J'étais furieux. Mon masque de calme s'était envolé dès que nous avions été hors de vue de la chienne. Verd était silencieuse, et je la connaissais assez pour savoir que ça ne présageait rien de bon. Je l'avais suivi, mais elle marchait vite, et rien ne semblait l'arrêter. Elle aurait limite marché sur quelqu'un s'il s'était retrouvé sur son passage. Je la suivais sans peine, mon endurance était haute, mais elle courrait presque et j'avais peur de savoir pourquoi.

Nous étions partis sans nous retourner, honnêtement, je me fichais de savoir ce qu'allait faire la hyène maintenant. Je m'en fichais comme de ma première crotte. Ce dont j'avais envie, là, à l'instant, c'était de me retourner, et de lui mettre une rouste royale. Dommage qu'elle soit bêta. Je grognais doucement, alors que je trottinais derrière Verd. Ma colère devait certainement se voir de tout côté, les gemmes de mes épaules ne demandaient qu'à retrouver leur liberté. Cependant ce n'était rien face à la fureur que je voyait chez mon amie. Si moi j'étais en colère, elle devait se consumer de rage comme du magma en fusion, je ne m'étonnerai que peu de la voir s'embraser.

Je ne prêtais que peu d'attention à où elle allait, me contentant de la suivre, ruminant ma colère. Puis, la lumière baissa d'un coup, et je me rendis compte de où nous étions. Les plantes! Verd avait quitté le camp et filais droit devant elle. Elle ne comptait pas partir maintenant quand même! Pas après que j'ai du ravaler ma fierté pour sauver notre peau! Ça c'était gonflé! Mais dangereux surtout. Maintenant, il ne nous restait plus grand chose à faire, nous aurions pu partir aujourd'hui, mais il a fallu repousser la date du départ, ça ne pouvait pas être que mauvais. Je me mis à courir pour la rattraper.



j'avais du crier. Avec mon gentil petit trot, elle allait bien plus vite que moi et elle était plus loin que ce que j'ai pu penser. Je finis par la rattraper et je me mis à sa hauteur, la regardant avec des yeux inquiets.

Elle se stoppa comme un piquet quand je la hélais. J'évitais de justesse de lui rentrer dedans. Puis elle se tourna vers moi et ce qu'il y avait sur son visage résumait tout. Des sillons creusaient encore son pelage bien qu'aucune larme ne coulait. Ses yeux étaient rouge, gonflés. Je devinais sa machoire serrée au vu des muscles faciaux tendus. Sa colère ne m'atteignait pas totalement, je ne  savais pas si elle était dirigée contre moi à cause de mes paroles, ou contre la hyène. Mais si c'était contre moi, elle aurait déjà bougé, et ne se retenais pas

Elle parlait lentement, elle se contenait pour ne pas exploser, et moi je me calmais à cette vue. Lui montrer ma colère ne l'aiderait pas à apaiser la sienne. Cependant, elle me signifia son besoin d'être seule, elle était ferme, sèche. Un quart de seconde, mes oreilles tombèrent légèrement, était-ce ma faute finalement?

Sa prochaine phrase me rassura un peu et je ne fis rien du tout. Je la regardais. Elle avait pris un ton moins froid, mais je n'arrivais pas à deviner où était dirigé sa colère. Je lui répondis alors sur un ton neutre, pour cacher tous ces doutes qui m'accablaient.



Puis, sans rien dire d'autre, je fis demi tour et rentrai au camp, laissant la louve dernière moi, sans me retourner.

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J'étais retourné dans ma tanière. J'avais de plus en plus envie de déménager, le trou devenant petit pour trois adultes. Mais je ne pouvais m'y résoudre tant que je n'avais pas parlé à Père. Ça faisait trois bonnes heures que j'avais laissé Verd en plan dans les plantes, et ma colère ruminante s'était lentement dissipée, laissant place à une profonde tristesse. J'avais fini par croire que son état était bel et bien ma faute, et ça me désespérait. Si ça se trouvait, elle était partie, seule. Et devait déjà être loin à cette heure si. Cependant je ne pouvais me résoudre à partir à sa recherche. Si elle était partie pour de bon, ma disparition mettrai la puce à l'oreille de la chienne bien plus vite que si j'étais resté. Ça permettrait à Verd de garder son pouvoir plus longtemps. Et je pourrais toujours la couvrir pour lui donner du temps.

