L'automne avait depuis quelques temps définitivement pris le pas sur l'été. Si les températures chutaient depuis plus longtemps et que les jours avaient déjà commencé à rétrécir, maintenant c'était sûr et acté. Les arbres s'étaient teintés de feu, du pourpre au doré, passant par l'ocre et le cuivre. Certains étaient même déjà nus et frissonnaient sous le vent.

Imryu, elle, se dorait la pilule.


Le soleil se faisait de plus en plus rare et elle avait passé l'été à se préparer pour l'hiver. Elle n'avait pas d'expérience en tant que solitaire, elle devait prendre les devant si elle voulait être sûre de passer un bon hiver avec suffisamment à se mettre sous la dent.


Plus que la nourriture qui ne se gardait pas, elle avait chassé beaucoup pour les peaux. Si elle avait clairement établi que le fils de Kuma n'était pas le sien, un sentiment profond de devoir le protéger faisait toujours vibrer ses entrailles, alors elle avait mit tout en oeuvre pour rendre la tanière de la brune chaude et confortable. Imryu aimait cette louve comme une amie, leur silence mutuel, leur besoin absent de se parler, tout cela lui plaisait et lui ôtait ce sentiment de solitude et de culpabilité qu'elle avait ressentit en arrivant en ces terres.


Elle pensait à Chérubin. Elle se posait beaucoup de questions et devrai sans doute les lui dire, si elle le revoyait un jour. Imryu doutait que cela arrive bien que le paladin lui aie assuré le contraire. On travaillait tous les jours dans un clan, il n'y avait pas de jour de repos. Il n'aurait pas le temps de revenir, les alphas ne seraient peut être pas d'accord qu'il revienne pour voir une simple solitaire au lieu de servir la meute. Imryu jouissait d'une liberté dont elle se languissait mais qui l'isolait aussi.


Comme l'automne était là, les pluies étaient plus régulières, plus longues et drues. Les moindres rayons de soleil étaient à chérir jusqu'au jour où les nuages couvriraient le ciel jusqu'à la prochaine saison. Aussi quand elle avait vu ce bleu éclatant dans le ciel, elle n'a pas hésité une seconde. Il était tôt mais la chasse fructueuse de la veille la dispensait d'une séance matinale, elle pourrait partir sans crainte que sa fille ou son amie ne soient privées de victuailles. Lydia dormait, aussi Imryu ne prit-elle pas la peine de la prévenir de son absence. De toute façon sa fille comprendrait.


Elle avait marché longtemps, se dorant le dos sur les doux rayons qui la réchauffaient encore un peu malgré la saison. Elle arriva au puits, elle n'avait pas choisi d'y aller mais quand elle avait remarqué où ses pas l'emmenaient, elle n'avait pas non plus fait demi tour.

Elle s'y était cogné un jour, et Reymsa était venu lui arracher une oreille avant de la ramener au clan.


Elle y était retourné un autre jour, bien plus tard, comme des années, alors qu'elle vivait dans un chateau. Elle y avait jeté le foulard de Reymsa, la chose non vivante la plus précieuse qu'elle n'aie jamais eu, et avait souhaité que son cauchemars prenne fin.


Et là voilà à présent, son cauchemars avait pris fin, elle ignorait si c'était l'acte du puis, sa raison lui disait le contraire. Mais après tout, pourquoi pas?

De toute façon elle n'était pas venu ici pour souhaiter quelque chose. La plaine était vaste, pas d'arbre pour lui faire de l'ombre, l'endroit parfait pour profiter du soleil. Elle n'alla pas jusqu'au puits, elle s'arrêta quand la régularité du terrain la satisfaisait. Elle s'allongea, après s'être assurée que personne n'était venu ici et risquait de revenir, et se roula dans l'herbe allègrement, tendant et détendant ses pattes, son dos et sa queue, profitant de l'herbe comme du soleil sur la moindre parcelle de son corps.

