Pestilence se reposait à la lumière d'une ouverture servant de fenêtre lorsqu'elle entendit l'appel. Elle grimaça avant de frotter ses yeux et de lever le museau pour bâiller. Cette fois, ce n'était pas Akui, ni un hurlement de départ à la chasse. Elle identifia sans mal la voix : Arkadius. Le principal ennemi d'Adès. La mort de celui-ci le mettait en joie, ce serait très inattendu que ce soit l'inverse. La cavalière se leva et s'étira. Voyons voir ce qu'il veut et ce qu'il manigance. Probablement, veut-il profiter de la mort de son concurrent pour monter en popularité. Akui lui avait permis officiellement de taquiner le clan de la Source avec des adeptes à ses ordres. Sans doute, appelle-t-il au rassemblement pour commencer ça. S'il s'agissait de ça, ça l’intéressait. Ce serait l'occasion de pouvoir user de son pouvoir sans se faire remarquer : les autres détourneront l'attention.

Après avoir arrangé sa crinière en un chignon, son poitrail et sa queue, elle se mit à arpenter le château. Elle devait rester présentable en toute situation. Une dame de son calibre sait se faire attendre et refléter le meilleur d'elle. Le charme et la grâce sont des choses ne la quittant jamais en présence d'un public. Elle serait peut-être la dernière arrivée, mais au moins, son arrivée sera remarquée.
Elle n'avait pas spécialement fait attention de vers où provenait le hurlement, mais quelques demandes envers d'autres adeptes l'amenèrent en direction du bon endroit. Ainsi, Arkadius appelait au rassemblement dans la salle du trône. Il ne manquait pas de culot. Akui pourrait l'expédier de là en moins de deux. Enfin, c'était aussi l'une des meilleures salles pour une réunion, mais toutes choses dites dans la salle du trône sont bien plus surveillées par leur dieu. Il ne fallait rien dire de désobligeant.

Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle en franchissant l'encadrement de la porte.

Elle observa les adeptes présents de sa posture naturellement noble. Skandyème n'était point présente. À moins qu'elle arrive plus tard, pour une entrée remarquée, comme lui avait enseigné sa mère. Il y avait la louve étrange dont elle ne connaissait le nom. Elle n'a jamais fait attention à cette louve mentalement déficiente. C'était une sorte de Némésis numéro deux. D'ailleurs, qu'ils n'aient jamais de petits ensembles ces deux-là !
Mlle.Midéro s'était avancée pour être plus proche du petit groupe et s'était assise à quelques mètres d'Arkadius, l'auteur principal de tout ceci. Pas question d'être tout derrière.

Arkadius attendit qu'elle trouve sa place avant de lui répondre.

Ades a fait le sale travail, et maintenant qu'ils sont faibles, il nous faut attaquer, et rapidement.

Vis-à-vis de ses paroles, il comptait attaquer de nouveau le clan du Désert. Il confirma en poursuivant :

Moins on attendra plus ils seront faciles à vaincre. Et si certains sont prêts à mourir, ce n'est pas mon cas.

Midéro ne dit rien pour l'instant. Il est vrai qu'Adès a fait une belle percée et pas mal de blessés autant physiquement que psychologiquement. Ne pas profiter de cette faiblesse serait assez idiot. Néanmoins, Akui avait demandé à ce qu'ils se concentrent sur la Source. Bien qu'il n'avait pas interdit des offensives sur le Désert. Arkadius n'enfreignait pas d'ordre en voulant poursuivre le travail du défunt cavalier. Au moins, il était plus prévenant que le mort, car il appelait aux candidats pour son offensive, au lieu d'y aller tout seul contre tous. Cette fois-ci, peut-être que ça fonctionnera. Est-ce que le clan du Désert tombera ? Ça restera à voir. Néanmoins, s'ils ont pu perdre un bêta, peut-être pourraient-ils en reperdre un. Perdre aussi un chef d'armée, puisque l'un d'eux à faillit y passer.

Très bien. Dans ce cas, je te suis. Il y a quelqu'un au sein des membres du Feu que je dois faire payer. J'espère qu'il sera au front et que mon pouvoir lui offrir un somptueux cadeau empoisonné.

