-Aymeric-

Le temps passait, et il semblait à Aymeric qu'il était de plus en plus confus. Il n'avait revu ni Eris, ni Ignis depuis le combat avec la louve-dragon, laissant planer une espèce de gêne dans son esprit. Il était devenu moins bon en chasse, incapable de se concentrer, et dormait également moins bien, comme si ce combat avait éteint un bouton dans son cerveau. Il sentait confusément qu'il lui fallait parler avec Eris et Ignis, mais il n'osait pas. Cela ne lui ressemblait pas.

Les chaleurs avaient commencé, et pour la première fois, Aymeric sentait un changement dans l'air. Il se sentait plus tendu, ce matin là, alors que toutes les odeurs des femelles aux alentours lui titillait les narines. Il ne savait pas trop quoi en penser cela dit, mais très vite, rester au camp lui donna un léger mal de crâne. Il choisit de s'éloigner, un peu avant son entraînement, et d'aller boire à la rivière.

Alors qu'il s'approchait, il sentit une odeur qu'il connaissait bien. Eris. Mais quelque chose avait changé dans l'air. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'elle était en chaleur également. Il s'approcha avec précautions, un peu déboussolé par l'odeur qui lui faisait tourner la tête. C'était différent de celle des autres louves du clan, celle-ci était ... pas pareil. Il marcha jusqu'à être à une distance respectable, n'osant pas tellement s'approcher plus. Une cascade de question jaillit dans son esprit alors qu'il la regardait : et si elle lui en voulait ? Et si elle s'était liguée contre lui ? Et pourquoi semblait-elle encore plus belle que d'habitude ? Il se racla la gorge, et la salua :

Salut, Eris.

-Aymeric-

La louve ne l'avait visiblement pas entendu arriver, car elle manqua de s'étouffer avec l'eau qu'elle buvait. Aymeric ne la quitta pas du regard, pas le moins du monde inquiet. C'était une démonia, elle n'allait pas mourir en avalant de travers. Le mâle pencha légèrement la tête. Même lorsqu'elle crachait de l'eau, elle restait séduisante. Est-ce que c'était l'effet de ces maudites chaleurs ? Aymeric n'en avait aucune idée. Eris se tourna vers lui, le saluant sans grand entrain :

Elle se détourna, comme si regarder Aymeric lui faisait mal aux yeux. Le mâle ne comprenait pas tellement la démonia, mais il ne comprenait pas tellement les femelles de manière générale. Sauf sa maman.


Aymeric fit un pas en avant, puis s'assit, alors que les effluves de la femelle lui prenait encore plus au nez. Ses pensées étaient, si c'était possible, encore plus confuses qu'avant, et l'odeur d'Eris n'arrangeait pas les choses. Il n'avait pas tellement envie de parler, plutôt de se rapprocher, de communiquer par le toucher, mais il savait qu'il signerait son arrêt de mort en faisant ça avec la démonia. Il finit par répondre, fuyant un peu le regard de la louve :

Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu ... Ça va mieux depuis la dernière fois ?

Il faisait référence au combat, évidemment. Ce combat qui avait laissé Ignis dans un sale état, Eris évanouie et les pensées d'Aymeric confuses au possible. Cela dit, il voyait bien que la louve allait mieux, mais ne savait pas vraiment comment aborder le sujet.

-Aymeric-

Alors qu'il avait fait un pas, Eris avait reculé. Est-ce qu'il la repoussait tant que ça ? (Déduction = 22) Peut-être était-ce qu'elle était gênée, elle aussi. Ils ne s'étaient pas parlés en deux mois après tout. Elle finit par s'asseoir également, gardant une certaine distance entre eux.


Aymeric coucha ses oreilles. Il n'avait pas tellement envie d'entendre parler de l'autre sœur, celle qui le détestait. Elle voudrait probablement se venger après la bataille dans le ciel des deux loups ailés, et le fils des betas n'avait pas tellement hâte. La chance lui avait sourit une fois, mais il n'était pas un guerrier, il savait bien qu'en cas d'une deuxième confrontation, il risquait de prendre bien cher.


Aymeric releva soudain la tête, comme piqué par un insecte. Il planta son regard dans le sien, sentant l'agacement monter en lui. La démonia elle aussi semblait agacée, ses queues battait l'air derrière son dos.

Hé, tu n'es pas venue me voir non plus.

