-Aymeric-

Il était tard, et une fois n'est pas coutume, Aymeric était sorti explorer le camp. Il préférait finalement sortir le soir, il faisait moins chaud, et puis il fallait avouer que sa sieste de l'après midi le mettait toujours en forme pour le soir. Ce soir là, il avait fauché compagnie à la nourrice qui le surveillait, lui et ses sœurs. La pauvre nourrice était tellement habituée à garder un œil sur Djama, qui partait tout le temps partout, qu'elle n'avait pas remarqué que le petit dormeur était parti ...

Le nez au vent, tout fier de sa petite blague, Aymeric avait trottiné jusqu'à la frontière avec la forêt des lys de Feu. Il s'était finalement assis, n'osant pas pénétrer dans la forêt alors qu'il y faisait noir. Il resta là quelques minutes, l'adrénaline descendant. Finalement, il aurait du rester avec ses sœurs, il ne se serait pas tant ennuyé ... Il n'y avait personne à observer ou à qui parler ici. Il souffla, puis regarda autour de lui.

Soudain, il repéra une petite lumière qui fit se lever les poils de son échine. Il se leva d'un bond, manquant de tomber à la renverse. Il y avait quelque chose ! Dans la forêt qui s'assombrissait ! Tendu comme un arc, le poil dressé, il s'approcha lentement, très lentement de la petite lueur .... Quand un bruissement à sa gauche le fit sursauter violemment. Il tomba sur ses fesses de peur, les yeux grands ouverts, le cœur battant avant d'apercevoir une silhouette lupine apparaître. Mais .... Elle avait des cornes ! Il lâcha un glapissement de peur, essayant de s'enfuir en dérapant, mais il se figea : il venait de reconnaitre une autre des démonias. Il resta debout, se dandinant quelque peu de honte, avant de lâcher d'une voix faussement sûre d'elle :

-Aymeric-

A présent, il pouvait mieux détailler celle qui l'avait bousculé. Elle "tait entièrement rouge, avec quelques marques noires, mais surtout des petites cornes sur son front. Un petit regard dans son dos signifia à Aymeric que la louve avait non pas une, mais 5 queues ! Le louveteau se demandait bien pourquoi, et à quoi ça servait. En tout cas, elle n'avait pas l'air très contente. Elle aboya d'une voix sèche :


Aymeric se renfrogna, bombant encore le torse, prêt à protester. Mais sa râlerie resta bloquée dans sa gorge. La grande louve l'intriguait. Ses queues battaient dans son dos alors qu'elle semblait chercher la flammèche qui venait de s'échapper. Aymeric regardait son visage, des étoiles dans les yeux. Pour une fois, il s'était tu. Finalement, la louve rouge s'assit et dit d'une voix toujours renfrognée :


Aymeric piétina sur place, un grand sourire se peignant sur son visage. Il avait toujours le regard fixé sur Eris. Il dit d'une voix un peu trop forte et précipitée :

Bah moi je m'appelle Aymeric !

Le louveteau était tout excité à l'idée de parler à Eris, qui l'impressionnait beaucoup. Il avait plein de questions ! Qui était ses parents ? Qu'est-ce qu'elle voulait faire plus tard, et pourquoi elle avait autant de queues ? Qu'est-ce qu'elle cherchait dans la forêt ? Pourquoi elle avait des cornes ? Beaucoup de questions, mais il n'osait pas trop parler à cause de l'air toujours renfrogné de la louve. Finalement, il choisi soigneusement sa question, et dit :

Dis tu sais pourquoi il y avait du feu dans la forêt ? C'était quoi ?

C'est vrai qu'il ne s'était pas trop posé la question, mais c'était bizarre ! Une petite flamme était arrivée, puis elle avait été soufflée par sa chute. C'était la première fois qu'il mettait les pieds ici aussi tard, peut-être n'avait-il jamais vu le feu avant ? Ou peut-être que les nourrices ne voulaient pas le lui montrer car c'était dangereux ? Pourtant il était grand, il savait qu'il ne fallait pas toucher le feu !