Elle se releva brusquement en sentant une odeur inconnue. L'étranger, bien trop près à son gout, s'était approché en silence et était à présent suffisament proche d'elle pour qu'elle sente son odeur. Elle se maudit de ne pas avoir été assez prudente et d'avoir autant relaché sa garde.

Elle recula, rétablissant une distance satisfaisante entre elle et lui, l'oreille en arrière, un grondement dans la gorge. Elle n'aimait pas ce sourire en coin que l'étranger portait, elle l'avait déjà trop souvent vu, sur le visage de ces fous. Elle dévoila ses dents.


C'était sans doute la meilleure répartie qu'elle n'aie jamais pu dire.

Elle avait gardé une voix froide et qui se voulait sûre d'elle mais n'avais pu empêcher le son sortant de sa gueule de trembler un peu. En réalité elle avait la trouille, elle ne savait pas encore très bien se battre, bien que l'inconnu semblait maigrichon et affamé et ne relèverai pas un trop grand défis. Elle voulait juste passer du bon temps ici, pas se battre.

Sa posture à contrario de sa voix se faisait solide et assurée, ses queues droites et tendues et la tête en avant prête à plonger. Elle n'avait pas de crocs extraordinaires mais espérait que cela suffirait et que l'étranger ne chercherait pas à voir plus loin, car il était évident qu'elle avait peur si on faisait attention. L'une de ses pattes tremblaient et son oreille tiquait au moindre son.

Il se mit à tourner, devenant de plus en plus menaçant. Imryu en plein milieu de la clairière s'était montré comme étant une proie facile, elle s'en mordait les pattes à présent. Les arbres étaient trop loin pour qu'elle espère échapper à l'étranger, ce dernier fin et élancé semblait rapide, il la rattraperai sans effort. Il gardait ce sourire moqueur sur le visage, elle le lui ferait bien manger.

Il se rapprochait et Imryu dut tourner sur elle même pour le suivre, elle sentait bien que le fait qu'il l'oblige à ce geste s’extasiait, et cela la mettait en rogne. Son échine s'était dressée et elle s'était faite plus menaçante, mais elle savait qu'elle avait déjà perdu le combat de l'intimidation. Grognant presque, elle s'applatit lentement au sol, suffisament pour pouvoir continuer à tourner tout en protégeant ses parties sensibles, et se préparant à bondir en cas de besoin.

Puis il la menaça, et son clin d'oeil finit le travail, le poil épais et long de la louve se gonfla de colère ,mais elle ne pu cacher plus longtemps le tremblement de son arrière train et les tics nerveux de son oreille. Elle planta ses pattes sans griffe dans le sol, imaginant de lui foncer dessus pour le faire tomber et s'enfuir, misant sur l'effet de surprise pour prendre assez de distance avec lui et se cacher dans la forêt. Mais elle savait qu'il la retrouverai, elle avait déjà senti quelques fois son odeur aux tanières, il savait où elle vivait, elle et ses protégés.


Un grondement la fit s'applatir plus encore. Un grondement menaçant, grave et vibrant. Un grondement effrayant. Totalement applatie, ce n'était clairement pas elle qui avait fait ce bruit. Elle ne cessait cependant de fixer l'étranger, ne sachant sur quelle menace se focaliser et estimant que celle qu'elle voyait était plus importante.

Puis un grand loup clair et doré arriva à la périphérie de son champ de vision, et dès qu'elle compris, son poil diminua un peu. C'était vrai que la voix de Chérubin avait beaucoup changé, et même avant, elle ne l'avait jamais entendu grogner.

Il avançait droit sur ses pattes, directement sur l'étranger. Imryu, ne pouvant se résoudre à quitter celui qui la menaçait des yeux, ne savait quoi en penser. L'adrénaline et la peur dominaient toujours son corps mais elle était soulagée de voir l'archange. Cependant elle venait de démontrer encore une fois qu'elle avait besoin des autres pour se protéger, et ça la décevait beaucoup.

