(ce rp est antidaté d'une semaine irl, soit du 13 Mai inrp)

-Heindrick-

Le temps passait, et la mère d'Heindrick déclinait. Le jeune loup était devenu un bel adulte, aux muscles entraînés au combat, au corps épai et résistant au froid. Mais ses yeux étaient encore ceux d'un enfant, juste assez adulte pour voir que le temps de sa génitrice était compté. Elle lui avait dit, de nombreuses fois : elle ne passerait pas l'hiver. Pas celui-ci, pas encore un, elle n'en était plus capable. La vieille caverne avait pourtant eu une vie honorable, elle avait survécu malgré ses blessures et sa cécité partielle. Pourtant, Heindrick ne pouvait pas concevoir qu'elle allait bientôt le quitter.

Il passait de plus en plus de temps hors des tanières, lorsque Rahawk le lui permettait. Il arpentait la savane, apprenant ses codes, ses formes, ses caractéristiques. Il aimait ça, être seul, explorer, ramener du gibier pour les autres aussi. Enfin, pas tous les autres. Seul, il n'avait pas à s'inquiéter du comportements des autres loups, il n'avait qu'à gérer sa propre personne. C'était reposant.

Le désir de nouer avec ses racines, de découvrir les terres cavernes s'était fait de plus en plus fort, et le jeune mâle avait pénétré de plus en plus profondément dans les terres, à la cherche des cavernes dans lesquelles ses ancêtres avaient résidé. Il avait également pour projet de construire un temple à Mordor, afin d'attirer le gibier, et avait enfin trouvé l'endroit parfait. Cependant, les pierres étaient aux montagnes, le projet risquait d'être loin s'il l'effectuait seul. Il avait pour projet de demander à Helianthas, ou Chérubin de l'aider, mais n'osait pas vraiment. Il était probablement le seul des tanières, avec sa mère, à vouer un culte aux Dieux d'EL.

Lors d'une énième excursion, à la recherche des cavernes de ses ancêtres, il les trouva enfin. Une entrée dans la montagne, un grand trou, tout simple, mais d’où un vent froid et humide s'échappait. Sentant l'excitation le gagner, Heindrick se faufila à l'intérieur. Très vite, ses yeux s'habituèrent, et il resta estomaqué devant les peintures et traces de ceux qui lui avait donné son sang. Il resta de longues minutes, s'avançant lentement dans le réseau de grotte, les yeux émerveillés. Il pouvait sentir le battement puissant de son coeur, résonnant avec les scènes de chasses peintes sur les murs. Il reconnut sur un plafond le rocher, le fameux rocher dont sa mère lui avait parlé.

Mais alors qu'il avançait, le son de ses pattes résonnant doucement contre les parois, il sentit une autre odeur lupine. Une odeur qu'il n'avait pas pu oublier, l'odeur de la seule louve du dehors qui l'avait jamais intrigué plus qu'effrayé : Nephtys. Il se figea. Son groupe était là ? Pourtant, il ne sentait que son odeur. Il avança prudemment, un peu déstabilisé, et finit par lancer, sa voix ricochant contre les parois humides :

"Nephtys ?"

-Heindrick-

La louve rousse était apparue devant Heindrick, grondante, le poil hérissé. Le mâle se figea, prenant instinctivement une posture défensive avant même d'analyser la situation. Cependant, croiser de nouveau le regard violet de Nephtys le fit hésiter, et il relâcha sa posture. Il n'était pas venu ici pour se battre, seulement pour regarder les peintures de ses ancêtres. Le mâle la fixa, la queue mi-haute, prêt à se défendre si besoin. Cependant, il se souvenait bien de leur dernière rencontre, et de sa sympathie. Pourquoi cela avait-il changé ? En plus, elle avait bien écorché son nom. I s'éclaircit la gorge, avant de répondre, neutre :

"Moi c'est Heindrick."

Il déglutit. De nouveau, il se sentait tout bizarre face à la belle louve rousse, comme si toute sa force l'avait quitté. Mais là c'était différent. Ils étaient enfermés, dans une grotte étroite : il fallait faire redescendre la tension ou les deux loups finiraient par en venir aux crocs. Pas que cela effrayait Heindrick, mais il n'avait pas très envie de ne plus jamais la revoir. Il s'ébroua pour tenter de détendre l'atmosphère, puis demanda, d'une voix toujours désespérément neutre :

"Tu es venu ici pour les peintures cavernes toi aussi ?"

