Lagherta

Guerrière — Source

La guerre est finie

Le calme était enfin revenu au camp. Enfin, le calme, non, parce que le camp grouillait toujours de l'activité de la meute. Mais dans les tanières, les gens ne s'angoissaient plus concernant l'avenir de la meute, de chacun des loups d'EL. La guerre était enfin terminée. Après deux longues années. Akui avait été renvoyé dans le monde des Dieux et les Cavernes avaient été repoussés allégrement hors de nos territoires. P'pa avait été gravement blessé, mais il était vivant, et il s'en remettrait. Il faudrait du temps, mais il était sur la bonne voix. Il était redevenu le père qu'il était lorsqu'il m'avait recueillie. Peut-être que le fait d'être passé si près de la mort lui avait fait réalisé à quel point sa vie, et sa famille lui étaient précieuses. Je ne m'en plaignais de loin pas.

J'avais repris les entraînements, mais pas à plein temps, je ne m'en sentais pas encore capable. Je n'y allais que tous les deux jours pour le moment. Mais mon absence ne s'était pas trop faite remarquée, de par le fait que beaucoup de loups avaient été blessés durant l'une ou l'autre des batailles et que plusieurs manquaient à l'appel. D'ailleurs les entraînements étaient aussi un peu plus cool qu'à l'ordinaire, car certains avaient reçu l'accord des médecins, mais à condition de ne pas forcer. Les chefs d'armée avaient donc dû lâché un peu de leste sur les entraînements.

C'est pourquoi j'étais aujourd'hui en congé. J'avais été voir mes petits frères et soeurs, et Wydis accomplissant son rôle de médecin, j'avais demandé si je pouvais les prendre quelques heures avec moi, plutôt que de les laisser aux nourrices. La louve crème avait accepté, pour le plus grand plaisir des loupiots. Ils avaient grandis, et si vite. Urielle était toujours pleine de douceur et de joie de vivre. C'était un petit rayon de soleil à elle seule. Laïda était très solitaire et renfermée, mais elle aimait tout de même sa famille, elle n'était simplement pas aussi démonstrative que d'autres. Balder était très câlin, et presque toujours fourré avec Uri. Gladys, lui, j'avais parfois l'impression qu'il avait mûri incroyablement vite. Il avait été très affecté par mon état, et je savais qu'il était souvent passé me voir, même si je n'étais pas là, errant sans but dans le camp. Il était triste de me voir dans cet état, et tout le temps qu'il pouvait, il le passait collé contre moi, tentant de m'apporter un semblant de réconfort face à la perte de mon frère. Ils n'avaient pas connu Ragnar, aucun d'eux. Je n'avais pas eu la chance de le leur présenté. Quelle dommage, il les auraient sûrement adoré, même s'ils n'avaient finalement aucun lien de sang entre eux...

Gladys était collé contre moi, alors que les autres jouaient un peu plus loin, tranquillement, quand j'entendis soudain une voix que je connaissais bien, m'appeler. Je tournais la tête vers l'arrière et aperçu ma meilleure amie qui trottinait joyeusement vers moi. Mon petit frère grogna en voyant la louve approcher, et je lui donnais une petite tape sur le museau, du bout de la patte, avant de le réprimander un peu :



Il se frotta un peu le museau, plus pour la forme que par douleur, car je n'avais pas taper fort du tout. Puis il se leva de mauvaise grâce et s'en alla rejoindre ses soeurs et son frère. Je fis signe à Fuurin de s'installer avec moi. Il s'était passé tant de choses. Nous avions sûrement beaucoup à nous raconter. Et moi, j'avais une grande nouvelle à lui annoncer...

Lagherta

Guerrière — Source

La guerre est finie

Lorsque Glady lui grogna dessus, ma meilleure amie pris une position effrayée et presque soumise, pour rire. Gladys n'en fus que plus vexé, ajouté à ma petite tape sur son museau, mais ce n'était pas plus mal. Il devait apprendre. Je savais qu'il ne cherchait qu'à me protéger, son instinct protecteur s'était très vite fait remarqué. C'était adorable de voir le petit frère tenté de défendre et protéger sa grande soeur qui était dans une passe difficile, et c'est pour cela que je ne lui en tenait pas rigueur.