Le ton menaçant du loup ailé la surpris tout autant, l'être plein de bonté et de gentillesse n'avait pas habitué les autres à parler ainsi. Elle même fut frappée par l'ordre dans ses mots et se retint de déguerpir, ne restant que grâce à la confiance immense qu'elle avait en lui. Elle le vit se dresser sur ses pattes et agiter puissamment ses immenses ailes, le vent ainsi créé vint secouer les poils déjà ébouriffés de la louve.

il vint se placer à côté d'elle, affirmant sa présence. Imryu hésita, elle se montrait déjà faible et avait honte, mais si la démonstration du loup ailé l'impressionnait autant qu'elle l'effrayait, la louve sentait toujours une peur, stygmate de son passé, gronder dans ses entrailles. Ne pouvant se résoudre à se lever, elle rampa vers lui, cherchant un sentiment subtil de sécurité que la présence de Chérubin avait légèrement réveillé.
Elle se permit de cesser de faire semblant, et elle trembla de tout son corps.

Le solitaire intru finit par se calmer, râlant, puis fit demi tour pour s'enfoncer dans la forêt. Elle le fixa, ne voulant pas le quitter des yeux, tendue, avant d'être sûre qu'il ne fasse pas demi tour pour demander son reste. Mais Chérubin se dressa dans son champ de vision et malgré l'idée que le solitaire puisse tenter un coup dans le dos, Imryu se détendit considérablement en plongeant son regard dans le sien et en sentant sa lèche sur son crâne. Le son de sa voix douce finit de la calmer, elle se redressa un peu.

Elle eut le temps de voir un voile passer devant les yeux de l'ange. Elle eut un petit rire, terni par la peur qu'elle avait ressenti bien qu'elle se fusse à présent évaporée. Il s'assit et elle lui donna une tape douce comme le vent sur l'épaule.


Elle s'assit à son tour et soupira avant de regarder par où le solitaire était parti, elle pensait pouvoir définitivement se débrouiller toute seule, mais en quittant les tanières elle avait quitté cette zone de sécurité que Rahawk avait installé pour elle sans qu'elle ne s'en rende compte, elle avait donc pensé être assez forte pour ça, et elle venait d'avoir la preuve que non. Elle venait d'avoir la preuve qu'elle était restée faible et incapable.

Mais elle ne dit rien et s'appuya contre lui.

Imryu sourit timidement, lui aussi était content. Elle haussa les épaules en émettant un son d'insouciance.


Elle se laissa reposer un peu plus sur chérubin sans s'en rendre compte, respirant avec aise l'odeur du mâle. Elle ferma les yeux et laissa le temps filer. Puis elle se rappela d'un détail et se redressa en regardant avec entrain Chérubin.



Elle ne finit pas sa phrase, se rappelant qu'à ce moment là, Chérubin était Mort.


Elle baissa la tête et l'oreille, n'aimant toujours pas cette idée, ne s'y faisant pas, n'arrivant pas à imaginer le loup sans vie. Elle fini cependant par vite redresser la tête, montrant un enthousiasme feint destiné à ne pas entacher l'humeur du loup ailé.


Le fait qu'elle lui rappelait son père était terrifiant, Arkadius avait été un être abominable, dominant, violent et sans une once de coeur. Heureusement, sa fille ne tenait rien du caractère de son père, et c'est pour ça qu'elle était la seule des deux qui avait survécu. Imryu ne savait pas si Chérubin était au courant pour ses trois autres enfants, mais elle ne tenait pas à l'en informer, voulant oublier cette parcelle de passé en sachant très bien que cela faisait à présent partie d'elle.

Elle fut surprise sous le ton sérieux de l'ange, ça l'intéressait à ce point ? Mais la curiosité qu'elle avait entendu dans sa voix la poussa à répondre. Elle ne pouvait, ne voulait pas mentir à son ami. Elle détourna le regard pour observer l'horizon, un voile de douleur couvrant son visage au souvenir invoqué de cet être abominable.