Après tout, la louve y ressemblait pas mal. Entre ses tons bruns et crèmes et ses ocelles ... Cependant, comme lui, elle était probablement issue d'un croisement peu orthodoxe. Mais cela ne l'empêchait pas de vouloir renouer avec sa nature. Ou peut-être qu'Heindrick était totalement à côté de la plaque. Mais au moins, ça ferait un peu de conversation.

-Heindrick-

La louve ne se détendait pas, ce qui augmentait encore la tension entre eux. Heindrick pouvait la sentir, dans l'air chargé d'humidité de la grotte, dans les silences qui régnaient entre ses paroles. Il avait fait quelque chose de mal ? Sans vraiment qu'il ne réalise, plutôt par instinct, il baissa la tête, de plus en plus méfiant. Peut-être que la louve qu'il pensait sympathique et plutôt mignonne au début était en fait prête à avoir sa peau. Il aurait du écouter Rahawk ou sa mère : tous pouvaient être des ennemis ici.

Qu'est ce que tu veux ?

Heindrick la fixa une seconde. Ses cheveux roux, ses tâches bleus, ses yeux violet qui lui lançaient un regard méfiant. Elle était belle. Mais dangereuse. ll était stupide ou quoi ? Il avait baissé sa garde, juste parce qu'une jolie louve l'avait aidé, une fois ? Il répondit, d'un ton toujours neutre :

Je viens voir les peintures. Celles de mes ancêtres. Et toi ? Tu es avec ton groupe ?

Il la regarda d'un air neutre, légèrement suspicieux. Elle avait évoqué un groupe la dernière fois, mais il n'en sentait pas une odeur. Peut-être qu'elle s'était baladée seule pour aller regarder les peintures, mais dans ce cas pourquoi était-elle si tendue ? Parce qu'elle avait peur de lui, de ce qu'il pourrait lui faire ? Elle était une femelle, lui un mâle, ils étaient tous les deux solitaires ... Pourtant Heindrick ne s'y risquerait pas, même s'il en avait eu envie. Trop de risque de tomber sur une louve bien plus expérimentée que lui. En combat.

-Heindrick-

La femelle se relâcha enfin légèrement, faisant descendre la pression entre eux deux. Heindrick souffla légèrement, toujours peu confiant, attendant la réponse de la rousse :

Non le groupe n'est pas là. Je suis seule dans cette tanière.

Seule ? Le mi-caverne la regarda sans rien dire. C'était plus logique au vu des odeurs, elle avait donc simplement menti la première fois pour se protéger. Heindrick pouvait comprendre, mais il avait eu une petite frayeur vis à vis de ce groupe. Il était en un sens heureux d'apprendre qu'il n'existait pas, et que la louve était bien seule. Alors qu'il relâchait un peu la tension dans ses muscles, un couinement retentit. Ses pupilles se rétrécirent, et il se figea, regardant la rousse jeter un œil derrière elle, dans une cavité. Il avait bien entendu un couinement, c'était des louveteaux ? Il sentit son coeur s'affoler légèrement, et une sensation froide et désagréable descendre le long de sa colonne vertébrale. Nephtys confirma ses soupçons en se retournant pour lâcher d'une voix plus forte et assurée :

Enfin, seule, c'est un bien grand mot.

Le mâle resta immobile, mais la pression de son corps s'était en partie relâchée. Sa queue pendait mollement derrière lui, et il lâcha un petit Oh. sans vraiment d'émotion. Lui-même ne savait pas vraiment ce qu'il ressentait. Le comportement de la ... mère ? Était désormais tout expliqué, elle défendait ses petits de lui, l'étranger. Mais le mi-caverne sentait dans son ventre une pointe amère, quelque chose comme de la jalousie, ou de la déception. Pourtant, il ne s'était rien imaginé, seulement ... Il secoua la tête, sa touffe de cheveux argenté flottant en bataille autour de son visage. Il lui fallait partir à présent, ou il allait se faire jeter. Les mères étaient agressives avec leurs petits, c'était le plus sage. Il jeta un œil vers la sortie avant de faire un pas difficile en arrière et de dire :

Désolé. Je n'avais pas fait attention. Je peux partir si tu veux.