Je fermais les yeux forts pour chasser ces idées de ma tête, mais je ne pouvais me résoudre à me dire autre chose que les faits: j'avais certainement perdu mon amie, ma seule amie.

Elle finit par arriver, et je pu me détendre de soulagement. Elle n'était pas encore partie. Je levais la tête quand elle se posta devant l'entrée de la tanière. D'autres auraient pu être dupes, mais pas moi. J'avais grandis avec elle. Elle avait pleuré, beaucoup, je le voyais. Et maintenant qu'elle vibrait toujours la colère au point d'en faire fondre la pierre, je le voyais encore plus. Je voulu me lever pour la rejoindre, mais je me ravisais. Elle vint se coucher contre moi et je ne dis rien, la laissant faire.

Tout aurait pu se passer en cet instant. Tout. Mais je ne dit rien et laissait le calme s'installer. Elle avait fermé les yeux et je la regardais, sa respiration perturbée par la colère s'apaisa à son tour. Elle ne le vit pas vu qu'elle avait les yeux fermés, mais à ses mots, je me mis à sourire.

Bon, mes sourires étant ce qu'ils étaient, ils n'étaient pas vraiment des sourires, mais ça comptait quand même.

En guise de réponse, je posais la tête sur son cou et fermais à mon tour les yeux. Ce genre de contact, il n'y avait qu'avec elle que je le supportais, et je m'en délectait. J'en viens à me demander comment se passerait ma vie si je ne l'avais pas connue. Si je n'avais pas été retrouvé par Père, mais par quelqu'un d'autre, qui m'aurai élevé ailleurs. Je bénis les dieux, c'était grâce à tout ça que j'avais fini par la croiser.


Ma voix s'était faite rauque, enrouée. Ce genre de chose, c'était la dernière chose que j'avais l'habitude de dire. J'aurai pu lui dire ça tout autrement, mais bon. Fallait pas en demander trop non plus.

Si Verd ne m'avait pas demandé de m'en aller, j'aurai certainement détruit la moitié des plantes. Mais mes gemmes me démangeaient toujours alors je les fit sortir, et elles se mirent à léviter tranquillement au dessus de nos tête. J'étais habitué à la douleur qu'elles provoquaient en se libérant. Mais ma peau avait formé une couche épaisse, aussi ça me faisait bien moins mal que la première fois.


Je levais les yeux sans lever la tête et observais mes gemmes.


Je ne comptais pas révéler nos projets à mon père. Je comptais juste lui parler, de père à fils, comme j'aurai du le faire depuis bien longtemps déjà. Je savais que ce retard rongerai mon amie de l'intérieur, mais ça lui laissait une chance, elle aussi. Qu'elle la saisisse ou pas, ce n'était pas mes oignons.

Tranquillement, j'observais ces gemmes léviter. Je me souviens de toujours les avoir eu, et au départ j'ignorais leur nature. Rien chez mes parents biologiques n'indiquait que j'hériterai de cette particularité, et pourtant elles étaient là. Leur vol était léger et fluide, apaisant. Je ne les quittais pas des yeux mais avait gardé les oreilles dressées pour écouter mon amie.

Finalement, je les lachais du regard, les laissant virevolter au plafond, pour lever ma tête et poser ma truffe contre celle de verd, Mais surtout pour la regarder dans les yeux.



Je le disais comme ça mais je savais que ça allait être dur pour elle ,et que si elle avait besoin de soutien, elle pouvait toujours compter sur moi. Je la fixais toujours dans les yeux, sans bouger. Parler à nos parents respectifs, c'était primordial. Et moi, si je devais mourir dans cette quête, je voulais être sûr que père savait que je l'aimais, avant de disparaitre.

Au fond, peut-être que la vieille carne avait raison, et qu'ils pouvaient toujours demander à un troisième guerrier de les aider, ou aller voir Aure et Karara. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. Je fermais les yeux et me laissais aller contre elle, profitant de ce moment, car nous n'allions plus pouvoir avoir aussi souvent cette occasion.


Puis j'eus un flashback, me remémorant de notre première rencontre, et de ce maudit lapin que je ne voulais pas dévorer alors que la faim me dévorait moi. Je ris doucement.

