Lagherta

Affaires de coeur

J'étais partie devant, dans le but de trouver Keiss avant P'pa. J'étais partie droit en direction de sa tanière, au grand galop. L'angoisse me nouait les entrailles, comment allait-il réagir en apprenant que Gaor n'avait pas du tout bien prix la chose, encore moins bien que ce nous pensions... Lorsque j'arrivais à sa tanière, mon amour ne s'y trouvait pas encore. Je rageai et donnait un coup dans la lucarne en terre qui servait d'entrée. Puis je m'assis et réfléchi. Comment être certaine d'arriver à trouver Keiss avant P'pa. Je ne savais pas où il se trouvait, nous ne nous étions pas vus encore aujourd'hui... Finalement, je décidais de retourner vers Gaor, au moins, quand il le trouverait, je pourrais toujours le laisser en plan et passer devant lui pour rejoindre Keiss. Car il fallait bien se l'avouer, même si c'était méchant, depuis qu'il avait perdu une patte, Gaor était lent. C'était certes méchant, mais avec ce qu'il s'apprêtait à faire à Keiss, je n'avais pas la moindre envie d'être gentille, compréhensive et attentionnée envers mon père. Je filais donc à toute allure en chemin inverse pour rejoindre mon père.

Je suivait Gaor de près. Qu'allait-il faire à Keiss. Je ne pouvais pas accepter qu'il lui fasse du mal. Tandis que nous marchions, lui avec colère et moi avec angoisse, je tentais encore et toujours de le convaincre, mais il n'écoutait rien, plongé dans sa fureur. Après un moment, j'aperçu Keiss. Lui aussi nous avait vu. J'avais pu le voir se raidir de là ou je me trouvais, puis il s'assit. Cela fut pour moi une révélation. Keiss ne comptait pas se battre contre Gaor. Je fonçais et dépassais mon père. Je frottais mon museau tendrement contre Keiss lorsque j'arrivais et déclarai :



Sans le laisser répondre, je me plaçais face à mon père qui arrivait et devant Keiss.



Je me mis en position défensive, si P'pa comptait attaquer Keiss, je comptais bien ne pas le laisser faire sans réagir ! De plus, même si P'pa avait été un excellent guerrier, il lui manquait à présent un oeil, une patte et la queue. Je ne dis pas que la victoire serait aisée, mais déjà moins difficile que lorsqu'il était au mieux de sa forme, avec tout ses membres. Je n'avais pas envie de me battre contre mon propre père, celui qui j'aimais et qui m'avait élevée, mais s'il attaquait Keiss, je défendrais mon beau loup. J'avais fais un choix, et P'pa devait comprendre et respecter mon choix, même s'il ne lui convenait pas ! J’espérais simplement que Keiss ne se laisserait pas attaquer sans se défendre si P'pa m'évinçait rapidement. Et j’espérais surtout que P'pa ne pourrait pas se résoudre à me faire du mal physiquement... Jusqu'à présent, il m'avait fait beaucoup de mal psychologiquement et émotionnellement depuis 2 ans, mais depuis qu'il était devenu mon père, jamais il n'avait levé la patte sur moi, et j’espérais que cela allait continuer...

