Milieu d'avril 270

Le campement était en ce moment dans une certaine frénésie à cause d’œufs mystérieux éparpillés un peu partout et qui renfermaient des surprises. Il s'agissait surtout des jeunes loups qui en parlaient et bien évidemment, les apprenties ne dérogeaient pas à cette règle. A croire qu'en ce moment, tout le monde avait un seul sujet : les œufs magiques. Enfin, il n'allait pas s'en plaindre, ça changeait un peu du malaise qu'il y avait eut avec la mort de Triss et du petit Yoru. Cet évènement donnait de la guettait et faisait oublier un temps auprès des nourrices et des mères la tragédie que ce fut.
Lord Jarodin avait même fini par trouver une utilité à l’existence de ces étranges œufs, puisqu'il avait pratiqué à ses jeunes recrues adolescentes, un entraînement un peu spécial ce matin. Il les avait emmené non loin de l'Arène et après les échauffements, le seul exercice du jour fut la recherche et le pistage de ces œufs mystérieux. La séance fut pour ainsi dire, bien accueillie et tous s'étaient élancés après quelques consignes simples. Apprentis et mentors s'éparpillèrent dans la forêt, dans l'Arène et même sur le flanc de la montagne à la recherche intense de plus d’œufs possibles pour gagner. Jarodin avait compris que les coquilles ne pouvaient être ramenées, car elles disparaissent. Il avait donc demandé à ce que chaque binôme ramène l'objet présent dans l’œuf trouvé pour conter les points. Libre ensuite à ses élèves de garder ou non ce qu'ils avaient ramené une fois ce compte de points effectué. Lord Jarodin ne pratiquant pas à loisir cette chasse aux œufs, il ne savait pas trop ce qu'ils pouvaient renfermer, mais si des objets semblent plus importants que d'autres, il avisera sur le tas. Cette chasse se termina après une heure de recherche et sans encombres. Après avoir compté les points, un binôme se démarqua en gagnant. Après quelques mots de fin de séance, Jarodin libéra tout le monde.

Le reste de la journée se déroula paisiblement pour lui. En fin d’après-midi, il demanda à un messager de trouver Lyarnn pour lui dire qu'il devait se rendre à un endroit précis de la rivière de La Roche à la tombée de la nuit. Le chef d'armée ayant une petite mission à lui donner. Par la suite, le messager partit en quête du destinataire pour délivrer son message.
Alors que le crépuscule survint, Lord Jarodin avança tranquillement jusqu'au point de rendez-vous qu'il avait donné. Longeant la rivière en partant du campement, il observa l'eau paisible et le désert noir décoré d'une atmosphère orangé dû au ciel. Il trouvait ce paysage beau et calme. Une sérénité qu'il appréciait s'en dégageait. Arrivant au bras de la rivière mentionné dans son message, le chef d'armée s'assit et attendit, patiemment, tout en continuant d'observer le paysage. Tout était tranquille et apaisant. Dans ces moments-là, il pouvait en profiter pour ne penser à rien. C'est ce qu'il fit, jusqu'à ce que le ciel s'assombrit au point que le crépuscule fit pratiquement place à la nuit. Il prit une grande inspiration et retrouva son air sérieux habituel alors que son espion se posta en face de le lui et que la nuit tomba pour de bon.

Bonsoir commandant, vous vouliez me voir.

Il hocha la tête pour toute réponse.

Bonsoir Lyarnn. J'ai une mission pour toi, plus courte que ta précédente.

Il était conscient que son espion avait mis du temps à boucler la précédente. Son retour était très récent et déjà, il voulait l'envoyer ailleurs. Mais, cette fois, ce serait pour peu de temps et pas très fatiguant. Du moins, ce fut l'avis de Jarodin. Lyarnn a la capacité de voler et on ne peut pas vraiment dire que c'est très fatiguant quand le vent vous porte et qu'il n'y a plus qu'à se contenter d'étendre les ailes.

J'aimerai juste que tu ailles en terres neutres pour une reconnaissance, histoire de voir s'il n'y a rien de particulier qui cloche.

Le genre de mission plutôt courante à vrai dire, simplement pour vérifier qu'il n'y a rien de suspect autant du point de vu des canins pouvant roder et ayant potentiellement des idées saugrenues, que du point de vu de la faune qui pourraient par exemple avoir une attitude bizarre, pour X raison.

Milieu d'avril 270

A vos ordres mon commandant ! Dans quelle zone exactement souhaitez-vous que je me rende ?

