Forêt talaiala

-Maïshka-

Le printemps était revenu, petit à petit. Les températures se faisaient plus chaudes et les proies plus fréquentes. Les deux cavernes avaient établi domicile dans un coin de la forêt Talaïa, sur ordre de Jeremiah. Le temps avait passé, et le territoire de son Roi n'était pas contesté. Cependant, malgré les chaleurs de Maïshka, le mâle s'était refusé à venir à elle. Pas qu'elle avait osé demander, non. Mais elle savait que s'il avait voulu, il l'aurait eue. La caverne se demandait alors quel était l'objectif de Jeremiah. Elle aurait pu lui donner de beaux enfants, forts, et purs. Alors pourquoi ?

La seule explication qu'elle voyait était que Jeremiah voulait asseoir son territoire avant d'étendre sa meute. Elle était restée à sa disposition, comme un bras droit, ou un serviteur, à chasser pour lui pendant qu'il défendait leur lieu d'habitation. Ce matin, elle était partie en quête de nourriture. Les proies étaient nombreuse, et elle avait choisi un jeune marcassin de moins d'un an, farfouillant le sol spongieux. La chasse fut un succès, sans vraiment de surprise : Maïshka était devenue une bonne chasseuse à force d'entraînement. Cependant, elle peina à attraper sa deuxième proie, un lièvre, et du rentrer seulement avec le cadavre du jeune porc dans la gueule pour Jeremiah. tant pis pour elle, elle y retournerait après, ou elle jeûnerait.

Le Roi des cavernes était couché sur son rocher, au soleil. Une fois encore, Maïshka fur étonnée de sa beauté. Malgré la faim, le froid, les épreuves qu'il avait traversé, son corps robuste était toujours aussi fort. Ses gènes étaient sans aucun doutes Ytens. Elle s'approcha et déposa sa proie au pied du rocher, avant de s'écarter d'un pas, attendant qu'il prenne les meilleurs morceaux, voir finisse toute la proie.

Son Roi ne partageait quasiment rien avec elle, ni ses plans, ni ses pensées. Maïshka se retrouvait donc à attendre sans savoir réellement quel était l'objectif de Jeremiah. Elle avait pensé que ce dernier attendrait un territoire stable pour tenter d'avoir une descendance, mais ses dernières chaleurs l'avait fait douter. La louve souffrait de ne pas être mise au courant, de ne pas savoir. Elle attendit patiemment qu'il ait terminé avant de baisser la tête, et de lui demander sans croiser son regard :


Sa question se posait assez évidemment sur la suite de leur clan, des cavernes, et pas seulement sur la suite de la journée. Elle releva le regard pour croiser celui du mâle. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle ne le défiait pas, seulement qu'elle voulait participer activement au projet, être mise au courant. Il n'y avait plus qu'eux deux à présent, après tout. Qu'allait choisir de faire Jeremiah ?

-Maïshka-

Le grand mâle se leva, et descendit de son promontoire pour rejoindre la louve. Il se mit alors à manger, lentement, pendant que la femelle restait en retrait, le ventre vide. Il faudrait qu'elle reparte chasser pour elle bien vite, mais elle ne se faisait pas de soucis, les proies étaient courantes. Cependant, le mâle s'arrêta à la moitié du cochon. Il était rare qu'il ne dévore pas tout, surtout lorsqu'il y avait si peu. Sûrement que c'était là un signe de partage, et Maïshka en fut reconnaissante. Cependant, elle attendait la réponse à sa questions.

Cette dernière avait fait redressé le Roi, qui la fixait, les oreilles tendues. Elle baissa le regard, mais ne sentait pas de colère de la part du mâle, seulement un peu de surprise. Peut-être qu'il ne l'estimait pas assez pour penser qu'elle en avait quelque chose à faire, d'où allait leur meute. Finalement, il répondit :

Maïshka y réfléchit. De nouveaux membres ? Tous les cavernes qu'elle connaissait étaient soit morts, soit bien loin de ces terres, soit reniés. Il y avait bien sûr la vieille rayée, mais elle était à moitié morte maintenant, et ne pouvait plus donner de petits. Selon Maïshka, le moyen le plus simple serait qu'elle ait une portée. Les forêts étaient giboyeuses, et pour le moment aucun solitaire n'avait vraiment tenté de les déménager. C'était peut-être le moment opportun, mais cela les laisserait peut-être dans un état trop vulnérables pour Jeremiah. Cependant, la femelle voulait savoir, et se promit de demander à son Roi. Après tout, c'était un peu un rêve, donner des enfants forts, cavernes à son Roi, entrer dans la lignée, et elle était en bonne position pour le réaliser.

Elle grimaça légèrement. Ils les avaient trahis, ils avaient été bannis du clan, de la race même. Maïshka ne connaissait pas bien les détails de cette histoire, elle était trop jeunes, mais elle réalisait qu'ils étaient hors de portée.

-Maïshka-

Le Roi prit une grande inspiration, comme s'il lui en coutait de continuer à parler à Maïshka. La femelle ne dit rien, mais elle était un peu déçue du manque de confiance que Jeremiah avait en elle. Après tout, elle l'avait suivi, elle seule, alors que tous les autres l'avaient abandonné, pour finir ici, sur un petit territoire. Et il refusait de la considérer. Mais elle serait patiente, elle saait que sa fidélité serait récompensée. D'ailleurs, Jeremiah sembla décidé à s'ouvrir un peu plus, juste un peu à la femelle.


Il la regarda dans les yeux, et elle soutint un instant son regard, comprenant que ce n'était pas un test de soumission. Elle avait les oreilles en avant, étant pleinement attentive aux paroles de Jeremiah. Oui, il fallait reconstruire leurs forces, avait-il une idée ?

La louve bomba légèrement le torse de fierté. C'était une des première mission aussi importante que le mâle lui donnait, et elle serait ravie de l'effectuer. De plus, c'était une bonne solution, renforcer leurs rangs alors que le printemps était installé. Elle hocha lentement la tête. Elle savait qu'elle pouvait réussir également, mais voir enfin une marque de confiance de son Roi lui donnait des ailes. Il se rapprocha d'elle, la touchant presque, et elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine.


Elle hocha de nouveau la tête. Elle ne savait pas exactement ce que le mâle avait en tête, mais peut-être qu'il cèderait finalement à l'appel des chaleurs, et lui ferait une portée. Elle ne pourrait pas être plus heureuse que s'il la jugeait digne de porter ces petits, et elle était convaincue que ses gênes forts familiaux pourraient se transmettre. Cependant, peut-être que lors de sa mission, elle trouverait une autre femelle plus apte. Elle senti une petite pointe de jalousie dans son ventre. Cependant, elle saurait mettre tout sentiment à part pour le bien de sa race. Elle finit par répondre :


Elle attendit alors qu'il se détourne, mettant fin à la conversation, pour baisser la tête et manger le reste de la proie. Dès que ce fut fait, elle reparti à la chasse, le ventre un peu plus plein et le cœur plus léger.