Nous avions trouvé le loup parfait pour l'expédition, mais il était malade. Heureusement entretemps il nous fallait encore trouver l'endroit. Ce guerrier de lave n'allait pas plonger à l'improviste. Grâce à ces recherches je n'avais pas l'impression de perdre mon temps. Si je ne pouvais être d'aucune aide, je faisais en sorte de me tenir au courant. A côté de ça je restais avec Verd, sans ce clan que nous ne connaissions pas. Je tentais de me faire le plus diplomate possible envers ce clan qui nous avait accueilli et hébergé le temps de la recherche, et la seule idée que nous touchions au but m'aidait. Cependant ce n'était pas facile, et j'ai bien du montrer les crocs une ou deux fois, sans savoir me contrôler.

Je m'entrainais, entretenant ma force, mais je ne prenais pas part aux entrainements du clan. J'avais refusé que Chérubin ne soigne mes entailles à la joue avant qu'on ne mette fin à cette quête, aussi j'avais toujours ce tiraillement sur la joue. Cependant je n'avais pu me soustraire aux soins de bases des médecins, aussi la plaie était jolie et bien soignée.


Le jour tant attendu arriva, et dès le départ je n'avais apprécié l'attitude de ce exemon. Il lançait des regards appuyé sur Verd, m'énervant au plus haut point. A chaque fois je sentais mon échine vibrer, et la première fois, je m'étais dressé entre elle et lui, grognant. Qu'il essaie pour voir, il comprendra pourquoi je suis l'un des meilleurs guerriers de mon clan.

Avec chérubin, nous arrivâmes au lieu dis. Avec les jours passés j'avais appris à apprécier ce petit loup millénaire. Exemon plongea dans la lave après un énième clin d'oeil, et je lançais un regard exaspéré à ma compagne. Nous restâmes donc ainsi, à attendre, avec les deux gardes et deux sentinelles posées un peu plus loin. Ainsi, je pouvais focaliser la majorité de mon attention sur la lave dans laquelle le guerrier s'était enfoncé.

Finalement, Exemon revins, plus rapidement que ce que je l'en croyais capable. Comme quoi, à part convoiter les louves des autres, il était quand même efficace en quelque chose... Il tenait quelque chose dans sa gueule, mais si ça ressortait de la lave, c'était très certainement très chaud. Il lâcha ce qui s'avéra être deux chaines massives au sol. J'ignorais de quoi elles étaient faites, mais pour résister à la lave, c'était époustouflant.

Le loup de lave s'ébroua, envoyant des goutes brulantes ci et là. Je fus touché par plusieurs d'entre elles qui crépitèrent sur mes poils, notamment sur la tête et le poitrail, mais je restais impassible, ne faiblissant pas devant ma compagne, et surtout pas devant ce loup qui se croyait avoir le droit de me la prendre. Il expliqua brievement la situation et saisit l'une des chaînes. Le regard qu'il me lança me chauffa, mais ce fut le clin d'oeil qu'il envoya à Verd qui m'enflamma. C'était la goute de trop.

Sans attendre je la saisis. Elle me brûla vite les babines, ajoutant à la douleur que je ressentais de ma peau qui tirait et des petites cloques qui aparaissaient à cause de la lave. Mais je n'en avais cure, j'étais focalisé sur ma femelle, MA louve, à moi, et pas à lui. J'étais déterminé à lui montrer qu'il n'avait pas intérêt à tenter quoi que ce soit, et que je ne supporterais pas un autre geste trop avancé de sa part. La douleur de la brûlure passèrent donc rapidement au second plan.

Je tirais soudain, prenant la même position que mon adversaire, par défaut, mais faisant en sorte que Verd voie bien mes muscles rouler sous ma peau. La pierre ne bougea pas, mais je ne cessais de tirer toujours plus fort. Donnant de larges et soudains coups de tête. Je sentis soudain quelque chose bouger, je fronçais les sourcils, motivé. Je tirais encore et toujours, focalisé sur la chaine, ignorant ma peau carbonisée qui collait au métal, ignorant la chaleur étouffante des lieux. Je tirais, mais malgré le petit mouvement qu'il y avait eu, rien ne bougeait. Je me redressais, prenant un meilleur appui, tournant le dos à la pierre, tirant de tout mon poids.