Elle se tut, espérant qu'il ne pose pas d'autres questions à ce sujet, mais elle y répondrai quand même s'il le demandait. Elle se leva sans rien dire, attendant de voir s'il continuerai ses questions tout en entamant le trajet vers les tanières, collant le pelage du loup ailé. Plus longtemps il restait, plus le temps passait vite, elle voulait au profond d'elle rester avec lui jusqu'à sa mort.

Une petite brise fraîche soufflait et si elle levait la truffe elle pouvait sentir les nuages chargés de pluie arriver. Elle aurai pu profiter de ce moment longtemps seule avec lui longtemps mais elle ne voulait pas le gâcher en restant sous la pluie. Sa tanière était chaude et accueillante, avec suffisamment de nourriture pour qu'il en prenne s'il avait faim, et suffisamment spacieuse pour accueillir le loup imposant et son armure.


En parlant d'armure, elle se retourna.

Il suffit de peu pour que l'armure se remette toute seule, comme par magie. Non, par magie tout court. Elle l'écouta expliquer l'attirance de l'armure sur lui et qu'elle se remette toute seule où qu'il aille, mais elle ne commenta pas, jugeant qu'il ne fallait pas tenter le diable, et que cette armure était trop précieuse pour la perdre.

Il marchèrent et il ne posait pas de questions, ce qui soulageait la louve, voulant mourir avec le secret de sa portée tombée en ruine. Sauf que finalement il parla, son ton sérieux faisant se stopper la louve.


« J’ai quelque chose d’important à te dire, Imryu. Je… Je suis amoureux de toi. »


Elle s'assit, ne tenant plus debout. Dans sa poitrine son coeur se mit à battre frénétiquement, comme s'il voulait sortir et s'enfuir, mais elle n'en avait pas la force.


Imryu n'étiat pas comblée de joie, elle aurait du sans doute, cela aurait expliqué tant de choses, et l'attirance indéniable qu'elle ressentait également à son égard.


Mais Imryu eut soudain extrêmement peur, la dernière fois qu'elle était tombée amoureuse, ça avait ruiné sa vie.


Elle se souvint de Noxic, charmeur, lui sauvant la vie, lui parlant comme à la prunelle de ses yeux, elle s'était laissé envouté, parce qu'il était beau et bien placé, plein de bonne manière, d'élégance et de diplomatie, il semblait parfait, elle lui avait même offert son corps.


Puis un jour elle l'avait vu, courtisant une autre, et sa vie s'était détruite. Et quand elle avait vu cette autre au chateau, suivi de trois petits dont un qui lui ressemblait comme deux goutes d'eau, cela avait fini de l'achever, et elle s'était donnée à Arkadius. Noxic était aussi venimeux que le poison de son espèce, et il avait suffit pour créer au creux du ventre d'Imryu une peur panique de l'amour.


Elle ne sut plus respirer et ouvrit la gueule pour tenter d'avaler des goulées d'air, elle se leva, tournant sur elle même, tentant de réfréner une crise de panique qui viendrait quand même. Elle se détourna, soudain faible, le regard fixant le sol, balbutiant des phrases incompréhensibles. Elle avait peur de l'amour, et savoir qu'elle aimait quelqu'un qui l'aimait en retour la terrifiait encore plus.

Elle leva ses yeux en paniques devant Chérubin, elle savait qu'il était tendre et bon, et juste, mais la peur était viscérale et irrationnelle, et son corps ne le comprenait pas. Elle était au bord des larmes, le museau froncé tant il lui piquait, elle avait les queues plaquées contre son ventre et son oreille presque invisible dans les touffes de son cou.


Rendue comme elle était, il lui sembla redevenir ce petit louveteau à qui on apprenait la mort de ses parents. Tiraillée, elle se mit à gémir, ne sachant pas quoi faire d'autre.

