La louve menait la troupe. Il y avait beaucoup de blessé et ils avaient perdus plusieurs loups dans la bataille. Quand elle retrouva Jeremiah, il était aidé par son père. Le loup rayé était en très mauvais état, elle passa le reste du trajet à leur côté. Si Jeremiah lui importait plus que les autres, il ne l'importait guère énormément, mais il ne devait pas mourir.

Sygrid était sous le choc aussi. Elle gardait les yeux grand ouverts, ressassant encore et encore cette vue de son père se faire décapiter, les nerfs et les muscles tendues et tombant, sanguinolents, sous sa tête arrachée.

Devant eux la troupe s'arrêta petit à petit ,et des murmures envahirent la caravane, Sygrid fut tirée de ses pensées et releva la tête. Elle ordonna à Bosco de rester là. Elle marcha à travers les loups quand elle entendit une voix trop familière. Sa mère.

Elle dressa une oreille, et l'interpela avant de s'avancer devant tout le monde.


Elle regarda la louve grise qui se tenait aux côtés de sa mère. Elle ne sentait aucun clan et était borgne, elle se ferai démolir en un rien de temps si Sygrid le voulait, elle ne s'en préoccupa pas plus, toujours choquée par la mort de son père.


Elle pensait à son clan, c'était ce que son père lui avait enseigné. Elle s'avança vers sa mère quand elle remarqua enfin tous les loups resté en retrait derrière elle. Elle se figea d'un coup.

Sygrid regardait, tendue, sa mère. Elle savait que l'annonce n'attristerait pas Amélia, mais Sygrid, elle, était déchirée. Un sourire affreux lui ouvrit la gueule, ainsi qu'à la louve grise. Le coeur de Sygrid se serra, si elle n'était si seule, elle aurait jeté un regard plein de venin à la louve grise, inconnue qui osait se tenir ainsi devant elle. Elle prit une grande inspiration en plantant ses griffes dans le sol.

Sa mère avait raison, il y avait des blessés. Sygrid aboya un ordre et les troupes derrière elle se remirent en marche, dépassant la louve et fendant dans un silence de mort la foule devant eux. Sygrid elle ne bougea pas, les yeux plantés dans ceux de sa mère, campée sur ses positions.



Elle fixa quelques secondes sa mère avant de dévier sur la louve grise, le regard douloureux et plein de rage.



Elle n'espérait rien, elle attendait. Apparemment sa mère s'était mise dans la tête quelque chose d'absurde, et il était temps de clarifier les choses. Toutefois la démonstration de force qu'avait exigé Yogrenn avait été une monumentale erreur, et Sygrid venait à se dire qu'il y en avait probablement eu d'autres. Cependant il était hors de question pour la reine de parler politique en face d'une inconnue solitaire. Elle était prête à la faire exécuter, si jamais elle refusait. Qui qu'elle fusse pour quiconque.

La solitaire, après une consultation silencieuse qui iritait Sygrid, s'en alla. Après un petit instant de silence, Sygrid s'apaisa enfin. Amélia respira profondément, et alors Sygrid fronça les sourcils.


Sygrid n'en pouvait plus, les larmes coulèrent d'elles même, frustrée, fatiguée, triste aussi.


elle secoua la tête en faisant un pas en avant.


Elle fixait sa mère, les yeux grand ouverts et gonflés, ses joues trempées. Elle ne mentionna pas son père, avoir vu sa mère sourire autant l'avait déjà suffisamment déchirée. Son coeur frappait dans sa poitrine, elle voulait juste se coucher, dormir, que tout ne fut qu'un rêve, elle voulait juste que tout redevienne normal. Mais sa mère se tenant si droite devant elle, avec tant d'aplomb dans les pattes, lui donnait le vertige. Pourquoi maintenant?