pour ton aide

Il fallait être honnête cet inconnu lui avait probablement sauvé la vie. (dés effet du fleuve 66) La tête d'Arko commençait à tourner, il se sentait bizarre, étaient-ce les conséquences du manque d'oxygène ? Il fut pris d'un vertige et manqua de tomber à nouveau.

-Yara-

Alors que le jeune mâle massait son compère, ce dernier finit par vider ses poumons, crachant le mucus rouge plein d'eau qui y restait. Bien, il respirerait mieux ainsi, enfin Yara le pensait, il n'était pas sûr. Finalement, l'autre se déroba du contact, avant de ramper un peu plus loin et de se remettre sur ses pattes. Yara remballa sa langue : s'il était capable de se lever, alors il allait bien. Son travail ici était fait. Il s'assit, avant de poser ses deux pupilles d'ambres dans les yeux du noyé. Seulement là, il remarqua les yeux un peu flippants de l'autre. Des pupilles jeunes, des yeux rouges. Peut-être qu'il était malade ? Il avait l'air mal en point. D'ailleurs, même sa voix était rauque :

Merci... pour ton aide

(effet du fleuve : 92) Yara ouvrit la gueule, laissant sa langue en sortir avant de bailler. Il se sentait épuisé, et un peu ... bizarre. Il voulut répondre, mais seul un grognement sourd sortit de sa gueule, avant qu'il se tombe sur le côté comme un louveteau ne sachant pas bien marcher. Il souriait toujours d'un air un peu béat. Il aurait pu se demander ce qu'il se passait, mais il se sentait bien, comme s'il flottait, que son corps froid et un peu douloureux n'existait plus. C'était sympathique. Il se coucha définitivement sur le flanc, exposant son ventre. Sa tête tournait, sa gueule était un peu pâteuse. Il grogna, pas très sur de lui :

Me sens ... Bizarre ...

Arkorann︾

Arko se sentait de plus en plus mal sa vision se brouillait, il voyait comme des ondes coloré qui déformait l'espace, il fut pris de vertige est tombât sur le flanc. Qu'est-ce qui se passait ? Il n'y comprenait rien, c'était ça les effets du fleuve dont lui avait parlé l'autre connasse ? Il se sentait comme hors de son corps incapable de bouger ou de dire quoi que ce soit. Il entendit seulement l'autre loup s'écrouler lui aussi et dire d'une voix pâteuse en grondant.

Me sens ... Bizarre ...

Lui aussi ? Il avait plongé dans le fleuve pour le sauver ce qui confirmait l'hypothèse de l'assassin. Les voilà dans de beaux draps décidément cette journée était vraiment pourrit. Arko était épuisé par toutes ses émotions et il n'avait pas la force de lutter contre son état. Il resta donc couché sur le flanc la respiration encore sifflante emportée dans un tourbillon de couleur psychédélique, le cœur battant la chamade et les sens engourdit après quelque temps, il finit par s'endormir.

Il se réveilla en début de soirée le soleil embrassait l'horizon teintant la forêt de mille couleurs allant du rouge écarlate au violet en passant par le rose et les orages vif. Pendant un instant, il crut être encore sous l'emprise d'hallucination. Il redressa la tête pour constater que ce n'était que le crépuscule. Son corps était encore tout engourdit et sa bouche pâteuse, un mal de crâne lui vrillait les tempes et il n'avait pas encore tout à fait le sentiment de contrôler son corps. Il se redressa tant bien que mal et regarda autour de lui. L'autre loup était toujours là couché sur le flanc, il ne bougeait pas. Arko s'approcha inquiet. Et s'il était mort ? Il ne connaissait pas les effets exacts de l'eau, mais l'autre louve avait dit que c'était dangereux et l'inconnu paraissait jeune, il n'était peut-être pas aussi résistant que lui.

Il le rejoignit avec difficulté approchant sa truffe de son échine pour le renifler et s'assurer qu'il était toujours vivant.