Il souffla. Cela ne servait à rien de se reprocher les deux mois qu'ils avaient passés éloignés. Si Aymeric n'était pas allé la voir, c'était parce qu'il avait eu peur. Peur que ce combat aie changé quelque chose à leur relation, qu'on pouvait qualifier d'amitié. Il aimait passer du temps avec elle, et même s'il l'avait rattrapé en terme de taille, elle restait toujours quelqu'un qu'il regardait avec admiration. Il détourné le regard avant de grommeler :

Tu m'as manquée. J'avais peur que tu m'en veuille parce que j'ai blessé ta sœur.

-Aymeric-

Eris, fidèle à elle-même, avait haussé les sourcils, l'air agacé par les réponses d'Aymeric.


Le jeune mâle sentit ses épaules se relâcher. Elle ne lui en voulait pas. Il était si habitué à tout faire mal avec elle, qu'il avait intuitivement porté la faute sur lui, sur ses actions. Après tout, il avait provoqué et attaqué Ignis, sous le coup de l'émotion, ou des hormones peut-être. Il avait du mal à comprendre son propre corps, qui était devenu bien trop grand pour lui. Il releva la tête alors qu'Eris se rapprocha, le baffant presque de son odeur si particulière.


Aymeric aurait sourit de l'entendre dire ça s'il n'avait pas été si confus. Il garda les oreilles orientées vers l'arrière, mais osait regarder Eris en face à présent. Il y avait quelque chose qu'il n'avait toujours pas compris.

Mais pourtant ... C'est ta sœur non ? Tu lui voulait autant de mal ?

Il baissa la tête, sentant son cœur se serrer alors que les souvenirs de l'affrontement affluait dans son esprit. Sous le coup de l'adrénaline, il ne s'en était pas rendu compte, et la réalisation du danger qu'ils avaient courus l'avait presque paralysé de peur pendant de nombreux jours. Elle avait failli le tuer, en le projetant sur le mur de l'arène, puis au sol, et il avait failli la tuer, en se dégageant au dernier moment, et en tentant de l'abattre. Ce jour là, il avait perdu la raison, et s'était mis à son niveau de violence. Malgré qu'on ne l'ai pas puni, il n'était pas fier de ce qu'il avait fait. Il ajouta, d'une voix faible, qui avait perdu toute trace de colère :

Eris ... J'ai failli tuer la tuer quand même ...

-Aymeric-

Tu n'es pas le seul qu'elle s'amusait à .. "charier", mais elle a été très violente avec toi.

Aymeric garda sa tête baissée. Il n'était pas le seul, c'était sur. mais il était bel et bien le seul qui avait cherché à autant riposter. Les autres se divisaient en général en deux catégories, ceux qui lui tenaient plus ou moins tête, et ceux qui se soumettaient puis l'évitait. Lui était à présent dans les deux. Le jeune mâle ruminait ses pensées, quand il sentit une patte se poser sur son épaule. (contact = 95) Il sursauta violemment, comme piqué par la patte d'Eris, qui était à présent toute proche de lui. Son coeur battait fort dans sa poitrine. Elle n'était habituellement pas très tactile, alors pourquoi ?


Aymeric dégluti. Il n'avait jamais envisagé de mourir à cause d'Ignis, ça c'était sûr et certaine. Longtemps, il avait rêvé de la remettre à sa place, cela s'était érigé comme objectif de son enfance. Rendre fier ses parents, aussi, et impressionner Eris. Maintenant il ne savait plus trop. Il était presque adulte, même si il se sentait toujours aussi perdu. Alors oui, ça avait explosé. (acceptation = 72) Cependant, il était toujours coupable de n'avoir pas su gérer ça de manière non violente.

La patte d'Eris retomba au sol, mais Aymeric gardait une mine déconfite. Il avait honte. Même si cela lui tordait le ventre, il faudrait probablement qu'il aille s'excuser auprès d'Ignis. Lui qui se targuait d'être le fils de deux betas, d'être un membre important de la meute, il fallait qu'il use de diplomatie, comme ses parents et tantine lui avait appris. Il ne pouvait pas risquer qu'un combat comme ça se reproduise, au risque de se faire un ennemi très puissant.