Il redirigea son regard vers elle, sa queue immobile dans son dos. Comme à chaque fois, il n'avait pas envie de partir, même si tous les signaux étaient au rouge. Comme si un crochet le retenait ici, auprès de cette louve rousse si mystérieuse, libre et solitaire. Il avait également un peu envie de savoir, qui avait réussi à la séduire, elle, qui avait réussi à lui faire une portée. Ou bien ce n'était pas de son plein grès ? Et puis, qu'est-ce qu'il en avait à faire après tout ? Pourquoi restait-il ici à se faire du mal ? Il leva le museau, inspectant les peintures autour de lui. Oui, il était venu pour ça, pourquoi avait-elle choisi de faire son "nid" ici ? Elle allait vraiment le chasser alors qu'il ne venait que regarder ?

-Heindrick-

La louve s'était à peine détendue, mais restait sur ses gardes. Heindrick sentait le moment de partir arriver, il aurait du le comprendre dès le début. A présent qu'il entendait les petits derrière elle, il se sentait indésirable dans l'espace pour le moins étroit de la caverne. Il aurait aimé pénétrer un peu plus profondément dans la grotte, découvrir les peintures, les mythes de ses ancêtres, mais il y reviendrait lorsque la louve sera parti, voila tout.

Il fit un nouveau pas en arrière, plus facile cette fois là. Il avait cru ... Qu'avait-il cru au juste ? Il était stupide. Il ferait mieux de rentrer chez Rahawk. Il jeta un coup d'oeil vers l'entrée de la grotte, le museau tourné vers la source de lumière lointaine, lorsqu'un couinement le fit se retourner : un des petits avait bravé les pattes de sa mère, tombant sur le côté. Il eut le temps de repérer quelques éléments, qui le firent frissonner. Une couleur verte sombre, deux queues, des cheveux argentés et un diamant sur l'oeil. La coïncidence serait trop improbable ... Ou bien c'était son esprit qui lui jouait des tours ? Il se figea, sentant une émotion sourde monter en lui. Une intuition mauvaise, un pressentiment guidé par il-ne-savait quoi, peut-être un brin de folie. Car il venait de voir Rahawk dans le petit qui était tombé à ses pattes.

Il est préférable de ne pas rester en effet.

Heindrick releva le regard, sortant de sa contemplation. Nephtys avait caché de nouveau son enfant, le protégeait de son corps. Le semi- caverne resta figé, neutre. Il réfléchissait. Il ne pouvait s'enlever de la tête le pressentiment qu'il avait, celui que Rahawk avait d'autres gosses. Mais pourquoi ? Il aimait Anvie, et de ce qu'il avait compris, n'avait pas le choix d'aimer une autre louve. La petite solitaire était colérique, et il imaginait mal celle-ci partager son mâle ... Alors, que s'était-il passé ? L'avait-il forcée ? Il devait savoir. D'un ton maîtrisé, égal à lui-même, il demanda :

C'est Rahawk ?

La distance qui les séparait était assez grande à présent, mais sa voix ricocha contre les murs de la caverne. Il y avait encore une chance que son esprit lui joue des tours. Que Rahawk soit toujours le loup plus ou moins droit qu'il s'était imaginé qu'il soit, et non pas un violeur. Il observa attentivement la réaction de la rousse, sans se rapprocher, préférant rester à distance si elle décidait d'employer la force.

-Heindrick-

La louve réagit immédiatement à l'annonce du nom de Rahawk, confirmant les soupçons pourtant insensés d'Heindrick. Alors c'était bien ses petits ? Le mi-caverne ne comprenait pas. Il ne comprenait pas, mais il détestait ça. Pour une fois qu'il avait trouvé quelqu'un, une seule personne complètement en dehors de son groupe, il fallait que le mâle aux dents de sabre vienne y fourrer la truffe ? En plus, il savait combien une mère seule avait peu de chances de survie en solitaire, et il l'avait quand même laissée ici, sans la ramener au groupe ? Perdant un peu de sa neutralité, le visage d'Heindrick s'assombrit.

C'est lui qui t'envoi ? Pour les tuer ?!

Le mâle dressa les oreilles, la question le prenant de court. Il répondit, laissant son enveloppe de contrôle se craqueler :

Quoi ? Non !

