Juin 269

L'extinction de voix de Gaor s'était amplifiée petit à petit depuis son incident. Widys n'avait pas pensé que cela aurait évolué comme ça. Pour elle, la voix de son Amour serait toujours diminuée comme les jours suivant son échappée de La Mort, mais pas qu'elle baisserait encore en volume. Pourtant, ce fut le cas. Elle n'avait pas fais attention au départ, car cela s’aggravait doucement et à des moments aléatoire de la vie. Maintenant, elle songeait qu'un jour, il deviendrait tout aussi muet qu'Urielle, même plus, car il serait peut-être incapable de juste couiner. Widys devait tendre trois fois plus l'oreille pour entendre les paroles, ou plutôt les souffles, de Gaor. Heureusement, le trois-pattes n'avait plus que ce souci, ses douleurs chroniques étant à un niveau normal et vivable pour lui depuis plusieurs mois maintenant. Néanmoins, avec l'hiver qui vient, Widys devra être plus alerte aux douleurs de son mâle, car il est bien connu que l'humidité, encore plus quand elles est liée au froid, accentue les douleurs.

Widys fut rejointe par Gaor. Lorsqu'elle n'était pas loin du campement, elle se retrouvait souvent avec lui à ses côtés. Il lui arrivait aussi de venir à ses cueillettes au-delà des plantes mouvantes. Bien qu'ils ont tous les deux changés par les aléas et l'évolution de la vie, dans ces moments-là, la jolie caverne se sentait comme lorsqu'ils avaient entre un et trois ans.
La truffe de Gaor était collé à sa nuque et le souffle qui s'en dégageait la faisait parfois frisonner. Elle gloussa et glissa sous le museau de Gaor pour s'y frotter, puis elle lui lécha l'oreille.

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Gaor se recula un peu, arrêtant leur étreinte. Il l'observa longuement, sous toutes les coutures. Devant l'air de son Amour, Widys fut interloquée. Il n'était pas rare que Gaor la reluque, mais cette fois, c'était différent, comme si quelque chose le préoccupait.

Widys... Je dois partir...

Partir ? Oui il pouvait partir, elle ne voyait pas bien le problème. C'était par contre bizarre qu'il le dise en employant une obligation. Zéphilian lui a peut-être demandé une faveur... (6/100) Non, ce n'était pas ça. Il s'agissait de quelque chose d'autre. Elle leva le museau, suivant le regard de Gaor. La vue était bloquée par la voute naturelle de la jungle, mais c'était un regard vers le ciel. Il devait partir pour une raison personnelle. Elle ne savait pas vraiment pourquoi. Un pèlerinage par rapport aux dieux comme lorsqu'il était parti la première fois ? Ou alors par rapport à sa famille, comme un recueillement des morts qu'il y eut : Mya, Amélia, Edwin, Mijaw, Héraku, Saladem dont on ne savait ce qu'il était advenue et peut-être pour Sygrid et Yogrenn aussi...

Je rentre vite...

Wydis laissa un silence planer. Rentrer vite, c'était un euphémisme. Avec sa vitesse de déplacement, il sera absent pour minimum 1 mois. Elle tourna de nouveau la tête vers lui et répondit :

D'accord, mais pour combien de temps ? Et pourquoi ? L'hiver arrive. Tu risques d'être bloqué quelque part si la neige se décide à tomber et qu'il y a une tempête...

Si c'était pour sa famille, il "rentrerait vite" effectivement. Si c'était pour les dieux, il lui faudra probablement toute la saison pour finir et réussir à rentrer. Après tout, avec 10 dieux à aller voir, s'il décide de tous les faire, il n'était pas prêt de terminer.

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La Nature semblait appuyer les propos de la médecin, car un vent froid passager passa sur eux. Widys en frissonna sur le coup. Pour la rassurer, il lui donna un petit coup de museau à l'épaule et lui sourit. Un sourire tordu comme à chaque fois, depuis cette blessure au visage. Il lui dit simplement, en un mot, qu'il sera prudent. Elle n'en doutait pas. Il avait vécu bien des choses, plus qu'elle. Il avait connu plus de danger qu'elle. Il sait comment se débrouiller, même avec une patte et un œil en moins. Seule la chasse serait un problème et elle se demandait bien comment il fera, mais elle ne dit rien à ce sujet, car le connaissant, il trouvera une solution sur l'instant.

Tu y vas pour les dieux ou ta famille ? Réitéra-t-elle.

L'un ou l'autre, ça ne changerait rien. Gaor pouvait partir. Ils l'attendront. C'était simplement pour savoir et surtout pour évaluer approximativement la durée de son absence. La première absence lui prendra plus de temps que la seconde.

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Dieux.

Ça prendra beaucoup de temps. Pour l'instant, l'hiver s'annonçait clément et il n'y avait pas de neige sur les sommets des montagnes. Mais peut-être que ça allait changer en plein milieu, quand il sera vers et chez le Désert. Peut-être qu'il ne sera de retour qu'à la fin de l'hiver. C'est-à-dire six mois d'absence durant lesquels il sera en pèlerinage. Peut-être que ça lui prendra moins de temps. À voir suivant les divers facteurs qui peuvent rentrer en jeu. Elle préférait penser jusqu'au pire des cas. Quoiqu'il en soit, quand il louera les dieux de la Source, elle et leurs enfants pourront le croiser et le voir sur les territoires.

Je suppose que tu as déjà tout préparé pour ton départ ?

Il acquiesça d'un hochement de tête. Ils restèrent ensemble quelques instants de plus puis, il la quitta après lui avoir signifié qu'il devait partir pour ne pas perdre de temps sur son planning. Alors, elle le regarda repartir, passant probablement chez eux pour prendre son package avant de quitter le campement pour de bon. Lorsqu'elle ne le vit plus, elle retourna à son occupation pour essayer de ne pas penser à ce départ indéterminé, mais provisoire qui la peinait tout de même.