-Aymeric-

La louve rouge leva les yeux au ciel en entendant sa question. Alors comme ça, elle ne voulait pas répondre ! Pourtant, lui faisait des efforts pour être sociable et poli avec elle, comme ses parents lui avait appris, mais elle, elle s'en fichait ! Un air embêté se peignit sur son visage. La louve se leva, s'épousseta, puis reparti. Aymeric resta là quelque secondes, boudant. Non mais pour qui elle se prenait celle-là ?! Elle ne savait même pas qui il était, lui, le fils de deux betas ? Elle osait l'ignorer ?

Pourtant très vite sa curiosité reprit le dessus. Que faisait-elle ? Il se leva, la suivant. Elle semblait traquer quelque chose, et Aymeric essayait de rester le plus silencieux possible. Soudain, il aperçut une petite rangée de flammes, devant la louve. Celle-ci essayait de les ... chasser ? Peut-être se nourrissait-elle d'elles ? Elle sautilla vers les flammèche, et commença à jouer avec. Aymeric retenu un glapissement : elle ne se brulait pas ! Elle essaya d'attraper une flammèche un peu trop près, et tomba sur Aymeric. Le louveteau glapit, tombant sur le côté, avant de se relever pour affronter la louvette :


Il ouvrit la bouche, toujours surpris par les facultés de la petite louve. Pourtant les pouvoirs avaient été supprimés, papa et maman avaient dit, alors ce n'était pas son pouvoir ? Ou alors elle risquait de se bruler, mais n'y faisait pas attention ? Finalement, il dit d'une voix un peu trop aiguë :

"Mais, comment tu as fait pour toucher le feu ? Ça brule le feu ! Tu es trop forte !"

Il la regarda, les yeux plein d'admiration. Il n'oserait jamais s'approcher d'aussi près d'une flamme, lui. Il aurait trop peur de se bruler, et papa maman le gronderait ! Déjà qu'il n'était pas sensé être là ... Mais les flammes étaient envoutantes, tout aussi mystérieuse que la louve en face de lui. Il voulait en savoir plus, même si elle ne l'aimait pas !

-Aymeric-

Le souffle de l'air avait éteint les petites flammèches, mais Aymeric s'en fichait. Il avait apparemment l'attention de la grande louve, qui se retourna vers lui. Elle battit l'air de ses trop nombreuses queues, et fixa le louveteau ailé.

Aymeric fronça les sourcils. Beta, lui ? Non pas encore ! Mais il savait bien qu'elle voulait dire qu'il était stupide, et ça ne lui plaisait pas du tout. Il souffla par le nez en s'asseyant maladroitement, ses ailes tentant de l'équilibrer. Si lui avait des ailes, elle avait des cornes. peut-être était-il part oiseau, ce qui le dégoutait, mais surtout peut-être était-elle part dragon ! Il avait une certaine fascination pour ces bêtes du ciel, il les trouvait trop cools, et la femelle lui rappelait les dragons.

Tu pensais vraiment que je les avais touché? Pourquoi?

Elle s'assit devant lui, attentive. Tout contente de l'attention qu'on lui portait, Aymeric se dandina un peu sur ses pattes arrières, avant de lui répondre :

"Et bah tu as des cornes, je me suis dit que peut-être tu était un peu un dragon, et les dragons ça craint pas le feu ! Ou alors peut-être que tu as encore ton pouvoir, comme Rock'n Roll, et que c'est de toucher le feu ? Moi je peux pas savoir"

Ses parents lui avait parlé de Rock 'n Roll, le meilleur messager du clan, et il l'avait entrevu courir hyper vite alors que plus personne n'avait de pouvoir. Il n'était pas si stupide ! Il regarda la louve, un air de défi dans le regard et un petit sourire satisfait sur les lèvres. Il avait toujours beaucoup de questions, mais Eris n'était pas très sympathique. Cependant, il était un peu fasciné par son apparence, et, évidemment, le fait qu'elle soit grande, et belle.