Je fit un battement de cil à sa réponse. De toute façon, tant qu'elle ne me demandait pas de venir avec elle, je n'irai pas . Elle était assez grande pour savoir ce qui était bon pour elle ou non. Puis je hochais les épaules. Que les autres pensent ce qu'ils veulent, moi j'avais pris le temps de la connaitre, et je savais ce qui se cachait sous sa carapace. Et je ne regrettais pas.

Elle ne s'en souvenait pas. Ce n'était pas grave, c'était un moment comme un autre dans notre vie. Des souvenirs ensemble nous en avions plein et nous en forgerons encore un tas d'autre. Cependant, j'avais beau tenter de me dire ça, je ne pus m'empêcher de me sentir triste. Ça avait été un jour très important pour moi, car c'était ce jour là que je l'avais connue, elle. Mon coeur se pinça. Mais je la voyais perturbée, elle s'était relevée et je m'assis.


J'en riais encore en y pensant. Mais ça n'avait pas l'air de l'aider. Je la fixais, silencieux, inquiet. Il se passait quelque chose. Et ça allait bien plus loin qu'un simple trou de mémoire. Elle leva les yeux doucement, mais ce n'était pas de la douceur. Je ne compris pas très bien ce qu'il se passait, mais ses simples mots raisonnaient comme une sentence affreuse.

Le pouvoir de Verd consistait à récolter les souvenirs dans les lieux. C'est ce que j'avais compris, approximativement, et lentement, cette idée terrifiante germait dans ma tête. Si ce pouvoir lui faisait perdre la mémoire? Plus elle l'utiliserai, plus elle deviendrai amnésique. Etait-ce ça? Je me levais en un bon. C'était grave. Qu'allions nous faire maintenant? la connaissant, elle risquait de mettre sa mémoire en jeu pour partir. Mais moi, supporterais-je de me laisser oublier par elle pour une pierre qu'on risquait de ne pas trouver? Au fond, être oublié par un être cher, c'était pire que de le voir mourir. Enfin je pensais. Je n'avais pas envie de tenter l'expérience.

Je la fixais avec un regard grave, et inquiet. La décision de partir ou non lui revenait.

Elle avait oublié. Alors que j'évoquais ce souvenir, aucune réaction de révélation semblait la parcourir. Elle avait oublié, réellement. Mon coeur se pinça d'autant plus. Mais je n'eus pas le temps de penser à moi. je la voyais désemparée, en craquage complet.

Elle s'était couchée et pleurait à présent. Si tout à l'heure je savais qu'elle était en colère, là je n'arrivais pas à savoir quel sentiment se cachait sous ces larmes. La peur? La haine? La tristesse? Elle leva ses yeux ruisselants vers moi.

"Je ne veux pas t'oublier"

L'idée qu'elle m'oublie me déchira. Si elle m'avait déjà traversé l'esprit quelques instants plus tôt, cette fois la possibilité funeste était là. Elle était belle et bien présente et que Verd m'oublie était un risque. Si je ne me retenais pas, je serai tombé. Mais il ne le fallait pas. Durant tout le temps où elle se souvenait de moi, il était hors de question que je tombe. Je voulais être un pilier pour elle, je ne devais pas faillir, car il n'y a que comme ça qu'elle pouvait se permettre de se relâcher.

Maintenant, je devais la rassurer, la consoler, ou au moins être là pour elle. Mais rassurer les gens et consoler leurs chagrins, j'étais pas doué pour ça. Je ne savais pas comment faire. J'étais pas psy bordel! Désemparé, je la fixais. Aucun mot ne me venait, aucun geste doux. Aucune idée ne germa dans mon esprit pour qu'elle aille mieux.


Alors, j'arrêtais de penser, et sans vraiment savoir pourquoi, je me mis à agir avec mon coeur.


Lentement, je dénouais l'écharpe toujours et éternellement enroulée autour de mon cou. Puis, je m'avançais vers elle. Déjà qu'elle était petite, roulée en boule c'était une larve. Je lui donnais un coup de langue sur la truffe, comme quand nous étions petits et qu'elle voulait me consoler quand je n'allais pas bien. Ensuite, j'enroulais délicatement l'écharpe autour d'elle, de son cou, pour l'envelopper de cette texture douce et chaleureuse. Alors seulement, je me couchais contre elle.