Fuurin vint s'assoir près de moi et répondit à ma question par un trait d'humour concernant le comportement de mon frère, me demandant ensuite s'il était toujours ainsi. Puis elle me demanda comment j'allais. Je soupirais, je n'avais pas vraiment envie d'en parler, mais Fufu est ma meilleure amie, et elle a le droit de d’inquiété et de savoir comment je vais, alors je lui répondit :



Je n'avais encore parlé de cette culpabilité à personne. Fuurin était la première, c'est une sentiment qui me rongeait, mais je n'en avais pas parlé. Pourtant, le plus à même de comprendre ce sentiment aurait été Keiss, mais je ne voulais pas raviver en lui le souvenir de la mort de sa soeur Pyrrha...

Lagherta

Guerrière — Source

La guerre est finie

La louve grise écouta mon récit avec attention, même si elle ne savait probablement pas de quoi je voulais parler quand je disais me sentir coupable parce que je n'avais pas été assez bonne combattante. Elle n'avait peut-être pas eu de récit de ce qu'il s'était passé sur le champ de bataille. Mais elle ne demanda pas à savoir, et cela me soulagea. Je n'avais pas envie de raconter tout ce qu'il s'était passé là-bas. Les images me reviendrait au fil de mon récit, je ne voulais pas m'en rappeler volontairement. Les cauchemars m'assaillaient déjà assezu souvent sans que je ne veuilles me rappeler encore de ces moments horribles durant la journées. La voix de mon amie me tira de mes sombres pensées et me concentrait sur celle-ci pour laisser partir le reste.



Elle avait raison, Ragnar aurait voulu que je continue ma vie, ou tout du moins que j'en reprenne le cours. Mais vivre sans lui, songer à un avenir dont il ne ferait plus jamais parti, c'était si dur. Malgré les apparences, il me manquait encore, et me manquerait tout le restant de ma vie, je le savais. Lorsqu'il était parti, il avait emporté une art de moi avec lui.





Ce n'était encore que très frais, et on ne savait pas si ça avait marché, mais Fuurin est ma meilleure amie, et s'il y a bien quelqu'un à qui je pouvais le dire, même si ce n'était pas encore totalement certain, c'était bien elle, alors je continuais :

Lagherta

Guerrière — Source

La guerre est finie

La réaciton de mon amie ne se fit pas attendre. Elle passa par plusieurs stade, d'abord, la surprise, puis la joie, puis un instant de pause, et enfin à nouveau la joie. Son sourire illuminait absolument tout son visage et elle ne parvenait presque plus à parler, bégayant ses félicitations. Je lui souris et hochais la tête.

Puis, apparemment incapable de contenir sa joie, elle bondit sur ses pattes et me regarda ensuite de bas en haut, me détaillant, comme si elle ne m'avait jamais vue, et je lui souris, presque génée.



Je décidais de lui répondre, d'une voix douce et basse, espérant l'inciter à se calmer :



Je lui souris timidement, l'invitant à se rallonger près de moi, tandis que mes frères et soeurs montraient de l'intérêt face au comportement étrange de mon amie. Je ne voulais pas que leurs oreilles traînent et entende des choses qu'il ne fallait pas, du moins pas encore.

Lagherta

Guerrière — Source

La guerre est finie

La louve grise se calma assez vite, sans doute aidée par ma voix calme et posée. Son visage resta néanmoins étirée par un sourire qui le traversais en son entier et illuminait ses yeux. Elle se recoucha et sa queue battait l'air derrière elle et bientôt la mienne suivi le mouvement. Elle reprit la parole pour me féliciter, puis demanda d'un air malicieux, si je me sentais prête à ce qu'on m'appelle "maman". Je lui souris et après quelques instants de réflexion, je répondis :



J'étais totalement convaincue de mes paroles. Ragnar était jeune, et avait toute la vie devant lui, et pourtant... Alors je voulais vivre tant que cela était possible. Je reportais mon regard sur les petits qui jouaient non-loin, tranquillement, et un sourire étira mes babines. Bientôt, ce serait les miens que je surveillerais ainsi alors qu'ils jouent... Nous restâmes là, tranquillement installées, tout l'après-midi, à papoter comme de vieille amies, de tout et de rien à la fois.