-Aymeric-

Le louveteau était fier de montrer tout son savoir, mais il remarquait bien que la louvette levait les yeux au ciel. Il ne comprenait pas pourquoi elle était si énervée. D'habitude, les autres étaient contents de le voir, même si parfois ils avaient des trucs importants à faire et ne pouvait pas écouter toutes ses histoires ! Mais elle elle n'avait pas l'air de l'aimer. La fierté du petit loup en prenait un coup, il voulait être aimé de tout le monde ! Finalement, il vit la démonia gonfler ses poils de fierté à l'évocation du gène des dragons. C'est vrai que c'était cool, d'avoir un "gène" de dragons, même si Aymeric ne savait pas ce que c'était ! Si ça se trouve, ça voulait dire qu'elle avait des cornes ? Elle connaissait beaucoup de mots en tout cas, plus qu'Aymeric.

Elle mentionna le fait qu'elle était plus puissante que sa soeur, ce qui titilla le louveteau, mais il ne releva pas, car elle baissa la tête en avouant qu'elle ne pouvait utiliser ses pouvoirs. Donc, elle aurait pu se bruler ! Elle releva la tête, exaspérée, et se jeta sur lui ! Aymeric glapit, se faisant entrainer dans un roulé-boulé dont il ne maitrisait rien. Eris le lâha quelques mètres plus loin, le laissant essouflé et très surprit.

Aymeric se releva, la rage dans ses yeux. Il n'allait pas se laisser manipuler comme ça ! Il s’apprêtait à riposter, quand il entendit un bruissement à quelques mètres d'eux. Un adulte ! Il se tourna rapidement vers Eris, lui chuchotant :

Vite, cache toi !

Il bondit le plus silencieusement possible dans un buisson caché de l'origine du bruit, se faisant le plus petit possible. Il espérait de tout coeur qu'Eris le rejoindrait, sa cachette était assez grande pour deux, et qu'elle n'allait pas attirer l'adulte vers eux ! Il n'avait pas envie d'aller dormir, il voulait continuer à jouer ...

-Aymeric-

La grande louve le suivi dans le buisson, mais c'était apparemment trop tard. L'adulte se rapprocha d'eux dans un bruit sourd de patte sur le sol. Il allait sûrement sentir leurs odeurs, ils étaient cuits ! Il regarda autour de lui, essayant de rester le plus silencieux possible, ce qui n'était pas dans ses habitudes, et croisa le regard d'Eris. Cette dernière se retourna, puis bondit à travers les feuilles, comme pour fuir quelque chose.

Aymeric releva les oreilles : lui non plus ne voulait pas se faire prendre ! Il se mit à galoper derrière elle, agitant ses petites ailes de poulet pour essayer de lui donner plus de vitesse comme il avait vu sa maman le faire une fois. Il se concentrait de tout son cœur sur ses pattes, pour ne pas encore trébucher sur une racine. L'adrénaline et l'intensité de la situation le fit sourire, comme si pour la première fois il réussissait à s'échapper d'un danger réel !

Finalement, il ne lui semblait plus que l'adulte était derrière eux. D'ailleurs, les avait-ils poursuivis dés le départ ? Il n'en savait rien. Tout essoufflé, il s'arrêta, et chercha des yeux la démonia qui semblait avoir disparu. Puis, il entendit une exclamation :


Il s'approcha d'un trou entre deux arbres, et passant la tête, aperçut la louve. Tout autour d'elle, des petites flammes dansaient, illuminant son pelage d'une lueur irréelle. Aymeric avança, passant son popotin par l'entrée, bouche bée. C'était magique. Il pencha la tête, regardant une flamme de plus près : c'était des petites fleurs qui étaient en feu, mais pourtant ne semblaient pas s'abimer. Il bougea les oreilles, ébahi par la beauté et l'étrangeté des lieux.