Elle était en panique, une peur irrationnelle et viscérale contrôlait à présent son corps, Imryu ne se sentait pas maitre d'elle même, comme si une bête avait dormi en elle si longtemps et avait été réveillée pour prendre possession de l'être qu'Imryu était. Elle avait vécu deux ans en tant qu'adepte et la peur avait contrôlé le moindre de ses gestes, mais rien n'était comparable à ce qui lui brulait les entrailles, vrillait les tympans et qui lui piquait les yeux. Elle ne se sentait capable de rien, de plus rien, et la terre autour d'elle aurait pu exploser que la même peur la paralyserait.

Mais le loup devant elle, elle l'aimait.


Encore une fois elle avait fait cette erreur, celle qui lui avait couté son avenir et son corps, mais si la terreur déformait ses traits, paralysait son corps et envahissait sa tête, son coeur ne mentait pas, elle l'aimait.

Même si elle se le persuadait, elle ne pouvait quitter son état de tétanie, tout était bloqué en elle, elle cessa de gémir et n'aurai même pas pu crier si elle avait pu. Chérubin devant elle ne bougeait pas, il semblait ne pas comprendre, ou du moins hésiter. Pourquoi hésitait-il? Voulait il la jeter lui aussi? projetait-il de lui briser le coeur ou de tout simplement se servir d'elle? La peur dominait ses pensées, la crainte de voir se reproduire les évenements d'un passé qu'elle voulait oublier.

L'archange défaisait son armure, sans quitter Imryu des yeux. Pour tenter de se sauver, elle se plongea dans son regard, un regard si bleu, si pur. Elle ne le quittait pas quand il se rapprocha, son corps paralysé, la bête tentant de fuir, mais elle le fixant. Elle se sentit attirée comme un aimant, rien ne semblait plus résister à cette attraction, elle tomba entre les pattes de l'ange.

Elle tremblait toujours, comme une folle. Elle mis du temps à se rendre compte que sa paralysie était dûe à son extrême crispation, d'où résultaient ses tremblements. Mais sans qu'elle pu faire quoi que ce soit, elle se laissa submergée par le loup, son odeur, sa douceur et sa tendresse. Et elle éclata en sanglots. Son visage se trempa rapidement, comme si toute cette période, pendant de si longues années, ses larmes s'étaient accumulé au coin de ses yeux. Elle se sentit perdre l'équilibre, perdre pied et glisser au sol, mais elle était toujours contre Chérubin.

Elle voulu parler mais ne balbutia que des syllabes, bégayant. Elle se tut, résolue que rien d'intelligent ne sortirait de sa gueule, mais pleurait toujours autant.

Imryu le sentait contre elle, sa patte épaisse dans son dos et son souffle chaud dans sa nuque. Il répétait les mêmes gestes qu'autrefois, seulement aujourd'hui, leur efficacité était telle qu'elle réduisait à l'état de pacotille tout ce qu'il avait pu faire avant. Lentement, ses sanglots diminuèrent d'intensité, son corps restait secoué de soubressauts, mais si son visage était trempé et salé, elle réussit à se calmer, grâce aux douces caresses.


Finalement son corps s'apaisa tant que la bête au fond d'elle se calma et se cacha au plus profond de son être, comme un chiot blessé. Les soubresauts quand elle respirait ne se calmaient guère beaucoup, mais elle savait qu'elle n'y pouvait rien, pour ça. Elle ferma les yeux, épuisée et fatiguée, sentant le poids de ses cernes. Elle gigota un peu le museau, preuve qu'elle était encore en vie, pour se caller mieux contre lui. Elle le sentait contre elle, elle sentait ses coups de langue sur son crâne, dénouer tous ses muscles, apaiser sa migraine et calmer la vibration de ses tympans.


Puis quand elle n'entendit plus rien d'autre que la nature, et le battement du coeur du loup contre lequel elle était appuyée, elle sut que tout irait bien. Elle ouvrit un peu son oeil pour le lever vers l'ange, la voix rauque d'avoir trop parlé.