Il regarda Eris, qui s'approcha encore, avant de venir se blottir contre ses pattes. Il se figea. L'odeur de la louve l'envahit tout entier, et il sentit son ventre se tordre un peu, comme s'il avait faim. Il baissa la tête. Elle jouait avec lui ou quoi ? Pourtant, rien dans son expression ne semblait l'indiquer. Elle murmura :


(contrôle = 66) Aymeric déglutit de nouveau, la gorge sèche. La situation était plutôt complexe, et elle venait de lui avouer pour la première fois qu'elle tenait à lui. Pourtant, la proximité de la démonia faisait battre son cœur si fort qu'il avait du mal à réfléchir. Il pencha la tête, donnant un coup de museau dans l'encolure d'Eris, se gorgeant de son odeur. Il voulait lui répondre, lui dire qu'il ne mourrait pas pour si peu, que lui non plus ne voulait pas la perdre, que c'était une de ses meilleure amies même si ils se disputaient souvent. Il voulait lui dire qu'il avait prit sa décision, et qu'il agirait en adulte. Il voulait lui dire tout ça, pourtant il n'arrivait pas à réfléchir alors qu'il était si proche d'elle, et alors que son odeur était si attirante. Il n'avait pas envie qu'elle se sépare de lui, il voulait la câliner, la garder près de lui. Pourtant, il sentait confusément que la situation était dangereuse, et il ne voulait pas gâcher le moment en faisant n'importe quoi. Il lui lécha le museau, comme il le faisait avec ses sœurs, et la dévora des yeux en balbutiant une réponse, la voix à peine audible :

Je ... euh ....

-Aymeric-

Eris resta un moment contre ses pattes, levant la tête pour profiter du contact. Aymeric ne disait rien, trop effrayé à l'idée de rompre ce moment si particulier. Il ne se dégagea pas, inspirant son odeur, pour une fois qu'il était si proche, si proche ... (maîtrise = 1) Cependant, il savait qu'il ne fallait pas pousser sa chance. Il sentait ses entrailles bondir et gigoter sans trop comprendre pourquoi, mais il finit par se dégager avec délicatesse, rompant le contact avec l'encolure d'Eris. Il se sentait bien.

Il releva la tête, prenant une inspiration, avant de regarder la démonia en souriant d'un air apaisé. Elle ne savait pas à quel point cela lui faisait du bien de comprendre qu'elle ne lui en voulait pas, et que malgrès les apparences, elle ne voulait pas trop de mal à sa sœur. Aymeric finit par répondre d'une voix plus sûre d'elle à présent :

"J'irai la voir. Il faut que je m'excuse, c'est moi qui l'ai provoquée."

Il soupira légèrement. Il n'avait pas envie de revoir la dragonne, mais il fallait qu'il agisse en adulte. Les adultes ne passaient pas leur temps à se battre pour résoudre leurs problèmes, surtout lui qui détestait perdre. (assurance = 13) Il regarda de nouveau Eris, lui souriant avec reconnaissance. Il devait aussi la remercier, elle avait mis de l'ordre dans ses idées, et même si il n'avait pas envie de partir maintenant, il savait quoi faire.

"Merci"

-Aymeric-

La louve se dégagea avec précipitation, et Aymeric la laissa partir. Le contact avait été agréable, mais ça aurait été un peu bizarre de le prolonger, surtout avec ces satanées chaleurs qui lui retournaient l'estomac. Il sentit sa chaleur et son odeur s'éloigner avec regret, mais il se sentait enfin apaisé, sur de lui.

Cependant, alors qu'il était enfin complètement détendu, le visage d'Eris se ferma petit à petit. Elle ne le quittait pas du regard, mais semblait toute remuée. (détection = 34) Aymeric la vit baisser la tête, les pattes légèrement tremblante. Son sourire s'effaça. Il avait dit une bêtise ? Il avait fait quelque chose de mal ? Il pencha légèrement la tête, comme lorsqu'il était encore un louveteau. (ouïe = 54) Sa tête sembla retomber encore plus bas, et Eris murmura quelque chose, qu'Aymeric fut incapable d'entendre. Il n'eut pas le temps de lui demander de répéter, que la louve était déjà partie, en reniflant. Elle pleurait ?

Aymeric resta là, seul, sans vraiment comprendre ce qui venait de se passer. Pourtant, elle avait l'air contente de lui avoir parlé ? (maîtrise = 11) Le jeune chasseur secoua la tête. Décidément, les filles, c'était beaucoup trop compliqué pour lui. Il irait probablement la revoir une fois qu'elle irait un peu mieux, car quelque chose lui disait qu'Eris n'aimait pas qu'on la voit pleurer. Aymeric se sentait décidément encore et toujours confus.