-Yara-

Yara n'écouta pas la réponse de l'autre loup. Yara ne savait même pas s'il avait répondu. Yara ne savait même plus ou il se trouvait. Sa tête heurta lourdement le sol alors qu'il sentait le monde autour de lui tourner, comme si le soleil passait sous la terre, et la terre au dessus du soleil. Comme si les arbres se changeaient en feu, puis en cendres, comme si les feuilles poussaient en éclosant des branches noires, grandissaient en énormes éventails colorés de verts et de bleus, puis se flétrissaient, se recroquevillaient autour d'elle même comme un loup mort de vieillesse. Il voyait les fleurs s'enflammer autour de lui, les insectes devenir énormes, ou lui tout petit. Etait-ce d'ailleurs des insectes ? Il n'en était pas sûr. Son cœur battait dans sa poitrine, en rythme avec le monde, un rythme lent et profond, maternel et immémorial. Il était en rythme avec la vie, qui poussait tout autour de lui, en rythme avec ses racines qui s'enfonçaient dans la terre, qui l'ensemançaient de leur vie. En rythme avec le vent, l'air qui tournoyait autour de lui et dont il pouvait voir chaque particule de lumière et d'Ether. Il pouvait voir l'espace, les étoiles danser malicieusement autour de ses yeux en rythme avec cette musique qui bourdonnait dans sa truffe, qui éclatait dans ses tympans et ses coussinets. Il pouvait sentir des odeurs qu'il n'avait jamais senties, l'odeur du soleil, l'odeur de la vie et du temps, l'odeur de ce qui s'arrête, de ce qui reste et qui continue. Il comprenait bien des choses et les oubliait aussitôt face à a splendeur de ce qui s'offrait à ses sens en une ronde complexe et désordonnée, dont il faisait partie. Plus que cela, il était à sa place ici, au sein du monde, avec le reste. Chaque chose avait sa place, et sa vie toute entière défilait devant ses yeux, ses parents, ses grands parents, et il comprenait que le Temps n'avait de sens que celui qu'on en donnait, et qu'avec de la volonté, avec cette compréhension du monde, avec ce rythme il pourrait revenir en arrière, recommencer, redevenir un louveteau, devenir sa mère, sa grand mère, son arrière grand mère. Les lois n'existaient plus, seul existait le rythme qui le parcourait, battement vital et pourtant si futile. Il n'était plus rien d'autre que ce rythme, ses sens étaient devenus simplement le monde, il voyait tout, sentait tout, goutait et touchait tout, entendait tout. Il ressentait tout. Il était tout.

Puis il se réveilla.

La tête lourde, les paupière encore plus, il ouvrit ses yeux. Il lui semblait qu'il avait voyagé des heures durant hors de son corps, et que revenir à sa condition de mortel était plus que douloureux. Il sentait que son cou était humide, ainsi que sa bouche, comme lorsqu'il dormait trop profondément. Il était encore confus, les membres tremblants et la bouche sèche comme un désert. Mais ce rêve .... Ce rêve ? Il cliga des yeux. Il n'avait jamais vu de choses comme ça. Et seulement alors, il perçut la présence de l'autre. Il tourna lentement la tête, les yeux explosés par la fatigue et ce qui courrait encore dans son sang. Il ouvrit une gueule pâteuse avant de dire d'une voix rauque, forçant sur ses cordes vocales pour émettre le son :

Oh.

Arkorann︾

À l'instant où Arko allait toucher du nez l'échine du jeune loup, ce dernier commença à tourner lentement la tête vers lui. Quel soulagement, il était toujours vivant. Un son rauque sorti de la gueule de l'inconnu. L'assassin toujours couché à proximité de lui articula difficilement un :

ça va ?

Il se mit ensuite à regarder autour de lui. La nuit était entrain de tomber et le froid était de plus en plus mordant. Il était trop tard pour rentrer au clan, il leur faudrait passer la nuit dans la forêt. Arko toussa il avait du attraper froid avec son bain improvisé dans le courant glacial du fleuve. Trouvé un abri dans leur état avant que la nuit ne soit totalement tombée semblait beaucoup trop ambitieux. Le loup tricolore frissonnait maintenant. Foutu saison, il détestait vraiment l'hiver, sa cicatrise le tiraillait, voilà qui annonçait une nuit abominable. La seule chose qu'il pouvait faire était te tenter de conserver leur chaleur ensemble.

Il se rapprocha du jeune loup collant son dos contre le sien en marmonnant d'une voix cassée.

Il faut qu'on reste ensemble pour conserver un peu de chaleur la nuit va être froi...

Sa phrase fut interrompue par une quinte de toux qui raviva la douleur dans ses poumons.

-Yara-

ça va ?

Yara tourna lentement la tête. Il avait oublié qu'il n'était plus seul. Devant ses yeux dansaient encore des étoiles, et sa tête était plus lourde qu'un rocher. Tout autour d'eux il faisait sombre, et la lune s'était cachée derrière les nuages. Yara ne répondit pas, ne sachant pas vraiment s'il allait bien ou mal. Il ne savait plus grand chose à vrai dire. L'autre mâle se leva et vint s'allonger près delui, lui apportant une chaleur bienfaitrice : Yara était trempé et frigorifié.


Il se mit à tousser. Yara tourna la tête, avant de la hocher : oui, il fallait qu'ils restent ensemble. Il ne savait même pas s'il pourrait se lever, et n'en avait pas vraiment envie. Son corps se mit doucement à trembler, et il se serra un peu plus contre l'autre, essayant de rester au chaud. Puis il bailla, et posa sa tête contre ses pattes. Il sombra de nouveau dans un sommeil réparateur cette fois-ci, sans même se préoccuper du froid qui avait gangréné son pelage.

