-Fuurin-

Le camp était enfin en vue, et Fuurin voyait la fin de son calvaire. Le soleil commençait à décliner malgré l'heure, l'hiver ayant envahi totalement la vie de tous les loups du clan. La messagère était parti tôt, avant même que le soleil ne soit couché, afin de s'entraîner à la course comme chaque jour ou presque. Elle avait erré dans la vallée des arcs en ciels jusqu'à n'en plus sentir ses pattes, et avait décidé de rentrer avant la nuit. Cependant, la fatigue n'aidant pas, elle avait glissé sur une plaque de verglas et avait dévalé une pente rocheuse, tentant de se rattraper comme elle pouvait. Elle avait atterri dans la neige, ce qui amorti sa chute, mais se retrouva avec les coussinets des pattes de devant salement écorchés et sanguinolents.

Dès lors, le retour au camp fut un véritable calvaire, chaque pas lui arrachant un grognement de douleur. Heureusement, le froid du sol amoindri vite ses peines, et elle pu se rendre jusqu'à la tanière des médecins pour se faire soigner. Elle entra, des souvenirs pleins la tête, en poussant les peaux qui empêchaient le froid de rentrer. Elle se souvenait de ses différents passages, notamment de sa maladie causée par Peste. Ce lieu n'avait jamais été très accueillant pour elle.

Elle regarda autour d'elle. Au fond de la tanière, un médecin s'affairait auprès d'un guerrier blessé. A sa droite, une louve blanche avec un foulard semblait s'affairer. Elle s'approcha en grimaçant, sentant la douleur s'accentuer sous la chaleur du lieu :

"Excusez moi ... Vous pourriez m'aider s'il vous plait ?"

Elle sourit timidement, en montrant le dessous de sa patte. Le sang avait séché avec la terre et la neige prit dessus, et elle pouvait voir un fragment de feuille morte coincé dans ses poils qui ferait probablement un mal de chien à enlever. Si un médecin avait été avec elle, il lui aurait surement dit de se nettoyer et panser avant de continuer mais .... Elle regarda la louve d'un air désolé, presque pour s'excuser de s'être blessé.

Hywel. C'était autrefois le nom d'une noble de l'air. Autrefois le nom d'une espionne compétente mais aujourd'hui, elle n'était plus rien de tout ça. Elle était devenu un être soumit, un être pitoyable.
A une époque, certains lui disaient qu'il était normal de prendre du temps. Qu'on ne pouvait pas oublier ainsi des blessures de guerre. Pour autant, ces mêmes personne étaient également ceux qui ne se rendaient pas compte que son était empirait plus qu'il ne se soignait.

Gaor était finalement partit de la source. Tanyxoth nageait dans le bonheur béat de son couple avec Léone. Et même si Hywel aurait souhaité pouvoir leur en vouloir. Elle en était tout simplement incapable.

Peut être était ce car Svalrog l'avait forgé ainsi ?

Mais plus le temps passait, plus vivre dans des pattes si ridicule étaient une honte, lorsqu'elle se baladait dans le camps, elle faisait tout pour croiser le moins de personnes possibles. Il en allait de même lorsqu'elle arrivait dans la tanière des médecins. Elle était toujours dans son coin comme si personne ne semblait voir qu'elle venait ou repartait. En réalité Hywel devait certainement ça à son expérience d'espionne, à son pas feutré et discret. Mais sa confiance en elle était devenu tellement minable qu'elle finissait par croire que tout lui était personnel.
Elle voyait des regard noir qui n'existaient pas. Elle se méfiait de tout et ne dormait que peu la nuit.
Soupirant alors qu'elle regarda la mixture qu'elle venait de broyer, son regard sembla un peu se perdre entre les nuances verdâtres des plantes mixés.

"Excusez moi ... Vous pourriez m'aider s'il vous plait ?"

Certains de ses poils se dressant dans un instinct craintif alors qu'elle entendit un voix proche d'elle. La louve reprit de ses esprits.

H-hein ? heu..

Elle se retourna, voyant alors la silhouette d'une messagère du clan, Fuurin. Une louve qui venait autrefois du clan de l'eau, comme elle.
Derrière son sourire timide, voir un peu désolé, elle pu percevoir un peu de douleur. Son oreille tiquant alors qu'elle lui montra sa patte ensanglanté. Elle ouvrit alors un peu plus les yeux.

Vous avez fait tout ce chemin avec les pattes dans cet état...ça..ça a du vous faire souffrir. Je hm.. Hywel regarda les alentour de la tanière, ajoutant de sa voix un peu abîmé alors qu'elle n'avait plus vraiment pris l'habitude de parler:
Attendez moi ici, je reviens

Partant alors quelques minutes fouiner dans le fond de la tanière, elle en revint en tenant entre les crocs un onguent entouré de feuilles. Revenant par la suite avec une petite gamelle d'eau, mettant peu à peu en place une petite pharmacie

-Fuurin-

Fuurin vit la fourrure de la louve blanche se dresser sur son échine alors qu'elle sursuatait après son interpellation. Elle baissa les oreilles : elle lui avait fait peur. La médecin se retourna, hésitant, en balbutiant, et Fuurin maintint son sourire gêné. Elle espérait ne pas trop déranger, dans le pire des cas elle pourrait aller mettre de la neige sur ses coussinets pour nettoyer et atténuer la douleur, mais un passage chez le médecin était tout de même mieux.

