Avril 269

Aujourd'hui, Widys consacrait sa journée à Urielle. Sa petite muette avait intégré l'apprentissage de nourrice. De ce fait, Widys en bonne mère et guérisseuse, poursuivait son propre apprentissage sur les connaissances des plantes ou substances en tout genre dont elle pourrait avoir besoin dans son métier. Cela servait aussi à la mettre en garde contre certaines choses qui ne sont pas bonnes pour un jeune louveteau et comment réagir. Seuls Urielle et Balder bénéficiaient de ces notions approfondies, car il s'agissait maintenant de chose plus "technique", que le commun des loups n'avaient spécifiquement pas besoin de savoir. Elle n'allait pas abreuver Laïda et Gladys de savoir spécifique à la médecine alors qu'ils n'en font pas. Sauf bien sûr, s'ils lui demandent.

Urielle n'avait toujours pas prononcé le moindre mot. Elle pouvait émettre les bruits distinctifs de leur espèce à savoir : gémir, couiner, hurler, grogner, aboyer, mais elle était dépourvue des autres fonctions liées au dialogue. Cela n'était pas très gênant pour comprendre ses sentiments ou ce qu'elle souhaitait faire ou montrer, car après tout, le langage canin est aussi corporel et olfactif. Ça l'était plus pour savoir précisément ce qu'elle souhaitait dire ou faire, car là, elle ne pouvait délivrer la réponse avec des mots. Il fallait parfois jouer aux devinettes. Néanmoins, Widys n'était pas inquiète par cette fonction absente chez sa fille. Certes, elle l'était au début, comme le serrait toute bonne maman, mais Urielle avait montré à son entourage qu'elle s'en sortait très bien. Par contre, les nourrices se questionnaient parfois de comment allait faire la jeune louve pour réprimander, gronder, émettre des règles et interdiction. Elle pourrait toujours agir corporellement, dans son attitude et émettre des sons. Widys était sûr que ça suffirait. Après tout, les postures envoient autant de signaux que les mots.

Widys avait accompagné sa fille jusqu'à sa tutrice d'apprentissage. C'était inhabituel, mais étant donné qu'Urielle devait travailler aujourd'hui, la mère devait d'abord demander à la professeure si elle était d'accord pour que finalement, son élève passe la journée avec sa mère. La nourrice avait mis un petit temps à répondre, mais devant les yeux pétillants de son élève, elle avait accepté. Elle avait aussi probablement dit oui parce qu'il s'agissait d'une journée de formation à l'étude des plantes. Si cela avait été une journée mère-fille sans rien de particulier servant l'avenir de la louvarde, peut-être n'aurait-elle pas accepté. Quoiqu'il en soit, les deux femelles purent partir en direction de la vallée et c'était le principal.

Toute guillerette, Urielle bondissait autour de sa mère tandis qu'elles marchaient au sein des plantes mouvantes. Un petit rire prit Widys, amusée de voir sa fille dans cet état. Ce n'était pas rare de la voir excitée comme ça quand une balade est prévue, mais c'était toujours marrant et joyeux de la voir réagir ainsi. Widys faisait tout de même attention à sa fille lorsqu'elle filait quelque part pendant plusieurs secondes. Il n'est pas rare de la trouver à contempler quelque chose, ayant oublié ce pourquoi elle était là. Urielle lui ressemblait pour ça. La jeune Widys faisait de même à son âge. Combien de fois Gaor l'avait retrouvé dans la même situation ? Bien trop pour être comptées. D'ailleurs, cela faisait une minute ou plus qu'Urielle avait disparu de ses pattes.

La jolie caverne s'arrêta et se retourna, trouvant sa fille à quelque mètres d'elle en train d'observer un cortège de fourmis. Elle n'eut pas besoin d'aller retrouver sa fille ou l'appeler, car celle-ci eut un déclic et revint à elle, le visage lumineux comme toujours. Widys lui sourit et lui donna une lèche sur le front avant de repartir. Lorsqu'elles furent proche de la vallée, Widys donna une consigne et mise en garde à Urielle :

Il va falloir que nous fassions attention. L'automne est la saison de lutte des cerfs et cerfs géants. Les cerfs classiques fuiront certainement en nous voyant ou sentant, mais les géants, eux, iront au devant du danger que nous représentons en tant que prédateur.