Le jeune mâle se sentait de plus en plus perdu. Peut-être aurait-il du suivre les conseils de sa maman et ne jamais sortir des limites du groupe, mais l'attrait de l'inconnu avait été trop fort. Et maintenant, cette louve rousse, ses mioches, remettait même en question son chef, Rahawk. Heindrick ne comprenait pas, ou plutôt n'osait pas comprendre. Car il était logique que le grand crêteux veuille faire disparaître les petits, voir leur mère, s'ils étaient nés sans l'approbation d'Anvie. Mais Heindrick n'en savait pas plus, il n'en savait pas assez, et la situation l'angoissait de plus en plus. Il fit un pas en arrière, répondant à l'avancée de la louve qui s'était avancée, agressive. Il maintint le regard de la rousse :

Pourquoi tu penses qu'il voudrait les tuer ? Il ... Il est pas comme ça

Mais le doute perçait déjà dans la voix de l'épais mâle. Il ne connaissait de Rahawk que la face qu'il acceptait de lui montrer, lors des entraînements, sur le camp. Il avait vu son corps parsemé de cicatrices, avait deviné un passé tumultueux, mais de là à tuer des gosses ?! Ce n'était pas possible, si ?

-Heindrick-

Pourquoi pas ?

Heindrick coucha légèrement les oreilles. Elle avait raison, il ne connaissait pas Rahawk. Mais l'idée de côtoyer un tueur d'enfant le mettait très mal à l'aise. Le reste des paroles de la louve le surprirent encore plus :

Rahawk n'est plus celui que j'ai connu, je me suis trompée, pensant le retrouver comme avant. Mais son séjour avec le Dieu blanc l'a transformé, alors s'en prendre à des fils non désirés ...

Le ... Dieu blanc ? Elle parlait d'Akui ? Sa mère lui avait longuement parlé de la guerre, des adeptes, de ce qu'ils avaient du sacrifier pour la source, c'était d'ailleurs l'une des raisons de leur départ. Alors, le loup à crête était avec le Dieu blanc ? Le demi caverne regarda la louve s'apaiser, sentant ses certitudes remises en doute. Il pensait être sous la protection du grand mâle, d'ailleurs, il l'était. Ce dernier avait repoussé les agresseurs, l'avait entraîné. Mais était-il digne de confiance ?

Devant leur mère à présent plus calme, les petits sortirent leur truffe de la cavité ou ils étaient depuis quelque temps à présent. Heindrick les regarda, d'un air absent. Il pensait à son père, à Heimdall. Il doutait que sa mère puisse l'aider à décider s'il pouvait ou non faire confiance à Rahawk, peut-être qu'Heimdall en avait une idée plus précise ? Il l'avait sûrement connu avant la guerre.

En tout cas, je suis navrée, je me suis méfiée de toi alors que tu n'es pas méchant. Mais se sont la prunelle de mes yeux malgré tout, je me dois de les protéger.

Les paroles de la rousse sortirent le caverne de sa contemplation. Il la vit poser son regard sur ses petits, un regard bien différent, un regard qu'il avait vu chez sa mère lorsqu'elle le regarder. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à Rahawk. Comment était-ce arrivé ? Le mâle avait un drôle de pressentiment. Rahawk était un mâle dominant, un alpha. S'il avait voulu une louve, bien peu aurait pu lui résister. Sentant la colère et l'angoisse le prendre aux tripes, il demanda, d'une voix néanmoins calme :

Il t'a forcée ?

Il évita soigneusement le regard de la rousse, de peur d'y voir la réponse avant de l'entendre. Il ne voulait pas savoir, mais il ne pouvait ne pas savoir. Il fallait qu'il sache s'il avait remit sa vie entre les pattes d'un violeur. Néanmoins, il resta neutre, cachant sa colère, ses doutes. Pourtant, en le connaissant bien, en observant bien, on pouvait entendre que son souffle s'était arrêté, que son corps s'était figé : il attendait la réponse, en apnée.

-Heindrick-

Quoi ?! Non ! Je ne ...

La louve avait relevé le regard, surprise. Heindrick sentait qu'il ne comprenait pas tout, et au fond de lui tout se mélangeait : quel était le pire des deux, que Rahawk soit un violeur, ou qu'elle ai voulu des petits de lui ? Il resta interdit, son incompréhension traversant fugacement son regard alors qu'il essayait de capter les iris violettes de la belle rousse.

C'était ... Compliqué ...