Arkorann︾

Comme il s'y était attendu Arkorann passa une nuit épouvantable. Il était frigorifié malgré la chaleur du jeune loup à ses côtés, ses muscles toujours douloureux furent parcourut de crampes à plusieurs reprises durant la nuit et un mal de tête lui vrillait les tempes. Son sommeil fut donc très agité est absolument pas reposant.
Quand l'aube se pointa, il était déjà réveillé. Il se leva doucement en essayant de ne pas tirer l'autre loup de sa torpeur. Il déplia précautionneusement son long corps encore tout engourdit par le froid. Étirant délicatement les muscles de ses pattes avant de secouer sa fourrure qui se dressait en paquet disgracieux sur son dos. En plus d'être mauvaise, l'eau de ce fleuve était collante. Arko se sentait sale et il avait horreur de ça.
Sa gorge était sèche, il avait sacrément soif, mais cette fois pour rien au monde, il n'essayerait de boire à nouveau l'eau du fleuve. Il regarda autour de lui à la recherche d'une autre source d'eau. Il avait plus la veille, avec un peu de chance, il trouverait un creux qui en aurait recueilli.

Il s'éloigna un peu et au bout de quelques dizaines mètres il trouva une petite marre, voilà qui était encore mieux ! Il happa quelques gorgées avant de rebrousser chemin et de rejoindre l'autre loup pour lui proposer d'en boire également, lui aussi devait avoir soif.

-Yara-

Le lendemain matin, Yara émergea lentement du sommeil, tout le corps endoloris. Le mâle à côté de lui avait disparu, aussi il pu s'étirer de tout son long, et bailler. Sa première pensée fut pour sa maman, qui allait sûrement s'inquiéter de ne pas l'avoir vu rentrer hier soir. Mais heureusement, s'il rentrait maintenant, il pourrait sûrement la rassurer : il lui arrivait de ne pas rentrer de la nuit car il dormait dans les arbres, ou galopait jusqu'au matin.

Yara leva le museau. Ses sens étaient encore toux chamboulés, il lui semblait sentir des odeurs qui n'existaient pas, des fleurs, de la sciure de bois, du feu, la mer. Et soudain, Arkorann. Il tourna la tête et vit le loup arriver, puis lui proposer de l'eau. Yara machouilla, la gorge sèche. Il avait soif en effet. Il se leva et suivi le guerrier jusqu'à un point d'eau ou il bu tout son saoul. Puis il releva la tête et dit simplement, en lui souriant calmement :

Merci. Il faut que je rentre, maman va s'inquiéter.

︾Arkorann

Le jeune tigré se leva et suivit l'assassin jusqu'au point d'eau. Il était visiblement assoiffé. Arko resta à côté pendant qu'il buvait. Après plusieurs longues gorgées le jeune loup relava la tête et lui sourit en annonçant

Merci. Il faut que je rentre, maman va s'inquiéter.

Déjà ? Arko était un peu pris de cours il pensait qu'il allait avoir le temps d'échanger avec le jeune loup pour au moins le remercier. Que devait-il faire ? Il n'était pas doué pour ça et il se sentait trop mal pour reprendre le chemin du camp, il avait encore besoin de repos. Il s'assis, ses muscles encore douloureux après toutes ses péripéties et d'une voix mal assuré il répondit:

Je comprends, je t'aurais bien proposé de t'accompagner mais je vais encore rester un peu ici je pense, je ne suis pas en état de faire tout le chemin jusqu'au camp.... Tu devrais te faire examiner par un médecin en rentrant sait-on jamais...

Arko marqua une pause ne sachant comment formuler la suite de ses pensées, il repris après quelques secondes d'une voix encore plus hésitante

Je...je te remercie, tu m'as probablement sauvé la vie... je te suis redevable... Si un jour tu as besoin de moi pour quelque raison que ce soit demande moi... je viendrais

Arko baissa la tête un peu gêné, il ne connaissait aucun autre moyen de rembourser cette dette i. ça ne lui été jamais arrivé de devoir remercier quelqu'un pour une raison aussi importante et il avait peur de paraitre bête en proposant ses services.

-Yara-

Le mâle s'assit, ayant l'air un petit peu gêné. Il voulait encore lui dire quelque chose ? Yara s'arrêta, sa queue oscillant lentement derrière lui. Il écouta les remerciements du mâle, sans rien dire, puis finit par hocher la tête. Oui, s'il le voulait, il pourrait repayer sa "dette". Mais le rayé ne s'en souviendrait probablement pas. Enfin, si ça lui permettait d'avoir un ... ami, lui il était content. Des amis, il en avait quelque uns, mais pas vraiment d'autres guerriers. Il sourit, avant de faire demi-tour pour reprendre sa marche lente vers son chez-lui, ou l'attendait probablement maman inquiète.