Triss

Nourrice — Désert

Le miracle de la vie

Le terme approchait enfin. Il était même très proche. Deenos s'inquiétait pour moi, et m'accompagnait tous les matins à la tanières des nourrices et le soir jusqu'à notre tanière. Je ne l'avais jamais vu si prévenant et avenant. Il était adorable, mais presque lourds parfois. Mais c'était peut-être les hormones qui jouaient en sa faveur aussi. Mon terme approchant, mes collègues m'avait donné congé depuis 2 jours déjà. Je me trouvais donc, depuis deux jours, dehors, allongée dans l'herbe profitant du soleil. Mon ventre rebondit était vraiment énorme. Mes anciennes cicatrices étaient tout de même tiraillée, et parfois, une légère pointe de douleur s'y faisait sentir lorsque l'un des petits donnait un coup pile dans la zone. Mais je m'en fichais. Les pronostics des médecins étaient plus que bons sur cette grossesse.

J'avais perdu beaucoup de poils, et au début, je m'en étais inquiétée auprès des médecins. Ceux-ci m'avaient rapidement rassurée sur le fait que c'était parfaitement normal. Que je devais me servir de ces poils pour faire une couche chaude et confortable pour les petits. Deenos m'avait apporté de la paille pour faire une première couche de fond dans toute la tanière. Puis, nous avions travailler ensembles pour faire une couche toute douce pour les petits.

Alors que je dormais tranquillement au soleil, une vive douleur me réveilla soudain. Je n'avais jamais rien connu de pareil, de si soudain. Cela dura des secondes entières, qui me parurent des minutes, voir des heures. Je compris cette fois que c'était le moment. Je laissais se terminer la contraction, puis avec douceur et précaution, je me levais et allait m'installer dans la tanière, parfois interrompue par une nouvelle contraction, et donc contrainte de faire une pause dans mon trajet pourtant si court. Juste avant d'entré, je poussais un long hurlement destiné à mon compagnon. Ainsi, qu'il puisse savoir que le moment était venu. Je me doutais également qu'Aslan et Okazeh comprendrait également le message.

Une fois allongée dans ma tanière, sur la paille, je me préparais mentalement à souffrir et devoir attendre. Les médecins m'avaient avertie que la phase des contractions pouvait durer parfois très longtemps avant qu'un petit ne montre enfin le bout de sa truffe. Alors j'attendis, laissant les contractions venir, de plus en plus proches petit à petit. Soudain, une nouvelle contraction explosa en moi, plus puissante encore que toutes les autres, et je sus d'instinct qu'il était temps maintenant, de pousser. Alors je poussais, de toute mes forces. Mais rien de vint, tout comme durant les contractions suivantes. J'avais beau pousser de toutes mes forces, rien ne venait. Aucun petit ne pointait le bout de son nez... Mon corps entier tremblait de douleur et d'épuisement. Je n'en pouvais plus.

Deenos entra dans la tanière à ce moment-là, alors que je perdais espoir et que mes forces m'abandonnaient. Son arrivée fut comme une bouffée d’oxygène en moi. Il me lécha la truffe, replaça un peu mes cheveux, puis se lova dans mon dos, posant sa tête dans mon cou. Mes forces revinrent un peu, et lors de la contraction suivante, je poussais à nouveau de toutes mes forces, hurlant à m'en déchirer les cordes vocales. Enfin, je sentis que ça sortait. J'avais une cruelle envie de me laisser choir au sol et de laisser l'épuisement m'emporter, mais je ne pouvais pas. Je m'appliquais à aller chercher le petit quand à ma grande surprise, j'en découvrit deux, lovés ensembles. Je les prit délicatement entre mes crocs et les déposais contre mon ventre, avant de les lécher consciencieusement. Je n'eus pas à attendre bien longtemps avant qu'ils ne se mettent à couiner et à gigoter. Mon coeur se gonfla d'amour pour ces petits êtres qui avait grandit en moi durant deux mois et qui voyaient enfin le jour.

Mais rapidement, le travail reprit. Ce n'était pas terminé. A la contraction suivante, je poussais à nouveau et le suivant arriva assez rapidement. A nouveau, je le déposais contre mon ventre pour le lécher partout. Mais celui ne se mit pas à couiner et gigoter comme le premier. Je continuais de le lécher, incapable de retenir mes gémissements de tristesse. Il ne pouvait pas être mort, ce n'était pas possible. Il devait vivre ! Après un temps qui me sembla interminable, il se mit enfin à couiner et le soulagement m'envahit. Je posais un regard à Deenos, et je vis le soulagement également présent sur son visage. Je lui fis une petite lèche sur le museau. Je n’eus pas le loisir de me reposer même quelques minutes, la prochaine contraction arriva et je poussais donc en même temps. Il me fallut quelques contractions pour parvenir enfin à faire sortir celui-ci. Mais lorsqu'il sortit enfin, je compris pourquoi j'avais eu tant de mal, il était bien plus imposant que les autres. En comparaison aux autres, sa taille était vraiment impressionnante... Je lançais un regard un peu interrogateur à Deenos, puis je m'appliquais enfin à le lécher et à le placer ensuite contre mon ventre chaud.