Lyarnn ne rechignait pas à la tache. Il semblait plutôt intéressé par la mission. Le fait de devoir repartir, même pas trois jours après son retour de le précédente mission, n'avait pas l'air de le déranger. Soit. Lord Jarodin n'aura pas à chercher quelqu'un d'autre et tant mieux. L'effort et la motivation de l'espion sont appréciés du chef d'armée.

Je veux que tu sillonnes la partie neutre de la forêt Talaïala.

Lorsqu'il rentrera de cette mission, il le laissera tranquille un moment avant de l'expédier à nouveau. Lyarnn pourra se reposer convenablement, puis prêter patte forte aux sentinelles durant quelque temps.

Si possible, j'aimerai que tu pousses jusqu'à la steppe aux lucioles.

Il était certain que ce sera possible, car après tout, Lyarnn vole. Il peut donc couvrir plus de territoire de façon journalière qu'un autre cantonné au sol. Néanmoins, Lord Jarodin voit sans doute trop grand, comme souvent, en demandant trop parfois. La forêt Talaïala, même coupée en deux, reste grande et l'occupera copieusement. Alors s'il ne peut pas, ce ne sera pas grave en soit... Jarodin ne demandait qu'un bonus éventuel. Surtout que la steppe est du côté de la Source et non pas le leur. C'est juste que tant qu'à faire, autant pousser le plus loin possible ce check-up de reconnaissance.

Quoi qu'il en soit, fait bien la forêt d'abord. Tu pars demain et je te donne maximum sept jours. Suivant ce que tu auras pu couvrir, j'aviserai à ton retour pour envoyer quelqu'un ou non pour la suite.

Milieu d'avril 270

- A vos ordres, à moins d'un contretemps ou d'une rencontre impromptue, remplir vos exigences ne sera pas un problème pour moi. Je serais au rendez-vous pour faire mon rapport dans 7 jours au coucher du soleil.
- Bien. Faisons ça. Nous n'aurons qu'à nous rejoindre à cet endroit.

Comme le soulignait Lyarnn, "à moins d'un contretemps ou d'une rencontre impromptue", il n'y aura pas de problème durant cette mission. À leur frontière de la forêt Talaïala, aucune sentinelle du clan n'a rapporté un quelconque individu louche aux environs ou des agissements de solitaires au loin semblant étrange. Il y a quatre mois, il y avait bien eut un loup noir qui, durant une dizaine de jours, avait observé la frontière et avait rodé autour, comme s'il cherchait à s'y aventurer. Il l'avait toujours fait de loin, ne s'approchant jamais de trop prêt. Néanmoins, cet individu, ayant paru suspect, n'avait rien tenté et avait totalement disparu de lui-même.

Tu peux disposer, à moins que tu aies quelque chose à me dire ?

Il porta son regard en direction du désert une fois sa question posée. La lumière de Moon éclairait doucement le territoire de son frère, Solar. Si le jour, le désert paraissait vide et ne jamais se terminer, de nuit, il en était de même. Cette impression est peut-être pire à vrai dire, car même si la lune peut éclairer le paysage, le sol de sable noir donne l'illusion d'y voir le néant. Comme si le désert amenait à un autre endroit, un autre monde. Un passage vers l'au-delà ? Le purgatoire ? Il serait sans doute ridicule de le croire, mais on pouvait le penser. Et c'est bien parce que le désert à cette atmosphère particulière de vide, que ces petites spéculations sous forme d'histoires se sont créées et sont racontées. Surtout que les dragons et autres créatures peuplant ce lieu, très chaud de jour, ont pour habitude de remonter à la surface durant la nuit pour profiter de la température ambiante ayant baissé et de l'humidité se créant.

[Lancer du dé]
Sous les rayons de la lune, quelque chose attira son attention : un éclat. Quelque chose brillait là-bas, à plusieurs mètres dans le sable. C'était assez peu visible au final, il s'agissait d'un petit éclat comparable à une luciole ou un vers luisant. Il se demanda ce que ça pouvait être : son intérêt fut piqué, mais il n'ira voir que lorsque Lyarnn sera parti.