Lagherta

Guerrière — Source

Affaires de coeur

P'pa avançait vite, malgré la douleur que devait lui causer cette vitesse, ce qui prouvait qu'il était absolument furieux. Je ne l'avais jamais vu dans une telle colère, et j'avais peur de ce qu'il pourrait faire, de ce qui pourrait arrivé. Durant quelques secondes, je me revis durant la première partie de ma vie, avec mon père biologique qui s'avançait vers moi, de la même manière, se tenant bien droit, et absolument furieux, parce que j'avais échoué, une fois de plus. Pour la première fois de ma vie, P'pa me faisait peur, vraiment... Il se tenait devant moi, droit, fier et frondant férocement. Je ne savais pas quoi faire, d'un coté, la peur qu'il puisse se décider à me frapper, pour la première fois de notre vie ensembles, si je m'obstinais à refuser de le laisser passer et de l'autre, la peur qu'il fasse du mal à Keiss une fois que je me serais effacée pour le laisser passé... Finalement, je décidais de lui faire confiance, et je baissais la tête, avant de me mettre sur le dos, m'offrant à lui. J'espérais que j'avais raison de lui faire confiance, pour ne pas s'en prendre à Keiss... Dès qu'il m'eut dépassé, je me relevais, et je m'assis, n'ayant plus le choix d'être spéctatrice de ce qu'il se passerait ensuite. L'alpha s'approcha de Keiss, et le fixa, le forçant à baisser les yeux, puis, les mâchoires du caverne claquèrent à quelques centimètre de la truffe de mon amour, mais ne la touchèrent pas. Je n'avais pu m'empêcher d'avoir un sursaut lorsque je l'avais vu ouvrir la gueule si proche du museau du loup que j'avais choisi.



Le soulagement m'envahit. Certes, il était furieux, mais il acceptait notre union, en fin de compte. Certes, Keiss n'aurait pas droit à un faux pas, mais je savais qu'il se montrerait à la hauteur, il n'était plus le même que lorsqu'il avait réintégré le clan de l'eau. Ce temps me paraissait si loin déjà... Les mâchoires de P'pa claquèrent une nouvelle fois, près de sa gorge. Puis il fit demi-tour et se dirigea vers sa tanière. Avant de partir, il lança par dessus son épaule :



Mes oreilles se baissèrent de honte. Il avait raison, j'avais osé défier mon alpha, jamais je n'aurais dû. Mais pendant un moment, j'avais réellement cru qu'il pourrait s'en prendre à Keiss. En le voyant dans une colère si intense, j'avais eu l'impression de me retrouver face à mon père biologique. Gaor avait déjà été en colère contre moi, mais jamais de manière si intense... En y réfléchissant, la punition était plus que raisonnable et indulgente pour la faute que j'avais commise. J'avais honte de moi, honte d'avoir pu douter que P'pa ne puisse se résoudre à s'en prendre à moi. Je ne savais pas ce qui m'avait pris... Soudain le museau de Keiss se pressa contre moi, et me tira de mes pensées. Il n'avait toujours rien dis, mais au moins, il était toujours là. Et il avait sans doute compris plus facilement que moi, que nous opposer à Gaor ne ferait qu'empirer les choses... Je frottais mon museau contre le sien et je lui léchai tendrement la truffe. Puis je me relevais, me rendant compte seulement maintenant que j'étais assise sur mon derrière. Il était à présent temps de rentrer, de rentrer chez nous, maintenant que Gaor était au courant, nous pouvions emménager ensembles.

Je pris la direction de la tanière de Keiss, elle se trouvait juste à coté de la tanière de P'pa, mais il était son garde du corps personnel, il ne pouvait pas donc pas s'éloigner. Nous ne pouvions pas faire autrement. Je l'invitais, d'un regard tendre, à me suivre. Arrivé dans notre tanière, je me couchais contre lui, et posais ma tête sur le sol. Il était clair que P'pa n'était pas ravi, mais à sa manière, il avait accepté, et quelque part, c'est tout ce qui comptait, non ? Est-ce que notre relation père-fille allait s'en trouver encore pire qu'avant après ce qu'il venait de se passer ? Je n'avais pas la réponse à cette question, mais je ne serais pas vraiment étonnée que ce soit le cas... Et puis cette peur viscérale que j'avais ressentie lorsque j'avais vu P'pa dans une colère si noire, cette peur que j'avais eu de me retrouver face à mon père biologique, c'était totalement irrationnel... Je devais réparer les choses avec P'pa, avant que ce ne soit plus possible. Je ne pouvais décemment pas avoir peur qu'il ne s'en prenne à moi physiquement, alors que ce n'était pas son genre, que ce n'était jamais arrivé... Je finis par m'endormir, la tête pleine de doute et de question, mais rassurée par la présence de Keiss près de moi. A présent, nous étions 2 pour affronter tout ce que la vie allait nous envoyer...