C'est au moment où elle dit cela qu'un puissant brame se fit entendre. Vu la tonalité et la force du hurlement, il s'agissait certainement d'un cerf géant justement. Elle continua d'analyser le brame, jugeant de la distance approximative. Aucun danger, il était loin. Comme souvent lorsque l'un d'eux se met à bramer, d'autres lui répondent. Nul ne sait exactement ce qui se dit, mais probablement qu'ils se menacent à distance et s'insultent... En tout cas, maintenant, le concert des cerfs a commencé et il allait durer un bon moment.

Widys longea les plantes mouvantes quelque temps, emmenant sa fille vers le sud puis l'ouest afin de se rapprocher de la mer Talaïala et même la rejoindre.

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Urielle restait près d'elle, s'efforçant de ne pas se faire distraire. Sa concentration était maximale. Widys le voyait bien. Elle sourit amusée et contente. Néanmoins, elle se doutait que ça ne durerait pas longtemps. Viendra un moment où sa fille arrêtera de se concentrer, parce que ce sera trop dur. Voyant que sa fille la suivait bien, Widys se mit à trottiner puis à galoper joyeusement, incitant Urielle à faire de même. Ça l'aidera à se dépenser et à rester concentrer sur la destination.

Plusieurs minutes s'écoulèrent. Elles arrivèrent enfin à leur destination, à la frontière entre la vallée, la plage et la mer Naïgma. Dans un enfoncement, se trouvait une grotte et tel était le véritable but. Après une petite pause de 5-10 minutes, laissant sa fille jouer une dernière fois, elle l'emmena dans cette grotte à l'odeur marine. Widys était à la recherche d'une fleur spéciale qu'elle avait déjà vu ici : la belle de cristal. Elle aurait pu se contenter d'aller dans les souterrains, mais faire un cours là-dedans n'était pas forcément idéal, même avec la présence des torches à détecteur de mouvement, s'enflammant instantanément. C'est plus conviviale, respirable et espacé dans une grotte. De plus, ça leur faisait un petit voyage et ça permettait donc à Urielle de s'échapper ailleurs.

[12/100 pour la trouvaille] Widys trouva facilement l'une de ces fleurs et s'en approcha en trottinant tout en souriant.

[Lancer du dé, je prends l'option voix grave]

Urielle par ici !

Widys afficha de grands yeux, étonnée par sa voix. Ce n'était clairement pas son ton habituel ! Elle venait de parler avec une voix plus grave qu'à l'accoutumée. Pas comme lorsque l'on est enrhumé, parce qu'on a la voix enrouée, non. Sa voix s'était rapprochée de celle d'un mâle ! L'écho de la grotte avait d'ailleurs accentué ceci, ce qui la rendait d'autant plus perplexe à entendre.

Qu'est-ce que ?!

Elle sursauta, entendant une fois de plus de cette étrange sonorité qui résonna un instant contre les parois. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Elles ne sont pourtant pas dans la caverne crystalline ! Elle aurait pu se douter que ce fut parce qu'elle avait malencontreusement marché sur une pierre accrochée, que ce changement de voix se serait opéré. Mais ici, ce n'est pas comme ça. Ce n'est pas un endroit spécial, emprunt de magie ou d'un sortilège appliqué.

Elle leva les yeux vers Urielle, perplexe. Se demandant si ceci allait durer longtemps. Est-ce qu'un changement mystérieux c'était aussi opéré chez sa fille ?

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Urielle fut tout aussi interpellée que Widys vis-à-vis de sa voix, même bien pire, car la petite arriva toute penaud. C'était compréhensible vu la grosse voix soudaine de Widys et surtout venant de la part de Widys. Seulement, bien que le ton s'y prêtait, Urielle n'avait rien fait de mal et se faire appeler ainsi devait lui faire peur. Pour preuve, ses oreilles, sa tête et sa queue étaient baissées. Malheureusement, le phénomène dont Widys était victime ne semblait pas vouloir partir et cela n'allait pas arranger la situation.

Widys n'eut pas à préciser quoique ce soit à sa fille. Celle-ci comprit toute seule qu'il y avait un problème lorsque sa mère s'interrogea à voix haute et glissa un regard perturbée sur elle. La fille se mit alors en position de jeu et jappa à sa manière. Elle fit ceci plusieurs, finissant par rouler sur le dos et fit ce qui s'apparentait à un éclatement de rire. Elle imita sa mère également, accentuant des jappements dans le ton grave, mais en tirant une mine colérique. (5/100) Widys resta interdite pendant quelques instants avant de se mettre à rire elle aussi face à l’attitude de sa fille. Un rire grave, semblable à ce que pourrait produire un mâle. Cela dura un petit moment.