Elle baissa la tête, hésitante. Heindrick la regarda, mais l'embryon de sa colère était mort dans l’œuf. Il ne savait pas ce qu'avait vécu ces deux là, il n'y connaissait rien, lui, à l'amour. Mais le visage triste et pensif de Nephtys ne lui plaisait pas. Il aurait bien aimé la voir sourire. Il tourna la tête, regardant les petits qui restaient dans les pattes de leur maman. Ils lui ressemblaient beaucoup, à Rahawk, maintenant qu'il le savait. Il pensa à Anvie, à ses colères : il n'y avait aucune chance pour qu'elle accepte que Rahawk soit allé traîner avec une autre. Que ça soit la faute du mâle ou de Nephtys, il y avait de bonnes chances pour que les plus faibles en pâtissent, soit ces quatre petits. Il resta neutre, mais la voix de la femelle le tira de ses pensées :

Tu ne dois dire à personne que Rahawk a des enfants. Surtout pas à lui ou ton groupe. Sinon ils pourront mourir ... Et moi aussi.

Heindrick releva ses yeux bleus sombres pour regarder la louve. Au moins, elle en était consciente, et peut-être qu'elle avait une chance ... Il sentit son ventre se tordre : c'était un mensonge. Si Rahawk ou Anvie avait décidé de tuer quelqu'un, ce loup mourrait. Sa seule chance était de quitter les terres, mais en hiver traverser les montagnes relevait du suicide. Ou alors, il fallait que jamais personne ne soit au courant. Il hocha la tête :

Je ne dirais rien, je te le promets. Mais tu devrais fuir, le plus loin possible. Car s'il l'apprend un jour, tu seras morte.

Heindrick sentit à ces mots sa gorge s'assécher. Si elle partait, il ne la reverrait plus jamais. La seule louve extérieure à son groupe, il ne la reverrait jamais. Il resta sans rien dire, car il n'y avait rien à dire : c'était comme ça, et pas autrement.

-Heindrick-

Les mots et l'attitude de la caverne, sa lointaine cousine probablement, ne suffirent pas à rassurer Heindrick, loin de là. Dans quoi s'était-il empêtré ? Son coeur battait calmement dans sa poitrine, comme un gong qui faisait résonner tout son corps, mais les signes du stress qu'il ressentait étaient bien là : gorge sèche, coussinets moites, et le ventre en vrac. L'idée même de cacher quelque chose à Rahawk, quelque chose qui le concernait, le mettait hautement mal à l'aise. Mais il ne savait pas pourquoi il faisait tout ça pour une simple solitaire, peut-être simplement parce qu'il l'aimait bien, avec ses cheveux roux, ses yeux violets, et ce qui pesait sur ses épaules. Ce dont Heindrick n'avait pas idée, tout le mystère l'entourant. Elle était libre, et belle.


Le jeune loup sentit son cœur se serrer. Non, il les protègerait de Rahawk. Mais cela voudrait dire s'opposer définitivement à lui, et il était loin d'être sûr de gagner. Devrait-il mourir pour des petits qui n'étaient pas à lui ? La situation était absurde. Mais croiser de nouveau le regard de la solitaire balaya ses doutes. Oui, il le ferait, même s'il ne savait pas pourquoi. Il hocha la tête, avant de répondre :


La mère posa un regard tendre sur ses enfants, le même regard qu'avait sa mère lorsqu'elle le regardait, lui. Et cela lui serra le coeur, lui fit mal à en gémir. Rahawk ... ne verrait pas les choses de cettte façon. Avec ses révélations, le jeune caverne avait de nouveau un milliard de choses auxquelles penser, à s'inquiéter .... en commençant par ses traces. Il lui était impossible de tout effacer, son odeur resterait, et ... Il secoua la tête, prenant une grande inspiration. Il verrait ça plus tard. Plus il restait ici, plus il la mettait en danger. Il leva un regard neutre vers la solitaire.

J'y vais, je te met en danger en restant ici. Adieu.

Une légère hésitation le fit rester une fraction de seconde de trop dans la caverne. Un sentiment étrange, un pressentiment, celui qu'il ne la reverrait plus jamais restait ainsi dans son ventre, le serrant de ses griffes d'acier. Mais la raison l'emporta, et après un signe de tête, il partit avec précautions vers la sortie de la caverne. Seul un rapide regard en arrière fut la preuve de ses doutes et de sa tristesse à laisser ainsi la mère seule.