Mon menton tremblait. J'étais à deux doigts de craquer moi aussi, mais je ne pouvais pas, pour elle. Je réprimais les larmes avant qu'elles ne sortent. Ne disant mot, me contentant de rester contre elle et de la laisser pleurer. Père m'avait appris que parfois pleurer apportait bien plus de réconfort que toutes les consolations du monde. Et moi je savais que ce n'était pas une marque de faiblesse.


Pour lui montrer que j'étais là, j'enfouis ma truffe dans son cou, respirant son odeur à pleine narine. Certains de ses cheveux me piquaient les yeux, mais je m'en fichais, parce que c'était pour elle que je le faisais. Si elle m'oubliais un jour, je ferai ce qu'il faut pour que, à défaut de se souvenir de moi à nouveau, sache que j'étais là pour elle. Si un jour elle lève ses yeux vers moi, et qu'elle me demande qui je suis, je lui dirai simplement que je suis là pour elle. Et si elle me chasse, je partirai, mais jamais loin. Parce qu'elle était ma princesse, et que ma vie lui appartenait.

Les larmes de la louve trempaient lentement l'écharpe précieuse. Je m'en fichais. Elle avait été rongée par Nils, et rafistolée par Calie, qui en avait profité pour la rendre plus résistante. Qu'est ce que je m'en fichais qu'elle mouille l'écharpe, si ça lui faisait du bien. C'était silencieux, et les seuls échos dans la caverne, que je pouvais entendre, c'était ses larmes et ses sanglots. Je ne parlais pas, respectant son mutisme, ou du moins attendant un signe qui me dirait que je pouvais parler.

J'avais fermé les yeux, pour ne plus que la sentir elle. Oublier tout ce qui nous entourait et ne me focaliser que sur elle, sur ses gestes, sur les sons qu'elle émettait. Sur tout signe qu'elle pouvait m'envoyer. Créant comme une bulle. N'importe qui pouvait surgir à l'instant, je n'étais pas que chez moi après tout. Abby pouvait revenir plus tôt d'une chasse, et Père pouvait très bien vouloir se reposer. Mais je m'en fichais.

Mes oreilles se dressèrent, pointant dans sa direction, quand elle m'appela. Je levais la tête au quart de tour pour la regarder.


et là.

Je me figeais.


Je connaissais l'amour. Enfin, l'amour familial, celui que mon père me donnait autrefois et qu'il me donnais toujours aujourd'hui malgré que je le repousse, et celui que je ressentais envers lui également. Cet amour tendre que Abby me montrait à chaque fois que nous étions ensemble. Cet espère d'amour, qui m'apaisait chaque fois que je voyais quelqu'un qui m'était un rien proche. J'aimais aussi Verd. Comme j'aimais Ystrelle, ou mes camarade au combat. Enfin, je l'aimais encore plus que ça. Je l'aimais beaucoup, de tous mes amis, elle était la plus grande, la plus forte, la meilleure. La première pour qui je pouvais risquer ma vie. J'aimais beaucoup Verd.


Mais je compris qu'elle me parlais d'un autre amour. D'un amour différent. D'un amour que je n'avais jamais connu auparavant et dont j'ignore encore toute l'existence. Choqué, je la regardais, à la limite de vasciller. Elle me parlait de vie, d'enfants. Comment pouvait elle y penser, elle qui dix minutes avant voulait jouer sa vie dans une quête où la réussite était peu probable? Je ne dis rien, mon menton tremblait toujours. Pour l'abandonner, ça c'était de toute façon hors de question. Jamais je ne pourrais. Je ne pourrais pas la laisser, et faire ma vie sans elle. Je ne pourrais pas me dire que je l'ai laissé derrière moi et que je n'y jetterai même pas un coup d'oeil en arrière. Je l'aimais trop pour ça.


et c'est là que je compris.

Je l'aimais trop pour ça.

Je l'aimais. Pas comme j'aimais mon père, pas comme j'aimais ma mère. Pas comme j'aimais Ystrelle qui m'avait accueilli chez elle, ou comme j'aimais Calie qui me rafistolait toujours mon écharpe. Je l'aimais, elle. La terre exploserai que je ne cesserai de l'aimer.

Une sensation étrange naquit dans mon ventre, dans mes entrailles, j'étais perdu, et je ne le cachais plus. Je n'avais jamais aimé autant, c'était tout nouveau pour moi. Je battis des cils, sentant les larmes perler. Il ne fallait pas qu'elles coulent. Il ne fallait pas qu'elles coulent. Parce que ça la ferai pleurer elle aussi. Encore plus que maintenant.