La louve se retourna, et Fuurin reconnu Hywel, une louve qui avait combattu lorsque Guerre avait attaqué le camp Eaux. C'était là de bien mauvais souvenirs, mais Fuurin avait pu remarquer la louve blanche et son étrange pouvoir. Cette dernière semblait tout de même déboussolée, et lui dit d'une voix rauque :

Fuurin resta statique, sentant ses blessures la bruler un peu plus maintenant que la chaleur envahissait peu à peu ses pattes. Heureusement, la médecin fit vite, et revint avec quelques pots, probablement remplis de plantes ou d'onguent. Fuurin en profita pour faire la conversation, essayant de capter le regard fuyant de la louve blanche :

J'ai glissé et je me suis éraflée, mais rien de grave, enfin je crois ... Toi c'est Hywel c'est ça ?

Elle lui sourit timidement, osant la regarder dans les yeux. Quelque chose dans son attitude lui disait que peut-être pour une fois Fuurin ne serait pas la plus timide des deux, et ça lui donnait du courage.

Semblant alors toute concentré à ses mélanges de plantes. D'un calme si olympien que beaucoup auraient pu le qualifier de malfaisant. Hywel possédait toujours sa posture un peu rachitique, le poil devenu un peu drus de ses heures de travail.
Le travail était la seule excuse valable qui pouvait passer aux oreilles de tous pour avoir à lui éviter de passer la nuit "chez elle" en cette période de chaleurs.
Chaque minutes, aussi épuisante soit elle, était valable tant qu'elles étaient loin de Svalrog.

D'une infini délicatesse, elle commença alors à nettoyer les plaies de la messagère grise. Derrière elles, des petites souries squelettiques s'empressèrent de s'approcher, retirant une à une échardes, cailloux et feuilles qui avait eut le malheur de s'y planter.

J'ai glissé et je me suis éraflée, mais rien de grave, enfin je crois ... Toi c'est Hywel c'est ça ?

Clignant des eux, comme si elle fut étonné que l'on connaisse son nom. Hywel perdu de sa concentration, relevant le museau alors que la petite armée macabre ne redevint que squelettes.
Dans ses pupilles claires, de l’incompréhension pouvait se lire. Bien étonné que quelqu'un ai retenu son prénom sans jamais lui avoir parlé.

Je..heu... elle baissa le museau Oui c'est celà, j'étais espionne autrefois au clan de l'eau mais je suis pas spécialement quelqu'un de mémorable.. enfin..

Fuyant un peu le regard, elle essaya de reprendre le contrôle de sa petite armée, la fourrure ayant un peu gonflé de timidité, elle repris, d'une voix pas spécialement à l'aise.

Et ..Et puis on à toujours plus besoin de médecins que d'espions en ces temps ci..

La louve en face d'elle se voulait rassurante et bien que cela toucha d'une certaine manière le petit coeur de l'espionne. Elle avait pris si peu l'habitude de parler aux autres ces derniers moi, que la moindre interaction en devenait un peu gênante

-Fuurin-

La médecin sembla perplexe face à ce qu'avait dit Fuurin. Peut-être s'était- elle trompée de prénom ? Fuurin connaissait pourtant bien tous les membres de son clan, surtout ceux qu'elle avait déjà rencontré. La louve blanche l'éclaira :

Elle baissa la tête, et Fuurin aperçut tout autour d'elle des petit squelettes, posés au sol. C'était bien Hywel, celle qui maîtrisait les squelettes, et qui avait sauvé Gaor ou Keiss d'une chute libre de plusieurs mètres. Elle se souvenait précisément de ces petits corps, qui ne l'avait même pas étonnée dans le feu de l'action. A présent qu'elle en était de nouveau spectatrice, Fuurin était légèrement captivée, malgré un certain malaise. Pouvait-elle aller faire la même chose avec les os de loups ?


La messagère sourit, reportant son attention sur Hywel. C'est vrai qu'elle était espionne, elle avait toujours été discrète à ce sujet, mais recevait une éducation militaire. D'ailleurs, c'était probablement Svalrog son compagnon qui l'entrainait. Fuurin grimaça alors qu'Hywel toucha les blessures sa patte, mais continua de faire la conversation :

Tu continues quand même de t'entraîner ?

Malgré le malaise de la conversation. le regard de Fuurin sembla se perdre sur les petits squelettes. Certainement que cette vision était pas agréable. En ouvrant légèrement la bouche, Hywel commanda mentalement à ces petits êtres de retourner se cacher dans le fond de la tanière.

La presence de Fuurin n'était pas désagréable et elle ne voulait pas encore une fois passer pour la vilaine petite louve qui se jouait de la mort.. Et n'était pas comme ça.. Elle n'avait pas grand chose à voir avec Pandore malgré les apparences..
Elle fut toutefois assez contente que sa patiente ne soit pas bavarde sur le sujet:

Tu continues quand même de t'entraîner ?