La louve gardait en mémoire la mort de Hexx. Malgré son appartenance à Akui et le fait qu'elle ait d'autres choses à faire que de s'occuper d'un guerrier lâche et sans honneur, elle conservait l'envie de le faire souffrir et de le voir mourir. Ou de le savoir mort, à défaut.

J'élèverai mon écran de fumée pour toucher tous ceux s'y trouvant. Ça permettra également de nous camoufler dans un premier temps. Seulement, je ne resterai pas au front : je serais en arrière. Il est hors de question que je combatte : je n'en ai pas les capacités.

Mlle.Midéro ne comptait pas y rester. Elle viendra avec eux, faisant ce qu'elle a à faire avec son pouvoir, puis elle laissera Arkadius, cette louve bizarre si elle vient ainsi que les autres faire du grabuge au clan. La cavalière ne comptait pas se faire piéger et mourir. De plus, mis à part disséminer des maladies et les camoufler au départ, elle ne pouvait rien faire d'autre comme elle l'avait dit. De toute façon, même si Midéro se voilait sur ses capacités, Arkadius ne la voudrait sûrement pas comme combattante. Elle dépassera la frontière avec eux, touchera le plus de personnes possibles, mais quand la cavalerie sera trop conséquente, elle fera demi-tour. C'était peut-être lâche, mais elle n'est pas suicidaire et son esprit est clair. Elle connaît parfaitement bien les souterrains se trouvant sous les territoires de ce qui fut le Feu, elle savait qu'elle s'en sortirait probablement très bien.

Puisque tu ne souhaites pas aller au suicide comme Adès, je te suggère de faire un bout de chemin dans les souterrains avant d'attaquer. Ils les gardent probablement, mais avec moi comme guide, nous aurons des chances de les contourner. Nous pourrions sortir dans la forêt et ainsi les prendre plus par surprise. En attaquant de front, les sentinelles donneront instantanément l'alerte.

Lorsque Mlle.Midéro arrêta de parler, le louve étrange s'exclama. Elle confirmait qu'elle ferait partit de l'attaque. Avec elle dans les rangs, ça pourrait déconcentrer le clan. Elle devait être du genre imprévisible en combat, attaquant quiconque étant à sa portée et changeant d'adversaire d'un claquement de doigt. Si tel est le cas, alors ça pourrait être un petit atout pour créer de la confusion dans les rangs ennemis. Ensuite, ce fut l'un de ses parents qui parla. Il confirma sa présence et celle de sa louve. La petite famille allait être ensemble dans ce combat. Midéro ne dit rien, mais elle était assez dubitative. Si les parents sont plus accaparés par la surveillance de leur fille que dans l'attaque, ils se feront bien vite avoir. Si l'un d'eux est gravement blessé ou meurt, il y aura des chances pour qu'un autre soit en rage ou déconcentré et soit plus facile à abattre. Enfin, ils font bien ce qu'ils veulent. En tout cas, le pouvoir de la louve bizarre était bien pratique. C'était un bon point.

Bien. Nous attaquerons dans quelques jours.

Certaines personnes protestèrent, souhaitant attendre. Midéro ne se positionna pas sur la question. Que ce soit demain, dans une semaine ou plusieurs mois, elle n'en avait que faire. Du moment qu'elle était au courant du jour de l'attaque, c'est tout ce qu'elle souhaitait. Elle pouvait attendre. Ça pouvait aussi ne pas se faire au final, qu'elle s'en fichait. Ça ne changerait pas vraiment son emploi du temps. Ça lui enlèverait juste une bonne opportunité de diffuser son pouvoir. Ainsi, la conversation n'était plus intéressante pour elle. Elle avait donné sa proposition, Arkadius semblait l'avoir accepté. À présent, le reste ne la concernait pas. Si Arkadius voulait parler plus en détails d'un plan d'attaque avec les postulants, alors il n'avait pas besoin de sa présence. La noble salua l'auteur de la réunion avant de tourner des talons et de partir de sa démarche chaloupée.