Milieu d'avril 270

Lyarnn profita de sa question pour l'informer de quelque chose n'ayant pas de rapport avec leur entrevue. Il lui annonça qu'un dragon de l'Eau est présent au lac Talaïala. Lyarnn lui dit que ce furent lui et Aymeric qui le rencontrèrent hier. (20/100) Bien que la présence recensée d'un dragon est toujours inattendue, Jarodin ne fut pas non plus très surpris d'entendre ça. Ce lac est, apparemment, assez profond et qui sait, des ouvertures vers des galeries aquatiques souterraines existent sans doute. Il est facile de se dire que ce dragon est arrivé là via une de ces possibles galeries. Peut-être que cela fait plusieurs jours voir semaines ou mois qu'il a élu domicile à cet endroit, mais qu'il ne s'est fait repérer que maintenant. Les dragons sont d'étranges créatures difficiles à cerner du peu qu'il en sait...

Lyarnn l'informait de cela, car il lui paraissait important de l'annoncer au clan et il a raison. Comme il le soulignait, il vaut mieux éviter un accident dans le lac à cause d'une information non-relayée. Si des baigneurs veulent s'y aventurer, ils le feront en connaissance de cause. La nouvelle d'un dragon présent dans ce lac fera bien vite le tour du clan, comme toute annonce à vrai dire. Dès demain, Jarodin en informera son escadron ainsi que les autres chefs d'armée pour qu'ils relaient l'information à leur tour à leur escadron. D'ici deux jours, presque tout le monde sera sans doute au courant qu'un dragon a été aperçue là-bas.
Lyarnn suggéra également de renforcer la surveillance autour du lac le temps que la nouvelle se tasse. Il a raison. Des curieux y accourront probablement pour espérer voir le reptile géant. La sécurité devra y être renforcée durant les jours à venir pour éviter tous accidents. Après tout, on ne sait pas si les loups peuvent être au menu des dragons aquatiques...
Pour tout renseignement supplémentaire, il devra aller voir Aymeric, mais ça lui suffisait. Il n'a pas besoin d'en savoir plus. Si le dragon s'était montré hostile ou avait eu un comportement bizarre, son soldat l'aurait informé. Il ne lui cacherait pas une information pouvant être importante. C'est donc qu'il n'y avait rien d'autre d'intéressant à savoir. Il n'a pas besoin qu'on lui conte comment s'est déroulée la rencontre, si rien d'important n'en ressort. De toute façon, il entendra des ragots çà et là, car le petit Aymeric se vantera à coup sûr de sa rencontre avec la créature.

Maintenant si vous voulez bien m'excuser je souhaiterais me retirer afin de me coucher tôt et de partir aux aurores demain.

Lord Jarodin lui permit de partir et le salua.
Une fois que Lyarnn fut assez loin, le chef d'armée traversa la rivière pour rejoindre l'autre berge. L'éclat lumineux était toujours là. Lorsqu'il fut tout à côté, il constata que la chose qui brillait était presque enfouie. Son premier réflexe fut de renifler et une odeur forte, mais pas désagréable s'en dégagea. Il creusa autour, éloignant le sable, déterrant ainsi l'objet entièrement doré. Il se rendit compte qu'il venait de trouver l'un de ces mystérieux œufs et pas n'importe lequel : un recouvert d'or. De ce qu'il avait entendu, peu furent ceux au sein du clan à avoir trouvé ce type d’œuf. En constatant la chose, il aurait pu arrêter de s'y intéresser et partir, mais il ne le fit pas. Tant qu'à être tombé sur un truc dit rare, autant découvrir ce que ça renferme.En continuant d'extirper cet œuf, il en découvrit un second, à côté, bien plus foncé et à l'odeur sucrée. Il dégagea les deux. Il attrapa l’œuf d'or, qui pesait un peu lourd quand même, et le lança de toutes ses forces sur l'autre qui se brisa sous le choc, libérant un... une... Il ne sut pas... En tout cas, c'est complètement nul... Son museau se plissa face à la déception.
La coquille de l’œuf d'or se fissura peu à peu à la suite du choc et finit par s'ouvrir. À l'intérieur, se trouvait un récipient transparent remplit d'un liquide. Il le prit dans sa patte et l'observa plus en détail. La fiole devait être en cette matière rare appelée verre. Elle était fermée par un bouchon de cire. Une petite étiquette avec un lapin dessiné dessus y était accrochée. Se disant que ça pouvait avoir une quelconque importance ou valeur marchande auprès d'un médecin ou autre, il décida de la garder. Il la prit entre les crocs et partit du désert, retraversant la rivière et se dirigea vers les montagnes au galop pour rejoindre sa tanière le plus rapidement possible tout en faisant de l'exercice.