La chaine avait refroidi partiellement mais n'en restait pas moins chaude. Je la sentis instantanément toucher mes épaules. Heureusement, mes gemmes empêchaient qu'elle ne se colle trop à mon pelage, mais j'étais certain de voir à nouveau des cloques sur ces épaules.

Après un instant trop long d'effort, j'étais en sueurs, j'avais mal partout et je sentais mes muscles au bord du claquage. Cependant la pierre tomba, et je roulais en avant, emporté par mon élan. Focalisé sur ma propre chaine, j'ignorais comment s'en sortait mon adversaire, mais j'espérais qu'il douillait tout autant que moi. Nous partions sur un désavantage de ma part, qui ne résistait pas au feu, contrairement à lui qui avait pu s'enfoncer dans la lave sans sourciller...


Je me relevais, lâchant lentement la chaine qui s'était collée à mes babines, et je me retournais vers le trou que la pierre tombée avait créé, était-ce donc là? la fin de notre quête? Un souffle d'espoir me fit oublier la douleur des brûlures, le sang coulant des cloques percées, la fatigue et la chaleur écrasante, nous y étions, presque. Je lançais un regard revigoré à ma compagne.

Verd s'inquiétait pour moi, mais je ne la regardais que du coin de l'oeil, absorbé par tout ce qui se découvrait devant moi. Une salle, des runes, si les deux grands bassins du fond attisaient ma curiosité, je ne pouvais détacher mon regard du moindre petit détail.

Le rire du loup du feu me fit revenir à la réalité. Mon échine se dressa, un grondement naquit au fond de ma gorge. Je me tournai vers lui, lentement, découvrant les dents, plantant mes yeux dans les siens, me jurant de n'en faire plus qu'une brochette. Je ne me préoccupais pas de savoir ce qui se passerai une fois que je l'aurai massacré, je m'imaginais déjà le rouer de coup avec mes gemmes.

Mais alors le chef d'armée dont j'avais oublié le nom tapa le sol avec une force certaine. La brochette se calma instantanément, et sous l'ordre silencieux du chef, mon échine se baissa et je cessait de grogner. Je me détournais de lui, sans pour autant lui tourner le dos, il était pour moi un ennemi bien qu'il fasse partie du clan qui nous accueillait.

je remarquais alors le petit ange qui s'avançait vers moi, je baissais la tête à sa demande. Je ne vis rien de ce qu'il faisait sur mon corps, mais ses petites pattes brillaient et la douleur cuisante s'atténuait. Il finit par s'écarter et je le remerciais d'un clignement des yeux avant qu'il ne se retourne. Je me redressais tandis qu'il inspectait la salle.

La louve médecin lança de l'eau sur le sol, Ensuite, le petit ange sembla satisfait du résultat, car il nous permis d'entrer. je le suivis de prêt après avoir lancé un regard enjoué à Verd. J'avais décidé d'ignorer la brochette, on verrait bien comment il continuerai à rire en voyant qu'il s'égosillait tout seul. Chérubin traduisit les runes. Ainsi donc nous devrions faire raisonner l'écho de la bataille. S'il fallait se battre, autant le faire, mais je me disais que c'était plus qu'une simple bataille, c'était autre chose. J'inspectais les lieux, le décors le ne me disais rien, tout comme les installations. Je devinais les harnais et pu me douter qu'ils servaient à faire tourner les roues.

Nous nous avancions, quand le petit ange poussa un cri avant de se retourner. Je sentit l'adrénaline augmenter, je fixais le bloc d'or. Puis je tournais ma tête vers Verd, on y était ! Après tout ce chemin, nous l'avions trouvé!! Nous pourrions enfin rentrer chez nous et mettre fin au règne de ce dieu.

Le petit ange confirma ma théorie, et je me dirigeai vers la première roue. Je lançais alors un regard à Argo, que le chef d'armée avait envoyé avec moi. Je lui fis un signe de tête qu'il me rendit, en voilà un plus diplomate que la brochette... J'enfilais mon harnais et attendit qu'il fasse de même.