Un frisson la parcouru à ces mots, mais la bête au lieu de surgir sembla éclater en un million de papillons. Pouvait elle encore craindre quoi que ce soit, alors qu'au final dans cet univers, elle était amoureuse du seul loup qui la connaissait autant.

Chérubin la serra un peu plus fort contre lui, elle eut l'impression d'être un cadeau précieux alors que rien en elle ne l'était. Elle se laissa faire avec bonne grâce, lui rendant son étreinte. Mais la force qu'elle y mit ne signifiait pas que son amour . Elle était triste, et elle avait peur, une autre peur à présent.

Elle sentit la truffe humide du loup contre sa joue et émis un petit rire à peine inaudible. Comment devait elle l'appeler maintenant? Son compagnon? Son amant? Non.. Pas alors que la distance allait de nouveau les séparer. Elle sentit son visage si proche du sien. Elle colla sa joue contre la sienne, la voix triste.


Si être éloignée de lui avait été dur la première fois, c'était un déchirement à présent. Elle ne pouvait revenir au clan du désert, pas cette fois, elle avait eu cette chance deux fois et l'avait refusée à juste titre, mais Chérubin lui était quelqu'un d'important, il devait retourner là bas, elle le savait. Son oreille se ramollit et elle resserra à nouveau son étreinte.

Chérubin sembla vite comprendre le problème, il ne répondit rien et Imryu en profita pour renifler un peu trop bruyamment à son gout. Elle se crispa à nouveau quand il mentionna Ware. Ware était terrifiant lui aussi... Elle avait déjà une dette au désert, et s'apprêtait elle réellement à voler l'égide de Zexal?



Oui, sans doute. Mais comment pourrait on le lui reprocher, une vie de malheur et aujourd'hui elle trouvait le bonheur, le vrai? Non, décidément Imryu n'allait pas se retenir. Elle tenait à peu de choses et Chérubin en faisait partie. Elle entendit l'émotion dans sa voix, elle se tut, le laissant poursuivre, assimilant ses paroles lentement, les enregistrant, précieuses et douces. Une promesse, elle n'aimait pas les promesses, les seules qu'on lui ai faites n'avaient jamais été tenues, pourtant elle tenait toujours les siennes. Mais celles de Chérubin sonnaient d'une manière telle, la vérité était imposante, il ferait ce qu'il faudrait.

Elle lui lécha tendrement la truffe avant de le regarder à nouveau.



Parce qu'elle avait plus de 7 ans et que lui possédait un corps jeune. Elle semblait cependant commencer sa vie maintenant seulement, alors que sa fille l'attendait aux tanières. Mais peu importait, elle n'avait plus dans la tête de présenter Chérubin, le loup qu'elle aimait, à sa fille. Peut être prendrait elle le temps de lui parler avant, s'assurer qu'elle comprenne.

Elle rappuya sa tête contre le poitrail doux de son loup et soupira, assez paisiblement compte tenu de la pression qui l'habitait il y avait à peine quelques minutes.

Elle sentit le loup se décoller d'elle et ne fit rien pour l'en empêcher. Elle se laissa même faire, misérablement, sa tête portée basse alors qu'elle regardait d'un air de cocker Chérubin enfiler son armure et la regarder à nouveau. Elle avait les yeux brillants et avait du mal à retenir ses larmes, mais elle ne disait rien, se contentant de renifler. Elle hocha la tête aux paroles du loup et celui ci s'envola.

Imryu leva la tete, elle ne pu que constater ses progrès, il volait si bien, et il était à elle. Elle ne vit pas l'ultime regard qu'il lui lança, mais elle attendit, assise, qu'il s'éloigne derrière la cîme des arbres pour se lever et reprendre la marche, peinée et sentant son coeur partir avec lui.

Elle devrai prévenir Kuma et Lydia, mais ça attendrai demain, Imryu n'avait qu'une envie à présent, s'effondrer dans le noir et attendre, attendre et attendre. Alors elle allait rentrer chez elle, et se coucher.