(31/100) Widys arrêtera de rire et se tourna vers la belle de cristal. Elles sont ici pour étudier cette fleur à la graine semblable à un rubis. Malgré sa déformation vocale, la médecin n'allait pas avorter le but de leur venue jusqu'ici. Toutes deux vont devoir faire avec. Widys s'assit face à cette fleur, assez proche pour pointer ce qui y aurait à monter et assez éloignée pour ne pas risquer de toucher la plante et activer son mécanisme de défense odorant et piquant.

C'est une belle de cristal. Elle ne pousse que dans les passages souterrains et les grottes : les endroits comme ça. Naturellement, on se méfie d'elle avec son aspect et pour le coup, il le faut. Ses mécanismes de défenses sont désagréables et l'un d'eux fait mal. De sa griffe, elle pointa l'une des poches rouges de la tige : Si elle se sent agressée, elle libère de l’ammoniac. Ensuite, elle pointa l'une des aiguilles : Si tu touches les aiguilles, elles se plantent facilement sur toi et libèrent une substance anesthésiante. Autant dire que si tu les touches trop, tu te fais à la fois piquer et gazer !

Widys la laissa observer avant de poursuivre sur ses explications.

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Sa fille l'écouta attentivement, observant la fleur et les endroits particuliers de celle-ci que lui indiquait sa mère. Urielle sembla avoir une question en tête et elle se tourna vers sa mère. Seulement, en effectuant ce mouvement, sa queue alla toucher la plante, à l'endroit où des épines figuraient. À ce contact, pourtant faible, sa fille sursauta et recula, quelques épines plantées dans la queue. Immédiatement, Widys se leva et entreprit de baisser le museau pour retirer les épines. Seulement, la plante libéra son gaz à la truffe de sa fille. (7/100) Heureusement pour la mère, elle avait suffisamment fait attention pour éviter le souffle de la plante tout en relevant immédiatement la tête et en se reculant par la même occasion. Urielle, qui avait aussi reculé, se trouvait à présent sur les fesses et la regardait, n'ayant pas compris ce qu'il venait de se passer.
Le gaz de la plante commençait à s'imprégner dans l'air. (62/100) C'était désagréable, mais tout de même supportable pour Widys.
Un éternuement attira l'attention de la médecin. Une nuée dorée voletait devant Urielle. Intriguée, elle s'approcha un peu. Après quelques secondes de flottement, une frénésie d'éternuements prit sa fille qui en éjecta à chaque fois une poussière dorée. (100/100 : Panique totale) Le changement de sa voix et les éternuements dorés d'Urielle firent monter en flèche la panique chez Widys. Elle se dit même que la sensibilité de la plante était bien trop anormale. L'atmosphère de l'endroit lui semblait elle aussi bizarre, ou peut-être était-ce tout simplement elle qui extrapolait. Il se passe quelque chose dans cette grotte, il faut en sortir et vite ! Quelqu'un ou quelque chose leur joue des tours. Peut-être que la grotte elle-même est imprégnée de magie, pour une raison quelconque ! Pourtant, elle est déjà venue ici et rien d'anormal ne s'était produit, mais là, c'était bien trop bizarre. Elle attrapa sa fille par la peau du cou, peut-être trop brutalement à cause de la peur, et elle cavala vers la sortie, traînant à moitié sa fille. Elle levait la tête autant qu'elle le pouvait pour ne pas qu'Urielle soit totalement au sol. Si sa fille se mettait à couiner de protestation ou autre, alors elle était bien trop concentrée sur sa fuite pour les entendre. Sortant à toute vitesse, l'adrénaline lui faisant oublier le poids d'Urielle, elle cavala sur plusieurs mètres encore en direction du sable et de la mer Naïgma. Elle finit par s'arrêter et lâcha sa fille, pour haleter à grand souffle.

Lorsqu'elle reprit enfin sa respiration, elle alla au bord de l'eau et but une gorgée d'eau salée. Elle n'en but pas plus, puisque ce n'était pas très bon.
À défaut de lui donner un cours sur la belle de cristal, Widys allait lui parler de quelques coquillages. En l'annonçant, la voix de la jolie médecin était redevenue normale. Elle s'arrêta un instant en constatant cela. Troublée, cela la conforta dans son idée que la grotte avait quelque chose de magique.