Quand ceci fut fait et qu'il me signifia qu'il était prêt, nous nous mirent à tirer. Je campais mes pattes au sol, le harnais appuyant sur la blessure à l'épaule. heureusement que Chérubin avait réussi à l'atténuer à défaut de la soigner complètement à l'image du reste de mes blessures. Cela ne me gêna pas plus que ça, et je continuais à tirer. Lentement je sentais le mécanisme immobilisé depuis certainement des siècles se débloquer et pivoter, facilitant l'oeuvre.

Je sentais la roue tourner difficilement, c'était laborieux et nous n'avancions pas beaucoup. J'entendais Verd parler . Ce qu'elle disait coulait de source, je me concentrais donc sur ma tâche. J'entendais les autres me rejoindre, mais j'avais le regard fixé au sol, tendant mon corps entier, pour tenter de faire tourner cette foutue roue. J'ignorais donc de qui précisément il s'agissait.

Soudain le mécanisme lâcha et nous fûmes tous quatre emporté par notre élan. Mais je me repris bien vite, il fallait continuer. Cette fois je sentais que c'était bien plus facile, la corde s'enroulait dans un bruit sec, et je devinais la trappe qui y était reliée s'ouvrir. Finalement la roue s'arrêta, et un regard en haut me confirma que nous étions au bout de cette labeur. Je retirai précautionneusement mon harnais, redoutant que la trappe se referme brutalement. Au lieu de ça, quelque chose de brûlant coula, et je ne mis pas longtemps à deviner de quoi il s'agissait.

la chaleur ambiante était déjà peu supportable, mais avec cette charge en plus elle devenait assommante. Les chaines cessèrent de briller et la roue tourna dans l'autre sens, mais mon instinct me disait qu'il était inutile de tenter de la retenir. La pierre de la cuve se mit à rougir sous la chaleur de la lave. Je fis quelques pas en arrière, regardant ce spectacle avec plus de recul. J'avais très chaud et je commençais à avoir soif, mais je ne fit pas demi tour et ne reculais pas plus que nécessaire, le bloc d'or était en mouvement. Je plissais des yeux, mais je n'eus pas le temps de réfléchir plus que ça, un bruit assourdissant raisonna et je plaquais mes oreilles contre mon crane. Instantanément, le bloc tomba, et le fracas qui retentit fut pire encore. Mon corps tout entier tremblait au rythme du choc. Je voyais l'or fondre.

J'hésitais à m'avancer, curieux. Notre objectif était presque palpable, mais l'artefact risquerait il de fondre ? Non. c'était un objet divin, il en fallait certainement bien plus. Je souris, satisfait.

Selon petit ange, il ne restait qu'à couler l'or dans les moules. La brochette grimpa sur la cuve et confirma après un temps que l'or était bien fondu. Je ne connaissais pas bien ce métal, en tout cas c'était allé assez vite pour un bloc pareil.

Les guerriers s'avancèrent pour travailler à nouveau et je fis de même, mais le chef d'armée mis une patte devant moi, m'empêchant d'avancer. Je compris à son regard et je reculais sans rien dire. Je m'assis à côté du petit ange et du médecin. Mon regard se perdit dans l'immensité de la salle pour s'arrêter sur ma compagne. Je restais impassible mais dans ma tête je souriais. Elle était si belle, avec ces lueurs rouges qui dansaient sur son pelage, sur son cristal.

Je ne prêtais pas attention à la brochette qui sortait de la pierre en fusion, je ne regardais que ma beauté s'asseoir contre moi et poser la tête sur moi. Je voyais bien qu'elle faisait attention à ne pas me faire plus mal que ce qui n'était déjà fait. Je fourrais ma truffe dans sa tignasse, respirant son odeur mêlé à celui du soufre. Je murmurais.


Je savais qu'il restait une étape avant la fin, et je doutais que nous puissions rentrer avant tout ça. Je réfléchissais à toute cette quête que nous venions d'accomplir. Auraient-ils trouvés l'artefact sans nous? Je l'ignorais, nous avions sans doute accéléré les choses. Petit ange aurait tôt ou tard retrouvé la mémoire, avec ou sans l'aide du pouvoir de Verd.