Ses oreilles se relevèrent un instant, comme prit d'un éclat, avant de se rabaisser doucement.

Non..je

Elle chercha ses mots, semblant un peu perdu dans ses pensées alors qu'elle lui appliqua une pommade cicatrisante avec une infini délicatesse.
Loin de yeux, les squelettes étaient déjà en train de tisser des bandages robustes à partir de bout longues feuille et de soie d'araignée.

Je suis pas très forte pour l'espionnage et pour le clan. Je suis plus utile ici...Enfin.. Pas autant que Widys hein mais...mais j'ai des connaissance en botanique et en plantes

Loin de là était l'idée de se comparer à une médecin aussi prestigieuse et charismatique que l'est la caverne. être l'ombre des autres ne l'avait jamais vraiment dérangé, elle était bien celle de Gaor à l’époque de l'eau. Tout comme la plupart des espions l'étaient.

-Fuurin-

A la question de la grise, Hywel dressa furtivement les oreilles. La louve blanche était en état d'alerte depuis le début, et Fuurin avait du mal à comprendre pourquoi. Elle répondit de sa voix faible, comme depuis le début de la conversation :


Son regard était fuyant, et elle semblait chercher ses mots. Fuurin s'interrogeait un peu à vrai dire, elle était une espionne, mais semblait si peu sûre d'elle-même ? Après tout, les deux louves ne se connaissaient pas, et Fuurin avait été aussi timide il y a quelques années. Ses rencontres l'avaient peu à peu ouvertes, et donné de la confiance en elle, mais elle pouvait comprendre. Elle attendit la réponse pendant qu'Hywel appliquait une pommade sur ses coussinets.


Fuurin sentit une sensation fraiche parcourir ses coussinet, et elle se relâcha. La douleur reflua, la faisant sourire de soulagement. La louve avait des pattes expertes, précises et douces à la fois, de vraies pattes de médecin. La grise répondit d'une voix un peu absente, en souriant toujours :

Tu es douée avec tes pattes, en tout cas.

Toujours assez attentive à ce qu'elle faisait. Hywel fut un peu soulager de sentir les muscles de son interlocutrice se détendre. Elle lui appliqua en définitive pas mal de pommade, mais elle préférait être sur qu'elle ne souffrirait pas en appuyant ses coussinets au sol.

Elle referait les stock de plantes le lendemain enfin...Si Svalrog le lui permettait ou qu'elle arrivait encore une fois à glisser loin de ses griffes putrides.

Tu es douée avec tes pattes, en tout cas.

Lorsqu'elle entendit la voix de la messagère, elle ne pu s’empêcher de beuger quelques secondes. Rougissant un peu, le regard fuyant alors qu'elle reprit rapidement de ses esprit

Je ..heu ..merci

cela faisait si longtemps qu'elle n'avait plus entendu de compliment. Son cœur s’affolât pour rien. Elle était décidément devenu une sacré petite chose un peu trop émotive pour un rien.

Elle se leva alors doucement, reprenant le pas sur son esprit afin de récupérer les bandages que ses petits amis avaient finit de tisser.
Elle les attrapa de ses crocs, avant de délicatement les entourer autour des pattes de Fuurin, les fixant malgré tout assez solidement si jamais elle avait envie de courir.

Voilà, avec ça, ça devrait aller mieux. Tu...Tu peux tenter de te relever et me dire si ça fait encore mal ?

-Fuurin-

A son compliment, la louve blanche s'arrêta, visiblement gênée. Fuurin pouffa doucement : personne ne lui avait jamais dit ? Et encore, la messagère ne s'était pas attardée sur les petites bestioles qui l'aidaient, la rendant bien plus efficace qu'un loup seul. Évidemment, ces petits squelettes ne la mettait pas très à l'aise, mais elle les avait déjà vu à l’œuvre quelques fois, notamment lors de l'attaque de Médée. Même si ils faisaient peur, Hywel les controlaient.

Fuurin lui sourit, attendant patiemment qu'elle termine son travail. Ses pattes ne la brûlait plus grâce à la pommade fraiche. Hywel se leva, alla chercher des bandages, et se mit à protéger les pattes de la messagère. Fuurin resta silencieuse, essayant de ne pas encore gêner la louve blanche.


Fuurin se redressa, posant ses pattes au sol. Elle sentait la pression du sol sur ses coussinets encore être douloureuse, mais la pommade rendait la peau fraiche et élastique, et l'apaisait. Elle sourit à Hywel :

C'est parfait ! Merci beaucoup.

Elle lui fit un petit signe de tête avant de se relever, secouant légèrement ses pattes arrières un peu engourdies. Puis, elle salua Hywel d'un petit: Au revoir ! avant de marcher jusqu'à l'entrée de la tanière. Elle allait se reposer aujourd'hui, laisser ses coussinets guérir. C'était son outil de travail après tout ... Elle sorti, laissant la petite louve blanche derrière elle, se demandant si les deux se reverrait un jour.