Oh

-Aymeric-

Le petit louveteau avançait avec précautions, mais n'avait étrangement plus peur des flammes. Il se sentait ... calme ? Il releva un peu ses petites ailes pour ne pas qu'elles ne touchent une fleur sans faire exprès, et croisa le regard d'Eris qui semblait tout aussi émerveillée que lui. Elle observait les flammes de très près, comme si elle essayait de comprendre comment les attraper.


Elle s'approcha, et d'instinct, Aymeric se rapprocha aussi, sa curiosité piquée. Maintenant qu'il se sentait en sécurité, lui aussi voulait savoir, même s'il ne savait pas ce que fémonène ssenyitifik voulait dire ! Il avait envie de les cueillir, d'en faire un bouquet et de le ramener à sa maman, pour lui montrer la magie et la beauté des fleurs. Eris baissa le museau, puis s'écarta vivement.


Elle s'éloigna, marchant à travers la clairière. Aymeric faisait des petits pas, regardant autour de lui. Puis, il vit Eris marquer son territoire au pied d'un arbre. Il bougea les oreilles, un peu surpris.

Tu veux habiter ici ?

Demanda-t-il d'une petite voix. Avant même qu'Eris n'aie pu répondre, il sentit un chatouillement, et bailla aux corneilles sans pouvoir s'en empêcher. Il était tard pour le petit louveteau, la nuit était tombée depuis bien longtemps. De toute sa vie, il n'avait jamais été levé aussi tard ! Mais les étoiles étaient si belles, ça ne lui donnait pas envie de partir. Et puis, il ne voulait pas qu'Eris pense qu'il était un looser qui ne pouvait pas rester debout tard !

-Aymeric-

Alors que le louveteau venait de poser sa question, la démonia se tourna vers lui, l'air exaspérée. Puis, son air changea, et en un éclair se jeta sur lui, arrachant au fils des deux betas un petit couinement effrayé. Qu'est-ce qu'elle avait encore ? Au dessus de lui, elle gronda :

Après un dernier grondement, elle le laissa partir. Aymeric se releva, puis se secoua pour faire tomber la poussière prises dans ses poils et ses ailes. Enfin, il lui sourit maladroitement, la queue battant lentement derrière lui à la manière d'Aslan.

T'inquiète pas j'le dirai à personne !

Aymeric savait qu'il tiendrait sa promesse. Malgré son habitude de beaucoup parler à tout le monde, il savait que les secrets étaient importants, comme quand il s'était fait pipi dessus quand il avait vu une oie sauvage avec Djama et Irina et qu'elles n'avaient rien dit à personne. Puis, Aymeric leva les yeux au ciel : il faisait noir, très noir, et il était fatigué. Mais il avait peur de rentrer seule. Aussi, il fit un pas vers Eris, et dit d'une toute petite voix

Dit Eris ... Tu sais comment on rentre au camp ? Je suis un peu perdu et je pense que papa maman vont s'inquiéter si je rentre pas

-Aymeric-

Le louveteau dodu se balançait légèrement d'une patte à l'autre, commençant un peu à avoir peur. Mais il essayait de tout son cœur de ne pas le montrer : il ne voulait pas que sa nouvelle "amie cool" pense qu'il ne l'était pas ! Eris semblait réfléchir, et la peur prit Aymeric : se souvenait-elle du chemin, elle, pour rentrer ? Sûrement que ça allait lui revenir ! Puis au bout d'un moment, elle poussa le louveteau ailé du museau et se mit à marcher.

Aymeric, soulagé, la suivit. Après quelques minutes, ils arrivèrent au camp. Eris décidé de se coucher là, mais Aymeric voulait rentrer chez lui. Il lui lâcha un : Bonne nuit de politesse, puis prit la direction de sa tanière. Il ne croisa pas le chemin de sa nourrice, mais de plusieurs autres loups qui le regardaient avec surprise : c'était inhabituel pour un jeune de cet âge de se retrouver seul ... Finalement, un garde le ramassa alors qu'il tombait de fatigue, et le porta jusqu'à sa tanière. Ses deux parents, soulagés de l'avoir retrouvé, renoncèrent à le gronder car il était déjà tombé dans les bras de Morphée.