Mais ce fut comme une explosion dans ma tête, et j'eu soudain l'envie de le crier haut et fort, de le revendiquer, de la revendiquer elle comme étant mienne, et qu'elle me revendique moi comme étant sien. J'eus envie de le hurler à la lune et au soleil, aux fleurs et aux plantes. J'eus envie que tout le monde soit au courant. Je l'aimais.




Je craquais à mon tour. Je laissais les larmes couler comme elles voulaient le faire depuis toujours. Je ne sus pas si c'était la peur de la perdre, la joie de l'entendre, la sensation de sentir son corps contre le mien. Je l'aimais. Et je pleurais en même temps. J'enfouis à nouveau ma truffe dans son pelage. Voulant enfoncer ma tête dans sa fourrure. Je la serrais contre moi, ma peur de la perdre était à son summum.



Je ne me sentais plus. C'était comme si je me voyais de l'extérieur, comme si mon corps, ou mon coeur? agissait sans que je ne lui en donne l'autorisation. Tout échappait à mon contrôle. Je voyais la scène au ralenti, ne pouvant dire si c'était magique ou terrifiant.

Mon cœur battait à tout rompre, à en cogner ma cage thoracique. Cette effervescence dans mes sentiments m'effrayait. C'était inconnu. Mais je n'étais pas aussi effrayé que par la perspective de mourir un jour. L'accompagner dans cette quête eu pour moi encore plus de sens qu'avant. Ce n'était pas que pour la protéger, pour l'aider, mais pour rester avec elle que maintenant je voulais partir. Et cet amour tout nouveau pour moi me permettrai sans doute de mettre à terre les ennemis qui se dresseraient contre nous.


Elle s'était tendue au debut, mais je la sentais soulagée. Nous nous aimions, je l'aimais et elle m'aimait. Ca me rendais euphorique. Un sentiment tout nouveau pour une vie toute nouvelle. Nous étions là et c'était comme si plus rien n'avait d'importance. Je respirais son odeur à plein poumons, l'encrant dans ma mémoire.

Elle se frotta contre moi et je la laissais faire, savourant l'instant comme si c'était le dernier. Mais à sa dernière phrase, je fermais les yeux. Je ne me voilais pas la face, si elle m'oubliais, elle risquaist de me voir différemment. Je savais que je faisais peur et que j'en intimidais plus d'un, si elle me voyait après m'avoir oublié, elle risquait de me rejeter. Si elle m'oubliait, elle oublierait ses sentiments, je le savais. Et je savais que je ne serais sans doute pas assez fort pour tout reconstruire. Mais que ça ne m'empêcherai pas de ne pas lui dire, de ne pas la guider. Je savais que si elle m'oubliait tout entre nous s'écroulerait, et rien ne serai comme avant.



Mais il était hors de question de le lui dire. Il était hors de question quelle sache que j'en doutait. Je voulais qu'elle compte sur moi, et je serais toujours là pour elle. Je levais la tête alors qu'elle me léchais la joue. Les marques de tendresse ce n'était pas mon fort, pas du tout. J'étais plus dans le fracassage de crâne, dans l'éclatement de bassin. Je la fixais les yeux un peu rond quand même, sans aucune idée de ce que je pouvais faire. Elle devait certainement savoir que c'était dur pour moi. Et j'espérais qu'elle ne m'en tienne pas rigueur. Je n'étais pas de ceux chez qui on venait d'habitude en quête de tendresse et d'affection. Mais ma tendresse et mon affection, il n'y avait qu'une seule personne qui y avait droit, et Verd avait gagné ça haut la main.

J'eus une idée et un éclair me traversa les yeux.


Je la regardais. Avide de sa réponse. Je voulais rester contre elle jour et nuit, ne pas cesser ce contact. Et je serai bien trop gêné devant mes parents. Ou devant les siens. Je n'avais jamais réellement dormis avec elle, malgré le temps. J'avais arrêté de faire des cauchemars de puis bien longtemps, mais il m'arrivait encore parfois, rarement, de me réveiller en sursaut après avoir vu mon père débarquer. Je me dis qu'il faudrai que je lui en parle, de ce passé douloureux. Parce qu'elle n'y connaissait qu'un tout petit bout.