Mes contraction reprirent et je lançais un regard paniqué à mon compagnon. Nous en avions déjà 4. Y en avait-il vraiment encore d'autres ? Combien... Nous étions tous deux parents pour la première fois, 4 c'était déjà un grand nombre, mais plus... Serions-nous capable d'assumer ? Finalement, je repris donc mes poussées et à notre grand soulagement, ce fut le placenta qui sortit enfin. Je lançais un regard à Deenos, et sans pouvoir me contrôler, un rire nerveux me pris, nous avions tout deux angoissés à l'idée qu'il y en ai encore ne serait-ce qu'un de plus... Je mangeais rapidement le placenta avant de le regarder et je chuchotais :



Tous les petits étaient propres et presque secs, ils tétaient tranquillement contre mon ventre et je m'allongeai donc pour de bon, laissant ma tête choir.

Triss

Nourrice — Désert

Le miracle de la vie

Le grand loup noir avait été parfait durant tout le temps qu'avait duré la mise au monde de nos petites boules de poils. Attentionné, inquiet et prévenant, il s'était occupé de moi et de petits lorsque cela était nécessaire. Nous avions eu une frayeur lorsque le 3ème ne bougeait pas, puis un soulagement lorsqu'il avait enfin couiner et bouger. Un petit mort-né, je savais très bien que cela pouvait arriver, sans raison, alors que les autres étaient tous parfaits et en bonne santé. Mais je ne voulais pas que cela nous arrive. Et le soulagement, en le voyant enfin bouger, avait été immense.

Les quatre petites boules de poils tétaient contre mon ventre, je portais un regard tendre sur eux. Ils venaient tout juste d'arrivé dans ce monde, et pourtant, ils étaient les êtres les plus importants à mes yeux. Je les aimais déjà comme si je les avais attendus toute ma vie, comme s'ils étaient là depuis des années. Alors voilà ce que ça fait d'être mère. Dès cet instant, je sus que jamais, aucun d'eux, ne manquerait de mon amour.

Je fus tirée de mes réflexions par Deenos qui se coucha face à moi, entourant nos petits de nos deux corps. Je portais sur lui un regard indéchiffrable, qui contenait des remerciements, de la reconnaissance, de la joie, du bonheur, de l'affection, et peut-être un peu d'amour aussi. J'étais totalement comblée. Lorsqu'il me répondit que le pire était derrière nous, je ne pus m'empêcher de rire un peu et déclarai :



Je lui léchais affectueusement le museau, toujours avec un sourire amusé aux babines. Puis j'enfoui ma tête dans son encolure, profitant de me reposer quelques minutes.

Après un temps que je n'étais pas capable de mesurer, je repris la parole, presque dans un murmure en raison de mon épuisement :



Je lui souris et me demandait lequel il allait choisir de nommer et par quel nom. Moi, j'avais déjà quelques petites idées, à voir si mes propositions lui conviendraient.

Triss

Nourrice — Désert

Le miracle de la vie

Il tiqua légèrement lorsque je lui signalais que l'adolescence serait probablement bien pire que la naissance, mais il finit néanmoins par m'assurer que même si nos petits devenaient des monstres, il serait toujours là pour eux. Je lui sourit tendrement et admirait ce père qui était totalement fasciné par ses petits qui tétaient avidement. Je donnais un coup de tête affectueux à mon compagnon avant de lui parler de nommer les petits. Il réfléchi un peu, puis il déclara :



Je lui souris, et hochais la tête en signe d'assentiment. Ce nom lui irait sûrement très bien. Puis le regard de mon compagnon se porta sur la petite femelle à la crinière blanche. Il proposa de la nommer Kaleea, qui signifiait Dragon blanc. Je lui souris, et pris la suite du choix des prénoms :



Mon regard se porta d'abord sur le mâle. Il était entièrement noir, avec une petite touffe de cheveux rouge sur la tête, ainsi que près de la queue.



La dernière femelle avait le début d'une crête rouge sur toute la longueur de son dos, et qui se prolongeai à sa queue. Autour de cette crête, elle était blanche, tandis que le reste de son corps variait entre le gris et le noir.



Ce prénom n'avait aucune signification particulière, c'était simplement un nom qui me plaisait et qui était joli. Attendant l'avis de mon compagnon, je posais ma tête sur son dos. J'étais si fatiguée... La douleur se faisait encore sentir un peu, mais ce n'était rien comparé à la fatigue extrême qui commençait doucement à m'envahir. Je baillais longuement, puis sans m'en rendre vraiment compte, je sombrais dans les bras de Morphée, abandonnant mon compagnon... Les petits avaient cessé de téter et dormaient tous tranquillement contre mon ventre, serrés les uns contre les autres. Nos quatre merveilleux bébés, en bonne santé.