Elle me parlait d'enfant, mais comment lui dire que ça me terrifiait? Et si au final, j'étais comme mon père? une sombre ordure qui n'avait fait des gosses que pour le sexe et qui après les battait? Ça me terrifiait. Mais ce n'était pas le moment. Beaucoup de choses étaient déjà en suspens. Lui en parler maintenant n'arrangerai pas la situation. A moins qu'elle ne me pose la question, je décidais d'attendre.

Alors je passais ma tête sous la sienne pour me frotter à son cou, et je me mis à lui lécher les oreilles.

Elle se détendit contre moi et quand elle répondit à ma question, ma queue se mit à battre fort sur les murs de la tanière, au rythme de mon coeur. Puis elle soupira. Me quitter? moi non plus, je ne la quitterais jamais. Jamais.

J'allais me lever, demander une tanière ou en trouver une de libre, mais au moment où je tendais mes muscles pour amorcer le mouvement , elle se mis à murmurer, et ça fit comme une accroche, me retenant. Je me détendis et la regardais, puis hochais la tête. Je posais alors ma tête sur son cou et fermant les yeux, nous isolant à nouveau du reste de l'univers. C'était si doux, si savoureux. Je n'avais jamais connu ça, aussi j'étais tout aussi heureux qu'effrayé. Je n'avais aucune idée de quoi faire, de quoi dire. Y'avait il une manière particulière de se comporter avec celle qu'on aimait? Est ce que je devais aller lui cueillir des fleurs?

Je balayais cette idée de ma tête. Les fleurs, Verd elle en fait du pâté. J'étais perdu, et si je faisais quelque chose de travers? Holala....

---

Finalement, le temps défila à nouveau. Mais au lieu d'être seul cette fois, j'étais en compagnie de la plus belle des louves. Je m'étais presque assoupis mais j'avais tenu bon contre elle. La lumière avait fortement baissé dans les galeries, m'indiquant que la nuit tombait et qu'Abby suivit de Père rentreraient sous peu. A contrecoeur, je me décollais de Verd et poussa sa truffe de mon museau.




Je me levais ensuite et frissonnais sous le coup de froid que ça me provoqua. Décidément, la chaleur des autres ça réchauffait bien son propre corps. Je la regardais puis m'éloignais un peu pour l'inciter à se lever et surtout pour voir s'ils n'arrivaient pas déjà. En théorie, nous avions le temps de nous éloigner, et ça me permettrait de nous trouver une tanière pour nous. Je ne savais pas si j'avais vraiment réalisé ce qui s'était passé un peu plus tôt. Allions nous rester ensemble cette nuit? Allions nous nous lever ensemble demain? Je n'en savais rien. Mais je lui avais signifié mon envie de notre propre tanière, et elle avait été d'accord, il ne m'en fallait pas plus.

Je me tournais vers elle et la regardais, il faudra que je parle à mon père ce soir. Je savais qu'autrement, il prendrait mon changement de tanière comme une rupture définitive, et je voulais éviter ça à tout prix.

Elle se rappela brusquement son rôle et soupira, je haussais les épaules. C'était du même style que mes entrainements, elle ça lui prenait la soirée, moi ça me prenait la journée. Je savourai le contact qu'elle m'offrait à nouveau, mais je me contentais de la regarder. Je ne savais pas comment réagir et j'étais perdu, mais je me cachais bien de le lui montrer. Je hochais la tête ensuite.

Oui, j'aurai le temps de parler à mon père, et de manger avec lui, même. J'aurai le temps de faire ça comme il faut, heureusement d'ailleurs, parce que j'étais prêt à tout bacler pour la rejoindre au plus vite. La perspective de parler à mon père me stressa sans raison aucune. Mais je balayais vite ces pensées de ma tête alors qu'elle approcha de moi la truffe levée. Je baissais donc le museau pour que nos truffes se posent l'une contre l'autre. Et puis je souris.


Je ne savais rien faire d'autre que de sourire. Je fondais littéralement et quand elle parti, un sentiment nouveau était né en moi. Un bout de moi semblait être parti avec elle. Alors quand je ne la vis plus, je me retournais pour aller voir le préposé aux tanières. J'allais lui préparer la tanière la plus douillette qu'il soit!